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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rien ne vaut la bonne grippe espagnole de 1918 pour relativiser nos états d'âme sur l'actuelle pandémie qui nous occupe depuis près de deux ans.

Plus de morts à elle seule que la boucherie mondiale qui dura quatre ans ! Qui dit mieux ?

Eh bien, prenez une unité de gynécologie obstétrique dans un petit coin de Dublin, trois jours avant l'armistice, mais quand la guerre fait rage encore, en pleine pénurie et misère civiles, quand l'insurrection indépendantiste irlandaise fait de plus en plus parler d'elle, enlevez les médecins tous au front, et imaginez dans un tel microcosme l' explosion de la plus fulgurante, de la plus mortelle des épidémies de grippe, la grippe "noire" comme la peste du même nom. -ou marron, ou bleue, ou..... Et vous comprendrez pourquoi cette petite unité hospitalière où viennent accoucher les femmes du peuple devient le pavillon des combattantes !

L'obstetrique est encore une science balbutiante, la fièvre puerpérale emporte les mères, la mortalité infantile est sévère :ne manquait que la grippe pour transformer ce service en champ de bataille, en curée..

Une femme, Julia, âgée de 30 ans, infirmière, est promue chef de service faute de médecin. Elle reçoit l'assistance de Bridie, une orpheline toute jeune, sortie d'une des ces institutions catholiques irlandaises de sinistre réputation qui traitent les enfants abandonnés comme des serfs. Bridie est toute vive et intelligente mais n'a que son envie d'être utile pour compétence. Elles reçoivent bientôt l'appui d'une femme médecin sortie de prison pour avoir participé à l'insurrection indépendantiste et soigné les insurgés du Sinn Fein. Cette femme, le docteur Kathleen Lynn (le personnage est historique) travaille sous la menace constante d'une arrestation. À elles trois, elles auront trois jours pour vivre tous les combats, toutes les émotions, toutes les défaites.

Un récit factuel, puissant, écrit avec une simplicité d'effets et une précision clinique renversantes. L'auteur est historienne et ne laisse rien au hasard.

Le roman est une tragédie féminine et féministe où la vie que les femmes donnent si périlleusement se trouve exposée à la mort sous toutes ses formes les plus barbares, les plus arbitraires, les plus violentes. L'homme-squelette,déjà grand gagnant dans l'hécatombe guerrière, n' oublie pas ces autres guerrières du quotidien, les mères et leurs soignantes.

Il faudra tant de temps, tant de progrès pour qu'un accouchement ne soit pas un quitte ou double sanglant. Pour qu'une femme ait, au travail, à compétences égales, les mêmes droits, la même reconnaissance, le même salaire qu'un homme. Pour qu'elle puisse s'exprimer politiquement et s'affirmer sexuellement.

Le pavillon des combattantes réunit toutes les héroïnes de cette féminité bafouée, infirmière, aide-soignante, médecin et patientes.

Le virus de la grippe si terrible soit il n'est qu'un fléau conjoncturel mais qui semble représenter tous les autres dans sa radicalité...

Même si la fin du récit-un peu trop convenue à mon gré- laisse entrevoir une lueur d'espoir, on sort de cette lecture bouleversé, essoufflé, essoré.

Et la pandémie actuelle nous paraît bien peu de chose à côté de cet Armageddon...
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"L'homme-squelette se joue vraiment de nous tous. C'est ainsi qu'on appelait la mort dans ma campagne, quand on était petits.
L'homme-squelette, ce spectre à cheval qui va chercher ses victimes d'une maison à une autre en gardant son crâne ricanant coincé sous son bras."


Cette histoire est celle d'un héroïsme quotidien dans une minuscule maternité où trois femmes (*) vont se battre pendant trois jours pour sauver leurs patientes, atteintes d'une forme sévère de la grippe et mises à l'isolement en attendant leur accouchement.



- Irlande, Dublin fin octobre 1918 -
La guerre de 14-18 a produit ses effets dévastateurs avec son lot de cadavres et de traumatismes et après les Pâques sanglantes de 1916 qui avaient laissé un goût amer à la population, toujours sous domination de la Grande-Bretagne, les Dublinois sont exsangues et paniqués face à ce nouvel ennemi qui leur tombe dessus, un virus inconnu qui les abat comme des mouches.


* Julia, voix off du récit, est infirmière dans un hôpital catholique " Vita gloriosa vita. La vie, la glorieuse vie" qui manque cruellement de bras, la plupart des médecins ayant été soit décimés par la grande guerre soit atteints par la pandémie de grippe espagnole.


