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'immigration, notamment clandestine, est un sujet récurrent de l'actualité. Mais si l'on connait bien, ou en tout cas, si l'on communique souvent, sur la vie, les conditions, etc... de ces clandestins, on ne connait rien de ceux, et surtout celles qui, mères, soeurs, épouses, restent au pays, dans une situation souvent critique et attendent des nouvelles, le retour et un avenir meilleur de celui qui, parti, cristallise tous leurs espoirs.
C'est avec beaucoup d'humanité que Fatou Diome aborde la vie de ces femmes qui restent. Elle évoque les coutumes, les relations complexes des familles africaines, la maternité, la pauvreté, l'entraide, le partage... Ce livre est riche, notamment en émotions qui jaillissent de la plume imagée et colorée de l'auteure. Son livre est engagé et non exempt de colère face à la situation critique des femmes Africaines, de l'attitude de l'Europe face à l'immigration.
Mais il est aussi plein d'empathie, de bienveillance et de pardon. Mais ce que j'ai le plus apprécié, au final, c'est le rythme de l'écriture, des phrases, qui évoquent parfois une musique, une mélopée, un murmure.
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Ce livre parle de l'émigration d'Afrique, mais il n'est pas comme les autres. Pas de pathos, pas de récit extraordinaire sur les dangers qui guettent les frêles embarcations qui franchissent la Méditerranée, pas de plaidoyer contre le racisme,...
Le sujet n'est pourtant pas si original, mais il est écrit de manière tellement juste et d'un point de vue qu'on a pas l'habitude de voir: les femmes qui attendent, qu'elles soient mères, amoureuses, épouses. Et en toile de fond, la vie quotidienne en Afrique noire, les mariages, les privations, les désirs.
Lamine et Issa sont deux amis d'enfance, des voisins dont les mères sont amies également. Ils vivent sur une petite île au large de Dakar. Et le lecteur est plongé dans ce Sénégal que j'ai la chance de connaître un peu; on y retrouve des rites, des rêves qui sont encore les mêmes. Les mères des jeunes hommes se sont mis en tête de les envoyer en Europe, et ils partent une nuit sans crier gare. Alors commence l'attente interminable de ces deux femmes, qui restent de longues semaines sans avoir de nouvelles, et qui organisent leur vie autour de ces absences. Coumba, l'épouse amoureuse, se languit de son Issa pendant que Daba, épouse sans mari, doit lutter contre les commérages des voisins quand elle tombe enceinte alors que son mari est à l'autre bout du monde.
Et soudain, Arame, la mère de Lamine, sans rien renier de sa culture, se rend compte qu'elle a subi un chemin qu'elle ne voulait pas, et qu'elle l'impose à Daba.

Ce récit est très touchant, et surtout il est divinement bien écrit. Quelle belle plume que celle de Fatou Diome!! Je ne connaissais pas cette autrice, j'ai emprunté ce livre par hasard dans ma bibliothèque, mais quel beau hasard. Je regarderai s'il y a d'autres ouvrages d'elle, car elle a un style qui m'a beaucoup touchée. Il y a dans ses mots, dans ses descriptions, tellement de poésie et de justesse.
Je crois que je garderai bien longtemps le souvenir de ce roman justement à cause non seulement de l'histoire, mais aussi de la forme. Bravo Mme Diome, vraiment.
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Magnifique ouvrage que « Celles qui attendent » de Fatou Diomé ! Tout d'abord une évocation juste et lucide de cette émigration clandestine de l'Afrique vers l'Europe. Émigration… puisqu'ici l'histoire est vue du côté des partants depuis une île du Sénégal.
Problème de migration donc qui rejoint une réflexion plus vaste sur les rapports toujours équivoques entre l'Europe et l'Afrique, entre pays nantis et pays en recherche de développement.
On suit avec intérêt, voire empathie, l'existence difficile de ces quatre femmes attachantes qui s'étiolent à attendre le retour d'un fils, d'un mari, embarqué sur une pirogue de fortune pour le mirage européen. Et, au fil de leurs journées bien remplies, on découvre la subtilité des chemins de survie de ces mères sur qui repose – quelle que soit leur situation matrimoniale – le souci de subvenir aux besoins de leur maisonnée.
On découvre aussi au fil des pages d'un récit concis et bien construit, les secrets de ces vies apparemment lisses et socialement codifiées à l'extrême. On pleure, on espère avec ces femmes-courage qui jamais ne baissent les bras.
D'une écriture limpide, Fatou Diomé nous décrit la complexité des sentiments qui animent ces épouses dans leur lutte éperdue pour capter l'amour de l'époux, amour qu'il leur faut cependant partager… polygamie oblige.
Mais l'auteure ne se contente pas de nous entraîner dans les péripéties tendres ou cruelles de ces héroïnes suivant leur destin entre cuisine, corvées d'eau ou de bois, ramassage des coquillages… Elle nous livre aussi ses réflexions incisives sur la polygamie, sur les déséquilibres Europe/Afrique, séquelles du colonialisme rampant qui affecte les mentalités occidentales, sur les désastres que cause la course effrénée au profit dans un monde consumériste qui entrave toute velléité de s'en sortir. Des paroles qui sonnent juste et dont on ferait bien de s'inspirer : « Aider quelqu'un, c'est l'aider à ne pas avoir besoin de vous » dit Fatou Diomé.

