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Qu'on se le dise : « Léna », premier roman de Virginie Deloffre, est une pépite ! Édité en septembre 2013 au Livre de Poche, ce roman de 238 pages a fait l'objet de 33 critiques sur Babelio, la plupart admiratives. Et comment ne pas être admiratif devant ce chef-d'oeuvre ?

La couverture donne le ton : vous voici transporté en URSS, le 2 janvier 1959. Luna 1, première sonde soviétique du Programme Luna, est lancée dans l'espace, destination la Lune : la sonde passe à 6000 km de la Lune, marquant le début de l'exploration spatiale. Cet événement est une fierté nationale pour les Russes de cette époque, et cette fierté se lit sur le visage de la jeune femme qui est en couverture car, après des années de guerres et de souffrances, l'avenir paraît enfin radieux. Et ces années noires, le peuple Russe ne les oublie pas : Virginie Deloffre nous cite quelques vers du poète Fédor Tioutchev.

« Léna » se présente en trois parties. La première partie –l'absence- est constituée d'une suite de lettres envoyées par Léna à ses parents d'adoption, Varia (une vieille communiste) et Mitia (un géologue dissident, condamné à l'exil permanent en Sibérie). Nous sommes en 1987. Léna est mariée à Vassia, pilote de chasse. Léna a deux vies, deux rythmes : quand Vassia vient et quand Vassia repart à la Base. Léna se confie à eux : elle attend, résignée et seule, le retour de Vassia, mais elle est à sa place (page 14) et elle s'enfonce dans cette absence, telle une longue plaine facile à marcher qui [la] protège (page 15). Cette absence, qui est (page 16) sa légende intérieure, lui fait du bien (page 17) comme un bon sirop. Quand Vassia est là, l'air sent bon, la lumière et la chaleur pénètre les maisons (page 33) et c'est un tintamarre de sensations. Quand il sourit, la cuirasse d'absence de Léna cède, s'effondre sous le soleil renaissant (page 42). Mitia et Varia sont pleins de tendresse pour Léna, ce bout de fillette qu'ils ont récupéré alors qu'elle n'avait que sept ans et que ses parents s'étaient noyés en pêchant au trou, un jour de printemps, sur la banquise, mais Varia trouve que la posture adoptée par Léna risque de mettre en danger son mariage avec Vassia. La deuxième partie –l'azur- est consacrée à la sélection de Vassia comme futur cosmonaute, en partance pour la station spatiale Mir. Vassia saura se montrer digne de la confiance que l'URSS place en lui (page 108), mais il redoute la réaction de Léna car (page 109) il ira regarder des heures durant une autre image, aux lignes rondes et pures, irréelle et sacrée. Léna sent que sa vie va basculer : il n'y aura plus de mystère, mais des permissions programmées, il n'y aura plus d'intimité avec Vassia, mais des reportages TV, il n'y aura plus de passion de Vassia envers elle, car il reviendra les yeux éteints, brûlés. On lui rendra une ombre (page 126). Mais Léna surmonte ses peurs, soutenue par Vassia qui lui dit que l'homme est attiré par une force, que l'étendue l'appelle (page 134), que l'espace est du domaine du mystère (page 136). le mur de Berlin n'est pas encore tombé mais l'URSS est en train de s'écrouler : pour Vassia, rejoindre Mir c'est suivre la voie ouverte par la chienne Laïka, par Youri Gagarine, par Valentina Terechkova et par Alexeï Leonov ; c'est tirer une dernière salve d'honneur à la face du monde, à la face de l'Amérique. Alors Léna parcourt les bibliothèques, prend des notes et s'ouvre à Vassia. Elle comprend qu'il a besoin de quelque chose qui le dépasse (page 171) car, comme tout Russe, il est à l'aise seulement dans la démesure (page 188). Vassia part pour Mir, puis il en revient, transformé. Dans la troisième et dernière partie –la marche- l'URSS n'existe plus. Tout fout le camp. L'armée propose à Vassia le poste de correspondant permanent au Kamtchatka : il en discute avec Léna, qui accepte. Là-bas, elle prend un poste d'institutrice : elle a des rêves aussi (page 230). Elle et lui se trouvent enfin. Elle accouche d'une fille, Lioubov (amour, en russe) : tout un programme !

