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EAN : 978B086T16B6R
(05/04/2020)
4.72/5   9 notes
Résumé :
Rien n’est commun chez Boris : son esprit irrationnellement scientifique, son amour surnaturel pour Liane, son lunarium aux coussins en duvet de poussin, sa stéréo spatio-stratosphérique, et surtout son Chat, qui défie les lois de la pataphysique : non content de d’être doué de la parole, le matou prétend analyser les relations humaines en échange de croquettes souriceau-babeurre. Lorsque Boris invite ses amis pour une soirée festive dans sa maison, perchée au-dessu... >Voir plus
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Il existe plusieurs façons de lire une oeuvre littéraire. Je ne fais pas référence aux 4 types de lecture si chers aux profs de français qui ne manquent pas une occasion de nous rappeler les 4 types de lecture : sélective, en diagonale, de base ou active. Ce qui pour moi est incomplet, car j'en sais une autre qui se moque bien des étiquettes, la lecture plaisir.
L'oeil du chat appartient à la catégorie lecture plaisir.
Cependant, il existe plusieurs types de plaisir… Et je ne fais pas référence aux 4 types de plaisirs si chers aux psychiatres qui à leur tour ne manquent pas une occasion de nous rappeler qu'il convient de différencier 4 types de plaisirs : le physioplaisirs (les 5 sens) le socioplaisirs (les relations) le psychoplaisirs (la création quelle qu'elle soit… Et enfin l'idéoplaisirs [lecture, réflexion, méditation, imaginaire, contemplation…]
Je vais pour ma part opter pour un ton moins professoral en prenant pour comparaison, le plaisir que l'on peut ressentir lorsque l'on boit une bonne bière bien fraîche après l'effort, un jour de grande chaleur, d'une part et, d'autre part, le plaisir de siroter un vénérable whisky de 30 ans d'âge, un soir d'hiver, assis dans un fauteuil, posé préalablement devant l'âtre qui crépite.
Deux plaisirs tout aussi jouissifs, certes, mais fondamentalement différents.
La bière, on l'avale d'une traite… Sa fraîcheur, son amertume, sa pétillance, sont autant de plaisirs immédiats, si éphémères que bien souvent, il nous est nécessaire d'en boire une seconde sur-le-champ.
Le whisky lui, on le regarde, on le renifle, écoutant ses senteurs nous murmurer une foule de détails. Enfin on le boit par toutes petites gorgées annonciatrices d'arômes. On garde le nectar en bouche. Une fois avalé, il est toujours là, un peu partout… On suit sa progression. La dégustation d'un modeste verre peut durer des heures. Il y a tellement de choses à rencontrer dans la dégustation un excellent whisky.
J'ai lu plusieurs bouquins de Didierjean. Ses ouvrages de fantasy, je les ai bus presque sans reprendre mon souffle. En étanchant ma soif irrépressible d'aventures, de mystères, de magies, de merveilleux, de quêtes oniriques, ils ont fait le boulot d'une bonne bière qui dessoiffe.
L'oeil du chat appartient à la cuvée whisky. J'ai eu besoin de temps pour le lire. J'ai dû parfois le poser, passer à autre chose, relire certains paragraphes, voire de simples phrases. Il y a tant de choses à renifler dans les parfums de ce bouquin. Jeux de mots, mots inventés, salades de mots, mots détournés, rébus de mots, mots complices, mots mystères… Tout tourne autour des mots. Prenant à la lettre l'interrogation de Boris Vian dans les bâtisseurs d'empire :
« Je me demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots étaient faits pour ça ? »
Didierjean joue avec les mots. Il les triture, il les assemble, il leur donne vie. Il nous offre le spectacle intimiste d'un groupe d'amis intello littéraire délicieusement pédant qui au cours de leurs soirées conceptuelles, croisent, non pas le fer, mais le verbe. Et finalement, le chat qui parle ne devient qu'un détail… Comme tous les greffiers du monde, le matou cherche à s'approprier le premier rôle. Ce qu'il dit nous amuse cette, mais sans vraiment nous surprendre. On se dit que… oui, finalement, si mon chat causait lui aussi… Voilà sans doute ce qu'il dirait… Finalement, tout est normal.
J'ai apprécié ce livre que j'ai dégusté à petites gorgées, m'attardant sur ses proverbes imaginés, sur ses discours intelligemment délirants, sur ces arguments bringuebalants. Je l'admets, je ne sais pas si tout lecteur parviendra instantanément à s'installer à la table de cette bande d'amis à la conversation si brillante… Comme le dit encore Boris Vian, très présent dans cet ouvrage :
« Si on veut faire quelque chose de différent il faut s'attendre à ne pas rencontrer la compréhension tout de suite. »
Et ce bouquin est différent, car il surprend.

