James Bond, tome 3 : Hammerhead

James Bond, en bd ? Mais carrément...Après tout, l'agent 007 existe d'abord par le livre, avant d'exister par l'écran. Et puis il est devenu un monument de la pop culture.

Pour autant, j'ai été vraiment déçu par les deux premiers tomes, malgré la présence au scénario du très talentueux Warren Ellis. En effet, ni véritablement hommage, ni réinvention, ces récits affichaient une platitude qui confinait à l'ennui, tout juste pouvait-on sauver les scènes d'actions du naufrage. Et l'absence de certains codes, inévitablement liés à la franchise, n'arrangeait rien.

Mais, constatant le changement d'auteurs à partir du tome 3 (Andy Diggle au scénario et Luca Casalanguida au dessin), j'ai décidé de faire une dernière tentative et bien m'en a pris, puisque Andy Diggle prend le contre-pied de Warren Ellis en choisissant de s'inscrire dans la continuité du Bond cinématographique (qui est, en réalité, légèrement différent du Bond des romans). Alors, c'est sur, on peut reprocher à l'auteur de ne pas prendre de risques, mais ça fait du bien, en l'absence d'un trait de génie qui viendrait réinventer le personnage, de se retrouver en terrain familier. Pour ceux qui voudraient tenter l'aventure, vous pouvez vous épargner les deux premiers tomes (d'autant plus qu'il ne se suivent pas) et passer directement au tome 3.

Après Vargr et Eidolon, c'est une nouvelle équipe, composée par Andy Diggle et Luca Casalanguida qui a remplacé le duo formé par Warren Ellis et Jason Masters. Hammerhead est donc très différent des deux précédents albums édités par Dynamite et Delcourt.

Le scénario est un peu plus élaboré que les deux histoires précédentes, même s'il reste plutôt convenu, prévisible et ne réserve guère de surprises. L'action et la violence tiennent ici une place de premier plan. Autrement dit, le comics s'adressera à un public adulte qui n'a pas froid aux yeux.

Les dessins reflètent cet état d'esprit. Les couleurs sont plutôt sombres et s'adaptent bien aux différentes ambiances (tout particulièrement lors de la séquence sous-marine ou lors des missions d'infiltration). En revanche, les visages des personnages manquent de précision. Cela est particulièrement visible lors des scènes d'action. Certaines d'entre elles sont prometteuses (l'aquarium) mais leur traitement nous laisse sur notre faim.

Meilleur que les deux albums précédents Hammerhead surfe sur une mode lancée avec le film Casino Royale en promouvant un 007 mâtiné de Jason Bourne appliqué à la bande dessinée. Ce choix reste hélas très éloigné des romans. Il y a d'ailleurs ici un petit quelque chose qui nous rappellera les films avec Roger Moore, notamment l'espion qui m'aimait (sans Requin).

Voici donc une lecture qu'il faudra réserver aux fans de la nouvelle génération de l'agent 007 pour être pleinement appréciée.

Kraken : un ennemi omniscient qui souhaite redonner sa toute-puissance à l'Angleterre.
James Bond : un agent old school au service secret de Sa Majesté.

Ce qui est bien avec ces comics sur James Bond, c'est leurs planches épurées de textes, détaillant l'essentiel pour la compréhension de l'action, qui en font une lecture vite bouclée.

L'histoire ici est somme toute classique et les révélations s'anticipent allègrement. Un Bond pépère pour ne pas se prendre la tête. C'est toujours ça de pris !