Nathalie sentit son cœur battre plus vite. Elle éprouvait une sorte de déception contre laquelle elle réagit, car elle se rendait compte qu’un tel sentiment était vraiment ridicule. Steve ne lui était rien. Certes, il lui avait témoigné de l’intérêt, mais une telle attitude devait être pour lui une chose courante. Extrêmement séduisant, il avait certainement l’habitude des conquêtes faciles.
Evidemment, il avait un caractère difficile, une volonté peu maniable ; il travaillait par caprice, se fiant beaucoup à son intelligence, à sa mémoire remarquable, et se plaisant surtout aux exercices du corps. Personne, dans le pays, ne montait à cheval comme lui. Mais je le soupçonnais de cacher beaucoup de cœur sous ses airs frondeurs, et une grande énergie morale. Bien dirigé, ce garçon-là serait peut-être devenu un homme supérieur. Vraiment, j’aurais aimé le revoir, ce beau Lorenzo. Car c’était un superbe garçon, qui avait les yeux de sa mère, une Italienne, orpheline pauvre et de grande famille qu’André Damplesmes avait épousée par amour. Et, tenez, cette origine aristocratique de Lorenzo entrait pour beaucoup dans l’animosité de sa belle-mère à son égard.
Et puis, il se juge peut-être assez richement doué par la nature pour être bien reçu partout, en dépit de sa mise pauvre. De fait, il est remarquable, ce garçon, et ses yeux ont déjà dû faire bien des victimes. Attention à vous, mesdemoiselles !
Mes vêtements sont vieux, démodés, je le reconnais ; mais ils sont propres et cela me suffit. Je n’ai pas l’intention de cacher ma pauvreté, comme si elle était une honte. Tant pis pour ceux qui se sentiront humiliés à cause de moi !
C’est la pauvreté complète, là-dedans, mon ami. Toutes les privations, ils les connaissent – sans parler des blessures d’amour-propre.