Ce roman autobiographique a reçu le Somerset Maugham Award from the Society of Authors en 1999 (prix anglais).
En quatrième page de couverture, l'éditeur cite le New York Times Book Review : « Ces mémoires de violence, de maltraitance, de racisme et de pauvreté sont fascinantes et poétiques. » Personnellement je n'y trouve rien de fascinant ou de poétique... j'étais déjà en larmes à la fin du premier chapitre. C'est très bien écrit mais il faut s'accrocher.
J'ai eu beaucoup de mal à prendre du recul. Mon fils avait le même âge que la petite Andy quand il a perdu son père (il y a 5 ans) et sans juger, certains choix de cette veuve, cette maman m'ont fait dresser les cheveux sur la tête. La violence mise de côté, j'ai été choquée (par exemple) qu'elle laisse le beau-père les adopter et les dépouiller de leur patronyme légitime. D'autant plus qu'il avait déjà montré son vrai visage avant le mariage.
C'était une sensation très bizarre se s'identifier à la fois à Lorraine (la maman) et Andy. Certaines scènes m'étaient assez familières (échos de mon enfance ou de ma (feue) vie de couple). Tout cela, c'est loin derrière... mais la lecture de ces passages était assez perturbante.
« Peut-on jamais guérir des blessures de l'enfance et de l'adolescence ? »
« Comment échapper à l'asphyxie, à la peur devant un avenir paralysant ? »
Un parcours de vie...
Challenge multi-défis 2017 (15)
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Comme ma mère avait refusé d'acheter du papier kraft, j'avais couvert mes livres avec des photos arrachées à My Guy : des gars chevelus, moulés dans leur pantalon, un halo rouquin autour des yeux. Pour expliquer la chose, il m'aurait fallu avouer que, pour ma mère, les conserves de haricots et les cigarettes passaient en priorité. Mes jambes tremblaient sous l'élastique de mes chaussettes.
C'était donc "ça" dont parlait Judy Blume, quand Deenie se caressait dans son bain pour se remonter le moral : j'avais passé tant d'heures à me caresser l'intérieur des coudes, à me masser entre les orteils et à me chatouiller les oreilles pour le trouver le "lieu du plaisir".
- Tu n'es qu'un cossard! avait-elle lancé à notre beau-père.
Pour se retrouver dans ce trou suffocant, elle avait sacrifié sa bonne vieille Princesse bleue et le pavillon pour lequel notre vrai père s'était échiné jusqu'à son dernier jour. La maison, la voiture, les meubles, et tout le tremblement! - oui, tout ça n'avait pas été ramené à une poignée de billets verts crasseux pour que lui les empoche et aille s'en coller plein le gosier. Nos vies allaient à vau-l'eau, bon Dieu, et lui passait toute la sainte journée à lézarder sur son gros cul.
On me remit un livre relié de cuir vert, avec un titre en lettres d'or : Le Jardin Secret. Entre mes mains, il semblait lourd et passionnant. Mais je ne m'imaginais pas en train de le lire puisqu'il n'était pas d'Enid Blyton.
Un poème était une boite où enfermer son âme. On pouvait y cacher des morceaux de soi ou s’y dépouiller de ses sentiments les plus noirs sans s’inquiéter de ce que penseraient les gens. Quand j’écrivais, je m’oubliais moi-même et j’oubliais les autres. La poésie me faisait appartenir au monde du beau, du noble, à quelque chose qui me dépassait.