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EAN : 9782930657646
317 pages
murmure des soirs (01/04/2021)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Au cœur de l’été 1793, la guillotine trône sur la place de la Révolution. Le magistrat Antoine Fouquier-Tinville comptabilise les traîtres qui vont y passer. Théroigne de Méricourt, au tempérament angoissé, affronte la machine à tuer. Une petite fille effrayée tremble devant elle. Olympe de Gouges, intrépide, défie le sinistre instrument en collant des affiches politiques sur ses parois de bois. Les trois rebelles se retrouvent enfermées et maltraitées par leurs gar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Paris, été 1973. Que se serait-il passé si Olympe de Gouges, auteure de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » avait rencontré la Liégeoise Théroigne de Méricourt, l'amazone de la Révolution ? Sans doute auraient-elles uni leurs voix et leurs forces pour défendre corps et âme la même idée qui les anime : il est temps de considérer la femme comme l'égal de l'homme, en tout point et en toute chose. Il est temps de faire changer les mentalités.

L'auteur se focalise sur cette rencontre fictive, comme un arrêt sur image dans la vie des deux féministes de la Révolution française. On les suit quelques jours seulement, avec deux faits historiques pour point de départ : l'arrestation d'Olympe de Gouges et la fessée publique de Théroigne de Méricourt par les Tricoteuses. Elles se retrouvent toutes deux dans la même cellule et s'évadent ensemble ; l'une utilise les mots pour défendre ses convictions, l'autre (que d'aucun qualifierait d'hystérique...) veut inciter les femmes à prendre les armes. On ne pouvait pas faire plus dissemblables à première vue et pourtant elles vont s'entraider. Des bribes de leur passé, des souvenirs permettent de reconstituer leur histoire personnelle et, au final, elles se ressemblent plus qu'elles ne le pensent... À la fiction vient s'ajouter une jeune fille, orpheline misérable errant dans les rues de Paris, qui aidera les deux femmes, sorte d'incarnation du lien qui les unit.

Le style de l'auteure est un peu déstabilisant. La narration alterne les points de vue des trois personnages, en focalisation interne mais, pour la jeune fille et Olympe, cette focalisation interne à la 3e personne du singulier flirte avec le point de vue omniscient, alors que Théroigne s'exprime en je, comme si elle racontait son histoire à quelqu'un. Parfois, on pense toujours suivre les pensées des personnages alors qu'en fait ils sont en train de dialoguer... Et, à côté de la focalisation interne, on sent très fort par moment - et tu ne t'y attends pas - la présence du narrateur omniscient qui commente et glisse des références de notre monde moderne au milieu de le fin du XVIIIe siècle. C'est déstabilisant (tout comme la fin d'ailleurs) mais finalement c'est très agréable à lire.

Le roman, tout en étant une fiction, est aussi historiquement très précis et rigoureux. Je me suis aperçue que j'ai d'énormes lacunes historiques en ce qui concerne l'histoire de la Révolution française... Cela n'a aucunement gêné ma lecture même si j'ai tout de même fait quelques recherches rapides pour comprendre certains faits. J'ai ainsi approfondi les portraits d'Olympe de Gouges et de Théroigne de Méricourt tout en faisant ce constat qui n'est pas neuf pour moi : l'Histoire avec un grand H a tendance à se focaliser sur les grands noms qui sont connus de tous, laissant pour compte d'autres personnages qui ont pourtant aussi lutté pour défendre leurs droits, ceux de leurs semblables et des générations futures. On ne les a pas ou peu écoutés ou entendus et ils ont fini par être délaissés. Avec son roman, c'est un bel hommage que l'auteure rend à deux figures féministes que je ne connaissais absolument pas (je le dis sans honte...).

Comme quoi, le combat féministe n'est pas neuf (on s'en doutait) et il est loin d'être terminé (malheureusement)... Moi qui ne suis pas une grande adepte de littérature féministe, j'ai apprécié ici qu'il n'y ait pas de militantisme de la part de l'auteur : seulement des faits, des idées, deux perspectives différentes pour défendre ses convictions et un savant mélange des deux qui pourrait faire bouger les choses.

