Enfant, j'ai dévoré les mythes grecs, égyptiens, nordiques, chinois ou encore aztèques. Si mon intérêt pour les légendes n'a pas décru, il semble qu'on perde le goût des voyages avec les années, car mon centre d'intérêt géographique se restreint au fil du temps. C'était donc l'heure de découvrir les légendes de Wallonie !
Soyons honnêtes, ce livre m'a pas mal déçu. La plupart des contes sont des récits très génériques de monstres à tuer pour épouser la princesse, de pactes avec le diable ou des histoires connues vaguement décorées avec des noms de villes wallonnes ou de personnages historiques célèbres. Il n'y a pas vraiment d'âme qui se dégage de ces histoires, et on pourrait les déplacer un peu partout en Europe avec le même résultat.
Seules trois histoires ont retenues mon attention. La première mentionne les nutons, cousins éloignés des lutins qui peuplent la Wallonie et le nord de la France. Les deux autres sont l'histoire de Tchantchès, héros de la ville de Liège qui a combattu fièrement pour Charlemagne, et celle du cheval Bayard, qui permet aux files Aymon d'échapper à Charlemagne (encore lui!). Dans ces deux histoires, on se sent vraiment dans une zone géographique précise, et on ressent, avec le caractère des personnages, comment les Wallons aiment à se représenter (simples, mais courageux, honnêtes et francs, et surtout bons vivants).
Le livre est peut-être sympathique pour lire une histoire aux enfants avant de s'endormir, mais pour découvrir le folklore wallon, c'est vraiment beaucoup trop faible.
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Le bébé repoussa [l'eau] avec une moue dégoûtée. Un grand éclat de rire partit de la foule amusée de la mine déconfite de la femme. Un homme s'avança et lui dit :
— Tu vois ! Tu ne veux jamais me croire quand je te dis que l'eau ne vaut rien ! C'est une boisson bonne pour les plantes et les bêtes, mais pour les hommes, ça n'a jamais rien valu. Ça donne du sang de poisson ! Ce gamin-là promet d'être un fameux homme. Je vais lui chercher, moi, une boisson qui lui convient !
Il revint et tendit un biscuit trempé dans du péquet au bébé qui l'avala goulûment. Alors il lui servit une grande rasade de genièvre que l'enfant engloutit comme si c'eût été du lait.
[Les fils Aymon] ont la complicité sourde et muette de tous les Ardennais, celle qu'ils accordent aux proscrits, aux hommes traqués, à tous ceux qui sont réduits à rôder sur leur terre et dans leurs bois. Pourquoi ? Ils ne savent pas toujours. Parce qu'on est Ardennais, sans plus ! Parce qu'on est d'un pays rude, inhumain, où la solidarité est une loi qui s'est imposée aux premiers hommes qui s'y sont fixés et qui, depuis, régit les cœurs de ceux qui y vivent comme un obscur instinct de conservation.
Songez, archevêque Turpin, que priver un Liégeois d'user de sa liberté, c'est risquer de le faire mourir de langueur.