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EAN : 9782226443861
336 pages
Albin Michel (21/08/2019)
3.37/5   75 notes
Résumé :
Nul ne s’aventure sans appréhension à Sangomar, ce bout de terre inhabitée où, dans la tradition animiste sérère, se rassemblent les djinns et les âmes des défunts. Sur l’île voisine, la jeune Coumba entame un long veuvage, recluse chez sa belle-mère. Elle vient de perdre son mari dans le naufrage du Joola, en 2002, au large du Sénégal.
Dès la nuit tombée, après le cortège des prières rituelles et des visites obligées, Coumba peut enfin faire face à son chagr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Coumba vient de perdre Bouba, son mari dans un naufrage au large du Sénégal. Face à la compréhension de ses proches de prendre la mesure de son chagrin, Coumba se réfugie vers l'île de Sangomar qui regroupe les esprits des djins, afin d'évoquer son amour perdu, leur belle histoire d'amour foudroyée bien trop vite et va selon les rites de la religion faire le deuil pendant plus de quatre mois.

Coumba va alors rapidement être accusée de sorcellerie et de tomber dans la folie par les habitants de Sangomar parce qu'elle parle à voix haute à son amoureux mort.

En basant son intrigue sur un naufrage qui a réellement eu lieu, en 2002, qui fut un des plus meurtriers de l'histoire (2000 morts au cours d'un accident qui vit un ferry assurant la liaison entre Dakar et la province de Casamance couler tragiquement), la romancière franco sénégalaise Fatou Diome, l'auteur du "Ventre de l'Atlantique", qui n'avait plus beaucoup donné de nouvelles ces dernières années, nous livre une jolie immersion dans une Afrique racontée à hauteur d'hommes, avec en troile de fond la poésie et la magie des griots.

Insistant sur la quasi impossibilité pour l'héroïne de vivre depuis la disparition de son homme, Fatou Diome prend son temps pour tisser un joli roman de deuil.

Elle y raconte également la place des femmes au sein d'une société très patriarcale, l'impact conséquent et souvent néfaste d'une religion qu'on a pas forcément choisi, les médisances de l'entourage et du qu'en dira t-on et la capacité de résilience qu'on porte chacun en nous.

Un voyage poétique et onirique qui devrait ravir les amoureux de l'Afrique et tous ceux qui aiment les romans qui nous font partir ailleurs .

Et d'ici quelques heures à peine, on vous reparle d'un film qui a pas mal de points communs avec ce beau roman...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quelle écriture! C'est le deuxième roman que je lis de Fatou Diome, et je suis toujours autant séduite par sa plume incisive, précise, et tellement riche. Je mets même un tout minuscule bémol à ma critique, parce que je me suis parfois perdue à la lecture du roman, entrecoupé parfois par les écrits de Coumba, l'héroïne, qui écrit son journal. Pas facile de toujours suivre, mais on ne peut pas dire que l'autrice prend ses lectures pour des imbéciles. Je pense également qu'il doit y avoir quelques éléments qui m'ont échappé, car il faut avoir pas mal de références sur le Sénégal et ses coutumes concernant la mort.

Et donc, l'histoire, toute simple. Coumba est une toute jeune veuve: son mari vient de mourir dans le naufrage du Joola, au large de Dakar, pendant un voyage avec des amis. Ce naufrage oublié, qui a pourtant fait plus de morts que le Titanic, est le point de départ du naufrage intérieur de Coumba. Comme elle peut, elle s'accroche à la vie, pour sa petite Fadikiine, tout juste âgée de quelques mois. Mais tous les soirs, elle appelle les veilleurs de Sangomar, ce refuge des morts, pour entrer en contact avec son bien-aimé Bouba. Elle a besoin de réponses, elle a besoin de lui.
Toute l'histoire est là, qui peut donc se raconter en quelques mots, mais le roman décrit précisément la douleur de Coumba, les rites qui entourent le veuvage d'une jeune femme, sa volonté de fidélité, et la souffrance des parents et beaux-parents des amis de Bouba.

Une merveilleuse écriture qui nous fait voyager, nous transporte et nous émeut. Décidément, je suis cette autrice avec énormément de curiosité et d'envie.
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Merci à Lecteurs.com et aux éditions Albin Michel pour cette lecture !


L'étape de la page 100 :
Fatou Diome nous chante un véritable conte. Coumba a perdu son mari et le père de sa fille lors d'un naufrage au large du Sénégal. Elle entame un long deuil selon les traditions musulmane, mais s'ouvre, la nuit, à l'animisme et au récit des noyés.

On nous livre une narration lyrique et très imagé, sonore, chantante et coloré mais une narration qui reste très lente et répétitive. le début de ce roman est très « pauvre » par son contenu et me semble difficile d'accès. La culture animiste me rend néanmoins curieuse.

