Ayant quelques attraits pour les romans d'aventure ou d'autres pirates, le temps était venu, par une séance de rattrapage, de m'attaquer à ce monument. Il n'est jamais trop tard, même à quarante piges. Plutôt attiré par son Histoire Générale Des Plus Fameux Pyrates, j'ai préféré découvrir Defoe avec son oeuvre phare auparavant.
Et bien m'en a pris, vraisemblablement.
L'histoire, connue de tous, même des plus ignorants tels que moi, d'un des naufrages les plus retentissants de la littérature, nous fait partager l'exil long de 27 ans du célèbre
Robinson Crusoë, sur une île déserte au large du Brésil.
Narrée par le héros himself, parfois sous forme de journal, mais également sous forme de pensées, elle nous délivre en détail tous les efforts déployés par Robinson pour sa survie, de ses balbutiements à son arrivée, jusqu'à un confort relatif quelques années plus tard.
La plume est évidemment un peu passée, mais le style reste relativement agréable à lire, rappelant d'ailleurs le subjonctif à mon bon souvenir. Les personnages, ou surtout ceux que l'on peut croiser en dehors de la majeure partie du roman sur l'île, prennent logiquement une place plus que secondaire, mais restent assez intéressants dans leurs développements.
La vie de Crusoë sur ce caillou plutôt accueillant, se décline par un évident amoncellement de travaux divers et variés, quelques mésaventures, et surtout une introspection profonde sur ses rapports avec Dieu.
Alors je m'intéresse beaucoup aux religions, principalement monothéistes, et prends plaisir dans mes différentes lectures à y trouver diverses références. Mais là, c'est plus compliqué. Des passages complets, de plusieurs dizaines de pages, ne font que ressasser les regrets de notre naufragé quant à son ingratitude envers son Créateur, ou ses nombreuses réflexions sur la Providence. C'est franchement lourd, omniprésent au milieu du roman, et n'apporte strictement aucune plus-value à celui-ci, contrairement aux autres échanges philosophiques que le narrateur peut entretenir avec lui-même. Dommage, de gros temps-morts au milieu d'un récit prenant, le rythme en souffre forcément.
Dernier point négatif, l'utilisation systématique du N-word, comme disent nos amis d'outre-atlantique, qui a agressé mes yeux si sensibles tout le long de ce roman, et Defoe n'en était visiblement pas avare. Un sujet qui fâche, je ne développerai donc pas, mais me devais de le signaler.
Un roman sympa, mais que je ne me serais pas vu lire dans ma jeunesse, et qui ne m'aura pas fait vibrer plus que ça. Un récit qui fait cependant cogiter, et nous pousse invariablement à la question fatidique: Comment m'en serais-je sorti à la place de notre infortuné?