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4,06

sur 1341 notes
Comme toujours après une lecture d'une telle densité, c'est un peu un ami qu'on laisse sur le chemin. Dickens lui-même avouera avoir eu de la peine à quitter David Copperfield après une si longue intimité!
Ce roman est, dit-il dans la préface, son préféré, et lorsqu'il doit lire un extrait devant un public, quelques années plus tard, le choix de cet extrait est angoissant car ce roman est un tout, un ensemble de récits intriqués les uns dans les autres qu'on ne peut séparer sans casser la trame de l'oeuvre.
C'est aussi que ce roman est très personnel et que Dickens a mis beaucoup de lui dans ce personnage! Sur ce point, les notes sont captivantes.

Mais quand je dis que je viens de quitter un ami, ici, je devrais plutôt préciser "une bande d'amis", dont Copperfield est surtout le dépositaire des heurs et malheurs.
David Copperfield, âgé on le suppose d'une quarantaine d'années, se tourne sur son passé, un long fleuve pas tranquille du tout au cours duquel il rencontrera Les Peggoty, les frère et soeur Murdstone, Emily, Steerforth, sa tante, Agnès, les Micawber et enfin Dora dont il deviendra fou amoureux.
D'énumérer ainsi les personnages qui suivront David dans son cheminement - bons, mauvais, les deux parfois - je retrace dans ma tête le fil de l'histoire et je me dis: quel chemin effectué!
Dickens est un fin conteur qui n'a pas peur de jeter de temps en temps quelques informations sur le futur du narrateur nous tenant en haleine pour les quatre cents pages qui suivent, n'hésitant pas à ajouter une bonne dose d'humour à des scènes dramatiques, et un tendre amour quand la mort s'en mêle.
C'est le petit David, orphelin, qui m'a le plus émue, mais je donne toute mon affection à M. Peggoty, à Agnès et bien sûr à la tante de David qui changera du tout au tout lorsqu'elle ouvrira la porte à un pauvre enfant vagabond.
C'est aussi un portrait parfois pathétique de l'Angleterre industrielle et enfin une oeuvre presque cinématographique qui a inspiré les plus grands des années qui ont suivi sa publication.

Au revoir David!
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"David Copperfield" était le roman préféré de Charles Dickens et cette affection particulière s'explique sans doute en grande partie par le caractère partiellement autobiographique du récit.

Ecrit plus de dix ans après son célèbre "Oliver Twist", "David Copperfield" reprend les grands thèmes chers à l'auteur : l'enfance, l'éducation, la misère et l'ascension sociales, la famille, l'amitié et l'amour.

Parfaitement structurée, la narration entraîne le lecteur à travers l'espace d'une existence, celle d'un orphelin à qui la vie va sourire... ou non, selon les circonstances. Ce pourrait être la vie de n'importe qui, d'un héros lambda, mais avec Charles Dickens, il est parfaitement impossible de ne pas ressentir d'empathie ou de détestation pour le moindre personnage et aucun - principal ou secondaire - ne peut laisser indifférent le lecteur sensible et curieux des rapports humains.

Personnellement, c'est encore une fois l'incroyable galerie de figures, fantastiques par leur caractère et leur personnalité, que je salue dans ce roman, davantage peut-être que la trame qui ne contient pas à proprement parler d'"aventures", contrairement à "Oliver Twist" ou "Au magasin d'antiquités" par exemple. "David Copperfield" est un roman social plus psychologique, plus profond et qui semble tendre au lecteur un miroir où se reflètent ses propres doutes et espérances. Suivre l'existence de Maître David de son premier à son dernier âge m'a ainsi semblé moins exaltant que la découverte de ses incroyables parents, amis et ennemis, dans l'intimité de leurs qualités et de leurs vices. Tous se font l'écho de ce que le coeur humain peut receler de meilleur ou de pire, et Dickens sait mieux que personne apporter au spectacle de leurs actes la dose d'humour, de fantaisie, d'émotion et de drame qui marque durablement l'esprit des lecteurs et immortalise les grands romans.


