Je connaissais Launay, mon Micmaths préféré, j'ai découvert Deledicq. En fait je n'ai pas réussi ni essayé à distinguer qui avait écrit tel ou tel article puisque ce dico a été écrit à quatre mains. Et oui comme au piano maintenant sur un azertyuiop on tape avec deux mains.
« le problème des gens, c'est que, quand on leur explique des maths, ils veulent tout de suite comprendre ! » …. Il faut souvent avoir pris le temps de ne pas comprendre pour pouvoir se permettre de comprendre.
Les deux phrases qui précèdent, tirées de ce dictionnaire amoureux, résument tout ce que j'aime dans les maths et tout ce qui rebute les autres, je veux dire ceux qui ne les aiment ou le plus souvent ceux qui en ont peur ; ce qui me rend heureux n'est pas seulement de trouver, pas seulement de comprendre mais surtout de vivre pleinement cette situation d'être dans un problème dont je ne comprends pas l'issue car pour les gens comme moi un problème n'est pas forcément signe d'ennui dans les deux sens du terme mais de bonheur de ne pas savoir et de chercher.
Comme dirait Krishnamurti : Et ce qui est beau dans le fait d'apprendre, c'est qu'on ne sait pas.
Je croyais connaître une bonne partie des anecdotes sur le monde mathématique pour les avoir racontées à mes élèves et pourtant, ces 800 pages m'ont révélé des quantités d'inédites anecdotes ; mais je n'ai plus d'élèves !
Mon dictionnaire amoureux préféré avec celui du vin, on ne se refait pas.
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Ce livre n'est pas à la portée de tout un chacun, car le thème en rebutera plusieurs. Toutefois, il faut reconnaître que la démarche mérite d'être soulignée. Lever le voile, décanter et défricher entrent dans la propension actuelle. L'occasion de découvrir les arcanes du zéro, les propriétés des nombres, l'agencement de constructions géométries sublimes, les combinaisons possibles du Rubik'sCube, la résolution de la quadrature du cercle ou jusqu'à combien peut-on compter sur les doigts. On y parle bien sûr de celles et de ceux qui ont tout agencé et à qui nous devons le contenu de nos cours. Surprise : les mathématiques sont partout dans l'univers, au point d'affirmer que TOUT est mathématique ! Cela, je m'en doutais un peu …
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Imaginez un chiliogone régulier possédant I 000 angles egaux et 1 000 côtés de même longueur. Ses côtés sont si petits et ses angles si plats qu'un tel chiliogone ressemble a s'y méprendre à un cercle. Si l'on traçait les deux figures l'une à côté de l'autre, il serait impossible de les différencier à l'oeil nu. Pensez alors comme il est étrange que cercle et chiliogone, si proches dans leur trace, soient si différents dans la facon même dont nous les concevons. Ils ne se classent pas dans la même catégorie. Le chiliogone n'est fait que de petits segments de droite formant des angles entre eux; le cercle, au contraire, n'est qu'une ligne parfaitement lisse et de courbure constante.
Dans Le Temps des amours, il évoque son professeur de maths, M. Cros, qui « déclamait, du haut de son estrade » : « La circonférence est fière D’être égale à 2πr, Et le disque est tout joyeux D’être égal à πR2. Et il souriait, comme pour dire : “Puisque vous êtes des littéraires, je vous donne de la poésie.” […] Il disait aussi : Le volume de la sphère, Quoi que l’on puisse faire, Est égal à 4/3 πR3. Il prenait un temps – un temps de vingt secondes. […] Puis à mi-voix, l’index levé, l’œil mi-clos, il ajoutait : La sphère fût-elle de bois. Il donnait une grande importance à ce vers final ; il le lançait avec une sorte de sévérité triomphale. Mais il ne s’adressait plus à nous : il parlait à la Sphère Elle-même. »
Le 16 mai 1843, dans une lettre à sa sœur Caroline, Gustave Flaubert, tout juste âgé de vingt et un ans, écrit ceci : Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux. Il fait voile vers Le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d’avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle N.-E.-E., l’horloge marque 3 heures un quart d’après-midi, on est au mois de mai… On demande l’âge du capitaine ? Bien sûr, impossible de répondre à la question à partir des éléments de cette parodie d’énoncé. Pourtant, le fameux capitaine de Flaubert restera célèbre.
On trouve aujourd’hui sur Internet des milliers de simulateurs du Jeu de la vie qui permettent de choisir la position initiale et de voir les cellules évoluer rapidement sous nos yeux. Le jeu fait même l’objet d’un easter egg, c’est-à-dire d’une fonctionnalité surprise dans Google : il suffit d’entrer « jeu de la vie » pour voir les petites cellules de Conway se mettre en mouvement sur la page du moteur de recherche au milieu des résultats proposés.
Hilbert aurait déclaré à son sujet : « Si je devais me réveiller après avoir dormi pendant mille ans, ma première question serait : l’hypothèse de Riemann a-t-elle été prouvée ? »
André Deledicq et Mickaël Launay - Dictionnaire amoureux des mathématiques
Librairie La Procure