Cher auteur au chat, pour clore cette rubrique je citerai une dernière fois l'ami Boris en vous offrant l'une de ses pensées les plus fortes :
« Un bon chien vaut mieux que deux kilos de rats. »

Lien : https://jeanbjouteur.wixsite..
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QUAND RABELAIS RENCONTRE PRÉVERT ET APOLLINAIRE

Le roman « L'oeil du Chat » de Luc Didierjean n'a pas véritablement d'histoire. C'est « un roman participatif », fait de « moments » divers et variés.
Nous sommes comme des hôtes invités à participer aux agapes nocturnes organisées par des groupes de jeunes hommes et de jeunes femmes, sur une prairie devant une ferme, de la tombée de la nuit jusqu'après...
Il s'agit avant tout de jouer.
On joue à inventer des plats, à inventer des boissons, on joue avec les sentiments et surtout avec les mots. Mais avant il faut apprendre à jouer le jeu d'un chat qui parle et vous répond avec malice.
Un jeu où tout est permis, le pire comme le meilleur.
Ne sortez pas votre dictionnaire pour chercher la définition de certains mots ; ils ne s'y trouvent pas. Et ceux qui s'y trouvent n'ont aucune importance pour l'histoire.
Rien ne vous empêche de jouer avec vos hôtes, seul ou à plusieurs, au contraire. Je me répète : tout est permis, même de donner sa langue au chat !
Je vous laisse découvrir ces jeux sur les mots : c'est à vous de jouer.
Vous serez ensuite convié à une soirée costumée où même les animaux domestiques sont invités. Déguisement exigé, pour eux aussi. Pauvre chat !
C'est l'occasion de se livrer à un jeu de massacre littéraire, de déconstruction, sur des sujets divers et variés. Je me suis senti dans l'univers « d'Alice au pays des merveilles »... Il ne manque même pas le sourire du chat !... L'occasion de rire souvent et de jouer à nouveau.
Prenez le temps de déguster au passage le style avec lequel l'auteur évoque les paysages. Quelques mots et vous vous trouvez devant un tableau, avec les formes, les couleurs, les sons, les odeurs, et même le toucher.
Du grand art ! Une leçon d'écriture.
Jouer en apprenant. Si ce n'est pas du Rabelais, ça !
Si vous n'arrivez pas à jouer en famille grâce à ce roman, en cette période de fêtes et de réunions familiales, il y a d'autres jeux de société, mais aucun plus excitant que ceux proposés dans cet ouvrage. Participez ! Ou bien rabattez-vous sur la TV. Les moyens de s'abrutir ne manquent pas. Mais pourquoi pas commencer l'année par des jeux qui vous procureront de grands éclats de rire !
Et n'oubliez pas les croquettes au chat. Il vous en voudrait.
Bonnes fêtes à tous !
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J'ai retrouvé ici avec un indicible bonheur la plume souple et stylisée de Luc Didierjean, dans une rêverie loufoque et tendre aux personnages savoureux. Un long jeu complice d'images et de sons, qui distord mots, syntaxe et typographie sans (et c'est l'exploit) jamais sacrifier le sens ou égarer le lecteur.
D'une soirée galactique à une soirée sauvage, Boris et son Chat se promènent en compagnie d'une bande d'alcoolytes aux dialogues hilarants, de chapitres en chapitres illustrés par de savantes et inénarrables citations, nous expliquant la littérature des vers luisants ou la recette du dodécafrouti dans une dimension où le fantastique ne rôde jamais très loin. Entre néologismes piquants et métaphores d'anthologie, cette succession de trouvailles aussi géniales que déjantées, qui se moque délicieusement des Lettres, a fait de cet ouvrage inclassable un essentiel de ma bibliothèque. Je recommande sans modération.

