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"Le désespoir, comme l'absurde, juge et désire tout, en général et rien, en particulier." (A.Camus)


"Entre la source et l'estuaire", (Le Dilettante, 2021 ; pour l'édition de poche, 2023) est un roman de Grégoire Domenach.


Le narrateur- personnage convoie, avec son père, des pays-Bas vers le centre de la France, un bateau avec l'espoir de trouver un acquéreur. C'est leur métier.


Au terme de quelques semaines de navigation - les pays-Bas, la Belgique, les Ardennes, le Rhin - ils jettent l'ancre dans une petite commune, un village du Doubs.


A l'unique estaminet local, le narrateur croise un balafré taiseux, aigri et solitaire, qui semble porter un passé bien trop lourd.


Troublé et curieux, le narrateur intrigue pour percer à jour le mystère de cet homme, dans le sillage de la succession de sous-entendus et "messes basses" qui le suivent comme une ombre.


Cet homme, surnommé Lazare, finit par baisser la garde et entraîne le narrateur pour une journée de pêche à bord de sa barque, prétexte à soulager son coeur et à révéler son secret : une "drôle" et singulière histoire d'amitié et d'amour - diabolique et machiavélique, avec une once de fantasmatique dirigée vers le Kazakhstan -, qui a mal tourné : un homme, une femme, un homme et une femme - dans quel ordre ?


Mais c'est la narration très douloureuse d'une passion qui se termine en fait divers dans cette bourgade ondulant entre deux écluses, où tout se déroule à huis clos, où tout s'échauffe, sous le regard d'un voisinage avide de dénonciation et de condamnation.


La souffrance : un enseignement ? Lazare met en garde le narrateur : "Seule la souffrance est source d'enseignement".


La quatrième de couverture évoque l'atmosphère de Simenon. Assurément. Mais bien plus, je me suis retrouvé dans le "système camusien" où le narrateur, devenu aigri et misanthrope, à "la fin" de sa vie, est à la recherche improbable du sens de l'existence.


Grégoire Domenach écrit un nouveau roman remarquable : une écriture et un style absolument parfaits, et, au fond, un récit entièrement pénétré de poésie, de suspense et de philosophie.


Un roman quasiment parfait qu'il serait coupable de négliger.

Bonne lecture.

Michel.

Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Voici un conte moral, une petite pépite, l'histoire de Lazare , contée par le narrateur, un jeune homme dont ne sera révélé ni le nom ni l'âge exact .

Il accompagne son père , conducteur de péniche, reconverti dans la revente de bateaux .

Ils s'arrêtent au hasard d'un «  port » , bordant un tout petit village de la France profonde, dans le Doubs, signalé par un pont de pierre aux arches étroites, le narrateur se décide à flâner sur les quais .



Soudain lui vient l'envie d'une bière fraîche , il entre dans «  le Bar de la Capitainerie » où il rencontre une gueule cassée : Lazare , «  il claudiqua laborieusement jusqu'au comptoir [••••••] , j'aperçus les cicatrices qui fendillaient la moitié de son visage , une balafre, notamment, partait du sommet de son crâne descendait en équerre sur la tempe et lui traversait l'oreille. »

«  le lobe était morcelé comme si on l'avait mordu, et, sur la partie supérieure de la nuque, la peau était criblée de trous plus ou moins gros. Au niveau de la mâchoire et du menton c'était pire encore » .

Lazare, n'est pas son vrai nom mais son surnom , les gens du village, le surnomment ainsi suite aux «  événements » survenus il y a de nombreuses années …..

Cet homme solitaire, revêche, la moitié du visage détruit , qui paraissait dix ans de plus que son âge, bientôt amadoué lui raconte sa très triste histoire .

