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3,54

sur 1245 notes
Qui sont les vrais cannibales ? Ceux qui mangent l'âme de leurs semblables en les privant de liberté .
J'ignorais ce pan de l'histoire, un de plus qui allonge la liste de l'ignominie du racisme et de l'intolérance , ça me laisse un goût de rance.
Et si l'on organisait une exposition de tous ceux qui ont commis l'impensable, que ce soit lors de l'Exposition coloniale de Paris 1931, dont j'ignorais tout avant cette lecture, ou de tout le reste? Nulle scène ne serait assez grande pour ça.

Un récit court et efficace, sans haine.
Un témoignage de plus pour prévenir les horreurs de demain, enfin j'espère.
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J'ai pioché Cannibale dans la boîte des Passeurs de Livres de ma ville. Bonne pioche! Il s'agit d'une édition scolaire et, après lecture, j'ai été ravie que ce livre soit étudié dès le collège.

Le récit de ces jeunes Kanak envoyés à Paris pour représenter la colonie de Nouvelle-Calédonie à l'Exposition coloniale de 1931 est d'autant plus marquant qu'il s'agit d'une histoire vraie. Les peuples indigènes colonisés sont humiliés, obligés s'amuser un public en quête d'exotisme. Un passage particulièrement poignant: lorsque le narrateur découvre que la pancarte désignant la reconstitution d'un village kanak présente son peuple sous les traits d'anthropophages polygames. Il y a là de quoi frémir d'indignation!
Mal nourris, houspillés lorsqu'ils n'interprètent pas leur "rôle" correctement, la coupe déborde pour le narrateur et son meilleur ami lorsqu'une partie des siens - dont sa fiancée - sont séparés du groupe et emportés vers une destination inconnue. Les deux hommes s'évadent et partent à la recherche des leurs dans Paris.

On est bien loin ici des comiques tribulations d'Un indien dans la ville. La jungle de la capitale s'avère nettement plus dangereuse et hostile que leur terre natale. le périple est néanmoins l'occasion de surprenantes rencontres qui montrent que solidarité et respect existent malgré tout.

Le récit raconté avec brio par Didier Daeninckx nous renvoie à des pages sombres de l'Histoire coloniale française. La conquête de territoires s'est effectuée par l'asservissement et l'acculturation des populations autochtones.
Le rapport à l'Autre, la tolérance, le respect sont autant d'éléments qui émanent de ce brillant roman.
A lire et partager et méditer le plus largement possible.
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Bref , puissant et efficace: Trois termes pour définir cet ouvrage de Didier Daenincx.
L'auteur, inspiré autant qu'engagé, revient sur ces ignominies perpétrées à l'encontre de Kanaks lors de l'Exposition coloniale de 1931 et les relie au présent des années 80. C'est simple, direct et sans appel!
L'infamie n'a pas besoin, chez Daninckx, de nombreuses pages pour être dénoncée.
Les saloperies, nous dit l'auteur, nous reviennent toujours dans la figure.
Daeninckx, et il le fait très bien, gratte et raconte là ou ça fait mal à l'histoire et à la mémoire parfois restrictive et sélective.
Un livre qui joint l'utile à l'agréable, en somme. À lire.
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Les zoos humains. Cela a existé. Et pendant bien longtemps. Des blancs regardant des ours ou des « cannibales » (à défaut de crocodiles) accompagnés de leur petits qui ne faisaient pas la différence, c'était normal, pour les petits. Mais les grands ? On ne les comprend vraiment pas aujourd'hui. On parle de l'esprit de l'époque, du colonialisme. de racisme (et encore, on cherche surtout à justifier l'abject). Comment ont-ils pu faire une chose pareille ? Cela paraît si fou, indigne, une négation de l'être humain. Zoo humain, cette expression choque. Mais à bien y regarder -c'est le mot juste- est-ce que cela ne continue pas ? Quel prétexte allons-nous bien pouvoir trouver aujourd'hui ? Certainement pas le manque d'information. Je ne comprends toujours pas. Et on continue à enfermer dans des cahutes des gens, on les filme et on leur envoie des cacahuètes et de l'alcool (ça débride les inhibitions). Aujourd'hui on dit « téléréalité »
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Paris est en pleine effervescence. On est en 1931 et l'Exposition Coloniale s'apprête à ouvrir ses portes. Les représentants de chaque colonie sont venus en groupes du monde entier. Mais loin de vouloir mettre en valeur leur culture, leur singularité et leur richesse, on leur demande de se comporter en sauvages. Parquée dans un enclos, entre les lions et les crocodiles, une tribu de Kanak (c'est à dire les habitants de Nouvelle-Calédonie) va ainsi subir les mauvais traitements des français et va devoir jouer le rôle d'anthropophages primaires, ne communicant que par les grognements et par la danse ! Et, comme si cela ne suffisait pas, une partie de la tribu va être envoyée dans un cirque en Allemagne en échange du même nombre de crocodiles afin de remplacer ceux morts de manière inexpliquée dans l'enclos d'à côté… Pour Badimoin et Gocéné, chargés de protéger leur clan, s'en est trop et tous deux décident de se lancer à la recherche des disparus sans se douter de l'hostilité qui les attend dans la capitale…


Avec « Cannibale », Didier Daeninckx pointe du doigt un épisode particulièrement honteux de notre histoire dont, pour ma part, j'ignorais tout. le récit, raconté par Gocéné des années plus tard, nous plonge dans le Paris des années 30 vu par les yeux d'un étranger qui ne comprend pas le monde qui l'entoure mais qui le ressent et se heurte à ses dangers, ses préjugés et son hypocrisie. C'est le récit sincère, juste et néanmoins sans rancune, d'un homme qu'on a avili, humilié et traité comme un animal dans le simple but de divertir un public en mal d'exotisme… Un texte court, facile à lire et cependant d'une grande richesse, qui donne à réfléchir et bouleverse par sa brutalité et l'injustice à laquelle il renvoie. Je comprends mieux pourquoi il est si souvent prescrit au collège !
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Cannibale : adj. et n. Anthropophage. Qui dévore les animaux de sa propre espèce.
Titre inapproprié. Trompe le « Cannibale » lecteur.

