Mais pour le public, le palmarès d'un entraîneur est généralement le juge de paix. Le bon entraîneur s'évalue ainsi à ses trophées, à la notoriété des athlètes et des équipes dont il s'est occupé. Peut-être est-ce d'abord celui qui contribue au plein rayonnement de ses sportifs, en les aidant à exprimer leurs potentialités, à embrasser la totalité de leur vie en menant un combat aux limites du possible. Ces entraîneurs-brocanteurs s'évertuent, au quotidien, à établir des relations de connivence, où l'émotion, le saisissement, l'enthousiasme, la joie, la chaleur constituent des foyers de connaissances et de compétences, discrètes et diffuses.
Or, le métier d'entraîneur consiste ç déplier , creuser, clarifiern réajuster. Son travail sur la performance nécessite une redéfinition, voire une réévaluation permanente. Il ne peut se satisfaire d'une simple performance. La victoire, comme l'échec, ne dit pas grand chose des processus sous-jacents développés par l'athlète.
Maintenir une présence au réel, à la terre, préserver la vigilance et le doute sont des conditions du succès. Les entraîneurs savent bien qu'il n'y a rien de pire pour un champion que le péché d'orgueil. Il est parfois des défaites salutaires pour réinsuffler une nouvelle dynamique. C'est souvent lorsque l'athtlète cesse de se croire supérieur qu'il le devient. L'humilité permet ainsi de se recentrer sur ses compétences et de se rapprocher de son talent.
Face à l'expulsion commence alors un long travail pour revenir sur le devant de la scène. Mais cela suppose d'aller en profondeur à la recherche de soi, de torpiller les faux-semblants, les illusions, les petites compromissions que chacun s'accorde souvent par facilité. Ceux-là ne pourront dorénavant plus vivre à l'écart d'eux-mêmes.
Acte de vie, la performance se trouve pourtant par tâtonnements successifs, essais et erreurs.