Nous voici au coeur des Combrailles, en Auvergne, dans un village qui vit au chant du coq et qui voit arriver ces dernières années ce que l'on appelle les néo-ruraux.
Les préjugés sont fortement ancrés des deux côtés et les discussions polémiques sur la place du marché vont bon train. Des inimitiés se déclarent sur la base de mesquineries des plus affligeantes. Bref, les villageois jouent au plus con.
Qui va gagner ? le lot est d'importance : un cercueil.
Je plaisante et pourtant le fil conducteur de ce roman est bien une série de meurtres, chaque fois annoncés par une missive anonyme déposée à la mairie : «
Demain je tue le plus con ». C'est la consternation, la peur, la terreur car à ce jeu, chaque villageois pense être le plus fort.
Le roman est construit sous forme de lettres que le narrateur adresse à un ancien copain de fac. Gaston écrit à Christophe et lui raconte son parcours, celui qui l'a mené des tours de la Défense à une ancienne ferme où il cultive et retape.
Le processus narratif est très intéressant, il permet à l'auteur de créer un climat de confidences et donne la sensation (et c'est bien la réalité) qu'il s'adresse directement au lecteur. Cela donne une ambiance « coin du feu » toute en cohérence avec les lieux qui offrent leur décor à ce polar.
C'est drôle, tendre, assez fin. Si quelques personnages sont caricaturaux, ils permettent de garder un ton léger et évitent au roman de basculer dans l'analyse austère d'un phénomène qui s'est amplifié avec le Covid. Les citadins débarquent à la campagne pensant tout révolutionner. Et c'est un retour à des valeurs oubliées qui les attend pour autant qu'ils ouvrent leur esprit à l'autre.
C'est donc un roman beaucoup moins terre à terre que pourraient le laisser supposer le titre et la couverture. C'est au contraire un polar plein humour et de tendresse avec lequel on passe un bon moment de détente et de réflexion.