L'histoire d'un gosse de 9 ans qui fait trois pauvres rimes et se retrouve propulsé au rang d'"écrivain de la famille", forcément, ça fait résonner quelque chose.
Sauf que le pauvre narrateur ne récite pas seulement ses vers devant un public conquis, il se retrouve surtout portant le fardeau familial que ses mots doivent guérir. Il s'agit donc plutôt ici de l'écrivain raté d'une famille brisée.
Déjà c'est beaucoup moins drôle.
Je n'ai pas tout aimé dans cet ouvrage. Qu'est-il d'ailleurs? Un roman, un récit, un roman vrai, une autofiction? Peu importe. le héros Edouard (double de Grégoire je présume), est donc cet écrivain raté qui devient publicitaire. Pour être honnête, j'ai eu l'impression à certains moments de relire «
99 francs »que je n'avais pas spécialement apprécié. Par conséquent, toutes les pages consacrées à sa Mercedes, sa grosse maison, son salaire exorbitant, ses stagiaires pas farouches et autres nymphomanes désespérées, ses filles dont il ne s'occupe pas, et sa femme (actrice ratée et vénale) qu'il n'a jamais aimée...tout ça je l'ai déjà lu plusieurs fois. Il ne manquait que les lignes de cocaïne et
Beigbeder était de retour!
Mais heureusement dans «
L'Ecrivain de la famille, » il y a aussi Famille (celle dont il vient, pas celle qu'il construit)et Delacourt en fait autre chose. Il rend un véritable hommage aux siens. Je ne vais pas tout dévoiler, mais c'est vraiment beau ce qu'il fait de ses parents: un couple détruit par l'époque et le quotidien. Il peint ses parents et sa soeur, pendant trente ans, sans complaisance mais avec tendresse.
Delacourt a le style efficace et percutant des publicitaires: il sait associer les mots, faire de belles figures de style. Par conséquent, le livre est court et dense, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Moi, je retiendrai de cette famille démolie, le petit frère pas "normal". Est-il trisomique, autiste, déficient? Peu importe, c'est l'éternel enfant au destin tragique, anonyme jusqu'à sa disparition. Ce frère, décrit comme un ange, apporte une vraie dimension au roman et donne consistance à tous les autres personnages.
Les second et troisième plans sont tout aussi soignés (de l'inquiétant camarade Moncassin au caviste ivrogne).
Et ce qui est beau dans ce livre, c'est que l'auteur va vers la lumière et échappe au cynisme, malgré la solitude et le désamour. Je pense qu'il a voulu faire un livre d'espoir, il le promet d'ailleurs page 214: "ça sera ça la fin de mon roman".
Je n'ai toujours pas lu «
La Liste de mes envies » malgré tous les éloges...je pense que je vais à présent m'y pencher.
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