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EAN : 9791038800403
193 pages
Ex Aequo (15/11/2020)
4.7/5   20 notes
Résumé :
Pierre, Nicolas, Gilbert et Sophie ne se connaissent pas. Le 15 novembre 1999, le hasard les réunit à bord d’un Airbus. Ce vol bouleverse à jamais leurs vies respectives. Désormais, Sophie ploiera sous le poids d’un secret trop lourd à porter, et une cruelle rumeur frappera Nicolas. Quant à Gilbert et à Pierre, l’un devra enfin s’affirmer, le second, se confronter à un amour contrarié. Ainsi, la vie des uns et des autres ressemblera alors à la périlleuse traversée d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Quel plaisir en ce début du mois de décembre de pouvoir à nouveau pousser la porte d'une librairie. Quel bonheur de retrouver l'écriture légère et limpide de Dominique Dejob. Son premier roman « Les petits vieux dans l'arbre » avait été pour moi une grande leçon de vie. Dans ce second roman, elle change complètement de registre, et si l'émotion est peut-être moins au rendez-vous il reste que « Sur le fil » est encore une analyse profonde de la nature humaine.

15 novembre 1999, soixante passagers prennent place à bord d'un Airbus à destination de Strasbourg. Parmi eux, Pierre, conférencier déterminé à ne se lier à aucune femme ; Nicolas, 11 ans qui va passer quelques jours chez son parrain ; Gilbert, jeune prof de maths en manque d'autorité ; Sophie, directrice d'une maison d'enfants qui voyage avec son amie Claire.
Cela ne dure que quelques secondes, des branches d'arbres qui se brisent contre la carlingue, le choc final est indescriptible. L'avion vient de se fracasser contre la montagne alsacienne.

Dix ans après la catastrophe, Dominique Dejob déroule le fil de la vie de ses quatre personnes rescapées du crash. Dans ce roman sur la résilience elle nous décrit parfaitement tous les traumatismes, les cicatrices que ce drame a laissées sur les corps et aussi dans les esprits, les dommages collatéraux, l'obsession de la mort, la dépression, la culpabilité d'être vivant, l'impossibilité de faire son deuil, l'envie de s'accrocher à tout prix à un passé disparu. Mais aussi le choc salvateur, comme une seconde naissance, l'écriture comme thérapie.

Des quatre personnages principaux Nicolas est sans aucun doute celui qui attire le plus la sympathie du lecteur. Il s'installe comme élagueur grimpeur dans un village des monts du Forez, et avec sa gueule défigurée, il ne fera pas tourner la tête aux filles du coin. Dominique Dejob décrit la rumeur qui parcourt les ruelles du village, l'étranger est souvent dérangeant, il déclenche les fantasmes, attise les peurs. Avec des mots savoureux, elle nous compte le voyage, de maison en maison, d'un secret que chacun a juré de garder.

Les vies des quatre personnages comme quatre brins de fil se croisent, se mêlent. Fil de laine, fil de soie, fil de suture, la vie ne tient qu'à un fil. le tout est de rester en équilibre sur ce mince fil.

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Heureusement que je n'ai pas lu ce roman il y a un an ! Je me préparais à prendre l'avion pour aller à New York. Et pour moi, l'avion est synonyme d'une boîte à sardine qui vole à 10 000 mètres d'altitude…J'avoue que je n'y suis pas rassurée et je le suis encore moins après cette lecture…

Novembre 1999. Nicolas, 11 ans tout juste, prend l'avion seul, sous les bons soins des hôtesses de l'air. Il fait le trajet Lyon / Strasbourg. Similitudes avec moi, qui prenait l'avion toute seule lorsque j'étais gamine. Mon trajet, c'était Luxembourg ville / Nice. Aller et retour pour passer les vacances dans le sud. Dans l'avion, Nicolas sympathise avec Suzanne, une gentille petite mamie qui va l'initier au tricot pour lui faire passer le temps.

Il y a aussi Claire et Sophie, les deux amies qui partent en cure ensemble, Pierre, conférencier, Gilbert, prof de maths. Ils vont partager le temps du vol et bien plus encore….Lorsque l'avion se crashe non loin de son point d'arrivée, en pleine nuit, c'est encore Suzanne qui réconfortera Nicolas et l'aidera durant la longue attente avant que les secours n'arrivent. le crash, terminus pour la majorité des passagers, virage à 180 degrés dans la vie de sept autres. Comment survivre ? Trouver la force nécessaire pour continuer sa vie, sans céder à la culpabilité de s'en être sorti ?

Nicolas, outre les blessures morales, invisibles, mais pourtant bien réelles, portera également un stigmate physique qui l'empêchera de vivre pleinement des relations avec les autres. Comment ne pas ressentir de la pitié et de la compassion face à quelqu'un défiguré ? Les existences des survivants vont se croiser, les fils de leur vie s'emmêler, chacun tentant de refermer la blessure comme il peut.

