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Zola, l'incontournable écrivain de la littérature française, est décédé le 29 septembre 1902. D'une intoxication à l'oxyde de carbone. Ce sont les faits, établis, dument constatés par le médecin qui a tenté en vain de le sauver lorsqu'il le trouve agonisant dans sa chambre.

Ce qui est beaucoup moins clair, c'est l'origine de cette asphyxie létale. Et l'auteur prend le parti d'argumenter la thèse criminelle : un faisceau d'indices et le témoignage pré-mortem d'un fumiste vont dans ce sens.

On est plongé dans cette histoire, comme dans un roman de Zola, mâtiné d'une construction de polar. Zola, l'anxieux, l'hypochondriaque, pressentant peut-être une fin proche, fait le bilan de sa vie. Une réussite littéraire incontestée, même si ses dix-neuf tentatives d'accéder à l'Académie française se sont soldées par un échec. Une vie confortable, certes aux côtés d'une épouse peu amène, circonstances atténuantes pour tenter de justifier sa liaison avec une jeunesse à qui il laissera la charge de deux enfants?

Zola, ce soir-là ne va pas plus mal que les autres soirs. Il essaie même de mètre sur le dos de son angoisse le malaise qu'il ressent. Mais Alexandrine qui dort près de lui ne se sent pas très bien non plus , et ce n'est pas son habitude.

Parallèlement, on assiste aux échanges virulents des antisémites militants à l'influence croissante, et à la préméditation du geste criminel visant le défenseur de Dreyfus. La haine contre les juifs est féroce et profonde, étalée sur les pages de journaux incitant à la persécution, s'auto-stimulant par des effets de manche caricaturaux.
Des noms, et pas les moindres, surprennent dans l'évocation de ce parti pris de haine.

Le roman se lit comme un thriller, avec à la fois la hâte de découvrir le dénouement, ce qui est un comble pour des faits connus et datant de plus de cent ans, et l'envie de rester en immersion dans ces pages qui nous permettre de partager la vie quotidienne d'un auteur que personnellement je situe dans le top cinq de mes écrivains préférés.



Une lecture très appréciée, alors que j'ai parcouru à ce jour les deux tiers de la saga des Rougon-Macquart.
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Assassins, c'est le J'accuse de Jean-Paul Delfino.
Se basant sur des faits troublants entourant la mort du grand Émile Zola,  l'auteur nous donne ici sa vision de la fin de l'immense écrivain.
Alors qu'allongé sur son lit celui-ci vit ses derniers instants, il fait le point sur sa vie. Ses origines italiennes, son enfance avec un père qui rêvait de faire fortune et qui ne fera que ruiner sa famille, sa mort prématurée n'ayant rien arrangé il faut le reconnaître.
Bon, après,  Zola deviendra Zola...
Ce qui est bien chez Delfino c'est qu'il nous livre une biographie résumée plus qu'agréable à lire, vu le talent de l'écrivain il ne pouvait en être autrement, et dans laquelle on apprend l'essentiel sans se fader un pavé de 900 pages...
(Ceci dit, quand on referme Assassins, on a envie et de lire la bio de 900 pages et de lire toute l'oeuvre de Zola, d'ailleurs j'en profite pour dire que j'ai honte de n'avoir lu aucun des livres du maître et si monsieur Delfino m'incite ici à réparer cette lacune qu'il en soit remercié...)
Bref, revenons à  notre complot.
Parce que ce que développe notre romancier dans ce livre, c'est une thèse du complot accréditée à l'époque,  même si elle ne fut jamais confirmée.
Ce que nous présente l'auteur dans son Assassins c'est une France divisée qui trouve aujourd'hui une résonance troublante.
Delfino accuse, donc.
Le coupable ?
Édouard Drumont.
S'il faut à l'antisémitisme et au racisme de l'époque un porte-drapeau Drumont, sans aucun doute, peut le personnifier.
Quel odieux personnage.
Mais bon, ceci est mon avis et je ne ferais pas ici son procès.
Drumont représente cette France.
Celle de l'après affaire Dreyfus.
Celle qui conspua, insulta, voua aux gémonies, menaça du pire Emile Zola, lui qui prit fait et cause pour le militaire, accusé à tort d'espionnage, dans sa fameuse lettre "J'accuse" publiée dans l'Aurore du 13 janvier 1898.
Assassins est un roman.
Assassins relate les dernières heures de l'un de nos plus grands écrivains.
Mais, Assassins, c'est plus que ça. Plus qu'une explication de la mort du grand homme.
Assassins c'est des voix qui s'élèvent.
Assassins c'est des gens qui sont prêts à tuer par idéologie.
Assassins c'est la France d'après.
Assassins c'est la France d'aujourd'hui.
À l'époque déjà, certains ne se cachaient pas, ne se cachaient plus.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.
Zola dérangeait.
Il était Italien,  il a défendu un Juif contre vents et marées.
Il faut que la bête meure...
Dans sa lente agonie, Zola se dévoile sous la plume d'un auteur que je découvre avec plaisir.


