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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une question que chaque amoureux de la lecture s'est forcément posée un jour, sans pour autant devoir trouver à tout prix aux livres une utilité, mais juste pour mettre des mots sur cet état particulier dans lequel nous met la lecture. Charles Dantzig nous donne une réponse très personnelle et tranchée, et en aucun cas une vérité universelle ! Autant de lecteurs, autant de raisons et de pratiques. Voilà pourquoi les pistes tracées par l'auteur nous semblent parfois pertinentes, et parfois nous font bondir. L'auteur nous fait part de son expérience depuis qu'il est en âge de lire, qui nous fait réfléchir à la nôtre et nourrit notre propre réflexion. Lire pour s'évader, pour traverser l'espace et le temps, pour mieux se connaître ou mieux connaître l'auteur, pour faire bien dans un dîner ou parce-que l'on s'ennuie, pour s'isoler, lire sur la plage, dans son bain ou dans un train... le ton est humoristique et plaisant à lire par petits bouts, pour avoir le temps d'y réfléchir et de déguster le texte, illustré de gravures et de photographies.
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Il y a de cela un demi-siècle (Il n'est pas rafraîchissant de se rappeler des souvenirs aussi lointains !), tous les jours de la semaine je me rendais de la caserne de la pépiniére au ministère de la Marine. Un parcours d'environ 15 minutes que je faisais à pied, avec sur la tête le célèbre bachi à pompon rouge de la Marine Nationale, et tenant à la main un livre dans la lecture duquel j'étais plongé. Cette déambulation iconoclaste ne devait pas passer inaperçue. Ces deux institutions n'existent plus en tant que telles aujourd'hui, la première est devenue un cabinet d'avocats et la seconde une vitrine du Centre des monuments nationaux. Sur le trajet, dans le prolongement de la rue royale, l'église de la Madeleine expose toujours sa majestueuse façade visible depuis la place de la concorde. Ces lieux sont pour moi, associés à l'activité de lire en marchant. L'église de la Madeleine semble avoir été posée là comme un clin d'oeil à Proust. Elle évoque pour moi les mêmes sensations nostalgiques que la célèbre pâtisserie dont parle l'auteur d'à la recherche du temps perdu…

  Ce souvenir m'est revenu instantanément à l'esprit en commençant la lecture du premier chapitre du livre de Charles Dantzig « Pourquoi lire ? ». Belle entrée en matière que de partager dès les premières lignes un moment de vie avec un auteur. C'est un peu pour cela que nous lisons, du moins pour la part égoïste de nos motivations ; retrouver dans une histoire où chez un personnage, notre vécue personnel à travers des sentiments, des idées ou des évènements décrits par l'auteur comme nous aurions pu le faire si nous disposions de son talent. Charles Dantzig commence donc avec beaucoup d'humour à nous parler de ses lectures en marchant :

« Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire “Pardon monsieur !” Après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre. » Ceci est le point de départ de son questionnement, lire est-il un acte aussi naturel que la marche où répond-il à des motivations spéciales ? Pourquoi lire ?

  Cet essai, écrit avec talent, érudition et humour est l'occasion pour l'auteur de nous livrer ses réflexions autour de la lecture, de ses bienfaits, de ses dangers, de ses limites. Il nous livre aussi quelques anecdotes, en tant que lecteur ou écrivain et nous fait part de ses préférences littéraires. Cela donne un patchwork de textes assez courts et plaisants à lire où se mêlent des conseils de lectures, des pensées philosophiques, des critiques assez virulentes à l'égard de certains auteurs et des mises en garde :

« Attention, les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. » (page 18)

« Pour moi, je voulais de l'imprimé qu'on pût souligner et dans les marges duquel on put suspendre des annotations… Un bon lecteur écrit en même temps qu'il lit. » (page 22). « Victor Cousin, le philosophe, disait : “Je monte à l'échafaud, quand je me couche.” Enfant, adolescent, jeune homme, j'étais comme lui. Je le suis encore. Arrêter d'écrire, de lire, de s'amuser, pour ça ! Il faudra me pousser vers la tombe, mon squelette freinant des talons dans le gravier pendant que mes métatarses tourneront les pages d'un livre et que, claquant des mâchoires, je protesterai : “Je n'ai pas fini ! Je n'ai pas fini !”. (page 128).

Charles Dantzig décline ainsi toutes les raisons qui nous poussent à lire où à ne pas lire : lire pour se contredire, lire pour se consoler, lire pour s'isoler, pour le vice, pour rajeunir, pour changer le temps.

Pourquoi lire ? Pour devenir moins borné, perdre des préjugés, comprendre. Pourquoi lire ? Pour comprendre ceux qui sont bornés, ont des préjugés et aiment ne pas comprendre.” (page 81).