Autrefois, alors âgé d'une trentaine d'années il fait la connaissance d'un couple venu s'installer dans le joli manoir ,au coeur de ce coin perdu de Franche - Comté , Endrich Fornblung , soixante - cinq ans , fortuné , ancien pilote de ligne allemand à la retraite, un personnage d'une générosité inouïe, qui haïssait le superflu, le narcissisme, plutôt perfectionniste, et son épouse ,Ouliana jeune femme très belle : visage ravissant, traits fins, yeux sombres et vifs, longs cheveux noirs lui descendant au bas des reins, née au Kazakhstan, mariés à Coblence , dans un château .

Lazare ,marié à Juliette, infirmière en maison de retraite est subjugué …..attiré,

Je n'en dirai pas plus ….
Il faut découvrir cette danse à trois, où l'amour fou, la passion , le désir, la frustration, consument tout à leur passage, le déchirement , la tragédie, sont inévitables , un genre de trio - thriller psychologique exotique , érotique, sur cette rivière mystérieuse , ces écluses , ces péniches , au coeur de ce récit magnifique , une rivière brasillant de mille feux, sur laquelle navigue et pêche Lazare , revenu d'entre les morts, dans des camaïeux de vert et des combinaisons de bleu , toute la nature est magnifiée 'au coeur de cet ouvrage.

Le lecteur découvre un vocabulaire choisi, riche, chatoyant, bercé par une écriture ciselée——-odeur de cuir usé, de vieux tabac——charriant les sables impressionnants de la «  Rumeur « , des ragots infâmes, une histoire touchante ,pétrie d'émotions, humaniste , fluide et dérangeante,, tendre, au charme désuet, dans des flots de mélancolie, de colère contenue , de désespoir, d''âmes brisées , complètement brisées, de bonheur perdu, d'une souffrance incommensurable….

Voici un excellent conteur que je ne connaissais pas:

À la fois à travers la construction de cette fable cruelle, histoire insolite et mélancolique finissant tragiquement, la contemplation et la description des paysages jurassiens, rivières qui bercent, reflets éblouissants de l'eau et ciel. immensément radieux, soleil illuminant les alluvions flottant sur le bord…
,Un beau premier roman émouvant, surprenant , dérangeant, talentueux choisi presque par hasard à la librairie à cause de sa jolie première de couverture,
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Un récit qui se déroule en pleine nature ; village, rivières, forêts, écluses, broussailles sont les tableaux de cette histoire d'amour tragique.
Lazare a cette femme dans la peau et il va se perdre dans cette passion.
Je me suis laissée embarquer de mots en mots, de pages en pages malgré la noirceur de ce conte.
Un premier roman dont la plume est poétique et sombre.
C'est dense, envoutant et poignant.
Une réussite.

Lu dans le cadre du prix des lecteur du Livre de Poche 2023
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Ce roman est un véritable bijou. Peu connu, peu mis en avant, ce "nature writing" à la française, qui prend sa source sur les rives du doubs, vaut franchement le détour. La plume ciselée de l'auteur, flamboyante, magnifie cet écrin de verdure dans lequel va naître une histoire d'amour au destin tragique.
Je préfère ne pas vous en dire plus sur ce récit plutôt court mais très intense. J'espère que, tout comme moi, vous connaitrez ce bonheur de découvrir une histoire et un auteur dont on reparlera très certainement.
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Un auteur inconnu (de moi) qui m'a transporté dans sa contemplation des paysages jurassiens et dans son histoire d'amour qui par tradition finissent mal mais nous transportent bien au delà de ce qu'on imaginait. Un vrai bonheur ce roman tant dans la construction de l'histoire, narrée comme un conte, que dans la description des personnages, de l'ambiance, etc… Bref j'ai adoré.
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Voilà une histoire dans laquelle je n'aurais peut être pas embarqué si je ne l'avais pas lue dans le cadre du Prix des Lecteurs Livre de Poche!

Et j'aurais eu tort parce que c'est une belle découverte!

Une histoire, au fil de l'eau, toute en poésie, finement écrite, contée.

Un conte sombre et cruel dans lequel on plonge en écoutant cette histoire que celle de Lazare.

