Jeanne Froidelac est une jeune roturière auvergnate dont la vie aurait pu être (presque) banale si sa famille n'avait pas été assassinée par les vampires qui tiennent la France sous leur joug.
Grâce à un concours de circonstance, en l'espace d'une nuit elle se retrouve orpheline, apprend que sa famille n'était pas aussi "ordinaire" qu'elle le pensait et elle "usurpe" l'identité d'une jeune noble pour survivre.
Ce petit tour de force la mène jusqu'à Versailles : lieu où siège le tyran à l'origine de cet odieux système qui a saigné sa famille (= Louis XIV transmuté en vampire).
Dès son arrivée à l'académie pour jeunes nobles, elle n'aura de cesse de ruminer sa vengeance contre cette institution et son dirigeant.
La Cour des Ténèbres est un roman pour ado où l'on retrouve des schémas narratifs typiques (et prévisibles donc...) : la compétition, la sélection sans pitié sous l' oeil sadique d'un publique qui y voit une source d'amusement, les rivalités, les alliances amicales et la petite flamme. Bon... pour la cible visée , c'est normal.
Toutefois, ce roman a de nombreuses qualités : l'originalité de son univers bien travaillé où la violence du 18ème siècle et les références historiques sont utilisés de manière pertinente et surtout le dynamisme de la narration. A cela s'ajoute quelques tours de force comme le menu vampirique et les inspirations littéraires de siècles postérieures au 18ème.
Dans cet environnement très marqué,
Victor Dixen a construit un roman avec les attentes du 21ème siècle dans la mesure où ses personnages sont de différentes nationalités, pas forcément en bonne santé ni même hétéros. Cela peut paraître un peu artificiel parfois, mais pourquoi pas, on s'y fait bien et ça marche.
Ce que j'ai apprécié surtout, c'est le fait que
Victor Dixen a évité le piège de nous dépeindre un personnage principal trop manichéen car à plus d'un égard et dans plusieurs scènes, Jeanne est tout simplement détestable. Son côté prête à tout pour atteindre son objectif se justifie certes dans le contexte créé par le romancier, mais par les jeux de regards des autres personnages on comprend bien que
Victor Dixen n'a pas cherché à nous montrer une héroïne irréprochable et incomprise de tous qui serait seule à avoir LA bonne vision des choses. On la voit évoluer à mesure que le roman avance et être forcée à se remettre en question et réévaluer ses actions, et cette qualité mérite d'être soulignée.
C'est donc un bilan positif que je retiens de cette lecture. Certes, ce qui m'a poussé vers cette lecture, ce sont à la fois mes souvenirs de lecture ado (avec les vampires d'
Anne Rice) et mon goût pour le 18ème, j'ai apprécié ce qui fait la particularité de ce roman.
Je lirai volontiers la suite de la trilogie !