  En tout près de quatre-vingts questions auxquelles l'auteur tente une réponse et nous invite aussi à réfléchir à nos propres motivations. Mais la grande question est de savoir si la lecture est civilisatrice, contribue-t-elle à pacifier le monde, à rendre les hommes meilleurs ? L'auteur n'en est pas convaincu :

“Plus je lis, moins j'ai l'impression d'être civilisé. La lecture des grands auteurs me montre que je n'ai jamais cessé d'être un barbare, un ignare, un imparfait… Je manque de paix intérieure, la lecture ne me l'a pas apportée.” Un pessimisme que je ne partage pas même si j'admets que l'histoire ne manque pas d'exemples de criminels cultivés et grands lecteurs. L'éducation et la culture restent à mon sens les meilleurs alliés de la civilisation.

  Se demander pourquoi lire revient à se poser la question de savoir à quoi sert la lecture. Au terme de ce livre j'ai envie de répondre ceci : la lecture ne nous transforme pas, mais elle nous aide sans doute à devenir ce que nous sommes vraiment. Atteindre les limites que la nature nous a assignées, voilà une belle et raisonnable ambition, peut-être la seule qui vaille.

Charles Dantzig né en 1961 à Tarbes est un écrivain et éditeur français. Son livre “Pourquoi lire ? Lui a valu l'obtention du prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre. Il est aussi l'auteur du remarquable ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française'.


Bibliographie :


— ‘Pourquoi lire ?', Charles Dantzig, Grasset (2010), 249 pages.

— ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française', Charles Dantzig,, Grasset (2005), 962 pages.
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Quand on prend l'essai de Charles Dantzig "Pourquoi lire?", on se dit qu'il a intérêt à apporter des réponses originales sur ce sujet abordé par tant d'autres auteurs, sinon on refermera le livre définitivement dès la vingtième page!
Je peux vous affirmer que j'ai lu l'intégralité de cet ouvrage sans trop voir passer le temps.En effet, on se trouve en face d'un feu d'artifice de réponses, orchestrées par de multiples chapitres courts, voire très courts pour certains et des illustrations souvent agréables et très judicieusement utilisées.
Le plus grand reproche que je ferais à ce livre repose sur l'énorme décalage entre le titre impersonnel et austère et le contenu très subjectif et parfois intime. L'auteur semble avoir écrit un livre qu'il offre à son lecteur et qu'il aurait aimé découvrir lui-même dans une librairie. Cet ouvrage manifestement guidé par le principe de plaisir à la fois égoïste et partagé, contient à la fois des pépites et des affirmations très discutables qui gagneraient à être plus argumentées ou plus nuancées.
En conclusion, nous avons affaire à un ouvrage qui se laisse lire agréablement, privilégiant l'ampleur et la vision panoramique du sujet à sa profondeur et à son épaisseur. Pour le moins, ce livre laisse rarement indifférent et permet souvent de repenser, de questionner notre conception intuitive de la lecture à condition de garder un regard critique sur les affirmations personnelles et péremptoires de l'auteur. Peut-être le plaisir de la lecture passe-t-il aussi par là?
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J'avais lu ce livre à sa sortie (2010), et j'ai cette fois picoré dedans avec beaucoup de plaisir… Dans Pourquoi lire ?, Charles Dantzig s'attache à la figure du lecteur, à ses rapports avec les livres, avec la littérature, mais aussi avec les auteurs. Il y affirme ses goûts et ses dégoûts avec une grande partialité, un élitisme assumé, une solide mauvaise foi, une quantité d'apparentes contradictions, un talent évident pour les aphorismes et un humour sans faille ! J'ai beaucoup souri, je me suis aussi parfois insurgée devant tant de jugements péremptoires qui m'ont souvent renvoyée à mes propres préjugés… Bref, un bonheur. Je réserve toutefois mes exercices d'admiration à son Dictionnaire égoïste de la littérature qui a les mêmes qualités (qu'on peut bien sûr tenir pour des défauts) et qui va plus loin dans l'analyse… et dans les outrances !

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“Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleur qui surplombera la terre.”

Pourquoi lire ? Pourquoi lire de la littérature ? Charles Dantzig dissèque la question au fil d'un essai condensé de 244 pages scindé en 76 chapitres signifiants décrivant chacun une situation, une raison, les lecteurs et les écrivains : le lecteur égoïste, Lire pour être articulé, Lier le pouvoir, Lire pour apprendre, se consoler, s'isoler ou bien Lire à voix haute, Lire les rides….
Cet ouvrage ouvre autant l'esprit du grand lecteur (plus de 50 livres/an) que du lecteur moyen (4 à 5 livres par an). Aphorismes, phrases chocs, vérités à nu, opinion tranchées, Charles Dantzig ne laissera aucun lecteur indifférent.