Dans ce roman, qui a reçu le Prix des Libraires 2012, rien ne manque : une écriture délicate, superbe et subtile au service d'une vivifiante histoire d'amour, une atmosphère incroyable, des rappels historiques jamais pesants, des personnages attachants, les dessous enfin révélés de l'aventure spatiale russe, une nature sauvage mais magnifique, des traditions, de la psychologie, de la poésie, de la pudeur, du style, de l'émotion, et la fameuse âme russe, passionnée, fière, imprévisible, généreuse, paradoxale et à fleur de peau. En toile de fond, le rêve socialiste et l'éclatement de l'URSS. Pour un premier ouvrage, Virginie Deloffre fait preuve d'une maturité étonnante. Chapeau bas : cinq étoiles !
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Léna est encore une petite fille quand elle perd ses parents dans un accident de traîneau. Enfant du grand nord sibérien, elle est alors recueillie par Mitia et Varia. Devenue jeune femme, elle épouse Vassia, pilote dans l'armée de l'air russe. La vie de Léna est bercée par les absences et les permissions de Vassia, mais quand celui-ci est sélectionné pour faire partie des cosmonautes prêt a partir en mission 6 mois dans l'espace, ses repères se brisent... Que va-t-elle devenir ?
Un très beau premier roman et un magnifique portrait de femme. Une petite fille blessée et anesthésiée par la mort de ses parents, qui reprend vie alors qu'elle n'attendait plus grand chose de sa vie. Un regard sur le froid sibérien doux et parfois amer, mais qui ne peut laisser de glace !
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Je le dis tout de suite, Léna est un très beau premier roman ! Il représente en même temps un concentré de ce qui fait la Russie actuelle et une trajectoire individuelle. Si on peut parler de trajectoire en ce qui concerne Léna. La jeune femme est en effet plus contemplative qu'active, plus dans l'attente que dans le mouvement. Pourtant elle est fascinante, ainsi que sa relation avec son mari Vassia, pilote dont le regard et le coeur ne s'éloignent de Léna que pour regarder vers l'horizon lointain de l'espace. D'ailleurs, quand il a vu Léna pour la première fois, il a trouvé qu'elle ressemblait à l'horizon. Quelle belle image !
En partie épistolaire, le roman est entrecoupé des lettres de Léna aux personnes qui l'ont élevée, Varvara, une vieille babouchka attachée aux valeurs communistes et Dimitri, exilé resté au fin fond de la Sibérie pour avoir défendu des idées contraires à celle du régime soviétique. C'est un cliché de dire que c'est de l'« âme russe » qu'il s'agit dans ce roman, mais pourtant c'est ce qui vient à l'esprit en le lisant. En tout cas, j'ai aimé ce livre, son écriture délicate, ses personnages qui vous manquent une fois le livre refermé, comme des amis partis au loin. J'ai adoré aussi son atmosphère ou plutôt ses atmosphères, de la cuisine communautaire aux immensités sibériennes, de l'arbre de Léna à l'isba de Varvara.
Pendant un moment, je ne sais pourquoi, je me suis imaginée une toute autre histoire que celle contée par Virginie Deloffre, le début laissait l'imagination assez ouverte à toutes sortes de suites possibles, et c'est un des atouts de ce livre aussi. Entre autres, car il est vraiment plein de qualités et j'espère fortement que Virginie Deloffre écrira de nouveau, et que, tout d'abord, vous serez nombreux à découvrir ce premier texte.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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URSS, 1988. Léna est mariée depuis cinq ans à Vassia, pilote dans l'armée de l'air. Il revient de temps en temps, toujours par surprise. Elle l'attend, résignée, solitaire, presque inerte en-dehors de ses heures de travail. Une de ses occupations est d'écrire à Mitia et Varia qui l'ont élevée avec beaucoup d'amour à partir de ses sept ans, en Sibérie. Mitia, géologue, a été mis sur la touche pour ses idées dissidentes, Varia est une vieille femme qui soutient mordicus ses valeurs communistes, son combat de jeunesse. Chaque lettre reçue de Léna est l'occasion pour eux d'évoquer leurs souvenirs communs avec l'enfant qu'elle était, mais aussi de se disputer gentiment sur "l'idéal communiste"...

