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EAN : 9782376650553
144 pages
Contre Allée (17/01/2020)
4.15/5   223 notes
Résumé :
Dans 'À mains nues', Amandine Dhée explore la question du désir à la lumière du parcours d’une femme et de ses expériences sexuelles et affectives. Comment devenir soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent ?

La narratrice revisite toute sa vie, de l’ enfance à l’âge adulte et même à la vieillesse. La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.

Amandine Dhée poursuit a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Ici Amandine Dhée ! Une femme brouillon parle aux femmes brouillons.
Je répète...

Dans son précédent ouvrage ('La femme brouillon', 2017), l'auteur se définit comme telle car elle doute, beaucoup, à l'approche de la naissance de son premier enfant.

Ici, le petit garçon a quelques années, la narratrice est en couple, et comme beaucoup de mères, a du mal à tout concilier en étant 'exemplaire' : un modèle de douceur, de patience et de fermeté pour son fils, après des journées de travail, tout en restant disponible pour son compagnon - notamment pour trouver ensemble le temps et l'énergie pour une sexualité épanouie.
Est-il possible de cumuler tout cela ? est-ce souhaitable ? Obéit-elle seulement aux injonctions des magazines et conseils de bouquins sur le 'bonheur' ? Pourquoi pas la solitude ? Ou le 'couple libre' ?

Pour trouver des réponses, Amandine Dhée « retourne vers la petite fille qu'elle a été, rend visite à l'adolescente et à la jeune femme qui furent elle. Tenter de comprendre, mesurer le chemin parcouru, retrouver la joie, la colère et le chagrin de ces années-là. »
[ comme Dave du côté de chez Swann - private joke ! 😉 ].

Ces souvenirs et questionnements sont passionnants.
Ils sont les siens, ils sont ceux de beaucoup de femmes - je me retrouve dans ces interrogations sur la famille, la parentalité et la filiation, l'éducation, le couple, la sexualité, le désir, le corps, les rapports hommes-femmes, la question du genre...

Sans geindre, sans s'attendrir sur son sort, Amandine Dhée expose ses 'problèmes', cherche des pistes qu'elle expérimente directement ou à travers le témoignage de proches, pour se rassurer, essayer d'avancer.

Ce témoignage est sincère, franc, intime, nourri de réflexions intelligentes. J'aime beaucoup ce féminisme non revanchard où l'homme a sa place. ♥

■ A lire à tout âge, dès 15 ans, quel que soit le sexe, avec 'Les monologues du Vagin' (Eve Ensler), 'King Kong Théorie' (Virginie Despentes), 'In Utero' et 'Comme à la guerre' (Julien Blanc-Gras)...
____

Je cours commander d'autres titres de l'auteur.
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De la découverte du plaisir à son éloignement, Amandine Dhée nous embarque dans une odyssée du désir. Elle y parle de sexe. Elle y questionne l'amour, ce mot paresseux, dénué de nuance, qui a la prétention de résumer l'attraction. Elle fustige les conventions, elle dézingue les alibis, elle enterre les idées mal reçues (« Nous sommes tous fabriqués. C'est seulement quand on l'a reconnu que l'on peut s'inventer un peu »). Ni trop féministe, ni trop machiste, elle déjoue la dictature de la caricature. Elle expose nos peurs et nos fantasmes, sans honte ni fausse pudeur. Pourquoi faudrait-il toujours s'excuser (« S'excuser, la maladie des femmes ») ? Pourquoi l'orgasme d'une femme est-il confisqué par l'urgence de l'atteindre ? Pourquoi le désir devrait-il être nécessairement corrélé à la beauté ? Pourquoi a-t-on si longtemps dissimulé les dix centimètres du clitoris ? Pourquoi la fille dont les sentiments s'éparpille est une salope (« on peut coucher cent fois avec le même garçon mais pas coucher une fois avec cent garçons ») ? Pourquoi ce malaise persistant chez les adolescents (« (…) et leur imaginaire porno. Entre le silence en famille et les fanfaronnades des copains, ils ne savent pas où poser leurs questions ») ? Pourquoi ces viols sans violence n'en méritent pas le nom ? Amandine Dhée propose, explore les hypothèses, sans jamais forcer le passage, parce qu'imposer sa vision irait à l'encontre de son projet salutaire : accepter le mystère, y trouver les raisons d'être heureuse.
C'est un livre précieux qu'il faut déposer sur la table de nuit de son enfant devenu pubère en disant, sourire complice à l'appui : lis-ça, tu verras, c'est intéressant.
Bilan : 🌹🌹
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Après "la femme brouillon "qui a connu un beau succès d'estime en 2017, la comédienne et romancière Amandine Dhée explore à nouveau la question de la condition de l'émancipation de la femme et notamment de la question du désir à la lumière du parcours d'une femme et de ses expériences sexuelles et affectives.

