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sur 77 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Salie est une jeune femme établie à Strasbourg, exerçant le métier de romancière, originaire du Sénégal où elle a passé son enfance. Elle a des ami(e)s, les rencontre souvent dans des restaurants, ne recevant que très peu chez dans son appartement. Sa meilleure amie va provoquer une angoisse inexorable et des terreurs enfouies depuis son enfance, en l'invitant à dîner, dans deux jours, juste un repas familial. C'est justement le familial qui provoque cette angoisse.

Salie a esquivé toutes les invitations de Marie-Odile jusque-là et cette dernière a insisté, presque ordonné sa présence ce soir-là. Elle va ruminer pendant deux jours, sans pouvoir arrêter les pensées intrusives faisant remonter les causes de cette terreur de la famille, nous raconter sa vie d'enfant illégitime, protégée par ses grands-parents, maltraitée par ses oncles, tantes et sa mère qui a refait sa vie.

Le problème vient aussi de son double, la petite, qui lui rappelle ses tourments, lui demande d'être plus franche, sincère, plus honnête aussi vis-à-vis de son passé.

C'est un livre de thérapie, Une histoire d'enfant illégitime maltraité par les siens au nom de croyances stupides, certes, poétique, émouvante, qui parfois, s'égare sur de longs moments de pensées. Et puis, au détour de longs monologues, des mots plus percutants, des phrases jetées comme des cailloux, comme pour se frayer un chemin. C'est aussi une histoire sur l'amitié. N'impose-t-on pas sa propre vision de la vie à ses ami(es) ? Ne peut-on pas respecter et accepter les refus, sans demander de vastes explications et excuses ? L'amitié devrait être basée sur le respect et la bienveillance, non ?

Alors si devenir adulte n'est plus s'enfuir mais faire face, il serait bien, aussi, d'être aidé, en étant respecté dans ses choix de vie.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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En lisant "Impossible de grandir ", de Fatou Diome ,on retrouve presque la même thématique abordée dans un livre précédent ,Le Ventre de l 'Atlantique du même auteure .Cette dernière est une des figures marquantes de la littérature sénégalaise du 21 eme Siècle .Ses débuts dans la vie furent très difficiles .Enfant illégitime ,elle doit faire avec car lors qu 'on est dans un tel cas , il est vraiment difficile de faire son chemin dans la société et dans la vie tout court .Rejetée par la société elle fait des études , se marie avec un Français , elle rentre avec lui en France .Cette union ne dure pas longtemps , ils divorcent et la voilà ,une fois encore seule dans un autre pays et loin des siens .Elle entreprend des études dans la ville de Strasbourg .Elle obtient un doctorat en Lettres françaises .Elle est enseignante et se met à écrire des livres .
" Impossible de grandir" :est un roman largement autobiographique et où l 'auteure fait son introspection pour rejeter ou exorciser ses démons et affronter plus sereinement la suite de sa vie .La narratrice est Salie et elle nous conte ses phobies , ses tourments , les difficultés à trouver sa place dans la société .
Une partie de tout cela est exprimée dans la quatrième de couverture :
"Salie est invitée à dîner chez des amis .Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse .Pourquoi est-ce si "impossible"pour elle d 'aller chez les autres , de répondre aux questions
sur sa vie , sur ses parents ? Pour le savoir ,Salie doit affronter ses souvenirs Poussée par la Petite ,son double enfant ,elle entreprend un voyage intérieur ,revisite son passé : la vie à Niodor ,les grands-parents maternels ,tuteurs tant aimés ,mais aussi la difficulté d 'être une fille une fille dite illégitime ,le combat pour tenir debout face au jugement des autres et l 'impossibilité de faire confiance aux adultes ".
"A partir de souvenirs personnels ,intimes ,Fatou Diome ,nous raconte ,tantôt avec rage ,tantôt avec douceur et humour ,l 'histoire d 'une enfant qui a grandi trop vite et peine à s 'ajuster au monde des adultes ".
Beau roman de Fatou Diome .