Cela pourrait n'être qu'un fait divers, mais sous la plume de Grégoire Domenach, on a le sentiment de lire une tragédie poétique.

Celle de Lazare, de son amour impossible, de sa quête de sens à l'existence, de cette rivière sur laquelle il veille, obstinément, s'étant retiré de ce monde qu'il ne comprend plus et qui l'a trahi.

Un village entre deux écluses, un univers hors du monde, le qu'en dira t'on, les délations, les commérages qui font la loi.

Je me suis laissée emporter, au fil de l'eau, au fil de son récit, au fil de la nature, personnage central de ce roman.

Une histoire, racontée "d'inconnu à inconnu", qui le temps d'une journée, partagent un bout d'humanité.

"Car moi, je sais encore rendre hommage à la nature. Je sais encore l'aimer de tout mon coeur... Elle est la dernière noblesse de ce monde. La seule et véritable noblesse de ce monde, tu comprends?".

Une belle découverte! Vraiment!
Lien : https://www.facebook.com/La-..
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Je terminerai donc l'année sur un bon, voire très bon roman, sur une belle histoire, que nous raconte Gégoire Domenach.
Celle d'un homme solitaire à la moitié du visage détruit, semblable à l'une de ces "fameuses" gueules-cassées de l'après-guerre, et qui décide de se livrer au narrateur de ce récit.
Qui lui a seulement posé cette simple question: que vous-est-il arrivé?
Une écriture lisse, fluide, comme la rivière sur laquelle celui que l'on surnomme Lazare, parce que lui aussi est revenu d 'entre les morts, glisse avec son embarcation. le temps de son récit.
Un vocabulaire riche, parfois même un peu trop, rappelant l'écriture de certains romans de Pierre Magnan, le père du célèbre commissaire Laviolette, et de "La maison assassinée", entre autres.
Lazare raconte une histoire, son histoire, une passion qu'il a vécue avec Ouliana, d'origine kasakhe, jeune épouse d'un riche homme d'affaires allemand de plus de trente ans plus âgé qu'elle, venu s 'installer quelques années plus tôt dans ce petit village du Jura.
On lit bercé par le récit, même quand certains passages sont un peu pus "crus" ou violents, et on se laisse porter jusqu'au bout.
Domenach est un excellent conteur, et un auteur à découvrir.
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À travers les méandres de l'âme humaine, on embarque pour une traversée tourmentée. Dans un récit mouillé d'acide, bordé de camaïeux verts et bleus, Grégoire Domenach remue la vase d'un village de la France profonde, se pique d'impressionnisme régional où la bile du ragot, cet art des gens sans passion, a fait son lit. Odeur de tabac, de cuir usé, charriant les sables mouvants de la rumeur, ce conte moral au charme désuet emmène le lecteur à bon port. Un livre qui dérange et qui émeut. Voilà son paradoxe !
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Entre la source et l'estuaire, quelle lecture !

Une douce, lente et langoureuse balade sur l'eau au gré des turpitudes d'une relation amoureuse aussi forte que destructrice qui touche et percute de plein fouet le palpitant.

Difficile de rester insensible à Lazare, homme abîmé au plus profond de ses entrailles. Difficile de rester hermétique à sa souffrance, à l'injustice et à la manipulation qui se sont abattus sur lui.

Avec douceur et humilité l'homme se raconte, se livre sans fard ni fioritures. Une rencontre s'est faite entre lui et moi. Lazare m'a parlé, Lazare m'a conquise, Lazare est en moi.

Longtemps son histoire restera en moi, comme un doux souvenir.

Impossible de lâcher cette lecture tant la prose est délicate, empreinte de tendresse et de force. Une si belle découverte !
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Bon, soyons tout à fait objectifs. Si vous cherchez un bouquin pour vous marrer, prenez plutôt le dernier BHL, mais SURTOUT ne choisissez pas "Entre la source et l'estuaire" de Grégoire Domenach.

