Une chronique sociale de grande valeur, qui s'offre en écho à l'actualité où les enjeux liés à l'immigration déchaînent les passions et font ressortir le pire dans les sociétés d'accueil.
Fatou Diome raconte la vie de "
celles qui attendent" : les mères, les épouses, qui regardent partir les hommes par la mer et qui ne savent pas s'ils reviendront, et encore, dans quel état.
On suit ici deux femmes, Arame et Bougna, dans leur vie quotidienne, où labeur, pauvreté et soucis en forment la trame de fond. C'est Bougna qui a dressé un plan, dans le but non-avoué d'en remontrer à sa coépouse dont les enfants ont étudié dans les grandes écoles en Europe et sont promis à des emplois lucratifs. Elles enverront elles aussi leurs fils en Europe, par le passage des clandestins. À travers les vies d'Arame et de Bougna, à travers celles de Daba et Coumba (les jeunes épouses laissées sur le rivage), on découvre le drame intime de ces femmes, dont les désirs se heurtent à la réalité difficile et éprouvante de l'attente.
L'écriture de Diome - tantôt lyrique et poétique, tantôt dure et directe - joue pour beaucoup dans ce sentiment de s'insérer comme témoin privilégié dans la vie de ces femmes. Un roman social à la fois percutant, universel et intime.