AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,33

sur 112 notes
5
40 avis
4
21 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au fin fond du département de la Manche cher à Jules Barbey d'Aurevilly, à Brézeville, les ruines du chateau sont hantées par la mémoire d'un inceste.

Nous sommes dans une Normandie rurale, après guerre (1952-1985), résumée par Annie Ernaux : alcool, inceste, viol, suicide. Les filles sont abusées, les femmes cancanent, les hommes boivent et fréquentent le bordel immortalisé par Guy de Maupassant dans « Le port ».

Tout le monde se connait, s'épie, après avoir préparé son certificat de fin d'études à l'école communale où règne l'institutrice, épouse du propriétaire de l'abattoir local. Les croyances ont succédé à la foi et Thérèse de Lisieux a laissé place à Sainte Thérèse des Yeux, dont chacun sait qu'elle rend la vue aux aveugles !

Françoise, la fille unique de Thérèse (qui se rêve en Emma Bovary) et de Serge Sommer (initiales SS), allume le feu qui éclaire les turpitudes et décape les consciences.

L'intrigue est sombre, immorale et glauque, sans être brutale, car Vincent Delareux fait discrètement et parfois élégamment disparaitre ses victimes (abattoir excepté).

L'écriture est féroce et humoristique car le romancier a un incontestable talent pour aiguiser sa plume et ciseler la phrase ou la formule qui fait mouche en caricaturant un personnage ou un vice. Chaque page des pyromanes mériterait d'être citée sur Babelio, chaque chapitre s'ancre dans la mémoire.

Arrivé à la dernière page, je suis impatient de lire la suite, qui se trouve être « Le cas Victor Sommer », publié 3 ans auparavant, car ce jeune auteur se révèle très prometteur.
Commenter  J’apprécie          1025
« Les pyromanes » est le second ouvrage de Vincent Delareux, après « le cas Victor Sommer » qui a connu un certain succès lors de sa parution en 2022, également aux Editions de L'Archipel. Ce second roman confirme le talent de cet auteur, âgé de seulement 26 ans !

En 1952, naît la petite Françoise au sein d'une famille dysfonctionnelle : sa mère, Thérèse, couche avec tous les hommes du village et des alentours, tandis que son « père », Serge, persuadé de ne pas être son géniteur est un marin alcoolisé et alcoolique dès ses retours à terre. Françoise doit grandir alors dans la maltraitance sous toutes ses formes. Sa seule bulle d'oxygène est Jeanne, sa grand-mère maternelle, qui tente de veiller sur elle et de la prendre sous son aile.

Alors que le résumé ne laisse pas sous-entendre beaucoup de « rebondissements » ou d'«action », je me suis laissé prendre par l'histoire et j'ai été totalement conquise, malgré sa noirceur certaine.

Les personnages sont très souvent détestables, dotés des pires défauts que l'humanité puisse connaître et pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher d'être fascinée par le déroulé du récit.

Dès les premières pages tournées, cela m'a fait penser au magnétique « Né d'aucune femme » de Franck Bouysse. Je ne sais que difficilement expliquer ce sentiment mais il ne m'a pas quittée…

Bien loin du conte de fée, ce roman fait preuve de violences et de méchancetés. Mais pas gratuitement, bien du contraire ! Cette tragédie familiale met en exergue ce qui peut y avoir de plus vil dans l'être humain.