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Fatou Diome, Impossible de grandir.

Ce livre peut se lire indépendamment du Ventre de l'Atlantique, publié il y a onze ans, mais pour avoir lu ce volume à plusieurs reprises, je me suis immédiatement rendue compte, dès le premier paragraphe, qu'on restait dans la lignée du précédent.
Même écriture très riche en images, en métaphores, reprises à l'identique du premier livre, mot à mot, comme un fil conducteur. ‘'Je m'appelle Salie, (…), je me voudrais sorcière, avec un chaudron assez grand et un feu assez vif pour mijoter des rêves trop durs à cuire''. Cela donne le ton. Des rêves, des souvenirs durs à cuire, qu'il faut cuisiner pour les rendre digestes. Comme une sorcière, elle mijote et analyse ses nombreux souvenirs sur 24 heures, dans un contexte précis.
Salie a une phobie, être invitée chez les autres. Pour affronter sa panique, elle laisse la Petite prendre le dessus sur son esprit. ‘'Une petite fille m'accompagne et m'apprend à vivre''. Un stylo à la main et un carnet sur les genoux, Salie couche sur le papier les souvenirs qui lui remontent en mémoire par la bouche de la Petite qui l'invective et fustige ses peurs.
Niodior, son intégration dans son village, ses études, sa volonté. Salie se bat, elle n'a qu'une solution : les études. de son enfance à aujourd'hui, du temps du récit au temps de l'écriture, Fatou Diome remonte dans le passé de son héroïne, qui est aussi le sien, car c'est un roman fortement autobiographique. Ce qu'elle dit des petits boulots que Salie effectue pour payer ses études est corroboré par certaines des nouvelles de son recueil La préférence nationale et autres nouvelles.
Fatou Diome est représentative d'une intégration réussie au prix d'efforts acharnés, et il est aussi intéressant d'avoir son opinion sur la société qui l'a intégrée : la perception de son mariage mixte par sa belle-famille, la vision de ses employeurs, et son point de vue sur la présidence précédente n'est pas piqué des hannetons.
Au final, une lecture agréable mais qui m'a un peu déçue. En effet, connaissant assez bien son écriture, je trouve qu'elle ne se renouvelle pas assez et de ce fait j'en suis venue à m'ennuyer par moment. C'est le bémol de se livre. Cependant, l'écriture est très caractéristique car les phrases sont si ciselées que la plupart d'entre elles pourraient être reprises en citations.