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Nuit du 28 au 29 septembre 1902. Emile Zola et son épouse Alexandrine sont incommodés. Ils pensent d'abord à une légère intoxication alimentaire... le mal empirant, l'écrivain passe sa vie en revue : gamin désargenté à Aix-en-Province copain de Paul Cézanne ; lycéen boursier à Paris, rêvant d'écriture et de célébrité ; premiers pas dans le monde de la littérature en tant que coursier chez un éditeur ; jusqu'au J'accuse de l'affaire Dreyfus. Il s'interroge : qui peut bien vouloir sa mort : les anti-dreyfusards, ses domestiques, son épouse, sa maîtresse ?
Pendant ce temps, divers membres de l'extrême-droite française, Drumont, Barrès, Daudet et consort, se réjouissent d'avoir organisé son assassinat et armé le bras de Henri Buronfosse, un jeune fumiste.

Jean-Paul Delfino épouse ici clairement la thèse de l'assassinat d'Emile Zola par des fiers à bras d'extrême-droite. Il exploite la nuit d'agonie de l'écrivain pour revenir sur sa jeunesse d'orphelin pauvre, ses premiers pas en littérature, sa vie avec Alexandrine son épouse, et avec Jeanne sa maîtresse et leurs deux enfants, et le fin de sa vie, marquée notamment par l'affaire Dreyfus.
L'auteur imagine également le complot, ourdi par des anti-dreyfusards revanchards, conduisant à la mort de celui qui est devenu un écrivain célèbre et controversé.

J.P. Delfino nous livre un roman historique qui ne prétend pas à l'exactitude de l'historien, mais qui resitue la mort de Zola dans son contexte. Il le fait avec son style narratif assez particulier, que j'avais apprécié dans Les pêcheurs d'étoiles et que j'ai retrouvé ici avec plaisir.

Un très bon roman historique, donc.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902 Emile Zola meurt asphyxié à cause d'un poêle à bois défectueux, un accident d'après la police, peut-être pas d'après les historiens.

Depuis l'affaire Dreyfus, le grand écrivain s'est fait beaucoup d'ennemis.

Plongée suffocante dans la France des derniers jours de Zola, une France rance et moisie qui ne rêve que de repli sur soi, une France bravache et revancharde mais terrifiée.

Jean-Paul Delfino mène l'enquête, recoupe les témoignages, fouille des archives malodorantes pour mettre à jours les agissements d'une bande d'écrivains, de politiciens, de journaliste nationalistes et racistes et se pose les bonnes questions sur leur implication dans la mort d'Emile Zola.

« Assassins ! » est un vrai bon roman historique qui nous ramène dans une époque, un début de siècle qui pourrait ressembler au notre si nous ne prenons pas garde. "Restons vigilants", semble nous dire l'écrivain.

Au fait Henri Galli à encore un très joli square à son nom dans le quatrième arrondissement de Paris.

« Assassins ! » est un vrai bon roman historique qui nous ramène dans une époque, un début de siècle qui pourrait ressembler au notre si nous ne prenons pas garde. "Restons vigilants", semble nous dire l'écrivain.

Au fait Henri Galli à encore un très joli square à son nom dans le quatrième arrondissement de Paris.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Vingt tomes, mille deux cents personnages, au moins dix mille pages, il a bâti une oeuvre. À soixante-deux ans, il a transformé en or le plomb qui coule dans son crâne. Il a tout réussi, du moins presque. L'Académie française l'a méprisé dix-neuf fois.