Évoluant au fil des pages, comme Françoise passant de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte, le lecteur sera happé tout comme je l'ai été et aura bien du mal à décrocher de ce livre au quotient hautement addictif et brûlant qu'il n'est pas près d'oublier…
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          396
Waouh ! Quel roman qui me laisse pantoise, un peu sonnée mais complètement conquise !!!!
Nous sommes en 1952, dans un village d'une centaine d'âmes, perdu au fin fond de la Normandie. Thérèse, qui méprise sa mère, Jeanne, trompe son mari alcoolique et veule à tour de bras avec tous les hommes du village puis les jette, accouche d'une enfant non désirée, Françoise, qu'elle rejette immédiatement car elle voit en elle une rivale, qu'elle va maltraiter sans relâche jusqu'à ses treize ans. En 1965, Thérèse meurt et Françoise est prise en charge par sa grand-mère qui est la seule à lui montrer de l'amour. Après la mort accidentelle de sa tante, la même année, Antoine, son cousin, vient vivre avec elles. S'ensuivent sept ans de passion cachée entre les adolescents jusqu'à ce qu'Antoine rencontre Séraphine, une chanteuse renommée et abandonne Françoise pour vivre à Paris. Françoise arrivera-t-elle à se construire une vie ou se consumera-t-elle dans cette passion dévorante et sans espoir?
Ce roman, particulièrement addictif, est noir, très noir et incandescent à la fois. A part Jeanne, la grand-mère, les personnages sont méprisables, en particulier les hommes qui ne sont pas à leur avantage, et c'est un délicat euphémisme, qu'ils soient pères, curé, maire, gendarme... Ce sont des violeurs, des alcooliques, des menteurs, des pédophiles, des lâches... Et ce que je trouve savoureux c'est que ce soit un auteur qui les croque sans vergogne. Il faut dire que les personnages féminins n'ont rien à leur envier; elles sont des langues de vipère, des commères, des peaux de vache acariâtres voire des meurtrières.
Le feu est, d'une certaine façon, le personnage principal de ce roman à commencer, bien sûr, par son titre et sa magnifique couverture mais aussi par le nom imaginaire du village "Brèzeville". Les personnages sont consumés soit physiquement par l'alcool soit moralement, par la haine, la colère, la rage, la vengeance mais aussi par l'amour exalté qu'il soit pour un homme ou pour Dieu qu'on honore d'ailleurs avec des cierges.
Par moment, j'ai eu l'impression d'être projetée dans un conte de fées sans fées, qu'avec des marâtres. Cette sensation a été particulièrement prégnante avec Thérèse qui voit en sa fille une rivale et qui se regarde dans un miroir pour vérifier qu'elle est la plus belle à l'instar de la reine de Blanche-Neige. Mais le roman ne manque pas d'un certain humour, noir, bien sûr : le gendarme s'appelle Gruchot (en référence au Gendarme de Saint-Tropez?????), le patron de l'abattoir s'appelle Tuvache!, le médecin alcoolo, Gouloche! Certaines descriptions sont un vrai régal d'humour noir.
J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé jubilatoire par ses personnages hors normes, truculents qui ne peuvent absolument pas laisser indifférent mais aussi animée par une curiosité inextinguible quant au destin de Françoise dont l'auteur maintient la flamme intacte jusqu'à la fin.
Je vais donc me ruer maintenant sur "Le cas Victor Sommer" qui bien que paru en 2022, se situe chronologiquement après celui-ci.
Commenter  J’apprécie          2112
Chaque soir que son époux part en mer, les hommes se précipitent à la porte de Thérèse Sommer. « L'adultère était son crédo et le vice sa vertu. » (p. 11) Serge sait qu'il est un mari trompé, mais il ne dit rien ; c'est un ivrogne. Les voisins, eux, observent le défilé par leur fenêtre. Aussi, le 16 mars 1952, ils sont nombreux à s'étonner de ne voir personne venir chez Thérèse. Jusqu'au jour de l'accouchement, elle est parvenue à cacher sa grossesse. Malgré ses efforts pour l'empêcher, l'enfant est né. Lorsqu'elle apprend que c'est une fille, elle est persuadée que c'est Dieu qui lui a envoyé « cette rivale, pour punir sa débauche. » (p. 35) Serge la baptise Françoise, du prénom de sa prostituée préférée.

Serge refuse de s'occuper du bébé : il sait que ce n'est pas le sien. Thérèse hait sa fille. Seule Jeanne, sa grand-mère maternelle, veille, à distance, sur la petite. Regard éteint, Françoise grandit dans un foyer dans lequel la maltraitance est reine. Pauvre gamine ! Elle oscille entre deux sentiments au sujet du prénom Thérèse. Il lui évoque la cruauté de sa mère et la bonté de Sainte- Thérèse de Lisieux, à qui elle voue un culte, empli d'espérances. Elle a la certitude qu'elle lui a rendu la vue.

Françoise s'embrase alors de prières. Elle se débat avec le danger que représente sa génitrice, endure la perversité de Serge, accueille avec reconnaissance le réconfort de Jeanne et attend, avec ferveur et inquiétude, le basculement de son existence. Deux feux se disputent en elle : celui de son âme et celui de son existence terrestre. Lequel se propagera ?

Durant son enfance, Françoise m'a inspiré de la compassion. Rejetée par sa mère, victime de maltraitances de la part de ceux censés veiller sur elle, seuls les rares moments passés avec sa grand-mère lui apportent l'espoir. En grandissant, deux personnes se disputent en elle. Elle a éveillé en moi des sentiments de crainte, de pitié, de compréhension, de répulsion, d'empathie, de fascination et d'effroi.

