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3,85

sur 266 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Elle est enceinte depuis peu, et « auprès de [ses] camarades féministes, éprouve un vague sentiment de culpabilité » :
« N'ai-je pas trahi le camp des femmes libres ? Comme si sous un dehors émancipé je rêvais en secret à un petit bonheur conformiste, des papotages devant l'école, un four pyrolyse, un gentil mari. »

Le reste est à l'avenant : comme beaucoup d'entre nous, la narratrice est tiraillée entre les joies de la maternité et les doutes liés au fait de 'se reproduire' - mauvaise conscience de se laisser diriger par ses hormones, son instinct animal, impression d'obéir à une pression sociale...

Grâce à sa plume alerte, cynique et pleine d'auto-dérision, l'auteur nous dévoile la palette des sentiments et états qui assaillent les femmes enceintes et les 'jeunes' mamans : félicité, amour infini, émerveillement, magie, incrédulité, peur de ne pas savoir faire ou de mal faire, corvées, fatigue, aliénation, ras-le-bol, sensation d'étouffement, agacement face aux conseils des autres... le tout mêlé et répété indéfiniment.

J'ai dévoré cette centaine de pages d'une traite, et avec délice.
Brouillon et vite découragée, comme la narratrice, j'aime beaucoup cette franchise, ce type de questionnement et d'aveu de faiblesse sans posture ni fausse modestie.

Voilà le genre de livre intelligent et drôle qui vous replonge dans vos mois/années de grossesse et de pouponnage, à tel point que vous rêvez de ventre rond et de bébé la nuit suivante...

A compléter avec le point de vue d'un père sur ces mêmes moments : 'In Utero' de Julien Blanc Gras.
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86 pages de pur bonheur !!La Femme brouillon est un sacré cahier du jour ! et des plus beaux !
On est bien au coeur de ce livre, en position foetus ou en femme émancipée. On reste dans les plis de la Femme brouillon bien après la fin de la lecture. Dans un style magnifié, aérien, solaire, limpide, ce récit s'écoule en rythme maternant. Un peu d' Ernaux, de Duras, l'écriture d'Amandine Dhée est une grâce majeure et brillante. La Femme brouillon est authentique, sincère, courageuse et elle s'éloigne à vue d'oeil du bien -pensant sociétal. On a envie d'étreindre les lignes, de faire fusion avec les mots qui s'ouvrent sur cette liberté de pensées, d'actions et de convictions grâce à la ténacité de l'auteur, à son courage et à son esprit de Diogène. La Femme brouillon est de loin celle qui a compris bien avant l'heure comment détourner ce faux-semblant conformiste. Ce livre est capital. Il devrait se trouver dans chaque maternité, sur chaque coin d'oreiller masculin et plus. « Mais pour le bébé j'ai choisi un père de compétition. Pas un père qu'il faut mériter, mais un à portée de main. Et surtout qui tienne la route au cas où je dérape. » Offert aux familles pour donner à voir, pour éveiller à cette vérité cruciale qui se ploie sous les diktats sociétaux. »Est-ce que le bonheur est une déclaration d'intention ? » Ce petit bijou en compétition pour le « Prix Hors Concours » 2017 est frais comme le linge enfantin qui claque au vent des lumières les plus tendres et compréhensives. Ce récit est une soupape de sécurité, une délivrance et une réjouissance culturelle. Ces lignes éblouissantes sont éducatives, ludiques, féministes et émancipatrices, maîtrisées à l'extrême. Ce livre est une dragée qui fond dans la bouche. Il fait un bien fou et ose rajouter le mot qui va avec l'idée. Il bouscule les aprioris et rend la magie de la maternité dans une ancestrale beauté des plus sincères. La Femme brouillon est éperdument belle dans ses convictions. C'est une émotion qui joue à la corde à sauter et se risque au danger d'un jugement. Edité par les Editions La Contre-Allée, collection « La Sentinelle » cet incontournable récit est dans la cour des Grands, et c'est tant-mieux !!!!J'ai plus qu'une envie, rencontrer Amandine Dhée et lui dire que je vais offrir ce livre en cadeau de naissance et à chacun (e) de mes huit lumières !!

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Ce tout petit livre d'Amandine Dhée, que je ne connaissais que de nom, est d'abord d'une très grande qualité littéraire, chaque mot est à sa place et tout sonne juste, avec même parfois une certaine poésie dans les sonorités. La lecture est très fluide et le texte amène à réfléchir tout naturellement.

L'auteure livre ici les pensées qui l'ont accompagnée de la découverte de sa grossesse aux premiers mois de vie de son petit garçon, marqués par l'amour de ce petit être mais aussi par la nécessité de se retrouver en tant qu'individu.