Un livre magnifique. Valeurs communistes, désarroi d'une femme "gelée" - à l'image de l'Union Soviétique face à la perestroïka -, histoire de la conquête spatiale et de ses enjeux politiques... Un autre regard sur l'effondrement du bloc communiste, très éloigné de l'image que je pouvais en avoir en tant qu'occidentale... Des relations douces et pleines de respect entre des personnages très attachants. le tout servi par une écriture superbe, subtile.
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Voici un très beau roman riche d'enseignements et très bien construit qui alterne récit épistolaire et récit classique,à propos de la Russie, dans les dernières années de l'Union Soviétique.
Nous découvrons beaucoup de l'âme Russe au travers de portraits saisissants, de personnages attachants, de nombreux pans du passé soviétique,usines déménagées vers l'est pendant la deuxième guerre mondiale....histoire de la conquête spatiale et de ses enjeux politiques.....une grande aventure collective,un certain regard sur l'effondrement du bloc communiste, les craintes et les espoirs suscités par les bouleversements politiques de la fin des années 1980..... La glasnost et la perestroïka....,l'aspiration au changement et à une vie meilleure......
Nous découvrons cette épopée grâce au magnifique portrait de Léna, dont la
mère était issue d'une tribu d'esquimaux, éleveurs de Rennes, les Nénetses.
Ses parents s'étant noyés en pêchant sur de la glace trop fragile , Léna est recueillie par une parente Varia , une femme communiste qui soutient ses valeurs de toujours et son combat de jeunesse,elle va l'élever avec amour auprès de Dimitri , un géologue mis sur la touche,pour ses idées dissidentes....à partir de l'âge de 7 ans, dans le grand nord sibérien.
Léna , devenue une jeune femme fragile, nostalgique, placide et dolente,désarmée, quitte sa région pour épouser son mari Vassia, pilote dans l'armée de l'air...il revient de temps en temps...toujours par surprise.....
Elle l'attend, " gelée" à l'image de l'union soviétique face à la perstroïka,résignée, solitaire,: " Si le monde change que deviendrai- je? Elle est au bord de la vie mais n'y entre pas.......
"Elle était dans la salle d'attente, elle vivait dans une gangue épaisse de passivité et de silence".....à moitié pétrifiée,une de ses activités en dehors de ses heures de travail est d'écrire à Dimitri et Varia...chaque lettre est l'occasion pour eux d'évoquer leurs souvenirs communs avec l'enfant qu'elle était, mais aussi de se disputer à chaque fois sur "l'idéal communiste".....
C'est un très bel ouvrage, un roman étonnant, bien documenté, une écriture superbe,où l'on découvre des détails sur la chienne Laïka, le personnage original autodidacte.....Tsiolkovski,,....Kroutchev....Korolev....Mikoyan, premier ministre, le grand Gagarine......