Challenge XIXème siècle 2017
Challenge BBC
Challenge PAVES 2017
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Charles Dickens a eu pour moi un petit gout de revenez-y après la lecture d'Oliver Twist.
J'ai certes mis bien plus longtemps que prévu avant de m'attaquer à David Copperfield.
Il faut dire qu'au vu de la taille de ce pavé (un peu plus de 1000 pages quand même ), il vaut mieux planifier sa lecture à une période où l'on a quelques heures de disponible dans son agenda.
Et je ressors enchantée de cette lecture une fois le dernier chapitre achevé.
David Copperfield, je l'ai étudié au CM2…Enfin quelques extraits édulcorés, et qui ne représentent qu'une minuscule partie de cette oeuvre. Donc, oui, je connaissais ses débuts plus que difficiles dans le monde. Car il faut avouer que le petit garçon n'a pas eu beaucoup de chance. Orphelin de père, il sera choyé par sa mère et sa servante Pegotty avant de se retrouver pourvu d'un beau-père…Et quel beau-père ! Un parâtre ( oui, le masculin de marâtre existe, j'ai vérifié !) qui en plus traine dans son sillage une soeur tout aussi charmante que lui… Apres le décès de sa mère, on se doute bien que les choses vont encore s'aggraver pour le petit garçon.
Même si j'ai vraiment apprécié ce livre, je garde une petite préférence pour la partie où David est encore un enfant et un adolescent. Une fois adulte, il m'a moins émue, je le reconnais.
Et que dire sur cette impressionnante galerie de personnages qui gravitent autour du narrateur, alias David ? Il faut avouer que j'ai été sous le charme de la plume de Dickens qui excelle vraiment à nous dresser des portraits plus vivants que nature….Et à nous les faire aimer ou carrément détester…
Une lecture qui me réconcilie définitivement avec cet auteur, car même si j'avais aimé Oliver Twist, cela n'avait pas été le cas avec « de grandes espérances ».


Challenge Pavés 2021
Challenge BBC
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C'est avec ce titre que je découvre Charles Dickens, et c'est une heureuse rencontre.
Rien que l'incipit est vraiment une invitation à continuer la lecture : “Deviendrais-je le héros de ma propre vie ? Ou bien cette place sera t-elle occupée par quelque autre ? “
Et ce récit de la vie de David, raconté à la première personne, avec la fraîcheur de l'enfance pour les premiers chapitres, happe tout de suite l'intérêt. Je suis si bien entrée dans ce roman que j'avais envie de sermonner sa mère et de rosser tous ceux qui lui faisaient du mal, tant Murdstone et son insupportable perroquet de soeur que l'affreuse vieille qui lui donne des coups de pieds dans la diligence. Autant dire que j'ai pris fait et cause pour ce personnage, ce qui est bien la marque du talent de l'auteur.


Malgré la mort de son père avant même sa naissance, les premières années de David Copperfield sont heureuses auprès de sa douce mère. Malheureusement celle-ci, de caractère faible, se laisse séduire par un homme qui, s'il l'aime, ne supporte pas son fils et lui rend la vie très dure, bien évidemment dans l'intérêt de l'enfant, jusqu'à l'éloigner du foyer.
Mais c'est là, dans une école, puis une entreprise, qu'il se fera ses premiers amis, sincères ou non.

J'ai aimé le personnage de David, sa droiture et sa naïveté, qui lui fait par exemple fréquenter les Micawber, couple toujours désargenté, toujours persuadé qu'une occasion va se présenter à monsieur Micawber et à ses facultés supérieures (cependant la famille a selon l'expression, le coeur sur la main) ; ou qui le fait tomber fréquemment amoureux, jusqu'à ce qu'il rencontre la “perle” Dora.

Chaque personnage a éveillé mon intérêt et des sentiments souvent nets, agacement, dégoût, sympathie…. Je pense que plusieurs resteront dans ma mémoire, dont la tante avec sa délicatesse qu'elle ne veut pas montrer mais qui lui fait mettre en avant Dick dont l'esprit troublé lui aurait valu sans elle de vivre dans un hospice.

Sans être parfaitement autobiographique, ce roman contient beaucoup d'éléments inspirés de la vie de Charles Dickens. L'humiliation et l'inquiétude quant à sa possibilité de s'éduquer que David ressent lorsqu'il travaille dans l'atelier appartenant à Murdstone est tiré de sa propre douloureuse expérience, qui le marquera même adulte, le relatif échec de son mariage également.
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Ca faisait longtemps que j'avais envie de me lancer dans l'oeuvre de Charles Dickens, depuis notamment la lecture de l'excellent « Drood » de Dan Simmons qui m'avait fait découvrir cet auteur sous un angle fascinant, à défaut d'être très sympathique. A l'origine, je voulais débuter tout doucement avec un oeuvre courte et facile, mais j'ai bêtement confondu « David Copperfield » avec « Oliver Twist » (considérablement plus court) et, une fois mon erreur réalisée, j'étais déjà si impliquée dans le roman que je n'ai pu me résigner à le lâcher.