--

Le ferry le Joola, en direction de Casamance, sombra dans les eaux en Septembre 2002. C'est sur ce socle de vérité que se bâtit l'histoire des Veilleurs de Sangomar. Ce jour là, Bouba disparaît en même temps que le Joola. Il laisse une veuve et une orpheline à terre : Coumba débute son deuil, entravée par la tradition musulmane. Sa belle-mère veille au grain. Elle ne doit pas chanter, ne doit pas parler fort ou traverser la foule. Aucune prière ne doit être oubliée.

La première partie du livre est très longue, mais on pourrait y voir une métaphore, celle du temps qui se fige lorsque l'on perd un être cher. On y parle de la difficulté pour Coumba de vivre depuis la disparition de sa moitié. Elle tente, avec ardeur, de retranscrire ses souvenirs, qu'elle pourra léguer à sa fille. Tous les soirs, à la manière des Sérères, ce peuple du Sénégal, elle tente d'invoquer l'esprit des ancêtres afin de calmer son chagrin.

La narratrice nous parle, avec ce style si musical, de l'imposition de cette religion qui n'est pas celle de son coeur. L'islam et le christianisme sont arrivés chez eux avec leurs gros sabots et ces nouvelles croyances ont « métamorphosé » ses proches. Ces « mutants » baragouinent une langue qu'ils ne comprennent pas et imposent leurs diktats. Coumba est l'héritage de sa belle-famille et devra être la troisième épouse de son beau-frère. Non ! Coumba devra se marier avec son cousin qui la courtise depuis si longtemps. Non ! Coumba veut rompre ses chaînes et montrer la voie de la liberté à sa fille.  Petit à petit, Coumba reprend goût à la vie et laisse partir l'esprit de son tendre Bouba.

Au travers de ce deuil et de ses différentes étapes, la narratrice évoque la situation de l'Afrique et du Sénégal, notamment face à ces religions. Les traditions Sérères, l'animisme et le féminisme ont également leur place dans le texte. 

Pour conclure, ce livre possède un style littéraire inégalable mais parfois difficile d'accès, alourdissant la narration. A lire, les sens en alerte, et avec patience !
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Un voyage à travers les coutumes du Sénégal.

Fatou Diome nous raconte l'histoire de Coumba qui vient de perdre son mari dans le naufrage du Joola en 2002 au large des côtes sénégalaises.
Coumba dans la tradition animiste doit vivre un veuvage de plusieurs mois chez sa belle mère, fait de solitude, de prières, de visites de condoléances. Elle se plie avec difficulté à ses obligations et ne tient le coup que grâce et pour sa petite fille Fadikiine. Coumba pleure son mari, compagnon et ami. Leur complicité rend encore plus inacceptable cette solitude.

Heureusement, la nuit Coumba peut faire face à son chagrin et invoquer les veilleurs de Sangomar. Ces esprits des ancêtres dans la culture animiste qu'elle invoque pour contacter son mari Bouba dans l'au delà.

Coumba devra résister à l'empressement de sa belle mère à la remarier avec le frère de Bouba polygame alors que Bouba et Coumba avait clairement affiché leur attachement à la monogamie.
La mère de Coumba sera un appui précieux pendant cette période, soutien discret et indéfectible.

Fatou Diome raconte avec lenteur, douceur et beaucoup de poésie le deuil de Coumba. A partir de ce naufrage qui a réellement eu lieu en 2002 dans lequel plus de 2000 personnes ont péri, Fatou Diome parle du Sénégal, de la place des femmes dans la culture sénégalaise, de la difficulté à se détacher des traditions, et du deuil difficile et qui se fait petit à petit malgré la souffrance, la capacité de résilience nécessaire pour retrouver gout à la vie, et continuer d'aller de l'avant, le soutien des proches.

C'est un roman dense, profond, très descriptif et néanmoins très poétique.
C'est un voyage qui demande de prendre son temps pour apprécier toute la profondeur du récit.
La plume est belle et l'histoire de Coumba reste gravée en mémoire longtemps après avoir refermé le livre.

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C'est un roman au style lent et répétitif mais toutefois chantant. 

On lit les lamentations de la jeune veuve Coumba, qui vient de perdre son mari dans le naufrage du joola en 2002.

Elle suit la tradition musulmane et entame une période de veuvage de 4 mois et 10 jours.

Coumba attend le soir et le départ de son entourage solidaire mais intrusif (  c'est elle même qui le souligne) pour confier à sa plume sa peine et ses souvenirs et reprendre des forces et du courage pour élever leur fille Fadikiine.

J'ai tenu jusqu'à la 230ème page sur 350 et j'ai abandonné ce roman, je m'ennuyais à force de répétitions.

J'étais pourtant intéressée par les sujets : deuil, patriarcat, l'écriture comme remède, les traditions africaines et l'influence de l'occident.

Dommage. 

