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Citations sur Cavales (7)

Les mots pervers et les voix calomnieuses que je voulais oublier ne cessaient de danser dans mon esprit. Je voulais les faire taire, mais ma mémoire est sans pitié, elle me renvoyait sans cesse à ce qu’ils avaient dit de moi.
Tu sais, nous sommes faits ainsi, nous humains, pour être marqués à vie par une phrase assassine, un jugement de valeur malveillant. (p.172)
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Trop ambitieuse peut-être, et même dépassée par ses ambitions, une femme qui savait à peine écrire et s'est persuadée de le faire quand même, car l'écrit est un instrument de pensée, pense-t-elle, l'écrit lui a permis d'ordonner ses idées, d'organiser toutes les fusées qu'elle avait dans la tête ; oui, elle les a écrites toutes les choses qui lui passaient par la tête ; en les écrivant elle les a rendues plus durables que la parole ; heureusement car elle parlait beaucoup aussi, beaucoup trop sans doute, elle leur dira à ses découvreurs, qu'elle avait été bavarde, très bavarde...
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Voyez les terroristes Olympe et Théroigne : elles "écartent les pans de leur tunique noire découvrant des ceintures bourrées de fleurs, des fleurs des marais aux couleurs chatoyantes qu'elles lancent vers le public. Il y a comme une explosion." Un bel attentat.
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Quelle horreur toutes ces demi mesures ! Aux femmes la liberté d’expression, mais point d’égalité politique. C’est ainsi que les hommes envisagent la participation des femmes à la révolution : à moitié ! Ils nous font des faveurs. Ils ajoutent de manière chaleureuse que les femmes patriotes sont là pour soutenir et encourager les hommes, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas envisageable qu’elles obtiennent le droit de vote ; hors de question ! Aux femmes la sphère privée, aux hommes la vie publique ! Voilà la destinée des femmes républicaines ! Quelle femme peut sans s’en contenter ? Quelle femme ? (...) Et l’incorruptible Robespierre (...) qui susurre à qui veut l’entendre (et ils veulent tous l’entendre !) qu’il y a d’autres problèmes plus importants à régler concernant la condition des femmes que la question du droit de vote. Il fait croire qu’il y a d’autres actions plus urgentes, comme secourir les femmes pauvres et éduquer les enfants… Mais qui définit ces priorités ? Qui ? Des hommes ! Pourquoi les femmes ne pourraient-elles concourir à la prise de décision concernant d’autres femmes en les représentant à l’Assemblée nationale ? Parce que c’est contraire à leur destinée naturelle, c’est ça ? (...)
Saletés ! Ils disent que notre place est dans notre foyer. Alors ils te demandent sur un ton mielleux : que se passerait-il si chaque femme délaissait son ménage pour aller se battre aux frontières ? Sans attendre ta réponse, ils te disent que la nature a créé femmes et hommes différents pour des rôles différents, il n’est donc pas question de tout bousculer. À chacun son devoir ! Quelle loi naturelle leur a donné le droit de dicter aux femmes des droits différents des leurs ? Pourtant quand j’ai assisté à la lecture de la déclaration des droits de l’homme, en 89, j’en ai pleuré de joie, tu sais, j’ai cru que le grand jour est enfin arrivé…
- Et bien non ! C’était une déclaration des droits de l’homme. Avec un minable petit « h » évidemment. Au final, il n’était pas question d’envisager les droits de la femme. (pp.199-201)
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Et autre chose survient ; autre chose qui parcourt à toute vitesse le chemin de ses veines ; c’est un enchantement ; cette autre chose, jaillissant soudainement des profondeurs de son être, explose en un geyser hors de sa gorge ; cette autre chose, c’est le rire. Un rire inouï, irrépressible, prodigieux. Olympe de Gouges, effondrée au sol, rit sans plus pouvoir s’arrêter. Les hommes en uniforme croient qu’elle se moque d´eux… Ils ont raison. Comme elle se moque ! Elle se paie la tête des deux bouffons au service de la tyrannie et de la sottise. Les imbéciles ! Son rire n’est que mépris. Un rire comme un barrissement. Un rire qui insupporte les tympans du plus grand des gendarmes, celui qui s’appelle Jean. Il la gifle. Elle rit toujours. Il la gifle une deuxième fois, plus fort. Elle rit encore. Alors l’homme l’achève par un coup de poing magistral sur la tempe. Sous le choc, Olympe s’est évanouie et entend son rire s’envoler dans les airs, sibyllin. Un rire libre, une balle en plein cœur d’un grand oiseau noir qui s´abat au sol l’instant suivant. » (pp.87-88)
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Pourtant la petite ne le voit pas. Elle est toute entière dans son œuvre d’invisibilité, au ras du sol. Elle disparaît aux yeux des autres, elle fait partie du décor. Ne pas respirer, ne pas entendre son cœur battre. Être là, sans être là. Se diluer. N’être personne. Désexister.
Soudain, et tu ne t’y attends pas, une main se pose sur son épaule osseuse.
Elle sursaute, la petite. Elle n’aime pas qu’on la touche. C’est une preuve qu’elle existe. Elle ne veut pas exister. Elle ne doit pas. Elle n’existe pas. (p.34)
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Puis elle trébuche, sa cheville se tord, elle ne court plus elle tombe. Le nez dans les cailloux, les genoux écorchés. Et le ciel au-dessus d'elle ; le ciel jaune, jaune, jaune (la plus parfaite expression du jaune comme le peindra Yves Klein, qui a aussi très bien peint le bleu, certes, mais en l'occurrence ce ciel est jaune) ; et le soleil, disque monochrome jaune sur fond jaune, éblouit Olympe, et la chaleur la chaleur jaune de l'ouragan à venir l'étouffe.
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