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« La mort de ma mère, je la vois comme un entraînement à celle de Camille ».

Sophie Daull, après nous avoir tant émus avec son premier roman « Camille, mon envolée », nous entraîne cette fois sur les chemins de France, à la recherche de sa propre histoire, dans une pérégrination généalogique qui a pour point de départ une boîte à chaussures.

« Je commence quand ma mère était dans le ventre de sa mère ».

De Seine et Marne jusqu'en Franche Comté, Sophie Daull carde, file et tisse, de main de maître, l'écheveau du destin de Nicole, cette femme dont elle ignore presque tout.

Nicole, sa mère, disparue tragiquement en 1985…
Née d'un adultère, confiée aux mauvais soins de sa demi-soeur , elle s'emploiera à garder mystérieux ses pans de vie.

Rencontre après rencontre, au gré des images pieuses, des photographies, des maigres indices dont elle dispose, colmatant le silence par les mots, Sophie Daull brode quand elle ne sait pas … Et le fait avec ses mots superbes, une infinie pudeur, au son de ce « Cou-cou » qui émaille régulièrement le récit , un peu comme la pendule des Vieux de Brel.

Faisant régulièrement le lien entre Nicole et Camille, laquelle intervient régulièrement dans ce récit, l'auteure « sans ascendant, ni descendant », noue ainsi la trame intergénérationnelle entre ces deux femmes, toutes deux disparues jeunes, et qui ne se sont pas connues.

« J'écris cette scène et j'ai l'impression d'endormir Camille quand je lui inventais un conte de chevet pour la guider vers le sommeil, style la Mendiante et le Prince, ou l'Orpheline aux améthystes. Des histoires à dormir debout. »

Ainsi va la vie de Nicole...

Les fiançailles, la bague « preuve par l'huître », le mariage avec Francis, fils de « famille », la peur de ne pas être à la hauteur de ce milieu aux antipodes du sien, ceux pour qui Bach, Haendel, et Debussy sont autre chose que des noms de rues… Elle devient « madame ».

Bientôt, « une autre preuve, vivante, arrondira son ventre. C'est moi qui vais germer dans l'hiver ».

Les années filent, et le fil s'amenuise ...

Ainsi va sa vie...

La solitude, la tromperie, l'abandon, le naufrage, la déchéance, la lente descente aux enfers, la "coquille de noix vide".

Sous la plume de l'auteure, toujours ce parallèle avec Camille, omniprésente dans la vie de cette grand-mère qu'elle n'a pas connue.

J'écris ceci "Je suis devenue la mère de ma mère." Dans l'autre livre, celui en bleu pour Camille, j'écrivais, je suis devenue l'enfant de ma fille".

Cendrillon, la Petite Sirène, Nicole n'est plus que l'ombre d'elle même, jusqu'à sa fin tragique. Sophie a alors 19 ans.

"J'ai fait le lit des morts afin qu'ils nous engendrent".

J'ai abordé ce roman avec le pressentiment d'un étrange moment. Ce fut le cas. Difficile de définir cette sensation. Difficile de ne pas être profondément touchée par la vie et la personnalité de cette femme, que nous découvrons, page après page, sous la plume toujours aussi merveilleuse de Sophie Daull.

Jai beaucoup aimé ce parallèle entre ces deux femmes aux destins tragiques, Camille et sa grand-mère, toutes deux ôtées à celle qui, selon moi, les aimait le plus.

Nécessaire exutoire à la douleur liée à la perte de sa fille, ce chemin généalogique emporte au delà de la simple "saga" familiale. Avec humour et brio, il est aussi le tableau d'une époque, d'un pays. Une photo de famille, en quelque sorte, avec bande-son. Voilà, on a l'impression d'être dans une salle de cinéma, face à un grand écran. Là est tout le talent de Sophie Daull.

Le détail qui m'a immédiatement séduite ? L'épigraphe, signée.... Christian Bobin.
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« La mort de ma mère, je la vois comme un entraînement à celle de Camille ».

