Je lis toujours de la poésie et je suis très heureuse de vous inviter aujourd'hui dans l'univers poétique simple, mais guère simpliste de
Gabriel Dinu, découvert récemment.
Le poète, dont on sait qu'il écrit depuis longtemps, ose ici son autobiographie (cf. page 51) en quatre lignes : « Jeune ? / Poète ? /Roumain ! /En vie. » Un point d'exclamation s'est perdu en cours de route lors de la traduction (Autobiografie: Tânăr?/ Poet?/ Român!/ În viață!), mais qu'à cela ne tienne, l'aveu est complet. Jeune, il l'est (né en 1973 soit deux ans de plus que moi), poète, à vous d'en juger, Roumain, c'est courageux de l'exposer. « Vivant », voilà le plus important, car sa poésie a quelque chose du domaine de la survie. Et si Dieu n'était qu'un chien « aux yeux bleus et purs » (cf. page 13) ? Je ne devrais peut-être pas vous le dire, mais il meurt à la page 29.
La mort (27 occurrences en tout dans le recueil), omniprésente, fascine et inspire le poète :
« La mort a tes empreintes
dans un dossier bien caché
à côté de ton ADN.
C'est l'archive tapie dans le néant.
Tu sirotes la vie, tu inspires profondément
et tu souris joyeusement.
- Et quoi alors, si la mort a
mes empreintes ?
Elle vient aussi, finalement,
avec des empreintes, avec tout,
comme le dernier chant. »
(p. 79)
Le poème final (Chant sur le mort), très émouvant, est dédié, et il importe de le souligner, aux victimes d'un terrible incendie survenu au « Colectiv Club », discothèque de Bucarest, le 30 octobre 2015.
Ce magnifique recueil de « poèmes d'hier et d'aujourd'hui » a été traduit du roumain par Corina Bozedean et comprend une très intéressante préface d'Eva Monica Szekely.