« C'est pour cette gamine que nous sommes là. Pour toutes les gamines de la terre entière. Pour toutes les femmes venues et à venir. Je suis là en leur nom. Si les femmes ont le droit de monter à l'échafaud, elles ont aussi le droit de monter à la tribune, n'est-ce pas ? (...) Je suis là pour vous entretenir de la Nation tout entière, de la Nation non amputée de sa moitié féminine. » (p.298)

Merci à Béatrice Renard pour son roman et aux éditions Murmure des soirs de me l'avoir fait parvenir pour que je puisse le partager ici sur Babelio.
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Eté 1793. La guillotine trône Place de la Révolution. Deux femmes viennent la narguer. L'une en collant des affiches, l'autre en dansant. Une petite fille des rues en est le témoin. Quelques heures plus tard le magistrat tout-puissant de la Révolution passe et salue celle qui lui doit tant de succès. Ces deux femmes ce sont Olympe de Gouges et Théroigne de Méricourt.

« Cavales », dont chaque titre de chapitre renvoie au monde de l'équitation, commence comme un conte fantastique. L'écriture de Béatrice Renard est très déstabilisante. le récit regorge d'images, de métaphores. Les objets pensent, les personnages sont d'abord anonymes (la femme en bleu, la jeune fille, etc). Les métaphores animales sont légion, tantôt poétiques, tantôt inquiétantes. L'auteure parsème aussi son récit de références anachroniques, certaines soulignées d'autres glissées subrepticement dans une phrase innocente.

Le texte traine parfois (au pas, au pas), parfois part dans des envolées lyriques et baroques (un cheval fou), parfois accélère et but (lancé au trot), parfois s'emballe et laisse le lecteur hors d'haleine (comme après la course folle d'un cheval lancé au galop).

Au cours de ce roman et de cette rencontre toute droit sortis de la volonté et de la plume de l'auteure, on croise Marat, l'ami peuple, Fouquier-Tinville, le terrifiant magistrat qui lui aussi finira sous la lame de la guillotine qu'il a tant nourrie. L'espace de quelques heures Béatrice Renard fait se croiser Olympe de Gouges et Théroigne de Méricourt, qui se rejoignent dans la lutte pour les droits des femmes tout en ayant des divergences politiques. Deux femmes blessées par les hommes et qui leur font front. Au milieu une orpheline de 12 ou 13 ans, gamine des rues, personnage fictif mais tellement vrai. A leurs côtés on traverse un Paris de misère, de douleur, de violence, une ville perdue dans une révolution nationale qui cherche ses marques et bouleverse tous les codes, sauf ceux de la suprématie de l'argent et du masculin.

Je ne connais pas assez ces deux femmes pour juger de la pertinence de cette fiction. Hélas l'écriture qui m'a sortie de ma zone de confort, ne m'a pas donné envie d'aller plus avant à leur rencontre, et la magie de l'écriture n'a pas fonctionnée sur moi.

Merci à Babelio et aux éditions Murmures des soirs pour cette découverte.
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Je découvre l'autrice Béatrice Renard dans ce roman. Ce qui m'a plus au départ, c'est le côté historique du roman, la Révolution, la guillotine, Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouge.
Mon style de roman préféré, c'est les romans historiques, alors j'ai sauté sur l'occasion. Même si ce n'est pas vraiment « historique », car oui Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouge ne se sont jamais rencontrées ni mortes ensemble. Théroigne de Méricourt est morte en 1817 à l'hôpital de la Salpêtrière, abandonnée par sa famille et Olympe de Gouge est morte guillotinée en 1793.
Certains diront, quel est l'intérêt d'écrire une telle histoire ? de ne pas respecter le côté historique de la Révolution française. Ces 2 femmes étaient féministes et militaient pour le droit des femmes. L'autrice à voulu dans ce roman leur rendre un hommage sincère et que l'on ne les oublie pas. D'ailleurs dans le dernier chapitre elle explique les raisons pour lesquelles elle a écrit cette histoire. Et j'ai trouvé vraiment très beau les quelques mots suivants qu'elle a écrit : « … un moment inédit de solidarité et de folie féminines … offrant ainsi à chacune d'entre elles la consolation d'avoir été moins seules face à l'adversité. … On fait mémoire d'elles, on ne les laisse pas seules, …, et elles ne s'en vont pas ».
Dans « Cavales », il n'est donc pas question que d'histoire, Béatrice Renard y évoque la condition des femmes, les femmes en politique, les femmes au sein du foyer, les hommes qui traitent les femmes comme des objets. Est également évoqué, la situation des enfants abandonnés. Ils mendient, ils volent, pour tenter de survivre, même au point de se faire du mal entre eux. Elle a donc inventé une adolescente de 12/13 ans qui vit dans la rue et qui va croiser le chemin de Théroigne et Olympe. Une jeune fille touchante qui recherche l'amour d'une mère qu'elle n'a pas connu.
Côté écriture du roman, l'autrice compare les situations de l'époque à la nôtre, ça a été le petit côté comique de certains passages. Et ce que j'ai beaucoup apprécié au cours de ma lecture, le narrateur nous parle à nous, lecteur. Il nous explique la situation et nous la décrit.
Ce roman a été pour moi un bon moment de lecture, j'aurais juste aimé que certains passages soient plus détaillés, on est passé trop rapidement sur des scènes que j'ai trouvé importante pour l'histoire.
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Que voici une lecture atypique de par sa plume et cette idée de fiction où Olympe de Gouges en vient a rencontrer Théroignes de Mericourt en 1793.