Elle se retrouve seule ou presque à son étage pour prendre soin
des femmes enceintes atteintes des formes graves de la grippe.
Rouge, Marron, Bleu, Noir sont autant de chapitres de ce roman que les couleurs que prend la peau aux différents cycles de la maladie.


Pour lui donner un coup de main, les soeurs qui ont la mainmise sur l'ensemble des institutions caritatives, éducatives, professionnelles et médicales lui adjoignent une jeune femme 'bénévole', * Bridie, qui va se révéler merveilleusement solaire, simple et efficace dans les soins tout comme dans la vie et l'éclairer sur une facette d'un monde que Julia ne connaissait pas, celui des orphelins, des filles-mères, des enfants placés parfois dès la naissance dans les institutions religieuses.


(cfr le rapport Ryan, publié en 2009, sur les institutions irlandaises accueillant des enfants https://www.irishexaminer.com/lifestyle/arid-30925312.html )


Tout au long des 3 jours que durent ce récit et ces combats quotidiens pour sauver des femmes et leur futur enfant, * le Dr Kathleen Lynn sera présente autant que faire se peut, femme recherchée par les autorités comme dangereuse terroriste, ligueuse des Sinn Féin (véritable humaniste) faisant bénéficier toutes ces femmes, patientes et soignantes, de son expertise.
Elle enrichira Julia de son expérience professionnelle, de ses connaissances médicales et élargira son horizon sur une certaine réalité politique et socio-économique de l'Irlande.


[ le Dr Kathleen Lynn est le seul personnage non fictif de ce récit, elle
a créé et fondé en 1919 le St. Ultan's Children's Hospital, une initiative qui a contribué à réduire le taux de mortalité infantile en Irlande ]


Petit bémol pour la fin émouvante, sans réelle surprise, un peu cliché

Personnages masculins
Tim, le petit frère de Julia revenu mutique de la guerre, atteint du syndrome du 'choc des obus'
Les trois vétérans, bras cassés, chargés d'évacuer les corps des morts à l'hôpital



- Publié en juillet 2020 sous le titre original 'The Pull of the Stars' -

@ Presses de la Cité, pour la 'version française', ce 19 août 2021
Le Pavillon des Combattantes est une fiction historique, basée sur une solide documentation, explicitée et illustrée en fin de récit par l'Auteure.


De jolis moments d'écriture accompagnent la mise en lumière de l'héroïsme au quotidien de certains humains, ici des femmes, dans un cadre particulier, celui des accouchements, pendant une période très singulière: la pandémie mortelle de la grippe espagnole de 1918, qui n'est pas sans rappeler ce que nous avons traversé en 2020 - 2021: doutes, interrogations, paniques, informations contradictoires, différences de perception.


L'Auteure, irlandaise, rappelle les horreurs commises par les institutions religieuses catholiques sous prétexte de protéger les ouailles perdues et le fruit de leurs péchés et donne aussi un éclairage des faits politiques, historiques et socio-économiques qui ont marqué son pays au XX è s.


Une belle couverture à l'image de l'infirmière du début du XX è s avait attiré mon attention, le récit basé sur la solidarité, le courage ordinaire et le dévouement des soignants ont joliment confirmé cette 1ère impression.

#Le Pavillon des Combattantes #NetGalley France
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Lutter au-delà de ses forces, pour arracher à la mort des femmes et des bébés afin que pour une fois « l'homme squelette » reparte les mains vides est devenu le quotidien de Julia Power, une jeune infirmière qui va devoir gérer l'unité de la maternité ou des femmes frappées par la grippe espagnole sont sur le point d'accoucher.
Nous sommes à Dublin, en 1918.
La première guerre mondiale et l'épidémie ont rempli les hôpitaux. Les médicaments et le personnel manquent pour faire face à l'afflux de patients.
« le pavillon des combattantes » est un émouvant hommage aux femmes et aux soignants, qui raconte l'Irlande en train de se déchirer.
Le roman donne un éclairage sur les conditions de vie à l'époque, dans un monde ou être une femme était souvent difficile, particulièrement pour celles qui n'avaient pas de mari, les « filles-mères » bien souvent ignorantes de leurs corps qui arrivaient à la maternité seules et terrorisées.
Emma Donoghue dresse un beau portrait de Julia son héroïne courageuse et déterminée, capable de prendre des risques pour le bien de ses patientes.
Les personnages secondaires sont également décrits avec minutie.
Les époques changent mais les soignants sont toujours là en première ligne, encore et toujours, malgré les risques qu'ils encourent bien souvent.
Merci à NetGalley et aux Editions Presse de la Cité.
#LePavillondescombattantes #NetGalleyFrance !