Sophie Daull, après nous avoir tant émus avec son premier roman « Camille, mon envolée », nous entraîne cette fois sur les chemins de France, à la recherche de sa propre histoire, dans une pérégrination généalogique qui a pour point de départ une boîte à chaussures.

« Je commence quand ma mère était dans le ventre de sa mère ».

De Seine et Marne jusqu’en Franche Comté, Sophie Daull carde, file et tisse, de main de maître, l’écheveau du destin de Nicole, cette femme dont elle ignore presque tout.

Nicole, sa mère, disparue tragiquement en 1985…
Née d’un adultère, confiée aux mauvais soins de sa demi-sœur , elle s’emploiera à garder mystérieux ses pans de vie.

Rencontre après rencontre, au gré des images pieuses, des photographies, des maigres indices dont elle dispose, colmatant le silence par les mots, Sophie Daull brode quand elle ne sait pas … Et le fait avec ses mots superbes, une infinie pudeur, au son de ce « Cou-cou » qui émaille régulièrement le récit , un peu comme la pendule des Vieux de Brel.

Faisant régulièrement le lien entre Nicole et Camille, laquelle intervient régulièrement dans ce récit, l’auteure « sans ascendant, ni descendant », noue ainsi la trame intergénérationnelle entre ces deux femmes, toutes deux disparues jeunes, et qui ne se sont pas connues.

« J’écris cette scène et j’ai l’impression d’endormir Camille quand je lui inventais un conte de chevet pour la guider vers le sommeil, style la Mendiante et le Prince, ou l’Orpheline aux améthystes. Des histoires à dormir debout. »

Ainsi va la vie de Nicole...

Les fiançailles, la bague « preuve par l’huître », le mariage avec Francis, fils de « famille », la peur de ne pas être à la hauteur de ce milieu aux antipodes du sien, ceux pour qui Bach, Haendel, et Debussy sont autre chose que des noms de rues… Elle devient « madame ».

Bientôt, « une autre preuve, vivante, arrondira son ventre. C’est moi qui vais germer dans l’hiver ».

Les années filent, et le fil s'amenuise ...

Ainsi va sa vie...

La solitude, la tromperie, l'abandon, le naufrage, la déchéance, la lente descente aux enfers, la "coquille de noix vide".

Sous la plume de l'auteure, toujours ce parallèle avec Camille, omniprésente dans la vie de cette grand-mère qu'elle n'a pas connue.

J'écris ceci "Je suis devenue la mère de ma mère." Dans l'autre livre, celui en bleu pour Camille, j'écrivais, je suis devenue l'enfant de ma fille".

Cendrillon, la Petite Sirène, Nicole n'est plus que l'ombre d'elle même, jusqu'à sa fin tragique. Sophie a alors 19 ans.

"J'ai fait le lit des morts afin qu'ils nous engendrent".

J'ai abordé ce roman avec le pressentiment d'un étrange moment. Ce fut le cas. Difficile de définir cette sensation. Difficile de ne pas être profondément touchée par la vie et la personnalité de cette femme, que nous découvrons, page après page, sous la plume toujours aussi merveilleuse de Sophie Daull.

Jai beaucoup aimé ce parallèle entre ces deux femmes aux destins tragiques, Camille et sa grand-mère, toutes deux ôtées à celle qui, selon moi, les aimait le plus.

Nécessaire exutoire à la douleur liée à la perte de sa fille, ce chemin généalogique emporte au delà de la simple "saga" familiale. Avec humour et brio, il est aussi le tableau d'une époque, d'un pays. Une photo de famille, en quelque sorte, avec bande-son. Voilà, on a l'impression d'être dans une salle de cinéma, face à un grand écran. Là est tout le talent de Sophie Daull.

Le détail qui m'a immédiatement séduite ? L'épigraphe, signée.... Christian Bobin.
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