Ce roman se déguste, c'est un voyage au coeur des embuches de la vie qui nous construisent, nous détruisent parfois. Dix ans après l'accident, nous retrouvons quatre survivants. Dominique nous livre une analyse poussée, non seulement sur la résilience, mais également sur les relations humaines, puisque Nicolas, s'installant comme élagueur-grimpeur dans un petit village de la Loire, devra faire face aux cancans, à la rumeur ; dans ces petits bourgs, un étranger est toujours mal venu et la méfiance est règle d'or.

Le personnage de Nicolas m'a énormément touchée. J'ai aimé la manière dont il a réussi à se sortir de ce traumatisme, sa douceur, son caractère gentil (trop peut-être…). Les autres personnages m'ont moins désarmée. Sophie, sa dépression et sa descente aux enfers, m'a agacée, moi qui suis plutôt du genre battante, j'avais envie de la secouer. Jusqu'à ce que je découvre le secret qu'elle a enfoui au plus profond d'elle. Dominique chouchoute le lecteur avec des personnages évoluant au fil du récit, ce qui est hyper agréable.

La découverte du métier de Nicolas s'est révélée passionnante, apportant il faut bien l'avouer, un peu d'air à ce récit oh combien émouvant. Autres bouffées d'oxygène en cours de lecture : des apartés concernant le fil de la vie (Damoclès et son épée, de fil en aiguille, le fil du destin, etc).

Une plume vivante, délicate et fine, un roman plein de surprises, de rebondissements que je vous conseille chaudement.

Je remercie Dominique pour cette belle lecture.

#DominiqueDejob #SurLeFil #Exæquo
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Ayant adoré Les Petits Vieux dans l'Arbre, premier roman de l'auteure Dominique Dejob, il me tardait de retrouver sa plume. C'est chose faîte avec son second roman : Sur le fil, publié aux éditions Ex-Aequo.

L'auteure décortique la vie de ses personnages avec une grande humanité. Je me suis immédiatement attachée à chacun d'eux tant l'écriture est profondément juste, tant elle nous transporte véritablement.
Nicolas (une dizaine d'années) prend l'avion pour la première fois et fait la connaissance de Suzanne qui va tout faire pour agrémenter son voyage. Claire et Sophie sont deux amies d'enfance : elles ont décidé de s'offrir une semaine en cure thermale, promesse de fou-rires, de liberté et de repos. Gilbert est un jeune professeur de mathématiques pas franchement passionné par son métier mais on l'a appelé pour un nouveau remplacement. Quant à Pierre, il a connu des jours meilleurs : son couple bat de l'aile et il en veut à son épouse de ne pas l'avoir accompagné. Les présentations sont faites, l'auteure a créé le lien qui nous unit à chacun d'eux mais aussi le fil qui les relie les uns autres… Nous sommes déjà happés par le récit. Puis c'est le drame, bouleversant. J'ai évidemment pensé à l'accident du Mont Sainte-Odile du 20 janvier 1992 dont 9 occupants ont survécu parce que celui-ci était encore présent dans ma mémoire.
Comment se reconstruire après une telle tragédie ? Comment trouver l'envie de continuer à avancer ? C'est ce que raconte l'auteure. Dominique tisse un camaïeu de personnages terriblement attachants parce qu'on a envie qu'ils s'en sortent et qu'ils trouvent en eux la force de vivre.
Ce roman magnifique nous parle de résilience, d'amour, de tolérance, de comportements terriblement humains au sens où ils sont le propre de l'Homme même si certains sont regrettables. Il nous décrit des hommes et des femmes qui ne sont pas sans nous rappeler des amis, des connaissances ou des rencontres. Il nous parle de ce fil de la vie, qui casse ou résiste, on ne sait trop pourquoi… de ce fil qui se tend et parfois fait des noeuds. Nos vies sont des toiles que nous tissons au jour le jour, imparfaites évidemment, douloureuses parfois, mais tellement belles justement quand on arrive à en tisser des fils dorés ! Il nous interroge également sur l'impact de nos rencontres et sur la notion de hasard ? Notre chemin est-il déjà tout tracer d'avance ou est-il la somme de toutes nos rencontres ? Qui nous guide en réalité ?
Lorsque j'ai refermé ce livre, j'ai retenu une larme : j'étais bouleversée. Je ne voulais pas rompre le fil du récit… pas tout de suite.
Tout est délicatesse, vérité, émotion… Merci Dominique et encore bravo !