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Un huis clos étouffant, retour au pays de la pandémie ! Pas celle que nous connaissons si bien maintenant, non, celle de 1918 à Dublin ; la grippe espagnole fait des ravages et va décimer entre 3 et 6% de la population mondiale en quatre ans.
Julia fait partie du bataillon des combattantes, infirmière dans son minuscule service hospitalier de trois lits qui accueille les femmes enceintes touchées par la maladie.
Ce que nous allons découvrir dans ce récit, c'est que toutes ces femmes sont des combattantes et ceci à plus d'un titre.
Emma Donoghue va aborder de nombreux sujets sur les conditions des femmes de l'époque, leur subordination à leur mari, à la société (leur accès au droit de vote n'est que balbutiant), au qu'en dira-t-on, au poids écrasant de l'Eglise catholique, qui n'hésite à fouler aux pieds leurs droits les plus élémentaires.
De jeunes filles-mères ou des orphelines sont ainsi enfermées dans des couvents dont elles deviennent des esclaves corvéables à merci. L'histoire de la jeune Bridie, élevée par des bonnes soeurs dans une sinistre institution, fait écho au livre « Ce genre de petites choses » de Claire Keegan.
Emma Donoghue relate dans son ouvrage le combat du Dr Kathleen Lynn, une femme ayant réellement existé, vice-présidente du Sinn Féin, qui aura oeuvré toute sa vie pour la défense du droit des femmes, et luttera contre les maladies infantiles chez les plus pauvres.
Cependant, j'ai regretté que l'auteure nous en dise si peu sur la vie de cette femme exceptionnelle en ne lui accordant pas une place plus importante dans son récit. Ce dernier reste très fermé sur les murs de l'hôpital et une ouverture plus importante sur le contexte politique et social aurait été très enrichissante.
Un autre bémol, je ne recommande pas cette lecture aux femmes enceintes ! J'ai parfois un peu saturé, surtout dans les premiers chapitres, sur les descriptions anatomiques et médicales très précises et répétitives, pour lesquelles il faut avoir le coeur bien accroché.
Heureusement, quelques pratiques de l'époque, si elles nous font dresser les cheveux sur la tête, m'ont faire rire jaune ; ainsi apprend-on que le whisky était donné comme du petit lait à toutes les parturientes afin de diluer leurs souffrances en les abrutissant !
La subite histoire d'amour finale m'a semblée superflue, pas très crédible, et n'apporte pas grand-chose à l'ensemble (peut-être un clin d'oeil à un autre combat de femmes par l'auteure).
Un livre écrit par Emma Donoghue avant la pandémie de covid-19, et qui nous rappelle douloureusement que l'Histoire se répète...
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Dublin, automne 1918, la guerre n'est pas terminée et la Grippe espagnole tue sans répit ! Julia est infirmière en charge des femmes enceintes infectées par le virus. Nous l'accompagnons pendant 3 jours qui semblent interminables avec des moments plus horribles les uns que les autres, même pour nous lecteurs !

3 lits dans un réduit, peu de moyens, pas d'aide sauf une jeune bénévole, Birdie, envoyée par la religieuse veilleuse de nuit et quelques interventions du docteur Kathleen Lynn, recherchée par la police. Des brancardiers amers et gueules cassées, un frère muet depuis son retour des combats !

Un roman très prenant, touchant, passionnant et historiquement intéressant en décrivant les conditions des femmes dans un pays hautement croyant. Il était de notoriété que ne pas faire 12 enfants à son mari c'était ne pas l'aimer ! Les relations hors mariage étaient bien évidemment condamnées et les malheureuses qui se retrouvaient enceintes étaient mises dans des institutions qui les exploitaient et donnaient leurs enfants à l'adoption. L'Irlande n'avait toujours pas son indépendance et l'Angleterre continuait de régner malgré des révoltes, sévèrement réprimées.

Ce roman est le tableau d'une époque en Irlande avec son côté intime en accompagnant Julia pendant ces 3 jours. Les femmes y sont mises à l'honneur tout en montrant toutes les difficultés et la misère qui les accompagnaient.

Par contre j'ai trouvé hautement improbable le comportement de Birdie envers Julia ! Impossible qu'une orpheline qui n'a connu que des institutions religieuses puisse oser ! de plus je n'ai pas trouvé cette évolution utile ni nécessaire ! Ça m'a gâché le plaisir de la lecture et enlevé un peu de crédibilité ! le grain de sable !