Flirant plus avec l'essai que le roman à la narration très construite, Amandine Dhée nous parle de la sexualité à travers les époques et à travers les différentes étapes d'une vie,les premiers émois de l'enfance, les transformations du corps de l'adolescence et comment les femmes explorent leur sexualité en fonction des années qui passent. et comment le corps féminin, évoluent en fonction de leur meilleures connaissances de leur corps et des relations souvent complexes avec les hommes.

Elle démonte certaines représentations et clichés avec finesse et une certaine dérision, explorant quelques tabous, et allant parler de masturbation féminine à tous les âges .

"Et quand on jouit, encore faut-il jouir de la bonne façon. Car nos fantasmes nous encombrent. Ça veut dire quoi de jouir en s'imaginant pute ou salope ? Cela signe-t-il notre défaite ou notre victoire ? Vaguement trahies par nos inconscients, la faillite de nos imaginaires, nous rêvons à des fantasmes 100 % éthiques, où notre morale domine. Nous voudrions gendarmer nos désirs, être pures. Nous détestons nos recoins obscurs, comme si notre engagement politique n'était qu'une posture, et voilà, nouvelle rasade de honte"

Le récit est construit sur des allers-retours entre le "je" actuel d'une femme trentenaire qui réfléchit sur elle-même et le " il " de la petite fille qu'elle a été.

A la manière d'une Benoite Groult, ou d'une Annie Ernault, Amandine Dhée use de phrases courtes, de réflexions acérées et percutantes sur l'émancipation féminine et le besoin de s'extraire des normes et des conventions pour s'approprier une sexualité et une sensualité différente et solaire. Un récit singulier et allant au delà des sentiers battus. et des idées préconcues.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Petit texte de 117 pages, « A mains nues » est aussi riche qu'un essai de 500 pages sur le désir féminin contraint par les diktats sociaux. de femme célibataire à femme en couple, femme devenant mère, femme vieillissante, Amandine Dhée explore les changements du corps, l'évolution du mental et le désir de rester soi malgré tout. Son regard est lucide et j'oserais presque à dire universel (dans l'univers contemporain des sociétés industrialisées et favorisées bien sur) tant on se retrouve en ses mots. le cheminement est juste et les interrogations qui en découlent offrent un baume à nos morals bousculés par les attentes que l'on nous impose.
L'auteure en quelques paragraphes vifs et enlevés partage une vie de femme, tout simplement.
Une lecture « coup de coeur ».

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Une femme est devenue mère.
Pour elle, être 'femme' et 'mère' à la fois, c'est beaucoup.
Elle se pose plein de questions : quel sera l'impact de sa maternité sur sa vie, en particulier sur sa sexualité ? comment élever son fils sans l'enfermer dans des carcans sexistes - carcan dont elle-même a souffert - avec le risque de le marginaliser ?...

A ces questions, Amandine Dhée apporte des éléments de réponses, mais généralement sans certitudes.
Et il est heureux qu'elle n'assène pas des vérités absolues qu'elle tenterait d'imposer aux autres. Au contraire, son principal message (aux femmes) semble être : « Osez vous assumer telle que vous êtes, ne vous sentez pas obligée de répondre à des schémas imposés. »
Elle se rend cependant bien compte qu'une telle attitude peut souvent n'être qu'un voeu pieux.

Ses réflexions sur la place des femmes (et donc celle des hommes) dans nos sociétés sont intéressantes, et dans l'air du temps. Rien de péjoratif chez moi dans ces derniers mots, même si cela limite l'originalité des propos de l'auteure.

Et je termine ce billet sur cet ouvrage féministe par un avis qui semblera très caricatural à certain(e)s : les femmes sauront sans doute mieux apprécier ce livre que les hommes, y croisant des interrogations ou des constats partagés sur leur sexualité, tandis que ces derniers trouveront que ces dames sont décidément un peu compliquées… ;-)