Un bel extrait :
"Motivée, elle fixa secrètement son cap. Embarquée dans ses songes, elle ramerait, peut-être à contre- courant, mais ne dérangerait plus le sommeil d'autrui. Certes, se disait-elle, par peur de la solitude, on suppose la grégarité salutaire, mais, concernant les choses qui touchent à l'âme, l'avis des tiers est rarement d'un grand secours; il est même souvent plus pénible que le tourment qu'il est censé apaiser. Si quelques rares fois les mots consolent, ils assènent des coups de latte lorsqu'ils sont maladroits. La bravoure réside alors dans le silence. Afin de s'exprimer sans déranger ni se faire culpabiliser, Coumba ne s'adresserait plus qu'à sa plume, dans le huis-clos de sa chambre. "

Page 48
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critiques presse (2)
LeSoir
12 novembre 2019
Un roman d'amour, un roman de liberté, un roman de dignité. Fatou Diome nous émeut avec «Les veilleurs de Sangomar».
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
17 octobre 2019
Fatou Diome revient avec un récit qui magnifie le combat d’une jeune veuve résiliente et trahit son goût pour la poésie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
L’écriture n’allège aucun tourment, se disait-elle, mais elle aide à traîner son fardeau, au lieu de le déposer sur le dos d’autrui.
L’écriture n’arrête aucune houle, mais apprend à s’y tracer un sillage à coups de rame, n’importe quelle rive étant préférable à la noyade .
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Pendant que les idéalistes s'évertuent à nous unir, le capitalisme nous divise. A preuve, l'intérêt que l'opinion mondiale accorde à chaque catastrophe meurtrière est proportionnel à la puissance financière du pays concerné. Certes, l'identification influe sur le degré de compassion, mais la différence de leurs robes n'empêche pas les vaches de se reconnaître dans leur pré. A l'ère du Dow Jones et du Cac 40, l'émotion est à géométrie variable, surtout parce qu'elle obéit au cours de la Bourse à Wall Street. Quelle est la cote de la vie des citoyens du Tiers-Monde ? La finance planétaire se soucie davantage d'un rhume de Google que du paludisme qui, pourtant, tue sous les tropiques plus que le sida dans le monde entier. La mort des pauvres émeut si peu le monde que leurs familles se sentent ignorées, sur une autre planète, abandonnée par l'humanité. Environ 2 000 personnes noyées au large de Dakar ; cette nouvelle a-t-elle provoquée une minute de silence dans une ville européenne ou américaine ? En tout cas, Coumba n'en avait pas entendu parler. Pour les puissants, la mort des pauvres est aussi insignifiantes que leur vie.
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Moi qui voulais tout partager avec toi, je regrette d'avoir joué les cachottiers, alors que j'ai toujours pu compter sur ta compréhension. Tu sais, ma douce, maintenant, j'ai le temps de repenser à mes erreurs, à notre vie. Ici, j'ai croisé Mâma, tu sais, le vieux pêcheur, nous l'avons retrouvé ici ; je lui ai confié mes remords et il m'a dit : "Les humains se plient en quatre pour honorer leurs crédits financiers, mais négligent trop souvent leurs dettes de mots, qui font pourtant plus de mal. Dire les choses n'améliore pas forcément la vie des gens, mais les non-dits la pourrissent à coup sûr." Alors, pardonne-moi, ma douce, d'être parti avec des mots que je te devais.
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Coumba n'avait jamais imaginé un tel retour, ceux qui l'accompagnaient non plus. Plein d'espoirs, ils avaient défait leurs valises dans une banlieue de la capitale, ils les remboursèrent de douleur et les trainairent jusqu'au village. Flux et reflux ce n'était pas qu'une histoire d'eau pour les insulaires c'est aussi le rythme de leur vie entière.
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Aux yeux de Coumba, son modeste cahier serait la plus belle sépulture, le plus pérenne monument dédié à Bouba, ainsi qu'à tous ceux qui, comme lui, n'ont que les vagues pour stèle. Le plus durable panthéon, c'est une page qui écrit l'histoire. Le navire qui vogue sur le temps est en papier. Un simple papier ! Sans quoi Abraham n'aurait pas traversé les siècles, ses illustres cadets non plus. Coumba voulait remplir un cahier pour Bouba, comme d'autres bâtissent des temples, érigent des cathédrales et sanctifient des mosquées. Un cahier, une plume ! Et Coumba ferait de l'Atlantique un Taj Mahal pour Bouba.
Bien sûr, comme tout Sapiens, Bouba lui aussi avait mené ses propres combats. Comme tout humain, il connut quelques défaites. Mais, sa plus belle victoire, ce fut la conquête du cœur de Coumba, dont la plume lui gagnerait l'ultime bataille : celle contre l'oubli. In memoriam ! Entre les lignes, In memoriam dirait son amour, jusqu'à la fin des temps ! Car, même lorsque l'on dit, In memoriam, l'auteur, tournez doucement les pages, entre les lignes, c'est toujours un cœur qui bat.
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Vidéo de Fatou Diome
Au verbe contraint par les exigences d'un éditeur, Fatou Diome, pour qui l'écriture est pourtant une jouissance, une revanche, une nécessité, préfère le silence. C'est la thèse de l'essai flamboyant, drôle et imagé qu'elle publie en cette rentrée chez Albin Michel.
#littérature #écriture #rentréelittéraire
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