Aujourd'hui je vais évoquer
Zanzibar premier roman d'
Altaïr Despres. L'auteur connait bien la région pour y avoir conduit des recherches anthropologiques. Son roman (au titre paresseux) est inspiré de ce qu'elle a vu sur place et son histoire est très descriptive de la réalité sociale.
Zanzibar est un bref roman qui pêche par sa volonté didactique ; plus que de la littérature romanesque ou fictionnelle, le texte s'apparente à une accumulation de poncifs (vrais) sans véritable attachement pour les protagonistes dont les principales sont les femmes dont les portraits sans aspérité sont proposés. Ce roman à thèse (la poursuite de la domination économique du nord sur le sud avec une inversion fréquente de la domination sexuelle entre les hommes et les femmes) se déroule donc dans cette merveilleuse île de l'océan Indien dotée de plages paradisiaques. Mais
Altaïr Despres s'efforce de montrer l'envers du décor de rêve en racontant plusieurs histoires entremêlées qui ont souvent des points communs : la solitude de femmes qui se laissent séduire par de jeunes hommes locaux. Ce lieu touristique attire en effet de nombreuses occidentales seules qui pour certaines tombent amoureuses rapidement et s'installent dans l'île sur un coup de tête. Elles deviennent des investisseuses et contribuent à faire fonctionner l'économie locale. Il faut préciser que
Zanzibar est une terre musulmane et que la religion tolère mal la dépravation et les moeurs libérées. le début du roman raconte une full moon party au Kilima Dreams. de ce lieu le narrateur précise : « comme la plupart des autres hôtels du village, Kilima Dreams donnait directement sur l'une des plus belles plages de l'île. Mais contrairement aux établissements voisins, la parcelle de terre sur laquelle il s'était progressivement étendu au fil des années formait une petite butte plongeant dans l'océan. Par conséquent, toutes les chambres sans exception surplombaient la mer. Vu du large, Kilima Dreams semblait trôner sur
Zanzibar. » La fête est l'occasion de croiser les propriétaires (un ex couple mixte qui continue à travailler ensemble) et les nombreux invités en plus des clients en villégiature. Sous les lumières des lasers et la musique des DJ les corps dansent au coeur de la nuit. Force est de constater que : «
Zanzibar avait la particularité (contrairement à d'autres régions touristiques d'Afrique) d'être une destination très convoitée par les jeunes Européennes et Américaines. » L'auteur poursuit en indiquant : «
Zanzibar, les beach boys étaient une véritable institution. Il y en avait de toutes les sortes. Au sens strict, l'expression « beach boys » désignait un ensemble hétérogène de garçons qui travaillaient sur la plage. le plus souvent, ils y abordaient les touristes pour leur vendre des fruits, des souvenirs, des paréos, ou, plus rarement, de la drogue. » le scénario est souvent le même : après la séduction et l'amour place à la désillusion et au constat de la naïveté. Les beach boys sont rarement célibataires, ils peuvent avoir une famille voire déjà des enfants avec une étrangère. Car il faut comprendre que le développement du tourisme de masse a eu des conséquences : « autant la vie sexuelle et affective des jeunes filles
zanzibaries ne s'en trouva pas bouleversée, autant celle des garçons connut une révolution majeure. Pour ceux qui avaient la tchatche, c'en fut fini de la disette. » le langage du roman est souvent cash et trash, l'auteur a un style direct et n'utilise pas de métaphores ou d'euphémismes pour décrire les rencontres et les situations.
Zanzibar fait le constat amer que Helle, Mathilde, Doria ou Inès ne sont pas certaines d'être épanouies dans leurs relations parfois factices (sans être tarifées, pour cela il y a les prostituées tanzaniennes) avec Dolce et les autres garçons. Ce roman est intéressant mais inabouti, il constitue néanmoins un avertissement sur la réalité
zanzibarie contemporaine.
Voilà, je vous ai donc parlé de
Zanzibar d'
Altaïr Despres paru aux éditions Julliard.
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