De cette auteure, j'ai nettement préféré 'La femme brouillon', consacré à la grossesse et à la maternité.
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critiques presse (1)
Liberation
20 février 2020
Essai féministe impeccable jusque dans ses doutes, ses errances, ses renoncements, A mains nues, c’est le Bad Feminist français, en plus humide ; un exercice de journal intime souvent explosif, où il est en fait sans cesse question de cette liberté essentiellement inconquise d’être et de rester vivant·e.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Je ne l'ai pas beaucoup vue, ce soir. Mon amie s'est réfugiée dans la cuisine, elle donne un coup de main, prépare des bricoles. Elle peine à se mêler aux discussions, trop pleine de sa nuit. Elle n'en est pas revenue. Je la rejoins. Elle me dit son élan et ce qui se passe quand l'autre répond, la faim partagée. Elles ont fait l'amour toute la nuit et son corps est resté là-bas, quelque part sous les draps. Deux corps peuvent ça. Se rencontrer, faire l'amour comme des dingues. Que ce soit joyeux, généreux, évident. C'est rare, et ça chamboule, cette magnifique histoire de cul. Entorse au réel, sursis. Je recueille son miracle.
Nos sourires.
Et soudain, ça me manque vite. Ça me manque d'avoir mal au ventre et jusqu'au bout des doigts pour quelqu'un. Vivre cette surprise des corps. Les hésitations remuent, les vieilles questions se radinent. Je pense au petit qui dort à l'étage, j'entends le rire de mon compagnon depuis la terrasse. Est-ce que ça lui manque à lui aussi ?
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A l'heure où l'on fourre des parfums de synthèse dans les serviettes hygiéniques, il y a urgence à embrasser le sexe des femmes, le chérir, le consoler de tant de bêtise. Elle se demande d'où viennent pareilles innovations, est-ce qu'au cours d'une réunion de travail, quelqu'un a eu une illumination, Et si on mettait de l'eucalyptus, et là, quoi ? Personne pour le faire taire, pas une femme pour lui jeter son café à la tronche, parfume-toi la bite si tu veux , mais laisse notre chatte tranquille ? Bien sûr l'honnêteté intellectuelle l'oblige à admettre que l'idée vient peut-être d'une femme, et cela l'emplit de tristesse.
(p. 108-109)
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Et si ma liberté avait aussi un goût de solitude ? En couple, je me confronte sans cesse aux limites de l'autre, à son incapacité à me combler, moi l'affamée. C'est terrible, parce qu'une part de moi rêve encore du couple comme un repos bien mérité, un oeuf, une fin. Mais c'est ce manque qui m'oblige à prendre soin de moi, à me donner de la tendresse, ce que je n'ai jamais su faire. Dans cette solitude, je colmate mes brèches.
(p. 131)
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Je sais qu'elle [ma mère] n'emmènera peut-être jamais mon petit garçon au jardin public ou à la mer, je sais qu'elle ne peut même pas partager avec lui sa propre histoire et l'inviter dans notre arbre [généalogique]. En lui offrant ces livres, je sais qu'elle lui signifie l'existence d'un monde parallèle, sa façon à elle d'être au monde, son plan B. Au pire, il y aura les livres, semble-t-elle lui dire. L'amour, l'amitié, c'est bien, mais tellement compliqué. Les autres brûlent, tu verras, petit. Les livres, tu peux leur faire confiance, il y en aura toujours un pour toi.
(p. 121)
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Mettre quelqu'un au monde. Expression si belle, si folle. Ajouter quelqu'un au monde, l'inviter au monde. Elle sait ce que le bébé lit dans leurs yeux. Sois le bienvenu, nous sommes heureux que tu existes. Leur amour aussi, encore que ce malheureux mot de carte postale peine à dire ce qu'ils ressentent.
Le bébé trouve un endroit d'elle qui se régénère sans cesse, comme les personnages de jeux vidéo de son enfance, toujours une potion de vie sur son chemin. Colère et lassitude ne durent jamais, rien ne s'accumule, ardoise magique.
Un amour trop grand pour elle, pas assumable, pas rangeable. Qu'il soit là ou pas, le bébé est là. Cette place qu'il prend. Cet amour si fort qu'il pue la mort, la terreur de perdre. Vertige de ce corps à l'épreuve de la vie, qu'il faudra bien lâcher. Toute sa vie, elle devra faire avec la mort, et cette idée la rend dingue. Une brèche ouverte pour toujours.
(p. 124-125)
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Videos de Amandine Dhée (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Amandine Dhée
Sortir au jour est une invitation à réapprivoiser notre rapport à la mort. Deux femmes échangent. La première, double fictionnel de l'autrice, évoque les histoires qui l'ont précédée, la façon dont elle s'en débrouille, dont elle-même se projette dans l'avenir, et son angoisse de perdre. La seconde, Gabriele, parle de sa reconversion comme thanatopractrice. Elle évoque ce métier méconnu, ce soin très particulier auprès des personnes décédées, mais aussi de leurs proches vivants. le texte est issu d'une série d'entretiens menés avec elle. Malgré le sujet qui pourrait paraître grave, c'est un texte plein d'humour et qui penche résolument du côté de la vie. Pour cette lecture musicale mise en scène par Pauline van Lancker (Cie Dans l'arbre), Amandine Dhée sera accompagnée par la chanteuse et musicienne Sarah Decroocq. Celle-ci proposera un travail autour de la voix, de la musique et des sons électroniques.
Amandine Dhée est écrivaine, dramaturge et comédienne. Artiste associée à la Générale d'Imaginaire, elle arpente les scènes pour y confronter son écriture inspirée de la vie quotidienne. La plupart de ses textes sont parus aux éditions La Contre Allée, parmi lesquels La femme brouillon (2017, prix Hors Concours) et À mains nues (2020).
Sarah Decroocq est autrice, musicienne et interprète. Elle a créé le projet June Bug en 2010, un bricolage de musique et d'explorations folk. de 2016 à 2021, elle a été musicienne et comédienne pour le spectacle Les Gens d'Ici, écrit par Amandine Dhée et produit par la Générale d'Imaginaire.
Retrouvez notre dossier "Effractions 2023" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2023/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
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