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3,78

sur 211 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Moi, les livres et les transports en commun, volume 4 (je crois que je m'étais un peu chauffé la dernière fois, je pense vraiment n'avoir fait que 3 épisodes avant). Comme souvent dans le tram je lis, et ce soir là, même debout je lis. Accroché à la barre centrale, je suis plongé dans le livre dont il est question. Une amie , actrice de ma troupe de théâtre, me repère de loin et s'approche, hésite à me sortir de mon univers littéraire mais finit par me saluer doucement... et forcément me demande ce que je lis, parce que les gens se demandent toujours ce qui nous sort aussi parfaitement du monde qui nous entoure. Et là, grâce à Babelio et ses challenges, je peux sortir une des réponses les plus classes qu'il m'ait été donné de faire à ce genre de question: un des livres préférés de David Bowie.

Ce fut donc ma porte d'entrée vers ce livre magnifique et je dois donc remercier Gwen et Sab pour leur si utile challenge Multi-Défis qui m'a mené à cette lecture.

Un livre magnifique par son foisonnement, rempli de références aux jeux de rôles, au Seigneur des Anneaux, aux super-héros, à la culture geek en général. le fait que je connaisse ces références a forcément dû m'aider à apprécier... mais le livre est bien plus que ça évidemment.

Il est également une approche fantastique de la culture des émigrés dominicain aux États-Unis. On visite avec les personnages leur pays d'origine et son histoire, comme ces visites que je préfère des pays quand on est accompagné par un local qui peu vous faire rentrer au coeur des maisons, dans le quotidien des habitants. Pour moi la République Dominicaine a longtemps été pour moi la moitié dorée d'une île dont le côté obscur était occupé par Haïti, comme si le destin avait décidé de faire se côtoyer deux avenirs possibles pour un même territoire, l'un radieux et l'autre ténébreux. Cette image idyllique avait déjà été écornée après un voyage de mon cousin sur place qui m'avait décrit comment les visites organisées par les hôtels sur place faisaient tout pour faire ignorer aux touristes le versant pauvre de ce pays de carte postale. J'aurais dû me douter bien sûr que les retombées financières du tourisme ne ruisselaient pas sur tout le peuple. Cette lecture n'aura fait que me confirmer cette réalité, ajoutant en plus une bien meilleure connaissance de l'Histoire du pays, avec notamment la période de la dictature infâme de Trujill, décédé en 1961 mais dont le poids pèse encore sur la politique gangrénée du pays.

Au delà des références et du contexte, la construction du livre est également très originale et jouissive. Deux narrateurs-personnages (la soeur d'Oscar et un ami d'Oscar et de sa soeur) qui racontent à la fois la vie d'Oscar mais aussi la leur. Un narrateur-écrivain qui vient aussi régulièrement mettre son jeu et brouille les pistes. Des plongées dans l'histoire familiale en remontant à l'histoire maternelle puis grand-paternelle, pour mieux faire comprendre le poids des secrets, des malédiction et celui de l'Histoire tout court. Un titre qui, presque comme un mauvais quatrième de couverture, nous révèle un élément essentiel de l'histoire (si si, relisez-le bien ce titre étrange), information avec laquelle la narration ne cessera de jouer tout au long, nous faisant frémir face à l'inéluctable, observateur omniscient qui aimerait tant pouvoir ne pas savoir.

J'ai adoré que Junot Diaz joue avec moi, j'ai ressenti tout ce qu'il avait pu donner de lui-même dans cette histoire, comme Jeunet après Amélie Poulain qui dit qu'il avait mis toutes ses idées dans le film et qu'il se sentait incapable d'écrire une nouvelle histoire ensuite (raison pour laquelle je pense il a ensuite adapté un roman et aussi rejoint une saga de SF à l'univers déjà existant... mais je m'égare). L'auteur a depuis écrit des essais, des livres pour enfant, mais pas d'autres romans il me semble pour l'instant.

Alors pourquoi manque-t-il une demi-étoile me direz-vous ? Tout simplement la frustration de me dire que je n'ai pu pleinement saisir toute la richesse du récit parce que je ne suis pas Latino-Américain et que, même si la traduction d'un tel livre est une prouesse, il me manquera toujours toutes les subtilités de ce mélange anglais-espagnol utilisé par l'auteur (merci les traduction de WordReference qui m'ont malgré tout beaucoup aidé). Ce travail linguistique était indispensable et l'auteur n'a sans doute fait que parler comme il l'aurait fait lui-même au quotidien... mais la frustration ne peut qu'être présente en tant que lecteur français, avec mon espagnol si limité.