Une mention spéciale pour le style qui va à l'essentiel avec sobriété mais qui nous régale aussi de ses éclats poétiques, poésie des instants vécus… dont je n'ai pu m'empêcher « d'extraire » ces haïkus :

Les canards caquètent
d'un bout de la cour à l'autre
avec lenteur

Les deux amies
éclats de rire mêlés
à la rumeur des vagues
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Arame est mariée à un homme qu'elle a fini par haïr. Il a l'âge d'être son père et il est malade, hargneux et acariâtre. Leur fils aîné est mort. le deuxième est au chômage à Dakar. Bougna doit partager son mari avec une co-épouse. Elles se démènent pour nourrir leur famille. Leurs fils tentent d'émigrer clandestinement vers l'Europe. Fatou Diome décrit l'attente de celles qui restent : les mères, les épouses, les enfants, l'appauvrissement par le micro-crédit, l'espoir d'une vie meilleure, les nouvelles rares et les années qui passent loin de ceux qui sont partis, l'écriture est imagée pour décrire les coutumes, le poids des traditions, la soumission, la révolte, parfois, et surtout la force et le combat de ces femmes aimantes.
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Chapeau bas à Fatou Diome pour ce magnifique roman !
Sur l'île de Guior, au Sénégal, nous allons suivre une tranche de la vie d'Arame et Bougna bientôt rejointes par Coumba et Daba. Les deux premières sont les mères de Lamine et Issa, deux jeunes hommes auxquels la vie promet la même existence de dur labeur et de pauvreté qu'aux générations qui les ont précédés. Attirés par le rêve européen, ils embarquent un beau jour pour l'Espagne, où ils entrent clandestinement. Outre les mères, ils laissent derrière eux des épouses. Celles qui attendent cependant ne le font pas les bras croisés, c'est à elles que revient la dure charge de nourrir la famille tant bien que mal.

Femmes délaissées, femmes exploitées, les rêves des jeunes filles cèdent bien vite la place à la cruelle réalité. Elles ont bien des devoirs et peu de droits. "Ah, si seulement j'avais fait des études !", regrette Arame lorsqu'elle se voit contrainte de demander l'aide de l'instituteur pour écrire une lettre à son fils. Si seulement elles avaient pu étudier, elles auraient pu aspirer à autre chose qu'à cette existence sous le joug des traditions et du jugement sans pitié de la famille, des voisins, du village. Ce roman est effectivement empreint de féminisme, pas le prétendu féminisme stupide qui prétend que les femmes valent mieux que les hommes, mais d'un féminisme subtil et efficace.
Quant à la problématique de l'émigration des jeunes Africains (et donc à l'immigration clandestine dont l'Europe fait l'objet), il faut attendre les deux tiers du livre pour que l'autrice nous dévoile son point de vue. Personnellement, j'ai lu avec une pointe d'ironie les espoirs d'Issa, de Lamine et de leurs mères au début du roman quand on les entend converser de la belle vie qu'ils pensent faire en Europe : "Que croyez-vous donc?", pensai-je. Aucun d'eux ne sait ce qui les attend vraiment là-bas et que Lamine exprime dans les dernières pages : "La faim, le froid, le racisme, la solitude, les petits boulots, l'esclavage économique !" Existence de misère au pays, existence de misère en Europe, la présence de la famille en moins.
Concernant le style, je suis conquise. Fatou Diome mérite amplement les louanges qui lui sont faites. J'ai adoré sa manière d'écrire, son vocabulaire riche qui fait souvent défaut aux auteurs actuels. Merci madame pour ce beau moment de lecture !