Le feu exauce les prières, il cache les secrets, exprime et attise la colère, il détruit et fait renaître. La vertu et le vice se mêlent l'un à l'autre : nous sommes déstabilisés et nous demandons comment cela va se terminer. Qui l'emportera du bien ou du mal ? Quelle est la frontière entre les deux ? Vincent Delareux la fait reculer à chaque chapitre. Nous peinons à distinguer les deux notions, elles se mélangent, s'alimentent l'une et l'autre, menant au cataclysme et aux révélations foudroyantes de la fin.

J'ai adoré ce roman noir, à l'atmosphère flamboyante, ardente et incendiaire.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          162
Bonjour à toutes et tous aujourd'hui je vous parle de Les pyromanes de Vincent Delareux paru aux éditions de l'Archipel le 24 août 2023.

Mais quel roman de dingue vous aurez entre les mains !! Je découvre la plume de Vincent avec son deuxième roman mais croyez moi, le cas Victor Sommer va être lu très très prochainement !
Voilà une plume fluide, addictive et bienvenue dans le monde dérangé de l'auteur !


Les personnages sont parfaitement brossés de la psychologie aux détails de leur apparence, tellement que, vous les aimerez ou les détesterez ! Si vous aimez la psychologie, ce roman sera pour vous un vrai régal !! Pour un roman que tu n'avais pas prévu d'écrire je te tire mon chapeau parce qu'il est complètement fou mais tellement bien écrit.


Bienvenue dans un petit village de Normandie et dans la vie de Thérèse Sommer! Thérèse est mariée mais une croqueuse d'hommes et enchaîne les amants jusqu'au jour où elle met au monde une petite fille...
Françoise, une enfant non désirée, va grandir dans la haine et la maltraitance mais va prier les saints pour échapper à son calvaire.


Entre vertu et vice, amour et haine, découvrez ce livre brûlant où, comment les croyances, la vie d'un petit village après guerre vit et évolue. Si vous ne connaissez pas encore Vincent Delareux, foncez!
Commenter  J’apprécie          102
Coup de coeur pour ce roman brûlant de noirceur.

16 mars 1952, dans un village au coeur de la Normandie, Thérèse Sommer donne naissance à la petite Françoise. Un jour heureux pour la grande majorité des mères, mais pas pour Thérèse. Ce jour marque le début de son calvaire. Jusqu'à présent, la Sommer comme on l'appelle, ne vit que par et pour ses amants, qu'elle reçoit à tour de bras dans le lit conjugal, alors que son mari Serge est en mer. À la naissance de cette enfant non désirée, dont on ignore qui est le père, Thérèse voit d'abord en elle une intruse qui lui a volé sa liberté. La petite ne recevra de sa mère que maltraitance et humiliations et n'aura pour seule respiration que les visites de sa grand-mère Jeanne. Les années passant, Françoise devient tant bien que mal une jolie jeune fille, attisant la haine de sa mère pour qui elle n'est plus désormais qu'une rivale, dont elle doit se débarrasser. Mais elle ignore que depuis des années, dans le coeur de Françoise, un brasier couve et qu'une étincelle suffirait à tout embraser.