La narration, en apparence déstructurée, est en réalité parfaitement menée et, arrivée à la conclusion, j'ai eu le sentiment d'un texte accompli et d'avoir fait un tour raisonnable de la question.

Le ton est infiniment juste et humain, résolument en décalage vis à vis de certains stéréotypes et injonctions que la société si bienveillante impose aux mères. Cette maternité enjolivée par le discours dominant est analysée avec un humour acéré et un recul salutaire.

Amandine Dhée est militante, féministe entre autres, et cela se sent dans cet essai qui n'est en réalité basé que sur du bon sens, mais c'est à mes yeux un texte qui fait un bien fou.

Je suis ravie de ma lecture et de découvrir une auteure moderne et passionnante...
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Elle brouillonne et elle bouillonne, cette femme brouillon dont on devine qu'elle reflète les embrouillaminis de l'auteur. Et lorsqu'elle attend un enfant, tout s'embrouille davantage, surtout qu'en l'occurrence personne n'a droit à un brouillon qui servirait en quelque sorte d'essai avant de se lancer dans la maternité. Maternité... voilà un mot qui résonne drôlement dans ce livre-chronique dont le personnel, l'intimité même, s'élargit vers l'universel. Etat, lieu, statut, choix, option de vie, projet, tous les sens du mot sont fouillés par le biais des questions, des situations et des variations parfois violentes, parfois imperceptibles qu'il apporte dans une existence de femme lorsque du signifié-signifiant il passe au référent. Femme... voilà l'autre mot qui balance et contrebalance et vient embrouiller et définir le premier. Etre femme - Etre mère. Comment ça se goupille tout ça quand on a soi-même des références défaillantes quant à la "chose maternelle" et quand on est soi-même une féministe ardente ? Femme ou mère ? Femme et mère ? Femme à mère ? Femme amère ? Les combinaisons ne manquent pas et les jeux de mots n'y changent rien : chacune doit débroussailler son propre chemin au fur et à mesure, sans attendre qu'il soit tracé à l'avance. Si ce n'est guère rassurant, c'est en tout cas extrêmement stimulant et inspirant que de savoir que nos routes et nos choix nous appartiennent et à nous seules ! Femme parfaite mère épanouie mère parfaite femme épanouie ? Et le sentiment de culpabilité on en fait quoi quand on sait que bébé est chez une autre qui s'en occupe et quand on aime profiter de ce temps loin de lui ? Et la honte on en fait quoi quand les autres mères (les parfaites pas brouillon) affichent leur dextérité à donner le sein, le biberon, les couches, comme si elles avaient passé leur vie à faire ça, à s'y préparer, à s'y entraîner ? Et l'envie d'écrire, de créer on en fait quoi ? Et l'amour ? Et le sexe ? Et le couple ? On fait quoi de tout ça qui d'un coup ne semble plus aussi évident qu'avant, comme si d'invisibles liens empêchaient d'être à nouveau uniquement soi.

Avec sa manière unique de rendre compte de la réalité par une écriture percutante, Amandine Dhée exprime tous ces doutes, toutes ces interrogations et ces pensées (parfois inavouables) qui traversent l'esprit, qui s'y attardent, dès que le test de grossesse est positif. Derrière le point de vue plein d'humour de la narratrice, on discerne le gouffre des incertitudes et d'une véritable angoisse. L'angoisse de ne pas savoir être mère et de ne plus pouvoir être femme.