La troisième République est à terre. Depuis longtemps, elle se traîne dans sa fange, il ne manque plus que le coup de poignard qui mettra un terme à son existence. L'assassinat de Zola, l'homme de l'affaire Dreyfus, le métèque, le rital, le Gorgonzola. La France aux Français, demain on marchera sur l'Élysée, le grand jour, le jour de la Saint-Barthélemy des juifs. Zola sera crevé. L'ordre reviendra, les juifs, les étrangers, les francs-maçons, les protestants feront leurs malles. Il n'y aura plus d'antisémitisme, car il n'y aura plus de juifs.

Edouard Drumont un polémiste aidé par un réseau de complotistes compte prendre le pouvoir et débarrasser la France de toute sa juiverie. Il a demandé à un fumiste de boucher la cheminée de Zola, le traite à la France, et de l'enfumer, un accident domestique en somme.

Jean-Paul Delfino nous raconte la dernière nuit de Zola et en parcourant ce roman, j'ai vraiment eu l'impression de lire du Zola, tant l'écriture est précise dans les descriptions des lieux, des situations et des caractères des personnages. Dans ce roman naturaliste, l'auteur sait à merveille nous plonger dans Paris, celui des politiques, des intrigants, mais aussi dans le ventre de Paris là où se trouvent les petites gens, le peuple si cher à l'auteur des Rougon-Macquart. Il nous dépeint avec force le climat délétère et rempli de haine de la France du tout début du XXème siècle. La peur de l'étranger, le rôle actif de l'Église dans cette montée de l'antisémitisme.

En alternance nous suivons les complotistes et Emile Zola qui, à l'heure de passer de vie à trépas, revient sur les événements de sa vie, tout en s'interrogeant sur qui aurait voulu sa mort. Une occasion pour l'auteur de faire une biographie de cet immense écrivain de son enfance jusqu'à son dernier souffle.

Ce roman est inspiré de faits réels et notamment de la mort suspecte d'Emile Zola asphyxié par du monoxyde de carbone, Jean-Paul Delfino nous dresse un portrait peu reluisant d'une France gangrenée par l'extrême droite où nationalistes, racistes, traditionalistes s'unissent sur des idées populistes et fascistes portées par une presse de caniveau. Un roman social avec une galerie de portraits sans concession, où l'on sent poindre les idées haineuses qui conduiront à la montée du nazisme et à ses horreurs. Un roman très bien documenté et d'un réalisme glaçant.
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Une belle rencontre au salon de la 25e heure du livre au Mans en octobre 2019.
Alors que je discutais avec Monsieur Delfino sur le dernier roman que j'avais lu " Les voyages de sable", je lui confiais que j'étais restée sur ma faim dans les dernières pages... Il me répondit que c'était une fin ouverte mais que si je voulais une fin certaine et fermée, il me tendit son dernier livre "Assassins" que je m'empressa d'acquérir. Je le remercie vivement pour sa très gentille dédicace adressée à la bénévole de la librairie que j'étais durant les deux jours du salon.
Tant de belles critiques ont été rédigées sur le déroulement des évènements, alors je ne reviendrai pas là-dessus.

Servi par un style magnifique, nous sommes tout de suite dans la tête d'Emile Zola qui en sa dernière nuit de 1902 se remémore sa vie.
Son enfance et son amitié avec Paul Cézanne, son parcours difficile, son engagement sociétal, tout dans ce personnage est passionnant et incite à lire (relire) ses ouvrages.
On y croise aussi tout ce que le XIXe siècle a produit d'écrivains, d'artistes de talent : de Marcel Proust à Edgar Degas, d'Anatole France à Paul Valéry, de Victor Hugo à Jules Vallès.
Mais ce beau siècle cache ou révèle deux faces sombres, une corruption d'Etat et un antisémitisme développé et mortel dont les teneurs n'ont pas pardonné à Zola son article "J'accuse" dans le journal "L'Aurore" : parmi lesquels le fils Daudet, Barrès, Maurras, Déroulède...
Il ne faut pas oublier que trois ans plus tôt (en 1899), quelqu'un avait tenté de boucher les cheminées du domicile de Zola, en 1901 on avait retrouvé une bombe sous la porte cochère. La police, toujours flegmatique et complice, n'a pas diligenté les recherches des responsables.
La mort d'Emile Zola n'a pas fait l'objet d'une enquête afin de ne "pas devenir le prétexte à une nouvelle flambée de violence". le gouvernement n'a pas daigné se faire représenter de façon officielle à ses funérailles...