Cest une période assez sombre qui nous est dépeinte, où bien des têtes tombent …

L'autrice a également placé dans son récit une petite fille orpheline et vagabonde. c'est ce personnage ci qui m'a le plu ému. Lorsqu'elle viendra à avoir quatre sous par l'une des protagonistes, ce n'est pas une miche de pain qu'elle souhaite acquérir mais un beau livre à la reliure rouge, comme ceux qu'elle voit entre les mains de certaines mère faisait la lecture à leurs enfants plus favorisés par la vie.

Cette oeuvre m'a beaucoup intéressée, montrant les multiples facettes du féminisme. Theroigne, l'amazone qui souhaite prendre les armes aux côtés des hommes et Olympe qui souhaite éveiller les consciences par l'écriture.

Et cette guillotine qui guette ses prochaines victimes avec avidité. C'est qu'Antoine Fouquier-Tinville lui permet de se repaitre régulièrement et en nombre, de tout traître à la République.

Bref, un bon moment de lecture même si j'ai été parfois surprise par cette plume, tantôt poétique, tantôt très crue et parfois même faisant des digressions relativement contemporaines. C'est sans doute la seule chose qui a pu me gêner par moment, cette différence de plume au sein d'un même roman.
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*Ce roman fait partie de la sélection Prix Rossel 2021*

🇫🇷 Il s'agit d'un roman historique qui nous plonge dans le Paris de l'année 1793. La guillotine trône, royale, au centre de la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Antoine Fouquier-Tinville fait des listes et se félicite de tous ces criminels envoyés sur l'échafaud. Vive la Révolution!

✊🏽 Au milieu de ce vacarme, on suit tour à tour Olympe de Gouges, autrice de la *Déclaration des droits de la femme*, Théroigne de Méricourt, l'amazone de la Révolution venue de Liège ainsi qu'une petite fille dont les cheveux changent de couleur selon son humeur. Ces trois personnages féminins vont finir par se croiser puis cavaler ensemble.

🗼 Loin de tomber dans l'essai politique, Béatrice Renard retranscrit l'atmosphère de ces années d'ébullition, les débats sur la place des femmes, les grandes déclarations de principe de personnages publiques tels que Danton et Marat, la place du "Peuple" avec un grand P sans oublier la misère des petites gens et l'insalubrité de Paris.

📑 La narration est parfois interrompue par l'auteur, qui tombe dans des comparaisons contemporaines ou des digressions - le dispositif littéraire est assez surprenant mais fonctionne malgré tout.