Mais surtout le passage du temps, les utopies salutaires,le désir, le deuil, l'humanisme, le renoncement et surtout .....la renaissance....l'espoir....
L'auteur sait nous faire partager son amour de ces contrées où le rêve , l'immobilité et l'attente le disputent à la nouveauté sans couleurs ni frontières...
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Léna est l'attente personnifiée. Vassia son mari est souvent absent, de longues semaines et revient sans crier gare. C'est ce qu'aime Léna, ces imprévus. Pour combler l'absence, elle travaille, bien sûr, mais elle aime se perdre dans les files d'attente des magasins, elle observe l'orme de la cour, elle , la fille du Grand Nord, peu habituée à cette nature et elle écrit à Dimitri et Varvara qui l'ont élevée à la mort de ses parents. Varvara est une vague vieille cousine et Dimitri est l'homme qui vivait chez elle, que le Parti a puni en l'envoyant dans cette contrée inhospitalière qu'est la Sibérie. Ses lettres sont très belles, mélancoliques, poétiques. Varvara la bonne vieille paysanne russe, très prosaïque, pragmatique n'y comprend pas tout et le fait entendre à Dimitri
Chaque chapitre de la première partie commence par une de ces lettres, puis, à la suite, l'auteure énonce la vie de Léna, et celle de Mitia et Varia (les diminutifs de Dimitri et Varvara) : c'est l'Histoire de la Russie depuis les années 20 racontée par des témoins directs. Et puis, tout cela est ponctué par l'histoire de la conquête spatiale racontée par Vassia. Et le talent de Virginie Deloffre -dont c'est le premier roman- est de m'intéresser, que dis-je de me ravir avec un domaine qui, a priori n'est pas ma tasse de thé. Les étoiles, les constellations et les gens qui vont les voir de près, ça me passe au dessus de la tête, si je puis me permettre de dire.
Et c'est maintenant que je place mon dithyrambe, mon "enthousiasme excessif" comme ils disent dans le dictionnaire sur l'écriture de l'auteure. J'ai été happé par son style, ses phrases magnifiques racontant l'attente de Léna et décrivant la Sibérie, arrière plan du roman, omniprésent, pesant, lourd, oppressant, mais inoubliable, et ses habitants, notamment les Nénètses, peuple nomade éleveurs de rennes.
Un roman qui se déguste lentement, au rythme de Léna pour bien en apprécier toutes les subtilités de sa langue. Un roman qui parle d'une région attirante, fascinante, d'un pays aux fortes traditions et de la fameuse âme russe. A certains moments, j'ai cru être plongé dans un roman d'Andréi Makine, notamment celui que je préfère : La femme qui attendait. Et bien, sûr, c'est pour moi un compliment que de le dire.
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Léna vit au rythme des absences et des retours surprises de Vassili. A ce mari, pilote militaire sans cesse en mouvement entre ciel et terre, Léna oppose une immobilité sans faille. Elle se déplace à minima entre le combinat où elle travaille et les files d'attente des magasins. Tentant de se faire toute discrète comme pour se dissimuler d'un toujours possible malheur qui pourrait la rattraper, Léna évolue en lisière de la vie, le corps rivé à l'arbre sous sa fenêtre tandis que son esprit s'en va batifoler vers les mystères de la vie de Vassili ou le long de l'Ob qui a bercé son enfance.

Effacée, rêveuse, à la limite sauvage, Léna tire sa patience de sa Sibérie natale où elle fut élevée par Varvara, une bonne vieille communiste qui héberge déjà Dimitri, un géologue moscovite déplacé dans les années soixante par la Sécurité de l'Etat afin de s'occuper de la station de géographie de Ketylin, à savoir une baraque paumée dans un trou perdu du Grand Nord. Comme rééducation, Dimitri aurait pu tomber plus mal, car l'arrivée de Léna va permettre à ces trois êtres malmenés par la vie de refonder un semblant de famille. Léna grandira donc entre Dimitri le taiseux rêveur qui ne s'amine qu'au contact des trésors de la terre, et Varvara la bavarde et pragmatique babouchka qui s'accroche coûte que coûte à son vieux rêve communiste.

Plus tard, quelque part en Russie centrale dans l'appartement communautaire n°12, les fréquentes absences de Vassili ramènent Léna vers la Sibérie par le biais des longues lettres qu'elle échange avec Varvara et Dimitri.
Un jour, Vassili est sélectionné pour faire partie de la prochaine mission qui rejoindra la station Mir . Léna pressent alors que la bulle qu'elle s'est construite ne va pas tarder à exploser. Sa routine rassurante se détraque, obsédée qu'elle est par moult questionnements. Que vont donc chercher les hommes dans l'espace ? Pourquoi ceux qui en reviennent ont-ils tous le même vide au fond des yeux ? Que va-t-elle devenir ?