En tout cas, que vous aimiez ou pas David Bowie, courez-y, les goûts de l'artiste sont éclectiques mais riches, j'avais déjà beaucoup aimé d'autres livres de la liste et je pense que j'y puiserais d'autres idées à l'avenir.
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Junot Diaz réussit (à mon avis) un tour de force. Faire rentrer en 293 pages plusieurs livres. Il y a l'histoire d'Oscar... Surnommé Oscar Wao, pour Wilde, par ses potes et ses moins potes. Il y a l'histoire de la République Dominicaine, et du Trujillanisme... Il y a une saga familiale, sur plusieurs générations. Il y a New York, en creux, dans les errances d'Oscar. Il y a une amitié entre un frère et une soeur, Oscar et Lola. Il y a une fabuleuse histoire d'amour, celle d'Oscar et de son envie de tirer sa crampe, mais voilà ! il est obèse et complètement geek, accroc au jeux de rôles et au cinoche de genre. Pas le truc qui permet d'emballer les filles. Et Oscar, il tombe amoureux à la seconde. C'est un roman sur le mal de vivre, sur le suicide, l'auto-destruction, l'apreté de la vie.

C'est aussi l'histoire de fuku, une malédiction maousse, qui suit la famille d'Oscar, depuis le grand-père, voire avant. Faut dire aussi que Trujillo, comme lanceur de fuku, il maîtrise le sujet comme personne.

C'est surtout un style déjanté. Incroyablement personnel et déroutant. On a un peu de mal au début. Je me suis accroché et je n'ai rien regretté. A côté de ce récit La Fête au Bouc de Vargas Llosa, c'est Bonhommet et Tilapin. Une chiure de mouche. Junot Diaz multiplie les figures de style fleuries. Les références à Tolkien et à son oeuvre, à de multiples jeux de rôle (Aftermath... j'y ai joué) et il emballe sec. Il y a de l'autobiographie, une sorte de coming-out, dans le rapport qu'Oscar possède avec Yunior qui rêve de se faire Lola, mais que sa nature dominicaine empêche d'être fidèle et pousse à tringler tout ce qui passe. Ne considérez pas que c'est leste, obscène ou vulgaire. Rien de tout cela dans le récit de Diaz. Mais beaucoup de tendresse, de fatalité et de poésie sauvage. A l'instar de la vie elle-même.

Le livre, je l'ai appris lors du Challenge Multi-Défis 2021, est sur la liste des incontournables de David Bowie. Je n'en suis pas étonné. Je me suis régalé. Un roman rock'n'roll.
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J'ai longtemps hésité avant d'acheter ce roman, notamment à cause de nombreux avis insistant sur le fait qu'il était compliqué à suivre, avec beaucoup d'espagnol et d'argot.
La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao est un beau et grand roman. La langue ne m'a pas du tout dérangé, les mots non traduits sont finalement peu fréquents et facile à comprendre. Je peux cependant comprendre qu'il puisse être difficile d'accès, à travers les thèmes abordés et les nombreuses références à la culture pop. C'est un roman original, de par son histoire et sa narration, mais aussi terriblement moderne. L'auteur ne s'impose aucune limite, ne suit pas des codes linéaires, c'est un véritable plaisir. Les personnages sont touchants, drôles, pathétiques et toujours sincères.
Je ne connaissais pas cet auteur et j'espère rapidement découvrir le reste de son oeuvre.
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Voilà un livre qui me restera gravé dans ma mémoire pendant longtemps. Un réel coup de coeur pour ce roman de Junot Diaz, que j'ai découvert grâce à mon cours de littérature américaine contemporaine. Je remercie mon professeur de l'avoir mis sur la liste !

La Brève et Merveilleuse Vie d'Oscar Wao, c'est une succession d'émotions comme je n'en avais pas eu depuis longtemps ; depuis Boys Don't Cry de Malorie Blackman à vrai dire. Ce sont plusieurs histoires qui s'entremêlent, d'une famille que la vie n'a pas gâtée. le narrateur, Yunior, ami d'Oscar et amant de Lola, sa soeur, nous raconte ce qu'il a appris sur la vie de ce jeune homme renfermé, que personne ne veut approcher. Il nous raconte quels malheur le "fukú", la malédiction en laquelle croit certains membres de la famille de León (celle d'Oscar, donc), ont dévasté ces pauvres gens.

