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3,9

sur 522 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Excellent !
Ça fait longtemps que j'avais l'intention de lire "Meurtres pour mémoire" de Didier Daeninckx et je ne regrette pas cette lecture. Parce que c'est un polar politique il permet d'aborder des éléments essentiels de l'histoire de notre pays tout en gardant un certain suspense à travers l'enquête menée par l'inspecteur Cadin.
A Paris, un soir d'octobre 1961, Roger Thiraud, professeur d'histoire en lycée, est une des victimes d'une manifestation algérienne qu'il a croisée sur les Grands Boulevards. Sa mort passe pour un des dommages collatéraux de la répression. Vingt ans plus tard, son fils Bernard, étudiant, est abattu à Toulouse. L'inspecteur Cadin va se confronter à quarante ans d'histoire pour élucider ce mystère.

Car « mémoires » est écrit au pluriel et Vichy va faire écho à la journée sanglante du 17 octobre 1961, moins connu que les morts du métro Charonne du 8 février 1962.
Pour Daeninckx c'est une responsabilité de révéler ce que l'on sait sur certaines atrocités. J'apprécie vraiment cet auteur dont, pour moi, le style se situe à la croisée de celui de Léo Malet et de Gérard Mordillat.


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En prologue de Meurtres pour mémoire, Didier Daeninckx relate le bain de sang perpétré par les forces de l'ordre le 17 octobre 1961 au coeur de Paris en réponse à une manifestation pacifique organisée par le FLN à laquelle participent des milliers de personnes, femmes, enfants, poussettes en tête de cortège, protestant contre le couvre-feu imposé aux seuls français musulmans. le lendemain, la préfecture par l'entremise du très zélé Maurice Papon annonce 3 morts, 64 blessés et 11 538 arrestations, alors que 68 cadavres sont déjà à l'Institut médico-légal et que leur nombre s'accroît d'heure en heure. Si l'on sait aujourd'hui que les victimes se dénombrent par centaines, il faut rappeler qu'au moment de la parution du roman en 1984, ce massacre dort encore dans les oubliettes de l'Histoire, que les exactions de Papon ne sont toujours pas jugées. Didier Daenincks est donc un précurseur lorsqu'il exhume ces événements au début des années 80.


L'auteur crée un personnage, Roger Thiraud, professeur d'histoire, abattu à quelques mètres de son domicile parisien au cours de cette honteuse journée du 17 octobre 1961. L'affaire est classée sans suite jusqu'au jour où quelques 20 ans plus tard Bernard Thiraud, son fils, est lui aussi exécuté à Toulouse sans raison apparente. Professeur d'histoire comme son père, Bernard, sur le chemin de vacances au Maroc avec sa compagne Claudine, s'est arrêté à Toulouse pour consulter les archives départementales. Existe-t-il un lien entre ces deux morts violentes ? L'inspecteur Cadin est chargé de l'enquête policière qui se transforme rapidement en enquête historienne. Celle-ci le conduit jusqu'à Drancy, d'où, au cours de la seconde guerre mondiale, des milliers de juifs sont déportés vers les camps de concentration.


Il s'agit d'un roman aride, pédagogique, didactique, basé sur une recherche documentaire considérable effectuée par l'auteur. L'histoire policière n'est qu'un prétexte pour mettre en exergue des moments troubles et des politiciens pourris de notre Histoire contemporaine que la raison d'Etat aurait préféré garder cachés à jamais. Didier Daenincks insère cependant dans son roman un peu de douceur dans ce monde de brutes en imaginant une idylle entre Cadin et Claudine, que pour ma part, j'ai trouvé inopportune. Il n'en reste pas moins que Meurtres pour mémoire constitue une lecture indispensable pour tous ceux qui ne veulent pas oublier...
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17 octobre 1961, un prof d'histoire rentre du travail. Il se trouve à proximité de la manifestation organisée par le FLN. Il est tué par un policier.
Vingt ans plus tard, son fils est assassiné à Toulouse. Un policier va enquêter sur cette mort et mettre au jour des secrets que certains auraient préféré garder secrets.

Meurtres pour mémoire a la forme d'un roman policier mais son sujet le transforme complètement.
Deux événements servent de base au roman : la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale et la manifestation du 17 octobre 1961 réprimé violemment par les forces de police.
Ecrit en 1983, ces deux éléments de l'histoire étaient peu médiatisés, l'Etat français avait un rôle peu reluisant. Encore aujourd'hui l'Etat ne veut pas reconnaître sa responsabilité dans la répression de la manifestation .
Le haut-fonctionnaire visé par Daeninckx est Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde condamné pour complicité de crimes contre l'humanité et préfet de police, impliqué dans la répression de la manifestation d'octobre 1961.
Le roman est sobre même s'il se permet quelques pointes d'humour.