Un très très beau voyage littéraire, qu'on se le dise !
J'ai adoré la compagnie de ces quatre personnages aux antipodes les uns des autres mais soudés pour nous offrir un condensé du peuple russe ancré dans sa terre et son Histoire.

"Peut-être était-ce cela leur étrange lien commun : la nostalgie de l'inaccessible."

J'ai aimé Léna, le cheminement de cette femme cristallisée dans l'attente. Ell cultive l'absence comme une fleur fragile, brode sa vie à petits points de glace pour anaesthésier cette douleur d'enfance qui finira forcément par se rouvrir.
Vassili m'a emportée avec lui dans les étoiles. le récit de l'aventure spatiale soviétique qu'il raconte aux enfants de l'appartement communautaire est passionnant et la fuite en avant de cet homme, si loin, la lutte qu'il met un point d'honneur à mener pour la gloire de son pays en voie de disparaître sous les assauts de la Perestroïka, très émouvantes.
Et bien sûr le duo Varvara-Dimitri qui fonctionne à merveille, tour à tour grave, drôle, tendre.

Quand elle a la tête dans les étoiles, Virginie Deloffre nous parle avec bonheur et poésie de la Terre et de l'expérience unique vécue par quelques privilégiés.
Et quand ses peids arpentent la Sibérie, c'est avec le même amour que les petits peuples du Grand Nord.

J'avoue, la rentrée littéraire a parfois du bon...Un vrai coup de foudre pour ce roman qui me fait sortir de ma léthargie bloguesque avant que l'hibernation totale me tombe dessus.

Je regrette que ce roman ne soit pas sur la liste du Goncourt des Lycéens, voilà un livre qui leur aurait certainement plu.

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URSS, 1987. Une jeune femme, Léna, attend. Elle attend le retour de son mari Vassili, pilote de chasse dans l'armée russe. La journée, elle travaille au combinat et quand le soir vient elle s'insère dans les files d'attente. Son existence est impassible. Elle guette le retour aléatoire de son homme. Solitaire, silencieuse, effacée, presque figée, patiemment elle attend. Sa vie est ainsi faite, rythmée par les arrivées et les départs de Vassili. Lui, à l'inverse d'elle est toujours en mouvement. Il n'a pas de limite, veut toujours aller de l'avant, plus loin, plus haut, toucher les étoiles. Quand il revient dans la maison communautaire où ils vivent tous deux, il est accueilli comme un héros par les enfants à qui il conte la riche histoire de la conquête de l'espace par les russes. On le sent fier, on le sent heureux, lumineux. Alors que Léna semble éteinte, absente... Pourtant quand il est là, le monde de silence dans lequel elle évolue se brise, le bruit se fait, chaleur et douceur envahissent son corps, mais elle ne partage pas la passion de Vassili, elle ne la comprend même pas.
Orpheline à l'âge de sept ans, elle est recueillie par Varia (une militante communiste) et Mitia (un dissident exilé) dans le Grand Nord Sibérien. Ses parents, des nénètses, se sont noyés dans un trou d'eau alors qu'ils pêchaient. Les corps ne sont jamais remontés à la surface... Fillette, Léna passait des heures assise sur une chaise, comme pétrifiée, dans l'attente que ses parents reviennent sur terre, probablement.
Aujourd'hui, les liens qu'elle entretient avec Varia et Mitia sont indéfectibles, la distance n'y change rien. de Moscou, elle leur envoie des lettres. Chaque départ de Vassili pour la Base est l'occasion pour elle d'écrire confiant ainsi ses états d'âme.
Un jour, Vassia est choisi pour suivre une formation de cosmonaute afin de se rendre sur la station Mir. le flux et le reflux imprévisibles auxquels étaient habitués Léna se rompent. Les allers et venus de Vassia sont maintenant programmés. L'attente d'avant ne lui pesait pas, car elle était synonyme d'espérance...
Un roman fascinant sur un pays finalement assez méconnu. L'auteur évoque dans une prose emplie de finesse et de sensibilité la grande fierté des russes pour la conquête spatiale, pose un regard juste et intelligent sur le déclin politique et économique et la tentative de restructuration (la perestroka), esquisse des paysages incroyables allant de l'immensité de la sibérie avec sa toundra et l'Ob qui la traverse et l'entassement des citadins dans des immeubles gris et froids, donne chair à des personnages infiniment touchants, et tisse surtout une très belle histoire d'amour.

