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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 2020, Jean-Sébastien Bordas (scénario, dessins et couleurs) et Jean-Christophe Deveney (scénario) se sont associés pour présenter leur vision d'un chef-d'oeuvre qui commémorait une tragédie, c'est là le début de leurs Naufragés de la Méduse, paru chez Casterman.

À la poursuite de Géricault
Théodore Géricault est un jeune bourgeois du début du XIXe siècle ; son statut lui permet de vivre aisément et de se consacrer à sa passion, la peinture. Cela marche relativement bien, mais il recherche activement le sujet de son prochain tableau, au point de délaisser sa famille. Il s'intéresse de près à un événement marin qui a eu lieu un peu plus d'un an auparavant, l'échouage de la frégate La Méduse. Cela a donné lieu à un procès par la suite, à quelques règlements de comptes au sein des ministères concernés et Géricault remonte peu à peu la piste pour comprendre ce qu'il s'est passé afin de comparer le fil de cet événement avec les informations connues du grand public. Il recueille le témoignage de deux survivants de cet échouage et sent qu'il tient là de quoi faire un tableau à la fois épique dans son sujet et dantesque dans sa conception. C'est aussi l'occasion de voir surgir de nouvelles oppositions entre les royalistes et les bonapartistes qui se disputent les lieux de pouvoir en ce début de Restauration.

À la recherche de la Méduse
Ce premier récit sur Théodore Géricault est ainsi entrecroisé avec le récit le plus historique possible du dernier voyage de la frégate nommée La Méduse. C'est un navire lancé en 1810, qui a servi a quelques missions ponctuelles vers l'Indonésie et les Antilles. En 1816, elle sert à organiser une mission de colonisation (des fonctionnaires et des militaires, avec quelques familles) en direction du Sénégal. L'expédition en cortège est dirigée depuis la Méduse par le commandant Duroy de Chaumareys, vieux noble royaliste mais sans expérience maritime récente et en conflit constant avec ses lieutenants. Jour après jour, la tension monte dans cette expédition et ce qui devait arriver arriva, la Méduse, séparée du reste du convoi, s'échoue au large du Sénégal sur un simple banc de sable, dont la dangerosité était pourtant connue, le banc d'Arguin aujourd'hui en Mauritanie. Les conflits reprennent de plus belle, l'alcool est consommé à la va-vite, les conditions sont dantesques. le drame se noue avec la constitution d'un convoi de chaloupes trop petit pour accueillir tout l'équipage (et le reste du cortège n'a pas été attendu donc ne peut pas les secourir). le commandant passe dans les premières chaloupes, mais certains restent sur l'épave et beaucoup doivent construire un radeau qui est bien vite séparer du reste des chaloupes : là, les auteurs prennent le parti de donner une raison claire au « largage » du radeau. Et le dernier acte est forcément le devenir de ce radeau qui inspira Théodore Géricault : manque d'eau, de vivres (ils n'ont que des barriques de vins et quelques poissons volants qui passent), dérive pendant des jours et des jours, mutineries, combats et même faits de cannibalisme, etc. Seules 15 personnes seront secourues… Cela fait écho à bien d'autres épisodes dramatiques de la mer comme Les esclaves oubliés de Tromelin.

Construction d'un chef-d'oeuvre
Pour cette mise en abîme du récit graphique de l'élaboration d'un chef-d'oeuvre graphique (Le Radeau de la Méduse s'appelle originellement Scène d'un naufrage et est désormais visible au musée du Louvre), les deux auteurs ont donc choisi un petit côté « enquête » de la part du peintre. Lui-même a un intérêt, si ce n'est financier, au moins du point de vue de sa réputation : c'est là l'occasion de paraître dans cette société très conservatrice de la Restauration comme un artiste d'avant-garde. La mise en parallèle des deux récits se fait beaucoup par la psyché du peintre : un brin romantique parfois, acharné sur la quête du détail souvent (les anecdotes sur l'usage de membres humains en décomposition sont toujours véridiques), il s'enferme de plus en plus sur son sujet au détriment du reste de sa vie. Tout cela pour dire que les détails historiques fourmillent et on sent particulièrement combien les auteurs ont fouillé dans les archives de cet événement pour tout remettre à plat. Cela ne donne pas lieu à une composition graphique particulière de la part de Jean-Sébastien Bordas : nous avons ici un gaufrier relativement classique, avec des décors d'arrière-plan sûrement trop peu développés en raison du grand nombre de planches (167 !).La multiplication des cases donne un rythme soutenu à l'ensemble, ce qui contraint à multiplier le dessin de certains personnages mais permet parfois de se passer de certains dialogues qui n'auraient pas apporté grand-chose.

