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Résumé :
Chavornay : À Pise, la Comtesse d’Arberg, épouse d’un homme dont elle a commencé à reconnaître les défauts est l’objet de l’intérêt de deux hommes. Le comte de Campomoro, un noble fier de sa naissance, est habitué à ce que les femmes ne lui résistent pas. Il est prêt à tout pour posséder la comtesse. Au contraire, Chavornay vient des montagnes suisses, d’une famille très modeste. Son éducation lui a fait rencontrer ces élites qu’il fréquente mais dont il ne sera jam... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
— Le temps des miracles n’est plus, et je n’ai pas mérité d’en faire ni qu’on en fit pour moi ; je ne suis point assez pure devant Dieu. Je vous remercie de vivre, vous me l’avez promis, et je compte sur votre parole : cette assurance me soulage et m’aide à supporter la séparation. Et maintenant fortifiez votre cœur, et préparez-le au coup qui va nous frapper. Si cette absence est affreuse, songez qu’elle n’est pas éternelle, et qu’il est impossible que nous ne nous réunissions pas tôt ou tard. Et puis, n’y a-t-il pas quelque consolation à penser que nous nous quittons dans toute l’ardeur, dans toute la plénitude, dans toute la virginité de notre amour ? Pas un orage n’a grondé dans notre ciel, pas un nuage ne l’a traversé ; il est serein encore comme une aurore de printemps ; qui sait ce que le soir nous promet-tait, et quelles épreuves nous étaient réservées pour le lendemain : nous échappons à tout cela, et notre printemps n’aura pas d’hiver. Quand je ne serai plus, vous n’aurez de moi que des souvenirs doux et paisibles ; mon image vous apparaîtra dans toute sa pureté ; plus tard, peut-être, il n’en eût plus été de même ; des brouillards l’eussent obscurcie, et le souvenir des beaux jours eût été gâté par celui des mauvais.
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La ville de Pise est séparée de la Méditerranée par une grande plaine que la mer, en se retirant, a laissée à sec. Le sol se ressent de son origine ; il est composé d’un sable aride et salin où la végétation n’a mordu qu’avec peine, et que la charrue n’a jamais effleuré. Un gazon touffu couvre les parties les plus anciennement quittées par les eaux ; les autres sont clair-semées de bruyères ; des bois de chênes verts et de pins sont jetés çà et là par la nature au milieu de ces agrestes prairies. C’est là ce qu’on appelle les Cascines de Saint-Rossore.
Fermées d’un côté par l’Arno, de l’autre par le Serchio, elles forment, pour ainsi dire, la tête de ces longues Maremmes qui s’étendent de là jusqu’à la Campagne de Rome, et vont expirer aux Marais-Pomptins. Livrée aux instincts libres et aux seules forces de la nature la Maremme de Saint-Rossore est, comme toutes les autres, abandonnée au pâturage. C’est une Tartarie en miniature, ou plutôt c’est l’Arabie, car elle est peuplée de chameaux : introduite au temps des croisades par un grand prieur de Saint Jean, cette colonie asiatique erre en liberté dans la solitude et imprime au paysage un caractère si étrange, si oriental, qu’il faut un effort d’imagination pour se croire là en Europe.
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Dieu me punit avec justice d’avoir quitté ma caste et déserté ma patrie.
— Mais alors pourquoi n’y retournes-tu pas ? si cette chaîne qu’on t’a mise te paraît si lourde, pourquoi ne pas la rompre ? pourquoi t’obstiner dans ton malheur ?
— Oh ! que c’est bien là le langage d’un homme simple et naïf, et que le cœur d’où partent de telles paroles doit être heureux dans son innocence et sa sérénité ! Ami, tu ne sais pas ce que c’est que le monde ; une fois dans ce courant impétueux, l’on ne peut plus le remonter.
— Mais quand on le veut bien ?
— C’est qu’on ne le veut pas ; va, le monde est un puissant magicien : quand il vous a touché de sa baguette, on courbe docilement la tête sous le joug et l’on perd jusqu’au désir de la délivrance. On se sent blessé, on ne veut pas guérir ; on est captif, on ne veut pas être libre ; renégat endurci, on persévère dans l’apostasie, et tout en regrettant le vrai Dieu, on n’en continue pas moins à servir les idoles. Tel tu me vois en ce moment ; je secoue en vain ma chaîne ; en vain je pleure ma patrie, je me ré-signe à l’esclavage et à l’exil ; c’est moi-même qui m’y condamne et je m’y dévoue obstinément. Je suis à ce point inconséquent que, malgré mes plaintes, je préfère encore mon angoisse et mes pleurs aux paisibles félicités de mes montagnes. Eh ! ne sais-je pas d’ailleurs qu’elles me les promettraient en vain ? Elles ne sauraient plus me les donner. Le monde s’acharne à sa proie ; il ne la lâche, plus, et tout ce que j’aurais fui je le retrouverais au désert.
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— Tu me rappelles l’Anglais, reprit-il en se reportant au souvenir de Shelley ; comme toi, il était toujours triste et pensif ; il venait aussi s’asseoir au pied des dunes et il restait là de longues journées à regarder la mer : je ne sais quel chagrin secret le rongeait, car j’ai passé bien des fois près de lui sans qu’il m’ait jamais adressé la parole. Tout à coup il ne vint plus ; je sus qu’il était parti pour Livourne, qu’il avait pris une barque au port et qu’il s’était allé perdre dans la haute mer ; quelque temps après on retrouva son corps là-bas au delà de la Magra ; son ami éleva sur la grève un bûcher de bois de pin ; le corps fut placé dessus et l’on y mit le feu.
Ce furent là les derniers devoirs qu’on lui rendit, parce qu’il était hérétique et qu’étant mort sans absolution il ne pouvait être enseveli en terre sainte ; mais c’est égal, ce fut un spectacle bien triste et bien beau, et je garderai de ce pauvre étranger un long souvenir.
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Victime d’une éducation rigide et timorée, j’obéis en esclave à des instincts nobles, mais vagues. Ce que je prends pour des principes ne sont que des habitudes, peut-être, des opinions ou des préjugés, et je n’ai, pour me consoler dans mon exil volontaire, ni la satisfaction d’un devoir accompli, ni ce calme intérieur qui suit l’irrévocable. Je proteste par mon désespoir contre ma propre vertu ; je m’exécute de mauvaise grâce, et le murmure ôte à mon sacrifice tout son mérite, tout son prix. Quel triste assemblage de contradictions, et quelle condition misérable !
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