La cité a été rasée dans la foulée pour laisser le passage à une bretelle de la nationale....La mairie nous a relogé ici, dans la cité des Cosmonautes...Il marque un temps d'arrêt.
- Celui qui a dégoté le nom a vraiment mis dans le mille...
- Pourquoi ? Ce n'est pas génial mais ça vaut bien -cité des Fleurs-.
-Oh! le nom je m'en fiche ! Le problème c'est que la cité est aussi gaie et aussi vivante que là haut...Vous vous imaginez peut- être qu'on rit tous les jours en orbite !"
Elle ressemble à ces milliers d'autres femmes de soixante ans qui laisse venir l'âge sans capituler et combattent à leur mesure : mise en plis, fard, teinture, sans se faire d'illusions sur l'issue de la bataille.
L'insulte siffla entre ses lèvres.
- Salauds..salauds...salauds.
Pas un seul n'en réchappait. Il ne s'était fait aucun ami en classe, ni au réfectoire, ni au dortoir, et s'était acharné à domestiquer sa solitude : aujourd'hui sa haine dépassait la somme de leur mépris.
Je crois profondément que personne ne mérite de décoration pour avoir tué un homme. Quel qu'il soit... A certains moments, il faut en venir là, et il n'y a rien de plus triste au monde...
On pardonne quand on est fort. Si on le fait quand on est faible, on le reste ...
Lorsqu'un noyé se débat, il pense rattrapper la vie, alors qu'il ne fait que hâter la mort.
[...] Les lourdes portes de la prison s'ouvrirent et le convoi traversa Lille, longea la citadelle avant de prendre la direction de Marcq-en-Baroeul. Je ne rencontrai que des regards mornes. Nous nous attendions tous au pire et n'avions aucune envie d'en parler.
Malheureusement ce n'est pas ce qui advint... ce fut encore pire... Je ne peux pas vous le raconter... Ca ne passe pas par les mots... [...]
Il aperçut tout d'abord le bâton posé sous le trait tracé dans la terre gorgée d'eau. Puis la lampe éclaire les lettres capitales qui faisaient autant de ruisseaux: MON PÈRE N'EST PAS UN ASSASSIN.
Il pointa sa lampe sur la surface du bassin. Le corps de Lucien Ricouart flottait à dix mètres de lui, la face dans l'eau, les bras en croix, près d'un pneu à demi englouti.
En prison, on connaît son avenir, son temps d'incarcération, on s'organise en humain retranché du monde ordinaire. A Schorfheide, à Reiterberg, le temps était aboli, la frontière entre le bien et le mal effacée... On ne connaissait plus que la souffrance du corps, l'avilissement. Là-bas, il n'y avait pas de miroirs. On ne se voyait jamais. On en arrivait à fuir les mares d'eau pour éviter de rencontrer notre reflet. Si je m'étais vu une seule fois dans une glace, je ne serais sûrement pas ici à discuter de tout ça...ma vie tient peut-être à un reflet dans une vitre...
Je me suis lavé à la pierre, près de la porte, au dessus de la vaisselle de la veille. J'ai remis mes habits de la semaine, malgré les récriminations de la mère comme quoi, même si on est pauvres, ce n'est pas une raison pour le faire savoir.