Tous les personnages que l'on rencontre au long du livre sont vraiment intéressants, voire fascinants. On s'attache très vite à tout le monde, La Inca, Belí, Oscar, Lola, Yunior, Ybón et même des personnes secondaires telles que Ana... Je dis les personnes, puisque finalement, bien que ce soit des personnages fictifs, l'ensemble est si réaliste qu'il ne serait pas impossible de croire à une histoire vraie...

J'ai été très touchée par les épreuves que chacun d'eux a eu à traverser au cours de leur vie. Junot Diaz a replacé l'intrigue dans un contexte historique, dans une République Dominicaine soumise à la dictature des Trujillo, où la censure est reine. Nombreux sont les individus à avoir dû fuir vers les États-Unis, en avaient-ils la chance. Ces retours sur L Histoire sont poignants, d'autant plus qu'ils sont complétés par une trame plus personnelle, à savoir les récits des membres de la famille de León et Cabral. Pour ceux qui seraient réticents à l'idée de recevoir un cours sur la République Dominicaine et Trujillo, croyez-moi vous ne vous ennuirez à aucun moment.

On ressent également la critique du Rêve Américain de Junot Diaz, à travers le narrateur et certains personnages. Bien qu'il n'y ait que quelques villes américaines mentionnées, l'auteur souligne qu'il est difficile pour les nationalités et les gens différents de s'intégrer et de trouver un semblant de bonheur ; le fossé entre les Noirs et les Blancs est abordé, mais les problèmes de fond principaux restent à mon avis les préjugés et les moqueries envers les personnes qui refusent de changer pour ressembler et plaire à la majorité.

Énormément de problèmes sont évoqués dans ce livre, que ce soit en rapport avec l'adolescence, l'amour, les disparités et la violence entre les hommes et les femmes, le sexe, la tyrannie, la famille...
Quand je vous dis que c'est un livre des plus poignants...

Lire certaines choses m'ont fait de nouveau prendre conscience à quel point il faut se réjouir, pour la plupart d'entre nous, de la chance que l'on a. Ce roman, c'est à mon avis bien plus que la vie malheureuse de tous ces personnages. C'est aussi un message d'espoir, une façon de dire qu'il ne faut rien oublier mais qu'il faut prendre en compte ce passé, avancer et ne pas refaire les mêmes erreurs. C'est un moyen de faire prendre conscience à toute une population que les choix que l'on fait déterminent ce que l'on est, et la vie que l'on mènera.

L'écriture de Junot Diaz est extrêmement étonnante et m'a beaucoup surprise ; aucun tabou, aucune limite, aucune honte. Dire les choses comme elles sont, c'est la règle d'ordre de cet auteur exceptionnel. Sa façon de raconter les choses est également surprenante, dans le sens où malgré toutes ces atrocités, le ton est souvent léger et désinvolte. Cela accentue le contraste entre les malheurs vécus et cette notion d'espoir. de plus, Junot Diaz m'a fait réviser mon espagnol, puisqu'une multitude de mots, d'expressions et de phrases sont écrites dans cette langue. Encore une fois, les choses sont dites comme elles le devraient.

De plus, pour les geeks fans de Doctor Who, Tolkien et le Seigneur des Anneaux en particulier, Star Wars, les Super-Héros, les mangas, etc, vous trouverez certains détails/éléments et certaines mentions/comparaisons parfaits et très appropriés.

Vous avez pu remarquer que je ne me suis pas trop étendue sur les personnages, particulièrement Oscar. C'est intentionnel, tout simplement parce que ce sont des personnages que vous devez découvrir ; vous devez vous plonger dans l'histoire de chacun d'eux pour comprendre, pour vivre cette lecture. Ce serait comme vous dévoiler un secret qui ne m'appartenait pas, comme vous raconter un évènement inexplicable, qui vous a coupé le souffle et vous a réduit au silence.

Je vous invite donc à aller acheter ce livre d'urgence et de le lire.
Lien : http://fairyneverland.canalb..
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Premier roman de l'auteur Junot Diaz, d'origine dominicaine, « La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao » (prix Pulitzer 2008) est une fresque familiale riche en rebondissements et en mésaventures parfois sanglantes. « Peu importe en quoi vous croyez, le fuku, lui, croit en vous. » dit le narrateur, éphémère petit ami de Lola. le fuku, une très ancienne légende dominicaine, est la malédiction qui frappe, depuis des générations, la famille d'Oscar. Oscar, lui, ne vit que dans des mondes fantastiques, à la Tolkien, il s'imagine bourreau des coeurs, Casanova dominicain cueillant les jolies femmes au rythme de sa marche.. sauf qu'Oscar Wao est loin d'être l'archétype du tombeur des Caraïbes : il est solitaire, porteur de lunettes, sédentaire au point d'être obèse, souffre-douleur et ne sait pas aborder une femme sans lui parler de Science Fiction ou de Fantastique Fantasy, de quoi faire fuir les plus courageuses. le tombeur des bacs à sable est devenu un jeune homme obèse, graphomane malheureux, qui voit toutes ses tentatives amoureuses vouées à l'échec … hormis lorsqu'il prend en main son destin tragique.