Il s'agit, tout méchamment de la navrante et parfois touchante épopée d'une poignée de canaques extirpée de leur île géante pour aller égayer, entre crocodiles et lions, le pavillon Océanie de l'exposition coloniale de 1931 à Paris.
Ça fait froid dans le dos que d'imbéciles gouvernants aient eu, ne serait-ce que l'idée de ravaler des humains au point de les parquer dans un zoo et de les faire beugler comme des bêtes à l'approche des badauds.
Dévouées, leurs femmes évoluent de force les seins nus devant une foule bigarrée, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Pathétique et vaine se révèle la course folle de Gocéné et de Badimoin son copain dans le métro parisien à la recherche de Minoé sa dulcinée, envoyée outre-Rhin, avec d'autres chagrins, échangés ponctuellement contre des crocodiles allemands.

La naïveté des amis et du récit atténuent parfois le côté cruel et décalé de cette histoire vraie.

Comment peut-on imaginer un seul instant, que seulement 90 ans auparavant on pouvait se pavaner, sans paravent, ostensiblement, fier de montrer notre supériorité d'européen sur des êtres qui, aujourd'hui, ont certaines valeurs d'humanité que nous serions fiers d'inculquer à nos enfants ?
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Première rencontre avec Didier Daeninckx, pour ce roman mince qui se lit très bien. L'écriture est limpide, le style agréable. le sujet traité est grave et peut être dérangeant car engagé, politisé. Inspiré d'un fait authentique l'auteur battit son récit autour de l'Exposition coloniale de 1931 à Paris, où au zoo de Vincennes, entre la fosse aux lions et le marigot des crocodiles, sont parqués et mis en scène des représentants du peuple kanak présentés au public comme d'authentiques sauvages désignés comme étant des "Hommes anthropophages de Nouvelle Calédonie". le témoignage d'un de ces "cannibales" est effectué un demi siècle plus tard au niveau d'un barrage à proximité de Tendo, en Nouvelle Calédonie, lors des révoltes du peuple Kanak.
Un très beau roman.
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C'est un roman très très court. Mais très très captivant.

Une exposition coloniale à Paris. Des personnes traitées comme des sauvages, des êtres séparés pour que le spectacle continue…

Les sauvages sont-ils réellement ceux qui sont en cage ?

Un pan du passé oublié et la narration d'une histoire racontée d'un vieux monsieur à son petit fils.
Il n'y a pas de jugement, de haine, de vengeance seulement un récit…

Bonne lecture !
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Que vous connaissiez la Nouvelle-Calédonie ou non, que vous ayez l'intention d'effectuer ce très long voyage ou non, lire Cannibale de Didier Daeninckx vous en apprendra davantage sur ce pays. Il entretient aussi le devoir de mémoire.

Gocéné est ramené chez lui, dans sa tribu Tendo par un ami, mais ils sont arrêtés par deux jeunes gens armés qui refusent de laisser le véhicule aller plus loin parce que le chauffeur est blanc.

Gocéné descend alors de la voiture et raconte son histoire. En 1931, il a été emmené à Paris pour l'exposition coloniale. Les autorités françaises avaient fait de nombreuses promesses pour convaincre le chef de la tribu. Promesses oubliées dès que les jeunes kanaks ont mis les pieds sur le bateau qui les conduisaient en France.
La beauté du roman réside dans le fait que ce sont des hommes qui s'opposent (ou s'entraident) et non des peuples. Et puis aussi, une histoire d'amitié improbable, ce gendre de récits qui nous fait penser que tout est possible.

L'histoire se déroule à la fin des années 1980 ou plus vraisemblablement en 1988 un peu avant l'accord de Nouméa.

Lien : https://dequoilire.com/canni..
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Très court roman sur le thème de l'exposition coloniale de 1931 à Paris. le but était de montrer aux français la richesse de l'empire colonial français. le point de vue est celui de deux kanak faisant partie de la centaine de leurs congénères emmenés de force pour être exposés dans des zoos humains. Ils vont devoir retrouver certains des leurs emmenés en Allemagne échangés contre des crocodiles.
Au-delà de l'intrigue, il s'agit surtout de réfléchir sur l'altérité. Comment appréhende-t-on celui qui ne fait partie de notre groupe ? Qu'est-ce qui définit notre groupe ? Réfléchir sur l'exclusion, voilà l'intérêt. En fait, ayant conscience de la finitude de notre planète, je me demande si nous ne faisons pas tous partie d'un même groupe ? Je ne sais plus où j'ai lu (peut-être Levi-Strauss), qu'un groupe ethnique, je ne sais plus lequel, considérait que manger de la viande s'assimilait à un acte de cannibalisme, dans la mesure où nous faisons tous partie du vivant ! Je vous livre cette réflexion.
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Cannibale

Dans quel lieu Gocéné et ses compagnons sont-ils emmenés ?

En Allemagne à Berlin.
Dans un zoo en Australie.
A l'Exposition Coloniale à Paris.
En Suède dans un parc d'attractions.

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