C'est qu'il est tout à fait digne d'intérêt ce petit David Copperfield ! Certes, il a des côtés un peu agaçants avec sa sensibilité à fleur de peau et sa naïveté maladive qui l'entraînent à faire confiance à n'importe qui, mais il n'en reste pas moins très attachant. Ses histoires de coeur et ses misères, somme toutes assez banales, sont sublimées par l'écriture splendide de Dickens et c'est avec émotion que l'on suit son parcours complexe, du cocon doré de son enfance, choyé par une mère et une bonne affectionnées, aux bancs du tribunal où il officiera en tant que procureur avant de devenir un écrivain à succès. Au passage, on découvrira les sévices exercés dans les pensionnats, la vie des pécheurs du nord de l'Angleterre, les sinuosités du monde juridique, les petits malheurs et les mesquineries de la grande bourgeoisie, les souffrances et la bonté du petit peuple… Parcours d'autant plus touchant qu'il est grandement inspiré de la vie de Dickens et sent bon le vécu.

Il faut bien sûr s'habituer au côté assez sentimental et manichéen du roman. Les personnages sont clairement divisés en deux catégories : les salopards et les gentils. Les premiers se distinguent de loin et seront systématiquement punis à la fin du roman, les seconds subiront bien des malheurs mais verront finalement leur vertu récompensé. On frôle par moment la niaiserie, heureusement cette embuche est évitée grâce à un autre des traits caractéristiques de Dickens : le second degré. Car s'il y a une chose qu'il faut reconnaître à Dickens et que je ne m'attendais pas à lui trouver, c'est qu'il est très amusant, le bougre !

Sans fiel, mais avec une verve satirique délectable, Dickens dresse un portrait très complet de la société anglaise du XIXe siècle. Plutôt que des personnages secondaires nuancés et subtils, il nous offre une galerie mémorable de caricatures. de l'insubmersible Mr Micawber au très « humble » Uriah Heep, en passant par l'excentrique tante Betty Trotwood, ils sont tous plus amusants les uns que les autres. Certaines scènes sont hilarantes, comme la demande en mariage de David à son idiote de dulcinée Dora (désolée si je suis un peu rude avec elle, mais Dora m'insupporte) – scène qui pourrait atteindre des sommets de bêtise sans les aboiements hystériques du petit chien de Dora tentant de dévorer les mollets de David pendant toute la durée du dialogue.

Quelques longueurs, mais dans l'ensemble un roman remarquable, touchant et plein d'humour. Je suis contente de ma première rencontre avec Dickens !
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Publié en 1850, David Copperfield est probablement le roman le plus autobiographique de Charles Dickens. Celui-ci reprend en effet de nombreux évènements de son enfance afin de créer une remarquable oeuvre de fiction. de son enfance, pendant laquelle il travailla pour combler les dettes de son père, Dickens garde une hantise de la pauvreté et de la prison. Il offre ici à ses lecteurs le premier roman qu'il ait écrit à la première personne et cette histoire est aussi un peu la sienne.

Le thème de l'enfance malheureuse revient souvent dans l'oeuvre de Dickens et il commence par décrire un tableau sombre du sort des enfants-ouvriers du début de l'ère industrielle. le jeune héros qui connaît les mauvais traitements, la faim, le froid, reflète les travers de l'époque victorienne. David Copperfield vient au monde dans le Sud-Est de l'Angleterre, au début du règne de la reine Victoria. le père de David meurt avant même sa naissance et sa mère se remarie rapidement au cruel Murdstone. Pour le jeune Copperfield, la lecture constitue un refuge face aux brimades imposées par son beau-père. Ce dernier envoie David dans une pension où il rencontre deux autres garçons qui vont devenir ses amis. Peu après, la mère de David meurt et Murdstone l'envoie travailler dans une usine. Là il exerce un travail pénible jusqu'à ce qu'il s'enfuie et rejoigne sa tante à Douvres. Celle-ci décide de l'adopter et de l'élever….