Tom Larret
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- Une verve inventive à la Boris Vian !
Je découvre la plume de l'auteur qui nous transmet son bonheur de jouer avec les mots et la typographie, dans cette histoire, celle d'un groupe d'amis et d'un Chat qui converse avec son maître, Boris (un clin d'oeil à Boris Vian !). Il s'agit de traiter avec humour des relations amoureuses entre jeunes, lors de soirées festives et bien alcoolisées. Boris est spécialiste des cocktails (rappelez-vous le piano-cocktails dans "l'Écume des jours") et féru de sciences, mais très frileux, lorsqu'il s'agit de se déclarer à une jeune fille. Et le chat l'observe, avec un oeil critique, tel un double du lecteur.
J'ai beaucoup apprécié les nombreux jeux de mots, leur association dans cet écrit non dénué de poésie, sous le clair de lune, avec le "frou-frou" des étoiles, allusion à Rimbaud.
À découvrir absolument !
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J'ai envie de commencer mon commentaire par les mots mêmes de l'auteur pour présenter « L'oeil du chat » que j'ai pris pour sa couverture initialement. « Rien n'est commun chez… ». Déjà un chat qui parle avec son maître, en plus un chat psychologue (Non, non, rien à voir avec la BD le chat du rabbin), une écriture qui oscille entre le roman, le conte, le surréalisme, la psychanalyse, voire le rêve psychédélique dans cette période où on n'est pas encore éveillé mais plus endormi… Ajoutez des titres qui racontent une histoire propre, une mise en page qui n'est pas aléatoire contrairement à ce qu'on pense… et vous aurez une petite idée de ce que vous allez trouver. Vous aimerez ou vous n'aimerez pas, mais vous n'y serez pas indifférent.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
— Un ! cria le Chat, grisé autant par la vitesse que par la nuit régnant sous les aubépines.
Les pneus mous absorbaient les bosses du chemin avec délectation, et Boris donna quelques coups de pédales supplémentaires pour atteindre le second virage à pleine vitesse. Le chemin commença à virer vers l’amont, pour décrire une boucle complète puis une spirale de plus en plus serrée, avant de plonger vers l’aval sans jamais recroiser la partie du tracé précédente. Une bizarrerie qui lui avait valu son nom de virage de Moebius. S’ensuivait un passage difficile, fait d’une succession de onze hautes marches en pierre rouge

Que
Boris
Dévala
Sans
Se
Sou
Cier
Des
Récri
Minations
hoquetantes
Du Chat,
pour arriver au troisième virage dit « du blaireau ». Un véritable piège pour les cyclistes ; il fallait viser juste car au milieu s’ouvrait un terrier de bonne taille. Boris avait même cru en voir émerger la tête son occupant, un blaireau rond comme une marmotte aux premières neiges, ornée d’un vieux casque métallique doté d’une pointe meurtrière pour les chambres à air.
Aujourd’hui cependant, l’animal ne se manifesta pas, et ils dépassèrent sa tanière dans un crissement provocateur
— Trois ! hurla le Chat, autant pour lui-même que pour narguer l’irascible occupant des lieux.
Le quatrième virage était celui « de la mort ». Il ne comportait en fait aucune particularité sérieuse, et son appellation évoquait l’ennui profond plutôt qu’un péril létal. Boris lâcha même un instant le guidon pour bien souligner l’aisance avec laquelle il passait l’absence d’obstacle.
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