Le bébé est mortel, peut-être, mais pas par combustion instantanée. Une part d'amour que je lui porte se manifeste par la peur ; mais il ne mourra pas d'être laissé grandir.
"Ces petits pieds qui gigotent, ils cognaient dans mon ventre. Je ne peux pas croire qu’il soit sorti de moi. Un jour un livreur a sonné à ma porte, j’avais un gros ventre, dans le colis il y avait le bébé, et je n’ai plus eu de gros ventre. Le petit de l’humain : il doit bien avoir quelque chose à chercher, à comprendre là. C’est une expérience répétitive et décousue, et quand le bébé dort la vie reprend,mais quand il est réveillé c’est sa vie à lui qui domine.{...}"
Dans la salle d'accouchement, nous étions quatre : le père du bébé, l'accoucheur, l'infirmière et moi. Tout à coup, nous sommes cinq.
Être au centre du vortex, où le temps et l'espace se conjuguent et s'ouvrent : mon sexe est cette brèche et je ne le savais pas.
Quand le bébé me tête, je suis une tétine géante.
Explorer le pôle Sud, le fond des mers, l'Amazonie ou Mars, c'est sans doute avoir la nostalgie du tapis de jeu. Un grand carré de couleurs, avec des volets de tissu à soulever, des dômes de mousse qui font couic, des sachets de grains à secouer, des formes qui se révèlent, un miroir sous un cache, un ours à débusquer.
"Areuh", l'onomatopée classique, est le mot que le bébé aime le plus souvent à dire. Le r est bien marqué, la vibration française. Et en Espagne, en Angleterre ? En Chine, en Arabie ? Comment parlé les bébés ?