Les Naufragés de la Méduse est donc un roman graphique particulièrement intéressant, riche en informations historiques, par un duo d'auteurs que je ne connaissais pas encore

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J'ai beaucoup aimé cette B.D. qui nous permet de découvrir l'histoire des naufragés de la Méduse, tout en suivant en parallèle le cheminement qui permettra à Géricault de peindre le célébrissime tableau le Radeau de la Méduse quelques années après les événements.

Le déroulement des faits correspond bien aux souvenirs que je gardais du reportage "La véritable histoire du radeau de la Méduse" que j'ai vu il n'y a pas très longtemps et qui est évoqué dans les annexes. On comprend très vite que l'échouage de Méduse aurait pu être évité et que beaucoup de mauvaises décisions ont été prises pour de mauvaises raisons (orgueil, convictions politiques, opposition de classes sociales...) avec les terribles conséquences qu'elles ont eues (morts dans des conditions atroces, cannibalisme...).

En plus des recherches de Géricault pour la conception de son tableau (rencontre avec les survivants pour essayer de comprendre ce qui est arrivé, visite d'hôpitaux pour s'entraîner à représenter mourants et morts, etc), la B.D. évoque la société de l'époque où l'on retrouve les mêmes factions que sur la Méduse ainsi que la vie personnelle du peintre, notamment ses amours malheureuses avec Alexandrine, l'épouse de son oncle. J'ai apprécié d'avoir l'occasion d'en apprendre plus sur ce peintre dont je savais finalement peu de choses.

Les dessins aussi m'ont beaucoup plu. J'ai presque été surprise que, malgré une certaine douceur dans les traits et les couleurs, les dessins restituent finalement si bien la violence de ce qui se passe sur le radeau aussi bien que des émotions du peintre en proie à la passion ou au désespoir.
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En 1816, après la défaite de Napoléon, les royalistes reviennent au pouvoir. La méduse, frégate commandée par un noble incompétent chavire. 170 survivants s'installent sur un radeau de fortune mais deux semaines plus tard, seuls 17 survivants sont retrouvés. Deux ans après, Théodore Géricault s'empare du sujet et veut peindre la tragédie. Jean-Christophe Deveney et Jean-Sébastien Bordas signent un très beau roman graphique, dessinant en parallèle, l'histoire du naufrage et les recherches du peintre. Les dessins sont superbes et le sujet intéressant !
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Les premières pages nécessitent un petit temps d'adaptation, , pour repérer les différents personnages et leurs noms, et de faire le lien entre le temps de narration où Théodore Géricault décide de peindre un tableau qui rend compte de la souffrance des naufragés de la Méduse sur leur radeau à la dérive, et les flash-backs qui détaillent l'embarquement à l'île d'Aix, les mauvaises décisions de commandement, le naufrage, la lâcheté des privilégiés qui abandonnent des centaines de soldats et marins à leur sort.
Une BD historique documenté à lire pour comprendre le contexte dans lequel Théodore Géricault créé ce tableau aux très grandes dimensions aujourd'hui exposé au Louvre.
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Un sujet intéressant, des dessins plaisants, ça me suffit pour emprunter "Les naufragés de la Méduse".
Un bel ouvrage.
Une mise en couleurs qui soutient les récits, dans deux gammes de tons différents. En effet, on suit deux histoires : celle du bateau et de son aventure, et celle du travail de préparation de Géricault pour la réalisation de son oeuvre.
Je me suis un peu perdue au début, avec tous les personnages , mais je me suis laissé entraîner et l'ai lu d'une traite.
Très plaisant, très instructif.
A lire si l'on est curieux de découvertes...
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Ce beau récit graphique nous conte le combat de Théodore Géricault -- combat en partie contre lui-même -- pour restituer dans son célèbre tableau la tragédie du radeau de la Méduse. Il nous permet donc au passage d'apprendre ou de revoir ce que furent les circonstances de ce naufrage, qui fut avant tout celui du bon sens et de la raison, sacrifiés sur l'autel de la suffisance et de l'incompétence.