David Copperfield est le récit d'une vie à la première personne, le narrateur raconte l'histoire sous forme de souvenirs et le texte prend parfois la forme d'un compte rendu. C'est une oeuvre majeure du roman victorien dont Dickens est un des maîtres grâce à sa capacité à nous immerger dans la vie intime de cette société qu'il décrit si bien. Toujours très apprécié, comme d'autres oeuvres de Dickens, ce roman a mérité sa notoriété qui reste constante de nos jours.
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Plaisir de la relecture en ce début d'année avec David Copperfield de Charles Dickens. Monument de la littérature XIXème siècle britannique dans tous les sens du terme car il allie densité et qualité. Un bon pavé pour se tenir chaud au coeur et partir avec le narrateur à la découverte de sa vie. Et, partant, d'éléments autobiographiques propres à l'auteur qui s'en est inspiré pour dépeindre les vicissitudes de l'existence du jeune David. D'ailleurs leurs initiales respectives  (DC/CD) les rapprochent considérablement.

David Copperfield, donc, nous narre en détails sa vie depuis sa naissance jusqu'à un âge adulte conforté. Comme souvent chez Dickens, c'est l'occasion de rencontrer des personnages hauts en couleurs, dans le positif comme dans le négatif. le sévère et tyrannique Mr Murdstone fait frémir par son attitude et sa façon de traiter la mère de David et l'orphelin lui-même. Alors que le débonnaire et impécunieux Micawber prête souvent à sourire et se révèle fort attachant en dépit de sa malheureuse gestion de ses affaires financières.

Dickens n'hésite pas à s'épancher dans la sensibilité. On pleure beaucoup, on s'exalte tout autant. Pourtant, ce trait ne suffit pas à détourner l'attention du récit. Des débuts difficiles puis carrément sordides de David à son élévation morale et physique grâce à sa tante Betsy Trotwood - encore un personnage inoubliable! - on suit son cheminement avec toujours l'envie de poursuivre en sa compagnie. Retrouver les membres de la famille Pegotty "rudes mais rudement prêts à rendre service".

Les études, selon deux systèmes diamétralement opposés, l'amitié, et bien sûr l'amour sous diverses formes. Avec l'aveuglement qu'il peut susciter en ce qui concerne David.

Un personnage sort du lot par ses caractéristiques exceptionnelles : Uriah Heep. Imaginez l'araignée la plus machiavélique s'unissant à la limace la plus visqueuse et qu'elles donnent naissance à une descendance. Leur rejeton, aussi horrible soit-il, passerait encore pour un modèle de bonté et de beauté (pas que physique bien évidemment) à côté de "l'humble très humble" Uriah Heep. C'est le genre de type qu'on adore détester et dont chaque apparition, ou même évocation, provoque chez moi une grimace de dégoût. Sa mère est pas mal non plus. Mauvais sang ne saurait mentir...

Après mille et quelques pages fortes en événements divers et émotions de même, j'ai refermé ce livre avec la sensation de perdre de vue des amis chers. C'est souvent le cas avec les volumineux ouvrages dont la lecture fascine. Il y a tant à dire sur le style fleuri et non dénué d'humour de Dickens. Sur les thèmes abordés tels que la misère, l'éducation et le désir si fort chez David, rabaissé à simple manoeuvre dans l'entreprise décrétée par son beau-père pour le former, de s'élever intellectuellement. Les arcanes de la justice, de l'éducation et de certaines parts de la bonne société sont révélés au fil des pages. Restent néanmoins les éléments fondamentaux de la vie tels que l'amour, la famille, les relations sincères. Moraliste Dickens certes parfois mais avant tout, passionnant, foisonnant et vibrant de vie.
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Mon petit David, il faut que je t'avoue une chose. Mais je ne sais pas trop comment m'y prendre, parce que je t'aime beaucoup. J'aime beaucoup ton papa aussi, dont j'admire la verve et dont l'humour me ravit. Un chic type et un grand bonhomme, que j'ai suivi avec bonheur au long de grandes espérances et sur les pas d'Oliver Twist.
Toi aussi tu es un chic type, David. Un gosse résilient qui en a bavé entre un beau-père indigne et un internat ignoble, après la perte du paradis qu'a été la mort de ta mère. Tu as eu ta part de chance en étant sorti de l'ornière par ta tante, mais ces rebondissements positifs dans ta vie c'est aussi à ton courage et ta belle âme que tu les dois, et tu as bien mérité ce que tous ces gens croisés sur ton chemin t'ont donné et que tu leur as bien rendu.
Ta vie est une sacrée vie (ce n'est pas ton papa qui dira le contraire, tant elle reflète la sienne comme un miroir) et je suis contente de l'avoir connue. Mais voilà, je dois te dire qu'arrivée à mi-parcours de ton récit, j'ai parfois un peu peiné à te suivre. Il faut dire que le chemin est long qui court sur plus de mille pages, et que dans ma lecture tu m'as souvent perdue. Sans doute m'attendais-je à autant de trépidations que dans celle d'Oliver ou de l'adorable Pip plutôt que de lentes digressions sur ton quotidien et celui de ton entourage. Peut-être ne m'attendais-je pas à ce que ta vie ne soit pas qu'un long drame et que, le malheur étant plus distrayant que les joies paisibles de l'existence et de l'amitié partagée, je me suis ennuyée parfois.
Mais je t'ai accompagné jusqu'au bout, et te remercie d'avoir partagé avec moi cette longue page de vie. Remercie bien aussi pour moi ton papa, qui m'est désormais d'autant plus cher qu'il m'a parlé de lui autant qu'il a écrit sur toi.
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Un roman paisible à lire tant c'est une vie, simplement une vie que l'on suit d'un personnage David Copperfield, de sa naissance jusqu'à sa vieillesse, une vie remplie de peine, de joie et surtout de beaucoup de rencontres, un parcours sans grande surprise mais avec une poignante histoire d'amour...
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Voici un grand roman que j'aurais adoré lire en feuilleton, avec les belles illustrations qui l'accompagnaient lors de sa parution mensuelle.
Je regrette souvent que la mode du roman-feuilleton illustré ait disparu depuis près d'un siècle. Quelle délicieuse torture ce devait être d'attendre chaque jour la livraison de son journal ! Et quel grand plaisir d'y découvrir comme monsieur Tout-le-monde la suite des aventures de David Copperfield, celle des Deux Orphelines au XIXème siècle ou bien celles de Rouletabille et de Chéri-Bibi au XXème siècle... Personne ne pouvait vous raconter à l'avance ce que vous alliez lire et encore moins vous en dévoiler la fin !
Donc, sans aucune illustration, je l'ai lu en 2 tomes (Editions Flammarion) dans la belle traduction préfacée de Sylvère Monod.