Challenge ABC 2023/2024
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Etonnant voyage en pays sérère, où les descendants des Guelwaar rêvent d'émigration pour sauver leur famille du marasme. Fatou Diome emploie une langue riche, académique et subtile pour décrire les us et coutumes animistes d'un village perdu sur une île au large de Dakar. Les rouages de ces rapports humains dans une société africaine bien différente de la nôtre sont passionnants et ces personnages résignés mais combatifs font preuve d'un courage incroyable face au sort qui s'acharne et à l'ennui quotidien provoqué par ces tâches répétitives (aller plusieurs fois au puits pour remplir les bassines d'eau, ramasser les fruits de mer à marée basse, faire la cuisine et balayer). Dans cette société polygame et solidaire, la condition des femmes est évidemment dictée par des traditions séculaires; ses mères, ses femmes sont parfois condamnées à attendre des années le retour d'un fils, d'un mari auréolé de gloire, enfin capable de solder les dettes et de redonner un peu de rêve à toute une famille. Une oeuvre touchante, savoureusement triste, mais sans but, sans espoir, sans réponse et donc manquant parfois de profondeur et d'originalité malgré toutes ses qualités.
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Ce livre dresse un portrait extrêmement touchant des femmes africaines: travailleuses, patientes, résignées, mais si fragiles en secret. Elles sont victimes d'une société fermée où tout leur incombe. Désespérées par le manque d'avenir pour leurs fils, elles rêvent de l'Europe-Eldorado, mais le livre décrit bien la chimère que ce rêve représente.

Malgré certaines longueurs à partir de la 2ème moitié du livre, dans laquelle l'auteur semble faire des "crises lyriques" :-) (j'imagine qu'elle doit être très bavarde!!) et aussi la volonté d'accumuler toutes les facettes des relations Europe-Afrique de manière un peu dogmatique, qui ne sont pas forcément nécessaires dans l'histoire (le micro-crédit, etc.), j'ai été captivée par l'histoire.
J'ai eu l'impression de partager la douleur de ces femmes: l'attente, mais aussi le poids des traditions, des rancoeurs entre familles. Cette lecture donne l'impression de partager des moments avec elles... Bref, un super roman à recommander!!
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Le roman entier est compris dans son titre. Celles qui attendent. Celles qui attendent, dans le roman, sont quatre femmes : deux mères et deux épouses. Les deux mères ont réussi à faire partir leurs fils pour l'Espoir, pour l'Europe. Juste avant, voire même juste après, un mariage à la va-vite : cela fait rêver toutes les familles, ces jeunes hommes qui vont tenter leur chance en Europe pour y revenir un peu moins pauvre, un peu plus moderne.
Le style du roman est à cette image : les phrases sont languissantes, elles ne vont pas droit au but et imitent la lenteur de la vie au village. En raison de ce style, ce n'est pas un roman qui se lit rapidement. On sent que l'autrice a cherché à nous faire pénétrer dans cette touffeur, dans ces familles où l'espoir se dispute à la résignation.

Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour cette lecture, qu'il m'aurait fallu un roman avec plus d'action pour m'aider à m'évader pendant ces premiers jours de confinement lié au Coronavirus. Plus d'une fois, mon cerveau a lu un mot à la place de ce lui qui était écrit ; je pense que c'est lié à cette période particulière…

Si je n'ai pas été totalement emportée, je dois dire qu'objectivement c'est un beau roman. Un roman qui montre l'émigration plutôt que l'immigration, les espoirs des familles qui restent au village et qui continuent leur routine sans savoir si le fils ou le mari reviendra. J'ai beaucoup aimé cette vision de l'intérieur, à la fois sensible et réaliste.
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Sur une île où le travail est absent, l'Europe est convoitée par des hommes prêts à l'affronter pour gagner un rivage, une terre qu'ils espèrent meilleurs. Les fils, les maris partent laissant des femmes derrière eux. Ces femme, ce sont Arame et Bougna, mères de Lamine et Issa qui vont partir sous la cape de la clandestinité. Arame est réticente à de départ de projet même si ses dettes chez Abdou le commerçant ne font que s'accroître. L'Océan lui a déjà pris son autre fils et ses petits enfants sont à sa charge. Autant de bouches à nourrir mais qui lui donnent de la joie et la force de vivre ou de survivre « La survie, justement. Partout elle demande un effort, mais il des contrées où l'on côtoie tellement la mort que la survie elle-même semble un pied de nez fait à la vie. Sur ce coin de la planète, où les maigres productions journalières sont destinées à une consommation immédiate, la sérénité du lendemain n'est jamais assurée ».

Bougna est en guerre permanente contre la coépouse de son mari, jalousies de femmes entretenues par la polygamie du mari. Arame supporte son mari Koromâk , cloué au lit par l'arthrose et déversant son fiel. Un mari qu'elle n'avait pas choisi mais avec qui elle doit faire. de toute façon, jamais on ne se plaint ou alors en silence « alors, au lieu de râler devant plus souffreteux que soi, on mord le mouchoir et on trime du matin au soir. Pour beaucoup, vivre se résume à essayer de vivre. »

Lamine et Issa laisseront leurs jeunes épouses Coumba et Daba derrière eux. Bercées de rêves et d'amour comme toute jeune fille, leur quotidien est autre. Les devoirs imposés aux belles-filles ne sont pas de tout repos. Cuisiner, laver, nettoyer pour toute la famille et sans jamais broncher. L'Europe est la femme rivale qui leur a prise leur mari.

Les mères en trompant leur peur dans le travail, les jeunes épouses attendent la présence de leur mari. Les années passent, Issa et Lamine ne sont toujours revenus. Mais la vie n'attend pas, le fils d'Issa grandit et Daba voudrait connaître l'amour. Issa et Lamine découvrent la condition d'être clandestin en Espagne : la quête aux papiers et au travail.

Derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles.
Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait .

Avec « celles qui attendent», Fatou Diome nous fait partager l'intimité, le quotidien de ces femmes. Femmes courageuses, femmes de caractère et « parce qu'elles savent tout de l'attente, elles connaissent le prix de l'amour.» Un prix élevé fait de sacrifices.

Fatou Diome, c'est d'abord une écriture exceptionnelle.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2010/07/fatou-diome-celles-qui-attendent.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Celles qui attendent de Fatou Diome ( 327 pages - Flammarion )



Après avoir lu ce roman sur ces femmes qui attendent le retour d'un fils ou d'un mari partis vers l'Europe, pour le rêve d'argent facile, je suis en colère .

Oui! en colère pour la vie d'esclaves que subissent ces pauvres femmes. Coutumes, religion, pays mal gouvernés où les richesses sont juste pour certains.

Lisez Mille Soleil splendides de Khaled Hosseini et vous me comprendrez mieux. Je peux faire une liste de livres à lire sur la vie des femmes par le monde.

Je suis heureuse d'être née en France ! et surtout à notre époque !

Sur une ile près des côtes du Sénégal deux femmes sont amies, Arame et Bougna.

Elles poussent leurs fils, Lamine et Issa à partir vers le miroir aux alouettes, l'Europe. Mariages rapides et départ vers les fausses illusions.

Pendant ce temps les femmes survivent dans l'espoir du retour de leurs absents.

J'ai relevé un passage " La véritable éternité, qu'ils imaginent telle une ligne de mire lointaine n'existe pas.

La véritable éternité, c'est un bref instant, volé à la vacuité du quotidien, où, soudain, une intense beauté se concentre et s'ancre si profondément en nous que le temps à venir ne peut en éroder le souvenir "

Pour moi c'est des petits cailloux le long d'une vie semés sur notre route qui brillent dans notre mémoire !

Un gentil roman touchant.
Mireine
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