Oscar a bien un pouvoir particulier de super-héros : celui de voyager dans le temps et permettre au lecteur d'entrer dans la saga familiale et l'histoire dominicaine. le roman relate trois adolescences, celles d'Oscar, de Lola et de Beli. Lola déteste sa mère, Beli, élevée par sa tante la Inca à Saint Domingue. Beli a eu une vie inimaginable, extraordinaire et dramatique alors que la vie l'avait fait naître dans une famille aisée de la bourgeoisie dominicaine. Or, à l'époque de la dictature féroce exercée par le Trujillo, Rafael Trujillo, il est dangereux pour un père d'avoir une très belle fille, adolescente, à la maison et de la cacher afin de l'éloigner de sa convoitise de prédateur sexuel. le père de Beli osa soustraire sa fille à l'appétit lubrique du dictateur provoquant la chute et la perte de sa famille. Par miracle, après de multiples embrouilles, tombant de Charybde en Scylla, Beli devenue esclave est sauvée par sa tante. Or, Beli est si belle qu'elle attire la convoitise des hommes et qu'elle a le malheur de tomber amoureuse d'un fidèle du Trujillo au point qu'il lui en cuira et qu'elle devra fuir aux Etats-Unis, dans le New Jersey où elle donnera naissance à ses deux enfants.

« La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao » est un roman tellement foisonnant que je m'y suis perdue plus d'une fois avant de m'adapter au rythme de la narration et à l'écriture si particulière de l'auteur qui mêle les mots en espagnol, les expressions des Caraïbes à sa langue d'adoption ce qui n'est guère aisé à rendre dans la traduction française. Cet inconvénient est vite oublié parce que le récit virevoltant est passionnant. Junot Diaz entrelace les registres de langues et les genres littéraires. On passe de la comédie au drame le plus noir, du burlesque au tragique, du réalisme au surnaturel, de la profondeur des idées à la crudité, parfois éprouvante, des mots et des scènes, du récit classique à l'exubérance baroque. C'est un pur plaisir que de se laisser porter par l'inventivité littéraire de l'auteur. Ce qui m'a également désarçonnée c'est l'alliage, cité ci-dessus, de deux langues mettant en valeur du spanish connu, les onomatopées, les jurons et autres interjections imagées, de tics de langage, de verlan et d'autres inventions plus cocasses les unes que les autres. Sans compter les notes de bas de page où la frontière entre la parodie et les précisions historiques est d'une minceur fragile.

« La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao » est aussi un roman sur une masculinité qui vire au tragi-comique sous l'ironie facétieuse de l'auteur. Oscar traîne sa virginité comme un fardeau, le fardeau du fuku qui fait qu'il ne peut être un mâle dominicain qui se respecte. A défaut de conquêtes féminines, il noircit ses cahiers de romans, de récits fantastiques et engloutit des montagnes de nourriture. Junot Diaz a écrit, également, un roman sur l'immigration, l'identité, la mémoire de l'esclavage et la diaspora tout en évoquant l'envie légitime de s'élever dans la société américaine sans trahir ses origines et en être fier. le tout servi par une ironie joyeuse qui rend la chronique épique de cette famille, parfois dysfonctionnelle, hilarante tant Oscar peut être vu comme le Buster Keaton de la « loose ».

Une lecture jubilatoire et une très belle découverte.

Traduit de l'américain par Laurence Viallet
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Différents narrateurs nous font avancer dans l'histoire de'Oscar. Dans un contexte politique terrible, les différents personnages de cette famille dominicaine nous promènent dans des aventures tristes ou tragiques mais où la dérision et l'humour sont toujours présents.
Une écriture déroutante au début mêlée d'argot espagnol, on se laisse vite embarquer par le rythme en devinant les mots inconnus par le contexte ce qui ne gêne donc absolument pas la compréhension.
L'ajout de notes historiques m'a permise de mieux connaître l'histoire tumultueuse de la Rep Dominicaine.
Un livre très très sympa
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Wao, mon cher Wao! Quelle vie tu as pu mener!