Par contre les chapitres décrivant la réunion des ennemis de Zola restent difficiles, nécessitant une très bonne connaissance du XIXe siècle et de ses hommes politiques.

Franchement, avant d'imposer la lecture des oeuvres de Zola aux collégiens, il serait indispensable qu'ils lisent ce livre : ils comprendraient le contexte historique et les engagements de l'auteur.
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On ne peut pas dire que l'immense Zola ait connu une mort à la hauteur de sa stature ; mourir à 62 ans axphysié à cause d'une cheminée mal décrassée...ce n'est pas très romanesque ! En revanche, assassiné à cause de ses idées par toute la clique antisémite qu'il vomissait aurait été plus à la hauteur de ses combats ; Mort pour ses idées, voilà qui aurait été plus glorieux, même si plus fâcheux et révoltant !
C'est que les circonstances de la mort d'Émile Zola ont prêté à beaucoup d'interprétations, pas si farfelues que cela d'ailleurs. Sa défense de l'opprimé, ses origines étrangères, son écriture naturaliste si décriée à l'époque, son combat contre les anti-dreyfusards et les antisémites faisaient de lui, pour beaucoup de sales types, l'ennemi public numéro 1, l'homme à abattre, l'écrivain qu'on caricaturait, injuriait et ridiculisait.
C'est cette version qu'à choisi Jean-Pierre Delfino pour nous raconter les derniers jours .. ou plutôt les dernières heures, la dernière nuit de Zola. L'immense privilège de l'écrivain n'est-t-il pas de pouvoir jouer avec L Histoire ?
Delfino s'est servi des doutes quant aux circonstances du décès de Zola pour en faire un roman étonnant. Alternant les chapitres où l'on assiste impuissant à la longue nuit d'agonie de Zola, pendant laquelle il inhale la combustion lente et toxique du feu de sa cheminée qui le tuera (sa femme échappera à la mort) et chapitres où politiciens véreux, hommes de main, vermines antisémites attendent le résultat de leur crime, Assassins se lit à la fois comme un roman intimiste et policier.
Intimiste quand Zola, agonisant, passe en revue sa vie, son enfance pauvre et triste auprès d'une mère ruinée et usée, ses amours entre sa femme légitime, et sa douce maîtresse, mère de ses deux petits enfants, ses doutes quant à son oeuvre mêlés à son sentiment d'être le meilleur, sa blessure d'avoir été chaque fois évincé De l'Académie Française parce que ses combats et sa défense de Dreyfus - ce Dreyfus qui l'a tant déçu, cet ingrat !- l'ont empêché de devenir un immortel !
Quasi-policier quand Buronfosse, un pauvre gars, fumiste de son métier et adepte des idées nauséabondes de Drumont, Guérin, Daudet, Barrès, et autres, accepte de boucher le conduit de la cheminée du couple Zola contre une ascension sociale et une place au sein de la Ligue anti-sémitique de France .. mais il n'est pas si facile que cela de trouver la bonne cheminée parmi toute celles qui se trouvent sur les toits de Paris ! Les criminels attendent si la bête a crevé, comme ils disent.
Roman à lire surtout en ce moment où des idées nationalistes ressurgissent sans complexe ( il est terrifiant de lire ce que beaucoup de Français, de cette époque, imaginaient de faire subir aux juifs quand on sait ce qui s'est passé dans les camps, quatre décennies plus tard).
Enfin, l'écriture, ou plutôt le style, de Jean-Paul Delfino m'a réjouie et me donne envie de découvrir ses autres romans.
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Comme son titre l'indique, dans ce roman, Jean Paul Delfino prend clairement le parti de considérer la mort par asphyxie d'Emile Zola comme un assassinat.
Il nous fait revivre la dernière nuit de l'auteur des Rougon Macquart, et surtout de J'accuse car il retient la thèse d'un assassinat par les milieux d'extrême-droite à cause de son rôle dans l'affaire Dreyfus.
C'est passionnant, et surtout très bien écrit. Je dois même reconnaître que j'ai été plus marquée par le style de l'auteur que par l'histoire.
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"Assassins" est un roman historique qui adopte la thèse, plausible, de l'assassinat d'Emile Zola par ses adversaires anti-dreyfusards.
L'atmosphère de haine hystérique d'une grande partie du monde politique à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème, est rendue avec un réalisme convainquant et terrible : l'antisémitisme devient une véritable idéologie d'appel au meurtre systématique, pensée, et planifié dans le cadre d'un projet de renversement du gouvernement du Président Emile Loubet.
J'ai regretté que le roman n'ait pas été un peu plus fouillé sur le plan historique : les réflexions de Zola agonisant prennent parfois beaucoup de place par rapport aux enjeux et aux transactions sordides qui se nouent entre le monde politique, journalistique et les agitateurs aux dents longues souvent issus de la base. On y gagne toutefois de mieux connaître les grandes lignes de la vie de l'écrivain.
L'intérêt de ce livre est de donner envie d'aller plus loin dans la connaissance de l'affaire Dreyfus qui occasionna un phénoménal clivage et prépara le terrain aux désastres ultérieurs. Et aussi de mieux connaître Emile Zola, grand écrivain, mais aussi homme courageux qui s'éleva contre la barbarie.
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Ni un essai, ni une enquête, un roman bâti de faits vrais, de suppositions, d'orientations prises par l'auteur.
Un roman qui provoque des interrogations, la nécessité d'aller plus loin, de ne pas se borner à cette seule histoire.
La réalité n'est pas qu'un « roman ».
Comprendre l'époque, situer les protagonistes, se replonger dans l'Affaire Dreyfus et l'esprit du temps.

