Membre de la sympathique fratrie Épik des éditions Rouergue, ce tout petit roman, ou plutôt cette nouvelle, propose le récit court de Constance, adolescente française qui vit un amour monstrueux. Son père et sa mère forment le couple en apparence idéal , mais comme cela arrive bien plus souvent que l'on croit, derrière la façade se trouve un homme qui n'arrive pas à gérer sa colère et déplace ses insécurité et son sentiment d'échec sur ses plus proches personnes, à savoir sa femme et sa fille. Constance elle-même ne joue pas de la meilleure des réputations, passant pour une personne froide et snob, mais comment créer des liens avec les autres quand les siens sont si souffrants à vivre au quotidien? Voilà qu'au hasard d'une classe abandonnée, Constance se retrouve projetée en arrière, en 1989, alors que ses parents sont le jeune couple qui s'est formée il y a des décennies. Et si s'était l'occasion d'empêcher ce couple d'avoir leur fille?
Un amour souffrant est-il un amour tout-de-même? Que sommes nous prêt à croire pour survivre à cette violence? Peut-on vivre un amour-haine avec ses propres parents? La violence domestique est un enjeu complexe, car si on peut parvenir à dénoncer ses ennemis, quand est-il pour une personne qu'on aime réellement? Avec cette courte histoire, l'auteur nous invite à se questionner sur le sujet, de manière survolée. Les réponses sont souvent dans le passé, mais les solutions demandent plutôt une action présente. La question est de trouver le courage de poser ces actions.
J'apprécie aussi la présence de cette nuance entre le "meilleur parent" et le "monstre", parce que contrairement à la croyance populaire, un parent violent a aussi une part "aimante" et "normale". Cette d'ailleurs cette part qui convainc l'autre parent et ses enfants de lui "donner une chance", parce qu'"il ou elle n'est pas toujours comme ça" [ violent].
Enfin, le début de ce roman illustre bien la tendance des gens, incluant les ados, de juger les autres sur leur apparence ou leur statut. Quand on ignore le vécu des gens autours de nous, il est facile de tomber dans le jugement. Par contre, c'est ce même jugement qui peut causer l'isolement social et la détresse psychologique. Dans l'absolu, quand on ne sait point, on ne juge point.
**Aussi, il est bon de voir que personne ne mérite de vivre un "amour souffrant". Néanmoins, je mentionne une chose cruciale: Dans la violence domestique, il serait bon d'enfin commencer à parler des hommes, de leur difficultés à faire face à leur émotions , parce que des générations d'hommes n'ont pas apprit à le faire. En outre, la détresse émotive au masculin est encore mal comprise et encore considérée comme une faiblesse" par les sociétés occidentales. Il serait bon aussi de rappeler que la source de cette violence peut être prise en charge par des intervenants, mais que ces ressources sont sous-financées. Bref, s'il faut sensibiliser face à la violence domestique, il faudrait aussi penser à parler de ses sources.
Le français qu'emploie les personnages est très "français de France", avec de vieilles expressions que j'ai pu croiser dans le film "Retours vers le futur" ( tient, était-ce voulu?) avec "Tu veux ma photo?" ou "Banane". C'est une plume sans fioriture et directe.
À voir
Pour un lectorat adolescent, premier cycle secondaire, 12-15 ans+
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Je remercie les éditions du Rouergue et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce titre à travers une opération Masse Critique.
Ce texte très court met en avant les violences familiales. le contraste porte sur les apparences d'une famille parfaite qui a tout pour être heureuse mais un quotidien devenu infernal. J'ai aimé que ce sujet touche une famille plutôt aisée pour une fois, de manière à rappeler à chacun que des situations difficiles peuvent toucher tout le monde, personne n'est à l'abri d'un malheur.
L'auteur utilise un joli procédé fantastique pour inciter l'adolescente à prendre en main sa vie, à agir pour que cet enfer s'arrête.
C'est une très belle découverte pour moi, même si bien sûr il s'agit d'un sujet difficile. le format très court permet de ne pas enliser le lecteur dans un climat sombre trop longtemps tout en apportant un message clair : savoir dire STOP!
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Trouvé au rayon jeunesse, ce court livre est nécessaire pour libérer la parole des enfants victimes de violences.
La plume est belle, l'histoire est simple, si commune.
On y parle de l'engrenage de la violence silenciée et silencieuse, de l'origine de ces violences, mais surtout de la nécessité de parler pour s'en défaire.
Prendre conscience, aussi, que les enfants victimes sont nombreux.ses autour de nous, et ne sont pas forcément ceux que l'on imagine.
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Excessivement court, plongeant immédiatement dans l’action, le roman ne s’embarrasse pas du « pourquoi ». Ou plutôt, il le balaye durant l’épisode de Constance dans le passé. En situation de maltraitance, il est vain de comprendre, il faut agir pour sauver sa vie… Un petit rien très marquant.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Si j’existe encore, ce n'est, en tout cas, plus ici et pas maintenant.
Je suis cependant une voix qui refuse de s'éteindre, une voix qui veut raconter, encore, même si ma conscience se résume à peu de chose. Elle est pareille à la lumière de la bougie que l'on vient tout juste de souffler. Vous savez, cette minuscule incandescence qui continue de luire quelques secondes sur la mèche, avant que tout ne s'éteigne et que l'obscurité, la nuit et le vide ne gagnent la partie ?
Il faut raconter tant qu'il est encore temps. Il faut raconter, malgré la honte, malgré la peur, malgré l'amour que l'on porte, quand même, pour les monstres. Parce que les monstres n'ont pas toujours été des monstres. Ils le sont devenus. Parfois, eux-mêmes ont été enfantés par d'autres monstres.
Sauf que, excusez-moi Monsieur le juge, mais personnellement, je reste persuadée que l'amour n'a pas à être accusé de quoi que ce soit. C'est trop facile. L'amour est innocent. L'amour est amour et il ne peut en aucun cas être pris en otage dans cette affaire.
Alors ? Qui est le vrai coupable ?
Et ce silence, je le sens bien, est en train de nous détruire toutes les deux.
Par le Rouergue jeunesse
Avec Olivier Pillé, éditeur romans jeunesse
Durée : 45 min
En 2014, les éditions du Rouergue jeunesse lancent une nouvelle collection de romans, spécialisée dans les littératures de l'imaginaire, pour les adolescents et jeunes adultes : épik. Quelques grands noms de littérature ados y ont trouvé place : Marine Carteron, Benjamin Desmares, Guillaume Guéraud, Stéphane Servant… Coulisses d'une collection et projets de demain.