💫 Je me suis laissée entraîner dans cette folle échappée dans les rues du Paris révolutionnaire. Une vraie machine à remonter le temps!
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quelle horreur toutes ces demi mesures ! Aux femmes la liberté d’expression, mais point d’égalité politique. C’est ainsi que les hommes envisagent la participation des femmes à la révolution : à moitié ! Ils nous font des faveurs. Ils ajoutent de manière chaleureuse que les femmes patriotes sont là pour soutenir et encourager les hommes, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas envisageable qu’elles obtiennent le droit de vote ; hors de question ! Aux femmes la sphère privée, aux hommes la vie publique ! Voilà la destinée des femmes républicaines ! Quelle femme peut sans s’en contenter ? Quelle femme ? (...) Et l’incorruptible Robespierre (...) qui susurre à qui veut l’entendre (et ils veulent tous l’entendre !) qu’il y a d’autres problèmes plus importants à régler concernant la condition des femmes que la question du droit de vote. Il fait croire qu’il y a d’autres actions plus urgentes, comme secourir les femmes pauvres et éduquer les enfants… Mais qui définit ces priorités ? Qui ? Des hommes ! Pourquoi les femmes ne pourraient-elles concourir à la prise de décision concernant d’autres femmes en les représentant à l’Assemblée nationale ? Parce que c’est contraire à leur destinée naturelle, c’est ça ? (...)
Saletés ! Ils disent que notre place est dans notre foyer. Alors ils te demandent sur un ton mielleux : que se passerait-il si chaque femme délaissait son ménage pour aller se battre aux frontières ? Sans attendre ta réponse, ils te disent que la nature a créé femmes et hommes différents pour des rôles différents, il n’est donc pas question de tout bousculer. À chacun son devoir ! Quelle loi naturelle leur a donné le droit de dicter aux femmes des droits différents des leurs ? Pourtant quand j’ai assisté à la lecture de la déclaration des droits de l’homme, en 89, j’en ai pleuré de joie, tu sais, j’ai cru que le grand jour est enfin arrivé…
- Et bien non ! C’était une déclaration des droits de l’homme. Avec un minable petit « h » évidemment. Au final, il n’était pas question d’envisager les droits de la femme. (pp.199-201)
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Et autre chose survient ; autre chose qui parcourt à toute vitesse le chemin de ses veines ; c’est un enchantement ; cette autre chose, jaillissant soudainement des profondeurs de son être, explose en un geyser hors de sa gorge ; cette autre chose, c’est le rire. Un rire inouï, irrépressible, prodigieux. Olympe de Gouges, effondrée au sol, rit sans plus pouvoir s’arrêter. Les hommes en uniforme croient qu’elle se moque d´eux… Ils ont raison. Comme elle se moque ! Elle se paie la tête des deux bouffons au service de la tyrannie et de la sottise. Les imbéciles ! Son rire n’est que mépris. Un rire comme un barrissement. Un rire qui insupporte les tympans du plus grand des gendarmes, celui qui s’appelle Jean. Il la gifle. Elle rit toujours. Il la gifle une deuxième fois, plus fort. Elle rit encore. Alors l’homme l’achève par un coup de poing magistral sur la tempe. Sous le choc, Olympe s’est évanouie et entend son rire s’envoler dans les airs, sibyllin. Un rire libre, une balle en plein cœur d’un grand oiseau noir qui s´abat au sol l’instant suivant. » (pp.87-88)
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Trop ambitieuse peut-être, et même dépassée par ses ambitions, une femme qui savait à peine écrire et s'est persuadée de le faire quand même, car l'écrit est un instrument de pensée, pense-t-elle, l'écrit lui a permis d'ordonner ses idées, d'organiser toutes les fusées qu'elle avait dans la tête ; oui, elle les a écrites toutes les choses qui lui passaient par la tête ; en les écrivant elle les a rendues plus durables que la parole ; heureusement car elle parlait beaucoup aussi, beaucoup trop sans doute, elle leur dira à ses découvreurs, qu'elle avait été bavarde, très bavarde...
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Les mots pervers et les voix calomnieuses que je voulais oublier ne cessaient de danser dans mon esprit. Je voulais les faire taire, mais ma mémoire est sans pitié, elle me renvoyait sans cesse à ce qu’ils avaient dit de moi.
Tu sais, nous sommes faits ainsi, nous humains, pour être marqués à vie par une phrase assassine, un jugement de valeur malveillant. (p.172)
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Pourtant la petite ne le voit pas. Elle est toute entière dans son œuvre d’invisibilité, au ras du sol. Elle disparaît aux yeux des autres, elle fait partie du décor. Ne pas respirer, ne pas entendre son cœur battre. Être là, sans être là. Se diluer. N’être personne. Désexister.
Soudain, et tu ne t’y attends pas, une main se pose sur son épaule osseuse.
Elle sursaute, la petite. Elle n’aime pas qu’on la touche. C’est une preuve qu’elle existe. Elle ne veut pas exister. Elle ne doit pas. Elle n’existe pas. (p.34)
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