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Madame Dejob est une parque filoute, une norne hors norme, une moire qui se marre et se gausse des tracas qu'elle occasionne aux pauvres personnages dont elle façonne le chemin de vie. On doit applaudir à ce numéro de prestidigitation.
En tant que narratrice omnipotente et omnisciente, elle file et tisse, tricote avec une extraordinaire habileté le destin de quelques rescapés d'un crash aérien, qui interagissent les uns avec les autres malgré les distances et les années. Une maille à l'endroit, une maille à l'envers. En bonne philosophe, cette autrice émérite tient son cap et mène sa démonstration jusqu'au terme qu'elle s'est fixé.
J'ai détesté le prix Goncourt 2020, sur un thème voisin, parce qu'il est fat et boursouflé comme une grenouille qui gonfle son talent. Je lui ai de très loin préféré le Dejob, qui fait le portrait de gens ordinaires et les scrute à la manière d'un entomologiste, avec une bienveillance qui force le respect. Un élément catalyseur, et les voilà qui changent et qui évoluent, qui influent les uns sur les autres pour le bonheur de tous. La vie et rien d'autre.
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Le roman de la résilience
. le roman « Sur le Fil » de Dominique Dejob aborde deux sujets très actuels : la résilience et l'intolérance.
Nous aurons bientôt tous affaire avec la résilience, après la pandémie, une fois les masques tombés. Chacun va réagir selon sa personnalité et l'intensité du traumatisme subi. Il y aura ceux qui auront opéré spontanément les ajustements nécessaires pour s'adapter à une vie nouvelle et ceux qui vont devoir se reconstruire. Ainsi, dans ce roman, nous sommes à bord d'un A320. Soudain c'est le crash, l'attente interminable dans la nuit et le froid, puis l'arrivée des secours et la vision de cauchemar que découvrent les survivants. Dominique Dejob va s'attacher à suivre quatre d'entr'eux.
Le récit semble construit autour de quatre nouvelles qui se suivent, s'entremêlent, s'interpénètrent, reliées entre elles par le « fil rouge de la vie ». J'ai adoré les apartés de l'auteure sur les différents fils rouges de la vie, de l'amour, de la mort...
Je me suis particulièrement intéressé au parcours du jeune Nicolas, 10 ans, à-demi défiguré qui se reconstruit en devenant élagueur-voltigeur. Son arrivée dans un petit village va bouleverser et révéler les mentalités. L'arrivée d'un étranger au visage mutilé va faire crier certains « Gare au gorille ! » et lancer le calvaire de la différence. L'intolérance a pour terreau la calomnie. Dominique Dejob va la décortiquer avec le personnage de Nicolas.
Dix ans plus tard, à l'occasion d'une « Cérémonie du Souvenir », ces personnages que le crash a réunis, que la vie a séparés, vont se retrouver, avec le sentiment étrange de se connaître, d'avoir toujours été réunis, même à distance, par un des fils invisibles et inexplicable du destin.
Un moment de fraternité émouvant.
Et nous, après la pandémie, comment allons-nous nous retrouver ? le sentiment de fraternité va-t-il surgir et nous unir ? Ne nous illusionnons pas. Certains vont rester seuls sur le bord du chemin. À nous de les accueillir, de les soutenir, de les aider à se reconstruire, nous, les vivants !...
Merci Dominique Dejob d'avoir initié en moi cette réflexion.
Un roman à lire et à méditer. Je vous le recommande.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pierre s'était imaginé que ce séjour leur permettrait peut-être de raccommoder quelque chose, comme un vieux pantalon râpé dont on refuse de se séparer, trop habitué à le porter, et que le fil de la couturière rapièce patiemment. sa femme à lui, elle ne veut reine recoudre. Bientôt leur couple ne sera plus qu'un lambeau à mettre à la poubelle.
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Il lui a apprit la région, sa région, celle où il était né, celle qui prendrait son dernier souffle. enfin connaisseur, il lui fit découvrir les paysages de cette nature autant tourmentée que reposante. Elle était dotée du même caractère que son résident : rude et douce, âpre et apaisante.
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« Le vol rassemble dans cet espace exigu des personnes que le hasard a réuni pour quelques heures. Les soixante vies suspendues dans les airs se côtoient sans vraiment se voir. On échangera peut-être des politesses, un sourire, parfois une brève discussion. (…). Ce sera tout. Ce lieu singulier représente une sorte de sas bien étanche entre deux milieux : celui que l’on a quitté, celui que l’on rejoint. On est là entre deux quelque choses, comme un tiret entre deux mots, et l’on peut pour quelques heures faire comme si seule la seconde comptait. »
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« La seule chose qui abîme vraiment un visage, c’est la méchanceté. ».
« Dehors, les gens ont pas l’habitude et ils savent pas que ce n’est pas parce que la tête est bizarre que la personne est bizarre au-dedans. »
« Il y a parfois quelques ratés, des points de travers, des points irréguliers, des accidents de tracé, mais aussi des points de belle facture, marqués au fil doré et scintillant. »
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Depuis qu'il est dans sa chambre d'hôpital, sa lampe de chevet, c'est sa mère. Elle le veille nuit et jour. Elle pose sur ses balafres des mots d'amour pour les aider à se résorber.
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