AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 23 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Lorsque l'empire soviétique s'est effondré en 1991, on a cru pouvoir s'en réjouir sans réserves, de notre petite lorgnette occidentale. On imaginait que les populations de l'est accéderaient à notre confort matériel et seraient plus libres. Mais l'indépendance nouvelle des Etats n'a pas toujours favorisé la liberté d'expression et le pluralisme culturel ; au contraire, elle a parfois renforcé le sentiment d'identité nationale et l'intolérance chez certains « de souche ». Et les guerres qui ont suivi, les prises de pouvoir 'sauvages', les montées des nationalismes ont provoqué de lourds dégâts dans plusieurs pays de l'ex Union Soviétique.

Béatrice Deru-Renard en donne un exemple saisissant à travers l'histoire de Regina et de sa famille. Les ancêtres arméniens de la jeune fille se sont installés en Ouzbékistan pour fuir le génocide turc de 1915, devenant ainsi russes. Cet exil vers l'est s'est révélé être un bien mauvais choix. Après la chute de l'URSS, les russes sont devenus indésirables à Samarcande dans les années 90, et vite harcelés par les extrémistes ouzbeks. Comment s'en sortir lorsqu'on est adolescent et que toutes les portes se referment soudain ?

Récit poignant et instructif - bravo aux romans jeunesse qui abordent de manière simple des épisodes sociopolitiques méconnus. Belle histoire d'amour familial et maternel, triste constat d'un chaos social et culturel.
Il est rare que je lise les remerciements d'un auteur en fin d'ouvrage. Ceux que formule Béatrice Deru-Renard en postface ici sont très beaux : hommage aux réfugiés, aux difficultés qu'il rencontrent, a fortiori s'ils sont arrivés clandestinement ; hommage aux exilés, à leurs souffrances, à leurs cicatrices, à leur courage pour se reconstruire et démarrer une nouvelle vie ; hommage à ceux qui les accueillent.

Eviter la quatrième de couverture trop bavarde. Même lorsqu'il ne s'agit pas d'un roman 'à suspense', je préfère découvrir les événements dans l'ordre choisi par l'auteur, au fil du récit.

■ pour info : « Depuis 1990, l'Ouzbékistan est gouverné par un président autoritaire, Islom Karimov. Tous les partis d'opposition (dont les plus influents sont Erk (Volonté) et Birlik (Unité)) sont interdits et le moindre courant dissident est réprimé. Les médias et tous les aspects de la vie sociale, politico-économique et même culturelle se trouvent sous une étroite tutelle et censure de l'appareil d'État. En 1999 et 2004, le pays subit les vagues d'attentats terroristes attribués aux islamistes radicaux. le 13 mai 2005, le gouvernement ouzbek réprime dans le sang une insurrection populaire dans la ville d'Andijan, ce massacre d'Andijan a fait des centaines de victimes. » (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouzb%C3%A9kistan ) ■
Commenter  J’apprécie          230
Regina vit en Ouzbékistan - république soviétique jusqu'en 1991. Sa famille est venue s'y installer au début du XXème siècle pour fuir le génocide arménien. Lors de l'éclatement de l'empire soviétique, les sentiments nationalistes sont exacerbés par ceux qui veulent prendre le pouvoir. L'Ouzbékistan passe de la dictature communiste à une autre dictature*. Ceux qui ne sont pas ouzbeks depuis plusieurs générations, comme Regina et ses proches, figurent parmi les premières victimes de cette politique.

A travers l'histoire de Regina, ce roman montre les conséquences pour certaines populations de l'effondrement d'un système politique, en Ouzbékistan en l'occurrence, un pays dont on parle peu en Occident.
Sans être banale, la destinée de Regina ressemble malheureusement à celle de nombreux réfugiés politiques, dans d'autres pays, à d'autres époques.

Ce livre, sélectionné parmi les « lectures pour collégiens » par le Ministère de l'Education, devrait aussi (surtout ?) intéresser les adultes.

* Islam Karimov, Président du pays depuis 1990, est d'ailleurs un ancien dirigeant du parti communiste
Commenter  J’apprécie          100
Magnifique livre. Bouleversant sans larmoiement. La construction du récit nous fait comprendre que la jeune Régina se retrouve seule et perdue en pays inconnu. le titre nous l'avait déjà indiqué. La tension est donc palpable dès les premiers mots. Qu'est ce qui l'a (a)menée sous cet arbre, loin de Samarcande?
Les personnages prennent du relief au fur et à mesure du récit et les séparations déchirent jusqu'à la terrible solitude finale. Roman de courage, de résilience, superbement écrit.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai bien aimé la construction de ce roman : Regina est donc abandonnée sur une place publique dans une ville étrangère, elle est seule et désemparée ; alors, des images lui reviennent, des images qui la ramènent vers des souvenirs de son enfance et de son adolescence. le récit alterne donc entre le présent et le passé, et le fil de l'histoire se déroule peu à peu, jusqu'à ce qu'on comprenne pourquoi Regina se retrouve là où elle est... L'histoire est dure, et permet de se plonger dans un pan de l'Histoire plutôt méconnu pour des Français comme nous, qui n'étudions pas précisément l'histoire des ex-pays soviétiques à l'école. On apprend donc qu'après l'éclatement de l'URSS, certains pays ont été victimes d'un nationalisme galopant, traitant avec cruauté les personnes d'origine étrangère. Mais ce roman est aussi l'histoire poignante d'une famille écrasée par des malheurs successifs, histoire dans laquelle Regina va jouer - ou pense avoir joué - un rôle tragique. C'est émouvant, et ça fait prendre conscience de tout le lourd passé que peut avoir vécu un réfugié. Les Remerciements de l'auteure à la fin de l'ouvrage donnent des scénarios possibles pour imaginer ce que les réfugiés "deviennent" une fois qu'ils sont adultes. Des pistes de réflexion à saisir, pour garder l'espoir et ne pas oublier.
Lien : http://surlestracesduchat.bl..
Commenter  J’apprécie          20
Régina a quatorze ans, seule contre un arbre dans une ville qu'elle ne connait pas elle se souvient.
Souvient de son enfance insouciante dans son village, jusqu'au déménagement à Samarcande, des jeux en famille, de son amitié pour Layla, de son amour pour Roustam son frère.
Elle revit chaque événement dramatique qui l'a conduit là, abandonnée, seule.
Car un pays qui se construit suite au démentèlement du bloc soviétique devient sauvagement patriotique.
Et quand, comme Régina on est arménien, déraciné de génération en génération, on est plus personne.

Ce texte est poignant, la vérité crue nous est révélé à travers la pudeur des yeux d'une adolescente qui a dû tout quitter parce que son père voulait son bien, voulait qu'elle devienne quelqu'un.
On vit avec elle la souffrance d'être différent dans un pays totalitaire, où on impose loi, religion et pratique de pensée.
C'est terrible, et un témoignage émouvant de ce que peux vivre une jeune réfugiée.
Commenter  J’apprécie          10
Un très beau récit sur l'intolérance et le racisme.
Après leur indépendance, les Ouzbeks s'en sont pris à leur anciens oppresseurs mais cela a vite dégénéré en lutte nationaliste et xénophobe.
Regina est une jeune fille courageuse qui lutte pour sa survie après que son monde ait volé en éclats.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (62) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature jeunesse

Comment s'appelle le héros créé par Neil Gailman ?

Somebody Owens
Dead Owens
Nobody Owens
Baby Owens

10 questions
1525 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeunesse , littérature jeunesse , enfantsCréer un quiz sur ce livre

{* *}