Voilà une histoire qui a le mérite de sortir du commun. Bienvenue chez les Cabral, famille dominicaine frappée d'une malédiction traînant sur plusieurs générations.
Junot Diaz nous transporte dans l'histoire, que dis-je l'épopée de cette famille de façon crue.
A la manière des Cent ans de Solitude de Marquez, ils sont frappés par la même malédiction et font les mêmes erreurs. On ne suit pas que l'histoire d'Oscar, jeune homme atypique tant sur la forme que sur le fond, mais de toute une famille de bras cassés, d'amours transis et malheureux sur fond de dictature T-illiste. On y découvre la RD, pays posé sur une moitié d'île de la Caraïbe à qui il est arrivé plus de bricoles que la simple bachata.

J'avais déjà lu le Guide du Loser amoureux, aussi je savais à quoi m'attendre, Diaz a un style bien particulier, parfois porté sur l'introspection, et même si on reconnaît le même style dans ces deux romans, c'est plutôt efficace.
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Un livre superbe sur l'adolescence et la différence. Avec une écriture moderne et un hommage à la pop culture, Junot Diaz nous la raconte la vie compliquée du jeune Oscar Wao, entre violence et discrimination. A découvrir !!!
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La fête au Book

Avant d'ouvrir ce livre, pensez à vous équiper en conséquence : sac à dos et provisions car vous ne le lâcherez plus et surtout, machette pour dans un premier temps, vous frayer un chemin dans cette jungle lexicale.
Car Junot Diaz invente quasiment un style, ce qui est plutôt rare. Mais en plus, ce style est puissant, nous possède à l'usure, et c'est au bord de l'ivresse que l'on pénètre enfin dans ce livre.
Inutile d'espérer une issue convenue, le fukú -le destin tropical- va engluer les personnages dans une fatalité implacable. Faut il également le préciser : le titre est ironique. La vie d'Oscar est brève et si peu merveilleuse qu'on peut même douter qu'elle ait vraiment commencée.

Car ce héros n'en est pas un. Véritable puceau de compétition, prisonnier de son corps et de son splendide isolement, il finira happé par la force mortifère et centrifuge de son pays d'origine C'est un leurre que le roman agite. Et bien plus que le jeune et pas-beau Oscar, ce sont les femmes de la famille Cabral et le pays théâtre de leurs illusions, qui vont illuminer ce récit.
Les femmes sont fortes : la saeur Lola, la mère Belicia et la grand mère adoptive La Inca, se voient exister bien au delà d'Oscar et sont les vrais hommes issus d'un terreau machiste.

L'autre acteur principal du livre est aussi sa principale toile de fond : la République dominicaine.
« La fête au Bouc » de Vargas Llosa était déjà un remarquable reportage fictionnel sur la vie du dictateur Trujillo et de sa bande. Mais en faisant voler en éclats tous les codes narratifs, Junot Diaz expose de façon encore plus frappante, cette longue et triste parenthèse de ce pauvre pays caraïbéen. le style, ébouriffant et décousu, bâti à la truelle, rythme jusqu'à la syncope, cette partie de l'histoire, la rendant irréelle comme seules peuvent l'être ces périodes cauchemardesques qui en toute logique ne peuvent exister, mais existent pourtant.

Les récits se croisent alors, comme les destinées, lardés de coups d'une « langue » nourrie de références bédéphiles, et science-fictionnesques, d'expressions argotiques issues de la rue et en particulier des trottoirs hispaniques.
C'est un voyage halluciné qui vous est proposé, au caeur de cette île maudite et de la famille Cabral qui en sont les pauvres satellites, déracinés, déboussolés, puis détruits par le destin. Si vous cherchez à raisonner, à tout comprendre, à nager dans ce roman qui, tel un torrent de boue vous enserre inexorablement pour vous étouffer, vous êtes perdu. Par contre, dès que vous acceptez de perdre pied, c'est un moment de pur abandon particulièrement jouissif.

Il est possible que l'on reste rétif, extérieur à ce livre. Indifférent, cela me paraît plus difficile.
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Ignatius Reilly en République Dominicaine

Ceux qui ont lu la Conjuration des Imbéciles me comprendront... Oscar Wao est l'anti-héros absolu, mais le style trucculent de Junot Diaz et son évidente affection pour ses personnages font de ce roman (excellemment bien traduit dans sa version française...chapeau au traducteur!) un délice!
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