Une excellente lecture, portée par un dessin clair et précis et des couleurs nuancées bien adaptées au propos.
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Je connaissais le tableau le radeau de la Méduse, du coup, j'avais très envie de découvrir cette bande dessinée lorsque j'ai eu l'opportunité de le faire.

Cette BD est franchement excellente, tant dans la partie écrite que dans les dessins que j'ai trouvé simplement superbe. Vous avez la possibilité de voir quelques pages directement sur le site des éditions Casterman (ICI). La couverture reflète à merveille ce que nous trouvons en ouvrant et en parcourant les pages. Pareil pour les tons utilisés, certains me font penser à des peintures faites à l'aquarelle, bref, j'adore !

Cela m'arrive rarement avec une bande dessinée, mais j'avais l'impression de moi-même me trouver sur le bateau, de vivre tout en temps réel, de voir avec mes propres yeux cette source d'inspiration qui en a fait un tableau célèbre. Je ne découvrais pas son histoire, mais je la vivais, et franchement les émotions étaient assez intenses. Comme je le dis, cela m'arrive rarement avec une BD, je tenais donc à le signaler, en général, un tel niveau d'intensité, eh bien je le retrouve dans les romans.

Je diviserais cette BD en deux parties. Premièrement, le fameux naufrage, deuxièmement, eh bien la partie où le peintre mène son enquête et en réalise un tableau fabuleux. Mais ce que j'ai aimé, c'est que l'intensité ne s'arrête pas lorsque nous passons d'une partie à l'autre, elle reste tout aussi intense et captivante.

Cette BD se laisse savourer tel un bonbon acidulé, vous savez, ceux avec lesquels nous faisons une drôle de tête les premières secondes, ensuite vient le goût sucré attendu, mais ils sont tellement bons que l'on ne peut s'empêcher d'en reprendre un dès qu'il est terminé, uniquement pour retrouver cette sensation acidulée et sucrée par la suite. Je trouve que cela représente plutôt bien ce que m'a procuré ma lecture.

A se procurer, à lire, à savourer, et à recommencer.
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Le Radeau de la Méduse est un superbe tableau, c'est aussi une histoire. 
Cet ouvrage permet de connaitre l'histoire du bateau La Méduse, de son naufrage, l'histoire de ce tableau, de la vie de l'auteur et du monde artistique au début du 19ᵉ siècle.
Le dessin et les couleurs servent bien l'histoire de ce récit.
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Une magnifique BD évoquant en deux récits parallèles le naufrage de la Méduse, frégate destinée à coloniser le Sénégal qui sombre dans d'atroces conditions et le tableau du radeau de la méduse qu'a peint Géricault en se documentant sur ce naufrage survenant un an plus tôt. Utilisant des journaux de bords, témoignages de survivants ou archives de procès, le peintre va tenter de s'approprier corps et âme l'événement pour faire sa toile. On imagine également entre les lignes, la recherche des scénaristes et illustrateur qui fut la même que le peintre. C'est l'histoire d'un homme qui se dévoile également, comme une biographie qui peut à peu vient se mélanger au naufrage pour ne faire plus qu'un récit. Extrêmement documentée, poignante et intelligemment construite, cette histoire nous happe par ses tons délicats, tantôt sombres et éclairés des dessins à l'aquarelle. Passionnante également par ce qu'elle apporte à L Histoire et à la vie d'un homme. Un magnifique hommage à une toile d'exception.
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Une belle BD historique qui raconte, et le naufrage de la Méduse, et la création du célèbre tableau du même nom.
Instructif sur la période, le début du XIXe siècle, sur l'homme dans des situations extrêmes, sur la création de cet immense tableau, sur la vie tourmentée de Géricault.
Code couleurs selon que l'on soit sur le radeau ou au sec, à terre, avec le peintre.
Couleurs douces, pastels.
Un bon moment.
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