En fait, je suis déjà mort. Des grosseurs confuses commencent à attaquer mon corps. On essaie de les repérer comme des satellites. Et tout cela est le résultat du sous-produit d’un insecticide. Il y a quelque chose d’artificiel dans ma mort. Elle est vide et creuse. Je n’appartiens ni au ciel ni à la terre. On devrait, je pense, sculpter une bombe aérosol sur ma tombe.
Je ne comprends pas pourquoi les gens ont besoin de tous ces stimulants artificiels. Je m’enivre rien qu’en marchant dans les bois.
Ils prennent des vacances pour échapper à la mort qui se cache dans la routine.
Peut-être lorsque nous mourrons, la première chose que nous dirons sera : « Je connais cette sensation. Je l’ai déjà éprouvée. »
« Je suis heureux d’être ici, dit Murray.
A Blacksmith ?
A Blacksmith, au supermarché, dans la pension de famille, à l’université. Je sens que j’apprends des choses importantes tous les jours. Sur la mort, la maladie, la vie future, les espaces infinis. C’est bien plus clair ici. Je peux penser et observer. »
Accepter d’être ici est d’une certaine manière une capitulation spirituelle. Nous ne voyons que ce que les autres voient. Les milliers de personnes qui sont déjà venues ici et les milliers qui viendront dans l’avenir. Nous acceptons de percevoir les choses d’une manière collective. Et c’est cette acceptation qui donne sa couleur à ce que nous voyons. D’une certaine manière, c’est une expérience religieuse, comme l’est forcément toute forme de tourisme.
- […] Cinquante mille personnes par an sont mordues par des serpents. Ils en parlaient à la télévision hier soir.
- On parle toujours de tout à la télévision la veille au soir », dit Orest.
Si l’œil est un mystère, ne parlons pas de l’oreille. Si tu as le malheur de dire à quelqu’un le limaçon de ton oreille, il te regarde avec un air qui dit clairement : « Qu’est-ce que c’est que ce mec ? » Il y a tout un univers à l’intérieur de nos propres corps.
- Comment te sentirais-tu si tu étais un minable ?
- Content d’être en vie.
Je crois, Jack, qu’il y a deux sortes de gens dans le monde. Les tueurs et les moribonds. Nous sommes pour la plupart des moribonds. Nous n’avons pas les dispositions, l’agressivité ou quoi que ce soit qu’il faille pour être tueurs. Nous laissons la mort nous prendre. Nous nous allongeons et nous mourons. Mais pensez un peu ce que cela signifie d’être un tueur. Pensez comme c’est excitant, en théorie, de tuer une personne en lui faisant face. Si elle meurt, vous échappez vous-mêmes à la mort. Tuer cet homme, c’est augmenter la durée de votre propre vie. Plus vous tuez de gens, plus vous augmentez votre survie. Cela explique beaucoup de massacres, de guerres, d’exterminations.