Pas que ce soit un mauvais livre. Oh non, que nenni ! Bien au contraire, c'est une petite pépite.
Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que l'histoire de Lazare ne prête pas vraiment à se taper une bonne et franche barre de rire.

C'est pas comme si l'actualité était glauque également en ce moment. La guerre en Ukraine, une fête d'halloween qui fait 150 morts en Corée du Sud, un pont suspendu qui s'écroule en Inde avec 100 morts, ...

C'était bien le moment de m'envoyer une bonne rasade de tristesse en plus. Mais bon, ce roman m'est tombé dessus par hasard. On dira que le hasard est ... taquin. Et après tout, en comparaison des Coréens et des Indiens, je suis assis confortablement dans mon fauteuil et la seule chose que je risque, c'est de renverser ma bière. Faut pas pousser le caddie dans la choucroute non plus.

Donc, c'est l'histoire de "Lazare". Cette histoire est racontée par un jeune homme dont on ne connaît ni le nom, ni l'âge exact. Pour faciliter la lecture de la chronique, nous l'appellerons Justin. On sait juste qu'il vogue sur le Doubs avec son père sur un rafiot qu'ils ont retapé pour essayer de le vendre. Ils vivent comme ça, le père et le fils.

Un beau jour, ils s'arrêtent dans un port bordant un petit village de la France dite "profonde" (de manière péjorative par les bobos citadins) et il se décide à flâner sur les quais, les cheveux dans le vent. Mais soudain, lui prend une folle envie de bière fraîche. Et ça tombe bien, il y a le bar de Capitainerie en face. Il va donc y entrer pour boire Justin petit coup (jeu de mot ...)

Et c'est là que Justin va rencontrer Lazare : "[...] il claudiqua laborieusement jusqu'au comptoir où il dispersa quelques pièces. J'aperçus les cicatrices qui fendillaient la moitié de son visage : une balafre, notamment, partait du sommet de son crâne, descendait en équerre sur la tempe et lui traversait l'oreille. le lobe était morcelé, comme si on l'avait mordu, et, sur la partie supérieure de la nuque, la peau était criblée de trous plus ou moins gros. Au niveau de la mâchoire et du menton, c'était pire encore [...]"

Lazare, ce n'est pas son vrai prénom, mais juste son surnom. le surnom que les gens du village lui donnent suite aux "évènements" qui se sont produits ils y a de nombreuses années maintenant. Lazare ... car c'est un revenant. La résurrection de Lazare, le miracle de Jésus, tout ça, raconté dans l'évangile selon Saint Jean, pour ceux qui aiment le vin de messe.

Justin va être intrigué, voire subjugué par ce personnage atypique qui ne semble pas faire l'unanimité dans le village. Ah, ça y va les rumeurs sur son compte. Il y a autant de versions que d'habitants (une centaine). Il va donc tenter d'en savoir plus. Et quoi de mieux que de demander directement au principal intéressé pour assouvir sa curiosité.

Et voilà mon Justin qui se lance dans une approche tactique de Lazare. Et il s'y prendra plutôt bien puisque Lazare l'invitera à faire un tour de barque sur le Doubs, lors duquel ce dernier lui racontera l'histoire.

Sa version de l'histoire.

L'histoire de sa vie. Je dirais même la triste histoire de sa vie.

Je n'irai pas plus loin car cette histoire mérite d'être découverte au fil des pages. C'est un roman merveilleusement écrit, qui nous immerge dans des flots de mélancolie. le premier roman de Grégoire Domenach, qui en appellera, je l'espère, d'autres.

Pour conclure cette chronique, je vous soumets une citation, issue du livre, qui finalement illustre plutôt bien le ton et la morale de l'histoire de Lazare.

Page 84 : "Seule manière de consolider son couple, de s'offrir une descendance qui l'accompagnera dans ses vieux jours. N'est-ce pas, après tout, le but du mariage ? Ne pas finir tout seul et faire en sorte qu'il y ait un peu de monde aux funérailles..."
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