Offrir en cadeau ce livre qui ouvre à la question essentielle : Pourquoi lire ?
Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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Ce livre s'adresse essentiellement aux lecteurs compulsifs de littérature; ceux-ci sont plus à même de se retrouver dans les situations de lecture proposées par Dantzig.
Enfant, nous partageons le même incompréhension des parents face à ce temps jugé inutile. Adulte, nous ne sommes souvent pas mieux compris.
Dantzig cloisonne la littérature et n'autorise pas tout roman à en faire partie parfois avec justesse, parfois avec mauvaise foi mais jamais méchamment.
C'est frai, récréatif, et amusant.
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Voilà un court mais brillant plaidoyer en faveur de la lecture à mettre entre toutes les mains. Celles de ceux qui ne comprennent rien à cette étrange addiction, celles de ceux qui sont déjà complètement accro.
Cet essai, construit autour de petits chapitres qui tiennent plus d'aphorismes et de réflexions personnelles que d'une étude universitaire poussée, analyse, dissèque les effets de la lecture sur ses pratiquants. La plume de Dantzig est successivement humoristique, vacharde, mordante, impertinente mais toujours juste. Il s'agit là d'un partage de passion avec tout ce que cela compte de partialité (CD vénère Proust et déteste Céline, par exemple), de mauvaise foi, mais en fin de compte il donne surtout l'envie de replonger au plus vite dans un livre.
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En un grand nombre de petits chapitres "thématiques" ("Apprendre à lire", "Le moment où on lit", "Le lieu où on lit", "Lire les classiques", "Lire de mauvais livres (portrait de tout le monde en vampire"), Charles Dantzig revient sur le rôle et l'intérêt de la lecture, en partant bien entendu de sa propre expérience de lecteur et d'écrivain pour mieux argumenter ses propos.

On retrouve ici l'idée de l'acte de lecture comme un tout, indépendant de la littérature, en ce qu'elle apporte à chacun quelque chose de différent puisque subjective : on ne va en effet pas tous aimer les mêmes écrivains, ou alors pas toujours pour les mêmes raisons. On ne va pas non plus se comporter de la même façon face à nos lectures : on peut annoter ce qu'on lit, au contraire laisser le livre tel quel et laisser la mémoire faire le reste... Mais on peut en tout cas toujours aimer la lecture en soi, même si l'on n'aime pas ce que l'on lit. On retrouve également l'idée que la lecture est avant tout un acte inutile selon les critères actuels de la société du prêt-à-penser et l'inutilité de la culture, mais tellement agréable, autant pour s'amuser, pour s'instruire, que pour se découvrir. Une phrase d'ailleurs que je trouve très révélatrice : "Voilà l'horreur de l'ignorance : elle ne se rend pas compte de la gravité de son état"

Un essai ma foi très intéressant et littérairement riche que je conseille fortement, car il se lit vraiment bien (c'est mieux d'avoir une lecture aisée quand on écrit sur la lecture me direz-vous) et parce qu'il m'a fait souvent sourire car je me suis parfois reconnue quant à ma manière de lire ou quant à ma façon de concevoir la littérature dans les propos de Charles Dantzig, ou encore parce qu'il a une manière assez drôle de présenter les choses.
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De Dantzig, j'ai lu le Dictionnaire égoïste de la littérature française (épatant), Dans un avion pour Caracas (roman oubliable) et Pourquoi lire ?

Petit essai volontiers accusé d'arrogance (Dantzig est élitiste, horreur !), de partialité, de snobisme, d'injustice, de dédain… c'est parfois mérité. Mais les réponses à la question fondamentale que pose l'auteur (qu'elles soient caustiques, pétillantes ou rêveuses) sont empreintes d'un tel enthousiasme vis-à-vis de la littérature et de ses pratiquants… qu'il lui sera beaucoup pardonné.

Dantzig évoque les librairies et leurs fidèles : « Ces clients qui ont l'air si calmes, si recueillis, des girafes broutant lentement des feuilles, sont des boules de passion à l'intérieur desquelles ça bout, ça bondit, ça bande. »

Les girafes broutent les feuilles encrées de Dantzig avec volupté, même si elles en recrachent quelques-unes.

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Après avoir lu « Encyclopédie égoïste de la littérature» de Charles Dantzig il y a quelques années qui m'a avez enchantée par sa fraîcheur, son audace et son subjectivisme revendiqué, bien loin de la critique littéraire universitaire, j'avais très envie de lire ce livre au titre étrange pour tous les amoureux de la littérature qui résonne un peu comme la question de savoir pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, à savoir « Pourquoi lire ? ».
Non, on lit pas pour se changer, non on ne lit pas pour s'évader
la suite sur le blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/11/pourquoi-lire-de-charles-dantzig.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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