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Telle une femme de marin, Léna semble vouée à l'attente. Sa vie est une alternance entre la chaleureuse présence de son mari Vassia, pilote de l'air pour l'armée d'URSS, et les longues semaines où elle attend son retour. Lorsque Vassia est en mission, elle s'immobilise et écrit son attente à ses vieux parents d'adoption, Dimitri et Varvara, restés dans le grand nord sibérien. Lorsque Vassia rentre, tous les habitants du logement communautaire se massent dans la cuisine pour l'entendre conter ses histoires d'aviation, puis son récit de la conquête spatiale, la grande épopée soviétique de l'espace, fierté du peuple russe.

Lorsque Léna comprend que son mari va faire partie d'une mission programmée dans l'espace, son monde se craquelle. Vient le temps du dégel, de la débâcle. L'auteur trace habilement un parallèle entre les saisons du grand nord, le long hiver communiste de l'URSS, et celui de Léna, en quasi hibernation depuis un drame d'enfance. Les dégâts d'un printemps brutal sont associés à la Pérestroïka.

Un roman qui explore l'âme russe, des paysans dans leur kolkhoze de Sibérie aux citadins entassés dans les appartements communautaires...
J'ai regretté une certaine lenteur dans l'action et le manque de conviction des personnages pour être totalement séduite par cette lecture.
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On oublie vite la couverture hideuse car je sais qu'avec de telles couleurs et un graphisme digne des mauvais dessins animés des années 80, on a plutôt envie de fuir mais ce serait vraiment dommage car ce premier roman est une magnifique découverte !

Fin des années 80 en URSS. Léna bien que mariée est très souvent seule. Son mari Vassili pilote dans l'armée de l'air s'absente pour des missions. Solitaire, rêveuse et d'un tempérament effacé, elle écrit à Mitia et Varia, blottie dans une mélancolie feutrée où la Sibérie lui manque. Lena refuse de connaître précisément le métier de son mari et préfère se rappeler son grand Nord. Varia communiste convaincue regrette le temps d'avant alors que Mitia a été muté justement en Sibérie à cause ses opinions. Logé chez Varia, il a participé à élever Lena recueillie à l'âge de sept ans. Enfant silencieuse, calme. Et ce sont deux caractères opposés qui commentent chaque lettre reçue de Lena. Des lettres où elle se confie à nue et raconte comment la contemplation d'un arbre la comble. Autant de phrases qui laissent Varia perplexe et interrogative. Tandis que Mitia géologue de formation reconnaît dans ces mots l'amour de la beauté du silence, du pays et du temps.
L'Histoire intervient grâce aux souvenirs de Varia mais aussi avec la mutation du pays et sa conquête de l'espace. Des changements subis, des espoirs et des rêves inassouvis...
Je n'en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette lecture !

On entre dans ce roman sur la pointe des pieds, on s'immisce dans la bulle et dans l'âme de Léna, d'aspect fragile et d'une nostalgie aussi belle que délicate dissimulant bien des tourments. Les descriptions de la Sibérie et de l'URSS dont les coutures craquent sous les pressions du changement sont remarquables! Et l'écriture de Virgine Deloffre est splendide. Poétique, subtile, puissante.

Un premier roman qui serre la gorge et allume des étincelles de bonheur dans les yeux et dans le coeur !
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