#LePavillondescombattantes #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Lecture THEMATIQUE septembre 2021 : Première rencontre !
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Le pavillon des combattantes est un roman féministe ou l'auteure dresse le portrait de plusieurs femmes fortes, qui soignent, qui accouchent dans la douleur et qui luttent pour leur survie dans un monde d'hommes.

Au début, j'ai eu un peu de mal à m'y mettre, à cause des nombreuses descriptions médicales qui ont tendance à nous faire perdre le fil de l'intrigue. le rythme du roman est donc un peu étrange mais au final, j'ai passé trois jours intenses aux côtés de Julia et Bridie.

La description de Dublin en 1918 est vraiment réussite et nous sommes frappé par la pauvreté, l'occupation britannique et le combat pour voir naitre la république d'Irlande, et bien sur l'épidémie de grippe. Emma Donoghue raconte aussi les atrocités que l'Église catholique a fait subir a toutes ses femmes qui tombaient enceintes hors mariage.

J'ai beaucoup aimé Julia qui est très humaine et empathique, c'est aussi une très bonne infirmière. J'aurai aimé en savoir davantage sur Tim, son frère ou sur Bridie (partie un peu trop rapidement). C'est un roman qui a encore plus de sens, puisqu'il est sorti en pleine pandémie du Covid.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
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J'ai beaucoup aimé cette lecture qui nous plonge à l'hôpital durant la grippe espagnole et plus particulièrement à Dublin dans le service maternité, outre la maladie l'époque en 1918 est vraiment très différente pour les femmes qui se rendent à la maternité pour accouché.

Nous suivons ici Julia l'infirmière qui fait de son mieux pour que les patientes puissent accoucher dans les meilleures conditions possibles cependant elle manque d'équipements, de médecins, de collègues etc...

J'ai vraiment aimé suivre ce personnage et nous pouvons faire un parallèle en ce qui concerne la pandémie avec la Covid qui nous touche actuellement, cependant ici il est également question d'institution ou peuvent être placé certaines filles-mères durant cette époque.

Les accouchements sont également beaucoup plus compliqués durant cette période, j'avais lu certains avis qui indiquaient qu'il était beaucoup question de description d'accouchement mais je n'ai pas trouvé que l'auteur en faisait trop à ce sujet.

Une jolie découverte je serais même bien restée plus longtemps avec ces personnages.
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Alors que l'Irlande toute entière lutte contre l'épidémie de grippe espagnole, un hôpital de Dublin accueille des nouveaux nés et enterre des jeunes mères. Julia Power est infirmière dans le service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Tel un soldat, elle affronte la grande Histoire, combat les préjugés et endure courageusement des heures sombres…

Depuis longtemps dans ma PAL, c'est dans le cadre du bookclub du @prixbookstagram, #lalittératureirlandaise, que j'ai sorti ce roman paru à la rentrée littéraire 2021. Et j'ai bien fait !!

Le pavillon des combattantes, d'Emma Donoghue, nous entraîne dans les pas d'une jeune infirmière en plein coeur de la pandémie de grippe espagnole de 1918 à Dublin. Ce sont 3 jours dans la vie de femmes, de mères, d'amoureuses. Trois jours où ombres et lumières s'emballent, s'entremêlent et s'affaiblissent. Trois jours où la vie côtoie la mort, où l'amour efface la misère, où les esprits se libèrent.

Avec une écriture fluide, maîtrisée, travaillée, l'histoire de Julia, Bridie et de leurs patientes nous touche et nous bouleverse. C'est une image très nette des conditions de vie, de soins, et de la politique de l'époque. C'est aussi une très jolie manière de rendre hommage aux femmes, à leur dévouement et à leur solidarité.

Dans le pavillon des combattantes résonne les cris, les larmes, les peurs et les joies de femmes que la vie n'épargne pas. C'est un lieu où on leur prête une oreille bienveillante et où chacune à sa place, quelque soit son passé, ou son avenir. C'est un endroit où les doutes et les attentes des unes et des autres se chevauchent, où les douleurs ne s'effacent qu'au prix d'un cri d'enfant…
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1918 à Dublin. Déjà ébranlés par une guerre meurtrière, les irlandais sont touchés de plein fouet par un nouveau fléau, une pandémie de grippe espagnole qui fait des ravages dans la population.
Dans la grande confusion qui règne à l'hôpital, Julia Power, infirmière en obstétrique, va être propulsée responsable d'un petit service de maternité spécifiquement dédié aux femmes ayant contracté la maladie. L'aide inattendue mais bienvenue d'une bénévole, Bridie Sweeney, lui sera précieuse pour faire face à tous les événements qui vont se succéder à un rythme effréné au sein de ce microcosme.
Trois jours durant, nous suivrons Julia et ses patientes, des femmes qui payent le prix du sang depuis la nuit des temps pour assurer la continuité de l'humanité.