Une nuit. LA Nuit.
C'était la nuit du 29 septembre 1902.
Dans le malaise d'émanations carboniques ou le malaise d'empoisemment digestif, les souvenirs remontent.
Emile Zola voit défiler sa vie.

Le prétexte pris par l'auteur nous permet de situer le grand homme, de comprendre son combat, sa souffrance, ses angoisses, ses amours, ses proches et moins proches.
Cette dernière nuit où l'homme ne fuit pas sa mort, où l'écrivain contemple son oeuvre et ses pairs, où ses illusions partent en déroute.

L'auteur propose.
L'assassinat prémédité, le complot (hommes de paille et comanditaires), la corruption régnant autour et achetant le silence des autorités et de la police, des noms sont cités et mis en scène, des noms qui se rappellent à nous dans toute l'horreur qu'ils représentent.

Malaise, tout cela est possible… Roman?
Interrogations, quelles preuves?… Fiction/Réalité.

Assassins au pluriel.
Cela n'est pas innocent…
Car il y a plusieurs manières d'abattre un homme, physiquement bien sûr mais aussi psychologiquement, moralement et médiatiquement.
Assassins au pluriel.
Et si le ou la coupable était un tel ou une telle…

L'époque est décrite sans concessions : antisémitisme virulent, ligues patriotiques, journaux d'opinions extrêmes, paroles d'horreur, avilissement.
Emile Zola, l'homme, l'écrivain, l'auteur célèbre du fameux « J'accuse » incompris, sali, menacé, traîné dans une boue sans nom, le paya-t-il de sa vie?
Il semble que…
Ce livre-roman le corrobore et nous empêche d'être dupes.
Mais qui?

Il nous permet de replonger dans l'Histoire, de réfléchir, de suivre les événements, de douter, de s'intéresser, de rechercher, d'en tirer des leçons…
Je regrette l'absence de sources en fin de livre car à travers ces écrits, on devine l'immense travail de recherches effectué par l'auteur.
Dans un style agréable et imagé, ce « roman » est un très bel hommage à l'un des grands noms de notre littérature, à l'homme admirable, à l'incomparable auteur des « Rougon-Macquart » que fut Emile Zola qui a choisi l'honneur plutôt que les honneurs.

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