Elle tranche dans le vif, Amandine Dhée, avec cette "Femme brouillon" qui incise juste là où ça pourrait s'infecter de renoncements et de compromis, voire de compromissions. Elle taille hardiment dans les codes et conventions pour leur donner des habits qui me plaisent bien, qui me vont mieux que ceux des discours habituels. Oui ce récit-là, raconté avec des mots de cette force-là, va m'accompagner un bon bout de chemin !
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Un petit livre subversif avec un humour acide qui pique la langue tant il est teinté de vérité qui fait mal. Sur le statut de la femme, sur ce que l'on attend d'elle en tant que femme, en tant que mère.
Et la narratrice qui ose dire tout haut ce que chacune peut un jour penser tout bas sans forcément oser envoyer balader les attendus d'une société avec laquelle la femme doit "concilier" sans cesse. En s'oubliant, en oubliant qui elle est réellement.
Merci à l'autrice pour ce très beau plaidoyer pour une vie de femme décomplexée du carcan que l'on voudrait lui imposer. On rit, jaune, mais on rit. Les choses évoluent, espérons qu'un jour l'esquisse de la femme brouillon sera portée en chef d'oeuvre.
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Je me suis approchée de ce court texte d'une main un peu tremblante.
Je me demandais, vu mon rapport très douloureux et complexe à la maternité, comment j'allais appréhender et ressentir ce livre.
Et au final, moi aussi, vous m'avez conquise, chère Amandine. Parce que malgré cette différence, tant de choses ont fait écho en moi également.
L'autrice envoie valser, bouscule les préjugés, les codes, les cases.
Elle n'a pas peur de dire quand elle a mal, quand elle va mal, quand elle a mal à sa mère.
Avec intelligence et virtuosité, elle dissout les clichés, se livre, expose ce besoin capital de se réapproprier sa vie et son corps.
Elle refuse de laisser la société peser de tout son poids sur ses épaules.
Elle dit merde à la mère parfaite, elle, la femme brouillon.
Elle la femme, l'amoureuse, la fille, la mère, la féministe, l'écrivaine.
J'ai l'intense certitude qu'elle a écrit là ce que tant de femmes ressentent.
Et ont besoin de lire un jour ou l'autre. Voire chaque jour.
Un essentiel !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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Court texte qui reprend de nombreux clichés sur le rôle de la femme devrait avoir de la société. L'autrice relève tous les paradoxes que vivent et ressentent les femmes dans une société qui se veut égalitaire mais qui est encore loin de l'être. L'autrice met aussi une certaine poésie dans ce texte qui devrait être lu par les hommes aussi. Etre mère actuellement est loin d'être simple mais le rôle du père ne l'est pas moins. Mais ce texte relate bien des facettes qui doivent encore être travaillées au sein de notre société.
Merci à l'autrice pour ce texte vivant.
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Armée d'une plume efficace et sans lourdeur, Amandine Dhée décrit son expérience de la maternité confrontée à ses convictions féministes, sa tentative de réconciliation de la femme, de la mère, de la fille et de la féministe qu'elle est.
Lien : https://chezlaurette.wixsite..
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Entre bonheurs et inquiétudes, "Le père du bébé aurait fait une bien meilleure mère. Son instinct de sacrifice est plus développé, et c'est toujours lui qui fait les crêpes.", mais toujours avec beaucoup d'humour et d'énergie, la narratrice nous raconte les étapes obligées de sa grossesse, de l'annonce à une conclusion qui évoque très joliment la transmission.
Celle qui se définit successivement ou simultanément comme "la gosse qui n'a pas les mots, l'ado blessée, la femme-lézard, la féministe, l'écrivaine et la demi-mère", une femme brouillon donc, dont on devine que le rapport à sa propre mère est plutôt douloureux, pose des mots très justes sur cette grossesse.
Si elle souligne l'attendrissement de certains devant son gros ventre, elle n'en oublie pas néanmoins que, bizarrement, ce dernier semble devenir invisible dans les files d'attente ou les transports en commun...Avec lucidité, elle décrit ses propres contradictions de féministe et de mère en devenir, tiraillée entre le fait qu'on veuille la limiter à ce rôle et l'acceptation de ce rôle, trop normatif à son goût.
Ne perdant jamais son regard critique, dénichant la violence sous la guimauve, la narratrice s'en tire haut la main, ne reniant jamais son aspect revendiqué de Femme brouillon, bien loin des mères parfaites qui nous sont imposées comme modèles.
Un livre qui pose un regard décapant, drôle et intelligent sur la grossesse, voilà qui ne se refuse pas, quel que soit son âge !
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Je suis une femme, et en tant que telle, j'ai la possibilité de donner la vie. Je dis bien la possibilité, et non l'obligation ou le devoir.

Par son ironie, Amandine Dhée m'a fait rire, et grincer des dents aussi.
Beaucoup de thèmes sont abordés dans cet ouvrage somme toute assez court.
Nombre de choses sont tues. "Il y a des choses dont on ne parle pas". Amandine Dhée a décidé qu'il n'y avait pas de raison d'enjoliver la grossesse et la maternité, qu'il valait mieux tirer sur les tabous qui planent au-dessus de nos têtes. PAN ! Elle dénonce en toute simplicité, et sans langue de bois : les doutes et les peurs d'une (future) mère, la réalité de l'accouchement, la place de l'homme et de la femme dans notre société, les stéréotypes de genres... Y'a de quoi décomplexer n'importe quelle femme ! Pschiiiit ! le ballon s'est dégonflé. On relâche la pression. Ça fait du bien.

C'est un livre que je conseille à tous. Homme ou femme. Il se lit très vite, et permet d'avoir (je pense) une véritable vision de ce qu'il peut se passer dans la tête d'une femme lorsqu'elle est enceinte, et lorsqu'elle devient mère, même à demie ou brouillon.
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