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Installée à Strasbourg, Salie a toutes les peines du monde à accepter d'être invitée à un dîner organisée par son amie Marie-Odile, une banale invitation « avec la famille et quelques amis ». Mais c'est là où le bât blesse. Fille illégitime, rejetée par sa mère qui lui préfère ses enfants légitimes, oubliée par son père, un célèbre lutteur d'une autre ethnie sénégalaise, la petite Salie a été élevée par ses grands-parents, les seules personnes qui lui aient apportées soutien, amour et éducation. Rejetée par son village, exploitée par son oncle et par ses tantes, Salie eut une enfance difficile pour ne pas dire plus. Elle étudia d'arrache-pied, finança seule sa scolarité, obtint ses diplômes et s'expatria en France dès qu'elle fut majeure. Mariée puis divorcée, elle rencontre la réussite dans le monde de la littérature, soutient sa famille et pourtant, son enfance continue de la hanter...
J'avoue avoir commencé la lecture de ce livre avec un a priori un peu négatif. Encore un livre écrit à la première personne, encore de l'auto-fiction, encore ce besoin de se raconter, d'étaler ses complexes, ses problèmes, ses manies. Et ouf, le nombrilisme germano-pratin n'est pas apparu. Au contraire, petit à petit, je me suis laissé prendre à la magie du verbe de Fatou Diome, j'ai accepté de me perdre dans ses digressions, de suivre ses enthousiasmes, de partager ses indignations. Dans un grand torrent de franchise et de véhémence proche parfois des célèbres diatribes ou envolées lyriques du grand Louis-Ferdinand, la romancière parvient à transcender la simple auto-analyse pour parvenir à l'universel, au philosophique et parfois même au poétique. Oui, tous autant que nous sommes, il nous est difficile de grandir, de devenir pleinement adultes. En nous comme en Salie, reste une part de l'enfant que nous avons été, avec ses peurs, ses craintes et ses fragilités. Lointaine cousine du « Petit chose » ou de « Poil de Carotte », la petite Sénégalaise a eu plus que son compte de coups, de vexations, de brimades et de blessures physiques ou morales. Salie adulte en est à naviguer aux confins de la schizophrénie, des phobies (elle est terrorisée par les souris) et du dédoublement de la personnalité. L'auteur en tire d'ailleurs de savoureux dialogues entre elle et elle, c'est à dire entre l'adulte et la petite fille humiliée et rebelle qui ne la lâche jamais. Un livre puissant, sorte de suite du « Ventre de l'Atlantique », qui aborde avec courage quantité de sujets : l'intolérance des religions venues de l'extérieur, le problème de la polygamie, les lignées matriarcales et les traditions qui se perdent entre autres. Il faut lire ce beau livre ne serait-ce que pour les pages décrivant une Afrique réelle et éternelle qui a bien peu à voir avec les reportages des magazines sur papier glacé ou avec les descriptifs des catalogues d'agences de voyages.
(Livre chroniqué dans le cadre du Prix Océans France Ô)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Et impossible pour moi d'entrer dans ce livre avant d'en avoir tourné plus de deux cents pages. J'ai eu l'impression d'avoir lu un récit qui ne m'était pas destiné, comme si j'avais tourné les pages d'un journal intime dissimulé sous la couverture d'un roman.
Salie, la narratrice, panique parce qu'elle n'a pas su refuser une invitation à dîner. Celle-ci fait resurgir ses angoisses et la force à s'interroger sur les causes de cette impossibilité à partager un repas chez les autres, alors qu'elle n'éprouve aucun souci à dîner au restaurant, quitte à ce que ses « amis » le lui fassent payer, dans tous les sens du terme.
Je n'analyserai pas ses raisons à sa place, je ne suis pas le psy que tous, à un moment ou à un autre, lui ont suggéré de consulter. le récit de cette invitation est pour moi le prétexte pour raconter son enfance, son adolescence d'enfant illégitime, maltraitée souvent, protégée malgré tout par l'amour de ses grands-parents. Comme Salie n'a pas eu l'occasion de le dire à qui ces reproches étaient destinés, elle l'écrit, elle se réconcilie avec cette Petite qui n'en fait qu'à sa tête, et surtout ne dit que ce qu'elle pense.
Heureusement, il y a le style de Fatou Diome – magistral et poétique. La musique des mots répond à la musique qui permette à l'héroïne de faire venir au jour ses souvenirs. Heureusement, aussi, Salie ne se contente pas de parler pour elle, mais pour tous ceux qui sont dans sa situation : J'écris pour tous les bâtards du monde, qui se font insulter, torturer et mépriser par des gens moins dignes que leurs parents […]. Elle s'interroge sur la condition de la femme, en Afrique mais aussi en Europe. Libération de la femme ? Marie-Odile, son « amie » obéit en tout point à son seigneur et maître – pardon, son mari – et cherche à être la plus lisse possible, au physique comme au moral.
Impossible de grandir interroge le lecteur sur l'enfance, sur les liens familiaux et ce qu'il en reste quand on est devenu « adulte ». S'il ne m'a pas totalement convaincu, il m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de Fatou Diome.
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Le livre lui-même ne m'a pas déplu, même si par moment je trouve le récit un peu trop lourd (de longues tirades philosophiques qui freinent la lecture et n'apportent finalement rien au récit, puisque celui-ci est bien amené et permet déjà de se faire sa propre idée) : le personnage doublé (la petite et l'héroïne sont joliment amenées) est intéressant, la part "culturelle" du livre aussi est appréciable. Mon seul bémol et il ne concerne pas l'auteur directement - mais je reconnais que ça a gâché ma lecture -, c'est le travail exécrable fait par les correcteurs de Flammarion. A se demander d'ailleurs si correcteurs il y a eu... Je n'ai jamais vu autant de fautes dans un texte publié (à la fin, un passage entier exprimant le conditionnel est rédigé au futur... d'une simplicité à suivre, je ne vous raconte pas !) ! A 20 euros le bouquin c'est quand même un peu du vol de la part de l'éditeur ! Et malheureusement, ça gâche un peu ce beau récit de Fatou Diome...
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C'est une sorte d'auto-psychanalyse, totalement autobiographique.
A partir du point de départ : "je suis invitée à diner et je me sens incapable d'y aller", l'auteure convoque toute son enfance pour exorciser ses traumatismes.
400 pages, c'est long ! Mais c'est bien écrit.
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Salie, Strasbourgeoise d'origine sénégalaise, est invitée à dîner le lendemain soir chez son amie Marie-Odile, mais elle n'a vraiment pas envie d'y aller. Pire que ça, elle angoisse, elle redoute les conversations, les questions qui lui seront posées, les allusions à sa famille. Elle n'ose pas décliner l'invitation mais elle va passer des heures et des heures chez elle, à chercher le sommeil, à divaguer, à se torturer la mémoire, à se replonger dans son enfance et sa lourde tyrannie familiale. Née à Niodior en pays sérère, Salie est une fille illégitime, issue de l'union de sa mère avec un lutteur qui ne l'a pas élevée. Considérée alors comme une bâtarde, une bouche de trop à nourrir, elle a subi de nombreuses humiliations, a souffert du manque d'amour de ses parents, a très tôt été obligée d'effectuer ce à quoi on l'a obligée : le ménage chez les autres, des corvées diverses et variées. Heureusement, comme deux piliers salvateurs, ses grands-parents qui l'ont protégée et qu'elle vénère par dessus-tout. Salie est une enfnat grandie trop vite, mais une adulte qui n'arrive plus à grandir, retenue par la Petite - son double infantile - dans son enfance et ses douleurs non guéries.

