La relieuse du gué est un roman qui m'a d'abord séduite par sa couverture. J'aime beaucoup l'image de cette femme qui lit et qui semble totalement absorbée par sa lecture au point qu'elle ne voit pas ce qui se passe autour d'elle. J'ai ensuite aimé la quatrième de couverture qui m'a énormément intriguée. Mathilde est une jeune relieuse, installée en Dordogne. Elle a plaqué sa vie parisienne pour se consacrer à l'art de la reliure que lui a transmis son grand-père.
Dès les premières pages du roman, l'auteur pose l'ambiance avec soin et finesse. Il y a d'abord la rue dans laquelle vit Mathilde. En face de chez elle, le boulanger qui chaque jour lui apporte ses chouquettes contre un café. A côté, il y a Sébastien, le cordonnier du village un peu allumé qui n'hésite pas à élever le métier de cordonnier au rang d'art national. Et puis, il y a l'épicerie tenue par deux soeurs dont l'une est folle, la presse, la quincaillerie.
Anne Delaflotte Mehdevi plonge son lecteur dans cette petit ruelle, loin des chaînes de magasins et des supermarchés. Une petite ruelle qui vit pourtant avec ses commerces un peu vieillots, un peu vieille France mais tellement rassurants pour Mathilde.
C'est là qu'elle a ouvert son atelier. Au rez-de-chaussée, il y a l'atelier à proprement parler avec ses outils anciens, pointus, sophistiqués. A plusieurs reprises, l'auteur nous plonge au coeur du travail de Mathilde. La jeune femme répare les vieux livres avec amour et tendresse. Elle scalpe, encolle, coud, dore. Même si je n'ai pas toujours saisi les différentes étapes de reliure, j'ai pris énormément de plaisir à lire les passages où il en est question. L'auteur fait naître une réelle sensualité de la relation qu'entretient Mathilde avec ces livres qu'elle caresse et console.
Autre point positif: j'ai aimé le personnage de Mathilde. C'est une fille simple, droite dans ses baskets, qui a eu le courage de tout plaquer pour faire le métier dont elle rêvait. Elle a l'amour des livres. Son propos est d'ailleurs émaillé de citations de Cyrano de Bergerac, son livre de chevet qu'elle cite à tout va pour se rassurer et sentir les mots rouler sous sa langue. Mathilde vit simplement, sans chichis et entretient une relation simple avec ses voisins qui se demandent pourquoi une belle fille comme elle est toujours célibataire.
Son existence paisible va basculer le jour où un homme frappe à sa porte de bonne heure. Il lui confie un livre à restaurer. Quelques heures plus tard, cet inconnu qui a tant troublé Mathilde mourra. Mathilde tombe sous le charme du livre qu'on lui a donné à réparer. Que représente-t-il? A quoi font référence ces dessins qu'il contient? Et à quoi correspond donc cette liste de noms, cachée dans la couverture du livre? Un peu comme s'il s'agissait d'une dernière volonté, Mathilde va mener sa petite enquête. Celle-ci n'est pas passionnante. Elle n'est qu'un prétexte pour faire avancer l'intrigue mais elle est plaisante à suivre et nous mène à travers toute la campagne de la Dordogne.
L'auteur manie la langue avec précision dans ce petit roman singulier. Certaines constructions de phrases sont déconcertantes et ressemblent plus à un texte de théâtre qu'à du roman. L'auteur nous emmène à travers les secrets du livre et de l'héroïne. A déguster tout en douceur….
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