On regrettera un style pas toujours très recherché et quelques facilités scénaristiques (l'histoire d'amour superflue de Julia et …, une fin un peu trop convenue et attendue), également un manque d'approfondissement de la question du Sinn Fein, abordée avec le personnage du Dr Lynn qui a réellement existé… mais au final comme j'ai lu le livre en deux jours je dois lui reconnaître quelques qualités ! J'admets être fascinée par le milieu hospitalier. N'y exerçant pas et nourrie aux épisodes d'Urgences toute ma jeunesse, le fantasme médical est bien ancré en moi. Tout ce qui peut se passer au sein d'un hôpital bénéficie immédiatement chez moi d'un a priori positif.
Les précisions médicales et la description des gestes techniques ont retenu toute mon attention. Certaines pratiques feraient tourner de l'oeil les moins sensibles d'entre nous, d'autres sont totalement dépassées : les soignants de l'époque ne connaissaient pas encore le syndrome d'alcoolisation foetale et soulageaient les parturientes avec du whisky coupé à l'eau chaude !!
La partie sur le rôle des institutions religieuses est également intéressante, ou l'on comprend que sous couvert de charité, les couvents exploitaient souvent la misère, loin des valeurs humaines dont ils se revendiquent en public, traumatisant les orphelins et enfants placés dont ils ont eu la charge. Cela m'a fait me rappeler de cette découverte choquante à côté d'un couvent irlandais il y a quelques années : 800 restes d'enfants de moins de 10 ans y avaient été découverts enterrés dans une fosse commune, nés de mères célibataires dans les années 1940 à 1960 (grave péché dans l'Irlande catholique). Probablement décédés de tuberculose, pneumonie et mauvais traitements d'après l'historienne qui a fait la découverte… les pauvres enfants n'ont même pas eu de sépulture digne de ce nom, traités dans la mort comme dans leur vie, comme des moins que rien.

Revenons à nos moutons : au final le roman se lit très bien (on attend l'adaptation ciné, il est taillé pour ça !), aborde pleins de thèmes différents et même si les points soulevés plus haut font que ce n'est pas non plus le chef d'oeuvre du siècle, il serait dommage de passer à côté.

Ouvrage formellement déconseillé aux femmes enceintes et aux traumatisés du Covid.
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1918, Dublin. La ville et le pays sont ravagés par la guerre, la pauvreté et la grippe espagnole. Rares sont les personnes qui ne souffrent pas de cette plaie ou de ses séquelles, et l'hôpital où l'infirmière Julia Power travaille avec une équipe réduite et des moyens primitifs, est plein à craquer. Une petite pièce a été réservée aux femmes enceintes qui souffrent de la grippe et, pour la première fois, Julia est responsable de ce service, alors elle doit se débrouiller avec ce qu'elle a, aidée seulement par une jeune bénévole, Bridie. Ce qui manque à la jeune femme en matière de compétences est plus que compensé par sa volonté de travailler, d'apprendre et de vivre chaque instant avec enthousiasme.
Il est évident que l'auteure a fait énormément des recherches pour l'écriture de son livre. Les descriptions de l'accouchement et des conditions dans lesquelles les médecins et les infirmières devaient travailler ne sont pas à prendre à la légère. La mort de la mère et de l'enfant était courante, généralement dans des circonstances horribles. Les connaissances médicales étaient terriblement inadéquates par rapport aux normes d'aujourd'hui, et cela m'a rendue très reconnaissante envers les progrès de la médecine moderne.
La quasi-totalité du livre se déroule dans cette petite salle des soins et pourtant, l'auteure parvient à maintenir l'intérêt et l'intensité du récit. Il serait facile pour Julia et Bridie de céder au désespoir au milieu d'une telle souffrance, mais elles nous donnent un bel exemple de persévérance.
Même si j'ai trouvé l'histoire touchante, mon avis est mitigé, car il me manquait plusieurs choses pour que ma lecture soit satisfaisante. J'aurais bien aimé connaître encore plus le quotidien de Bridie, du frère de Julia, qui, à mon avis n'a pas du tout été exploité en tant que personnage. La fin est un peu clichée à mon goût et pas assez aboutie.
J'apprécie la plume de l'auteure que je trouve fluide et accessible, je me laisserais facilement tentée par un autre de ses livres !

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