Voilà un roman qui flirte plus qu'un peu avec l'autobiographie. Fatou Diome s'étend sur ses origines culturelles et familiales, intimes. Et elle n'y va pas avec le dos de la cuillère. Intransigeante face à ses parents, à son oncle tyran, aux villageois et villageoises qui se complaisent dans l'humiliation d'une fillette dont la naissance ne satisfait pas la tradition, elle a besoin de s'exprimer en toute franchise. Elle s'épanche, et parfois s'éternise un peu. Son monologue d'introspection et ses confidences autour d'un héritage douloureux deviennent parfois interminables et insipides.

(..........)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Impossible de Grandir, c'est autant un grand cri de survie qu'un murmure...
Le cri d'une femme qui dit qu'elle existe, et le murmure de la Petite, fragile et blessée, qu'elle fut, et restera toujours un peu...

Impossible de Grandir c'est cette dualité que nous avons tous et toutes en nous, cette personne adulte que nous sommes devenus, confrontée à l'enfant qui reste toujours en nous, avec son histoire et ses stigmates qui nous façonnent.

Ici Salie, adulte, se trouve en pleine introspection, confrontée à son enfance, ses traumatismes, réveillés par une invitation à dîner.
Comme quoi parfois, les brèches s'ouvrent juste sur un petit coup de pouce... oui "coup de pouce" parce que, finalement, c'est aussi ce que Fatou Diome nous dit ici, c'est un bien salvateur, parfois, que d'être poussée dans ses derniers retranchements (même par une "amie", insistante et égocentrique, sur laquelle elle pose un regard bienveillant et plein de philosophie)...
Car en arriver à atteindre ses limites, ça entraîne l'explosion qui permet d'arrêter de se tourner le dos, d'enfin se retrouver, stopper l'apnée et s'apaiser.
Lien : http://blablablamia.canalblo..
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