J'avais quelques appréhensions car mon unique lecture de Dickens - Oliver Twist – m'avait un peu déçue il y a 2 ans : j'avais trouvé le roman misérabiliste, très manichéen et s'apparentant davantage à un roman pour la jeunesse qu'à un grand classique. Dickens précipitait son pauvre orphelin de Charybde en Scylla, ne lui épargnant rien, afin de nous faire pleurer tout du long. Je craignais donc que David Copperfield ne soit dans la même veine ! Mais outre le fait que son nombre de pages est si conséquent qu'il ne s'adresse clairement pas à la jeunesse (du moins celle d'aujourd'hui), c'est une oeuvre d'une grande richesse qui puise abondement dans la vie de Dickens (son enfance, ses apprentissages, ses amours) et s'avère donc intéressante à plus d'un titre.

Pour moi, la plus grande qualité de ce roman est sa façon de remonter le temps en faisant appel à la mémoire du narrateur : fidèle, d'une grande acuité, sa mémoire lui permet de dérouler le cours de sa vie passée depuis sa naissance sans rien anticiper de ce qu'il adviendra ensuite des personnages ou de ses propres sentiments, mais tout en glissant parfois un jugement discret, point de vue émis non par le personnage à l'âge relaté, mais par le narrateur plus âgé qui se pose en jugé éclairé.

Certains chapitres sont de vrais petits bijoux d'écriture : les pages consacrées à la mémorable "cuite" de David quand il s'enivre en compagnie de Steerforth restituent très drôlement son état d'esprit embrumé et sa vision vacillante. Quand David mène sa cour auprès de la ravissante tête de linotte qu'est Dora, cela donne aussi un style à la fois enlevé, comique avec une bonne touche d'auto-dérision puisque comme toujours, le narrateur, désormais âgé, nous fait revivre ses souvenirs avec tout le recul et la mise en perspective de son âge actuel forcément plus assagi. Dickens se livre aussi à un véritable exercice de style quand il décrit le mariage de son héros, abandonnant le temps du passé pour le présent, dans un style précipité, avec des envolées à la fois lyriques et ridicules.

Mais j'ai eu quelques ressentis plus négatifs sur le rythme passablement lent du premier tome et sur certains personnages trop caricaturaux que je n'ai pas appréciés comme les Micawber ou l'infâme Uriah Heep. le deuxième tome est carrément plus addictif, les intrigues allant plus rapidement vers leur dénouement.

Je suis contente d'avoir lu ces 900 pages qui m'ont complètement réconciliée avec Dickens.

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