Fin de ma semaine Delacourt. J'avais lu l'année dernière sa liste des envies, le thème des gagnants du loto m'a toujours attiré, et avant d'entrer chez ce Arthur Dreyfuss j'en ai profité pour lire "
l'écrivain de la famille".
Avec son troisième roman, l'auteur réaffirme sa problématique centrale, à savoir une opposition poussée à l'extrême entre une enfance forcement heureuse puis la vie d'adulte chaotique.
"
La première chose qu'on regarde" reprend ainsi les thèmes des deux premiers livres : l'éloge de gens simples vivant dans le Nord, les adultes avec leurs histoires familiales tragiques (et cette fois ci il y va fort entre une mère alcoolique, un père disparut, une soeur morte à 2 ans !), cette quête perdue d'avance vers le bonheur. L'auteur nous transporte une fois encore dans un environnement pesant. Des la page 106 le lecteur est averti d'une fin tragique, procédé assez classique utilisé entre autre par
Anouilh nous annonçant dès le début la mort inévitable de sa
Antigone.
Comme dans les autres romans, le lecteur retrouve beaucoup, trop de référence littéraire, cinématographique,des extraits de chansons venant alimenter des phrases sans oublier les chapitres plutôt courts.
L'histoire maintenant... le début est intéressant mais ca sera de courte durée. Ainsi Scarlett Johansson sonne à la porte d'un garagiste de 20 ans. Oui mais voila cette idée est assez vite abandonnée et la révélation de la réelle identité de cette Scarlett fait tomber le livre dans le banal. A partir de là, il s'agit surtout de la construction tranquille d'une "simple" histoire d'amour naissante comme on a pu en lire tant d'autres avec, comme pour ses autres récits, l'utilisation d'un vocabulaire cru pour évoquer le sexe.
J'estime que la portée du livre aurait été bien plus puissante avec la vraie Scarlett sonnant à la porte d'Arthur... Certes l'auteur aborde dès lors la question de la quête d'identité quand tout le monde vous considère comme une autre mais de façon assez limité, basique. J'ai entendu certains critiques affirmer que ce livre était une réflexion sur la place des célébrités dans nos vies, leurs volontés de retrouver une vie paisible loin des artifices du showbiz, or pour moi ca ne tient pas puisque c'est pas la vraie Scarlett !
Ah oui j'oubliais, une phrase m'a un peu choqué "l'amour est le seul moyen de ne pas devenir un assassin"... euh oui le raccourci est assez énorme quand même ! Heureusement que tous les êtres humains souffrant d'un manque d'amour, et ils sont nombreux, ne finissent pas assassins...