Quelle claque ! Ce roman est époustouflant de noirceur. Vincent Delareux, à travers une galerie de personnages dépeint toutes les bassesses et ignominies dont sont capables certains êtres, avec en toile de fond une question : comment survivre dans une famille dysfonctionnelle ? (c'est le moins que l'on puisse dire de la famille Sommer). Lorsque l'on nait avec seulement des mauvaises cartes dans son jeu, peut-on réellement faire un pied de nez au sombre destin que la majorité nous prédit ? L'amour et/ou la foi peuvent-ils suffir à panser les blessures infligées par des parents destructeurs ? J'ai été happée par ce roman, passionnée par le destin ravageur de Françoise. Vincent Delareux a su créer une atmosphère anxiogène à souhait dans ce petit village normand, qui renforce la dramaturgie de cette histoire.
Un roman inclassable, un auteur au talent indiscutable. Il ne me reste plus qu'à me procurer "Le cas Victor Sommer" qui suit chronologiquement "Les pyromanes".
Commenter  J’apprécie          71
Coup de coeur pour Les pyromanes de Vincent Delareux. Un roman qui nous plonge dans l'intimité d'une famille normande dans les années cinquante. Une histoire de femmes, celle de Thérèse Sommer mais aussi celle de sa mère Jeanne, de sa soeur et de sa fille Françoise. Dès que son mari Serge part en mer, Thérèse trouve un nouvel amant pour chauffer son lit, le village ne manque pas de postulant. La naissance de Françoise va venir bouleverser l'ordonnance de sa vie. Enfant non désirée, elle devient le souffre douleur de sa mère qui voit en elle une rivale. Son « père » quand à lui ne la reconnaît pas comme sa fille. Elle recevra de l'amour uniquement de la part de sa grand mère maternelle qui s'occupera d'elle quand elle y sera autorisée par sa fille. La vie de la petite fille est faite de maltraitance et de négligence. Elle vivra sa première expérience religieuse grâce à Thérèse de Lisieux, une sainte qui tient une grande place dans son coeur. Une tragédie locale qui s'est déroulée dans le château voisin viendra aussi orienter sa vie.
L'auteur excelle dans la construction de ses personnages, ils sont dévoyés, pervers, victimes autant que bourreaux et d'une psychologie complexe qui frise parfois la folie. Un vrai régal pour le lecteur qui se laisse prendre au jeu de cette psychogénéalogie grandiose. J'ai suivi avec délice la transformation de Françoise, le passage de l'enfant à l'adolescente puis à la femme. Son destin brisé, son attachement à sa grand mère mais aussi son choix de se tourner vers la religion pour effacer « l'ardoise ». Entre répulsion et attachement mon coeur balance. le bien et le mal s'affrontent avec comme thématique le feu qui assure la purification mais qui peut aussi tout ravager sur son passage. Une lecture qui pourrait bien vous consumer.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
Commenter  J’apprécie          71
J'ai été emportée par ce roman dès les cinq premières phrases qui nous décrivent Thérèse, mère ô combien indigne et maltraitante... On est donc happé par l'histoire de Françoise, enfant dont la grand-mère maternelle représente la seule lueur d'espoir. Tout comme la figure de Sainte Thérèse de Lisieux, qu'elle érige comme sa protectrice et qui, ironiquement, porte le prénom de sa mère. Entre les superstitions, la religion, la laideur de ses parents et sous l'oeil de l' Ancienne qui voit tout, Françoise grandit, marquée par le château désaffecté, siège d'un drame, qui écrase le village et la vie de Françoise.

Petit à petit cependant, les choses s'arrangent... Hélas, Françoise est aussi naïve que croyante... Que ce soit dans sa foi ou dans l'éternité de son amour. Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler cet excellent roman qui reprend avec brio certaines histoires du passé et croyances (l'utilisation de la tragédie de Marguerite et Julien est parfaitement adaptée à l'histoire). le dénouement est surprenant et on se surprend encore à éprouver de la compassion pour Françoise qui n'a certes pas eu une vie facile.

Ce que j'aime : l'utilisation de l'histoire de Marguerite et Julien, le personnage de Françoise dont la personnalité nous est révélée par petites touches au cours du roman, la laideur des "parents" de Françoise, la cruauté ambiante du roman. La plume de l'auteur qui emporte clairement le lecteur.

Ce que j'aime moins : j'espérais une autre fin mais d'une certaine façon, cela ne pouvait se terminer différemment.

Pour résumer

Un excellent roman porté par une héroïne à la fois touchante et horrifiante et doté d'une puissance narrative.

Ma note

9,5/10
Lien : http://jessswann.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          72
📚 On se situe dans les années 50, un village retiré de 300 âmes. Thérèse est mariée à Serge qui passe son temps en mer ou ivre. Elle de son côté collectionne les amants jusqu'au jour où elle découvrira sa grossesse. Malgré ses supplications Françoise verra le jour et rien ne sera plus comme avant.

🔥 La noirceur et la folie seront vos compagnons durant cette lecture.
L'auteur nous plonge dans les méandres de la famille Sommer dans laquelle les personnages féminins occupent une place centrale.
La petite Françoise sera l'élément déclencheur de la bascule qui va s'opérer dans la vie de sa mère Thérèse mais les braises existaient bien avant. Il a suffit de les attiser pour que le feu se propage de manière sournoise et sinueuse jusqu'à devenir un incendie qui ravage tout sur son passage.
La symbolique du feu à la fois fascinant et dangereux est très efficace puisqu'il est question de passions dévorantes sous toutes ses formes ( amoureuse, religieuse).