5/5
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« En oubliant le passé, on se condamne à le revivre ». Telle est l'exergue de ce roman policier pas comme les autres. Par le biais de ce type d'écriture (le roman policier) l'auteur nous invite à intégrer le passé dans notre présent : ne pas oublier, afin que la mémoire reste, ne pas oublier, parce qu'aussi les coupables sont toujours là, ou s'ils sont morts, d'autres reprennent leurs idées et leurs méthodes, et tout recommence. L'enfance de Didier Daeninckx (né en 1949) est rythmée par la guerre d'Algérie (1954-1962), ce qui est le cas de la grande majorité des babyboomers.
Ecrire en 1983 un livre (fût-ce un roman) faisant allusion aux répressions abusives de la police française en 1961 contre les manifestations pro-algériennes (répressions particulièrement cruelles, responsables d'une centaine de morts et passées sous silence pendant des années) représentait un réel acte de courage, principalement parce qu'on était en plein procès Papon, et que les esprits n'étaient pas prêts à entendre certaines vérités dérangeantes.
L'histoire de « Meurtres pour mémoire » commence le 17 octobre 1761. Une manifestation pro FLN, mais pacifiste (les manifestants n'étaient pas armés), est chargée par la police parisienne. Roger Thiraud, un professeur d'histoire y est tué par un policier d'une balle dans la tête. Il laisse une femme enceinte. Vingt ans plus tard, à Toulouse, son fils, Bernard, est tué également, de deux balles dans le corps. L'inspecteur Cadin est chargé de l'enquête. Il a vite fait le lien entre les deux affaires. Bernard, vingt ans après, poursuivait les mêmes recherches que son père sur le camp de concentration de Drancy pendant la Seconde Guerre mondiale. L'inspecteur va devoir élucider le rapport qu'il peut y avoir entre les deux meurtres et le génocide des juifs, à chaque fois vingt ans d'écart…
La recherche policière, se double ici d'une recherche historique et politique. Il faut être un policier parfaitement intègre pour oser enquêter dans les méandres de sa propre corporation, ne pas céder aux pressions, policières ou politiques. Il se trouve que Cadin est un flic atypique, justement parce qu'il est intègre et ne veut pas « rentrer dans le moule ». Lucide et désabusé, il cherche quand même la vérité, quelle que soit cette vérité.
Aujourd'hui que nous en savons plus sur ces pages sombres de notre Histoire, ce roman perd un peu de son actualité, et nous le lisons comme un roman policier historique, et ce qui était choquant ou à tout prendre dérangeant en 1983, est banal aujourd'hui, nous apprenons tous les jours des scandales présents ou passés concernant nos dirigeants, et nous finissons par être blasés. Pourtant ce roman était une sacrée piqûre de rappel. L'histoire se répète, et les mêmes causes font les mêmes effets, si nous n'y prenons pas garde.
Didier Daeninckx fut traîné dans la boue à la sortie du livre par une intelligentsia gaulliste et ultradroitière. Aujourd'hui, ce roman figure dans certains programmes scolaires, est étudié au baccalauréat et a été traduit dans des dizaines de langues.
« Meurtres pour mémoire » est le troisième tome des enquêtes de l'inspecteur Cadin, après « Mort au premier tour » et « le géant inachevé » et avant « le bourreau et son double » et « le Facteur fatal ». Ces cinq enquêtes passionnantes ont été réunies sous le titre de « Mémoire noire » (Folio policier)
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C'est dans ce roman qu'est évoquée pour la première fois la manifestation du 17 octobre 1961. le préfet de police s'appelait alors Maurice Papon. On connaît la suite de l'histoire : des morts, des disparus, des torturés...
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Ce livre de 1983 est important. Il a certes été une révélation pour moi à l'époque et a modelé mon goût de lecteur pour les polars qui mêlent la petite histoire dans la grande mais il a surtout remis sous les projecteurs un évènement tragique nié par la société : la manif des algériens en colère d'octobre 1961.

Cela a causé quelques soucis à Daeninckx ; auteur majeur pour moi que je n'ai cessé de lire depuis, il sait marier à merveille réflexion politique et intrigue policière. Il attise les consciences tout en sachant donner une consistance réelle à ses personnages, ici l'inspecteur Cadin dont j'aurais l'occasion de reparler.

Coup de coeur (et même plus)
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Première plongée dans l'oeuvre de Daeninckx.
Très bonne pioche.
Utilisant des évènements historiques en y intégrant une intrigue policière: j'adore.
Cela nous replonge dans une histoire parfois oubliée mais souvent méconnue. Ici, l'intrigue prend racine dans deux couches d'évènements: la première étant la collaboration avec la déportation des juifs dans les années 1940 et la seconde la les manifestations des algériens à Paris en octobre 1961 qui fût réprimée dans le sang.
Le présent du livre se situant dans les années 1980 dans lequel l'inspecteur Cadin se faufile comme une anguille.
Un super moment de lecture, une écriture précise, une action prenante.
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Magnifique !
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Didier Daeninckx, au sommet de son art, mêle habilement une intrigue policière aux événements historiques d'octobre 1961.
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Ce livre mélange avec bonheur intrigue policière et faits historiques .En fait l'intrigue n'est là que comme support à un vibrant plaidoyer et témoignage sur une journée pas forcément bien connue ,celle du 17 Octobre 1961..Je ne connaissais pas toute cette affaire et j'avoue avoir été horrifiée en découvrant cette boucherie! Tout ça sous le gouvernement du Général de Gaulle,avec la collaboration, ô combien zêlée, d'un des serviteurs de l'Etat de l'époque:Maurice Papon.....
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