Un voyage à travers les coutumes du Sénégal.
Fatou Diome nous raconte l'histoire de Coumba qui vient de perdre son mari dans le naufrage du Joola en 2002 au large des côtes sénégalaises.
Coumba dans la tradition animiste doit vivre un veuvage de plusieurs mois chez sa belle mère, fait de solitude, de prières, de visites de condoléances. Elle se plie avec difficulté à ses obligations et ne tient le coup que grâce et pour sa petite fille Fadikiine. Coumba pleure son mari, compagnon et ami. Leur complicité rend encore plus inacceptable cette solitude.
Heureusement, la nuit Coumba peut faire face à son chagrin et invoquer
les veilleurs de Sangomar. Ces esprits des ancêtres dans la culture animiste qu'elle invoque pour contacter son mari Bouba dans l'au delà.
Coumba devra résister à l'empressement de sa belle mère à la remarier avec le frère de Bouba polygame alors que Bouba et Coumba avait clairement affiché leur attachement à la monogamie.
La mère de Coumba sera un appui précieux pendant cette période, soutien discret et indéfectible.
Fatou Diome raconte avec lenteur, douceur et beaucoup de poésie le deuil de Coumba. A partir de ce naufrage qui a réellement eu lieu en 2002 dans lequel plus de 2000 personnes ont péri,
Fatou Diome parle du Sénégal, de la place des femmes dans la culture sénégalaise, de la difficulté à se détacher des traditions, et du deuil difficile et qui se fait petit à petit malgré la souffrance, la capacité de résilience nécessaire pour retrouver gout à la vie, et continuer d'aller de l'avant, le soutien des proches.
C'est un roman dense, profond, très descriptif et néanmoins très poétique.
C'est un voyage qui demande de prendre son temps pour apprécier toute la profondeur du récit.
La plume est belle et l'histoire de Coumba reste gravée en mémoire longtemps après avoir refermé le livre.