🔥La prégnance du fonctionnement du village avec ses superstitions, ses commérages, ses prophéties crée une ambiance oppressante.
Les thèmes glauques tels la misère, l'alcool, la vengeance, la maltraitance en font un roman sombre mais terriblement addictif.
Une plume très agréable.
Un livre qui m'a enflammé 🔥🔥.
Merci @vincentdlrx 💖.

Une véritable tragédie familiale, mais aurait-il pu en être autrement au vue de cet héritage familial ?
Lien : https://tapageautourdespages..
Commenter  J’apprécie          63
Les Pyromanes est le premier roman de Vincent Delareux que je lis. le résumé et la quatrième de couverture m'ont convaincue de plonger dans ce roman, et je m'en félicite.

Le récit se passe dans un village reculé de Normandie. Thérèse Sommer fait sa loi : elle est notoirement infidèle, sans que son mari ne puisse rien faire, elle méprise sa propre mère, elle jouit de sa liberté jusqu'à ce que la naissance de sa fille balaye son monde. Françoise grandit dans cet univers, entre haine et mauvais traitements. Il lui faudra faire un choix face à toute cette haine : vivre en sainte ou endosser la culpabilité.

Ce roman est percutant. Il cueille le lecteur dès les premières pages et le happe dans l'histoire. Thérèse Sommer tout d'abord est un personnage absolument hors norme, un monstre d'égoïsme, capable de s'affranchir de toutes les règles, de braver tous les interdits. La femme éprise de liberté est néanmoins bientôt rattrapée par sa condition de femme de l'époque, et devient bourreau, implacable, impitoyable, un monstre de violence brute, de rage et de jalousie. Elle est facettée à la perfection pour créer chez le lecteur un mélange étrange de répulsion et de fascination : nous voulons savoir ce qu'elle fera, jusqu'où elle ira, et, en même temps, ses actions nous glacent toujours un peu plus et nous traîne vers le fond de l'abîme.

Sa fille, Françoise, est terriblement émouvante. Belle oie blanche, elle est la victime parfaite, et bientôt, plus d'un bourreau s'acharne sur elle. Nous ne pouvons que compatir face à cette enfant que rien ni personne n'épargne : un père qui ne la considère pas comme sa fille, une mère qui la hait, le village entier qui la scrute et la déteste à cause de sa mère… elle démarre difficilement dans la vie. Sa grand-mère fait figure de personnage solaire au milieu de ces ténèbres… pourtant, parviendra-t-elle à sauver l'enfant – dans tous les sens du terme? Françoise est un personnage qui sait s'inventer, se créer, c'est l'agneau qui devient loup pour survivre. La question brûlante sera de savoir si elle saura s'arrêter à temps, avant de devenir elle-même bourreau. Force est de constater que c'est difficile car elle se heurte à de nombreux obstacles, et la carapace qu'elle s'est forgée à cause des événements de son enfance la coupe de plus en plus du monde. Entre prières à Sainte Thérèse et tentation du diable, elle devra choisir sa voie. Son destin est tout aussi glaçant que celui de sa mère, à la fois différent et semblable par certains aspects. L'auteur parvient à créer un personnage qui ne laisse pas indifférent et qui porte à lui seul l'ensemble de l'intrigue. A ses côtés, nous passons par toutes les émotions.

Plus nous avançons dans ce roman, plus les événements sont dérangeants, terrifiants et sinistres. L'oeuvre commençait sur les chapeaux de roues, elle finit en apothéose. le lecteur en se plongeant dans le récit n'imagine pas où cela va le mener. Si avec Thérèse nous naviguons au bord de l'abîme, avec Françoise, nous sombrons au fond du gouffre, nous nous noyons dans les abysses et nous nous consumons au feu de l'amour et de la haine. La chute est parfaite, elle suscite mille émotions et surprend tant nous espérons une autre fin.

Parmi les personnages, j'ai été touchée et intriguée par l'Ancien et son épouse. Son épouse est d'une clairvoyance redoutable pour une femme centenaire qui parle peu et sort peu. Elle fait un peu office de Cassandre sous les yeux médusés de la communauté et de son propre époux. Elle tient donc un rôle clef, comme son mari, car leurs prévisions sont importantes et leurs silences le sont encore plus.

Les Pyromanes est un excellent roman. J'étais dans une période de lecture difficile et c'est le seul roman que j'ai littéralement dévoré. Tout fonctionne parfaitement : la plume, la narration, le montage romanesque, les personnages et leurs démons. Un régal aussi sinistre que passionnant.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
Commenter  J’apprécie          61





Lecteurs (267) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2876 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..