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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dublin 1918, la guerre fait rage en Europe et la pandémie de grippe espagnole fait également des ravages. Julia Power est infirmière au sein de la petite unité de maternité et maladies infectieuses pour les futures mères souffrant de cette grippe très contagieuse. Nous allons alors vivre le quotidien de cette unité, où l'infirmière va être mise a rude épreuve, se retrouvant seule pour gérer cette maternité improvisée.

L'autrice va nous confronter aux difficultés d'accoucher en ce début du XXI siècle, en temps de pandémie, qui nous fait forcément penser à la période que nous vivons, mais où les conditions sont bien plus encadrées. Elle aborde également le thème de la maltraitance dans les orphelinats ou bien encore des maisons pour les filles mères, montrées du doigts et accablées par les religieux.
Trois jours vont s'écouler, pendants lesquels Julia va accoucher ses patientes, dans des conditions rudimentaires et l'autrice nous décrit ces interventions. Pour ma part, rien de choquant mais au contraire, qui nous plonge dans cette réalité qui nous semble impensable pour des personnes vivant dans un quotidien hyper médicalisé. Je n'imagine pas avoir accouché dans de telles conditions.

Elle nous confronte également aux séquelles que laisse une telle guerre sur ses soldats, au travers du frère de Julia. Tim est devenu muet sans aucune cause apparente. Une façon de taire les horreurs vécues sur le champ de bataille ?

Julia Power a une force de caractère exceptionnelle et fait preuve de beaucoup de compassion et d'implication pour aider ses patientes. Aidée de Bridie, jeune fille issue de l'orphelinat et vivant au couvent du quartier, celle-ci est venue comme bénévole ne connaissant rien au milieu médical, mais va tout faire pour aider au mieux l'infirmière.

Le livre est articulé en 4 parties, sans chapitre. J'en appréhendais donc la lecture. Et pourtant ce livre se lit tellement facilement, vous êtes embarqué sans vous en rendre compte et les pages défilent sans vouloir s'arrêter. Une vraie pépite et un gros coup de coeur.

Merci aux éditions Presse de la cité et NetGalleyFrance pour cette superbe lecture.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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MA-GNI-FI-QUE !!
Je ressors enchantée de cette lecture qui a été pour moi une très belle découverte d'un auteur irlandais que je ne connaissais pas : Emma Donoghue.
Nous sommes à Dublin, en 1918. La narratrice, Julia Power, est infirmière et affectée à un service bien particulier : celui des femmes enceintes infectées par le virus de la grippe espagnole.
Nous allons suivre Julia pendant trois jours où elle va porter à bout de bras son service, aidée en tout et pour tout par une jeune aide sans expérience, mais aussi par une femme médecin ( qui est quant à elle un personnage qui a réellement existé ), le Dr Kathleen Lynn, membre du Sinn Fein et recherchée par les autorités.
Comment ne pas être touchée par l'histoire de Bridie, cette jeune orpheline venue aider avec juste sa bonne volonté comme bagage .Elle nous renvoie douloureusement à l'histoire de bien des enfants recueillis par des religieuses en Irlande.
C'est une véritable plongée dans l'histoire que nous propose Emma Donoghue dans ce Dublin ravagé par l'épidémie de ce que ne savait pas encore identifier comme étant un virus.
C'est aussi l'histoire de la médecine qui est abordée par l'auteur, avec des moyens qui nous semblent bien archaïques vus avec les yeux de notre époque. On mesure encore plus à travers cette histoire les progrès de la médecine et aussi le fait qu'autrefois, les femmes méconnaissaient pour la plupart du temps leurs corps.
Ces trois jours ô combien intenses que va vivre Julia vont aussi déterminer son avenir, qui n'est finalement peut-être pas tracé comme elle le pensait.
Une très belle lecture, que j'ai lu en retenant mon haleine, tellement j'ai été happée par cette histoire.
A l'issue de cette lecture, je ne rajouterais qu'une seule chose, j'ai bien l'intention de continuer à découvrir l'oeuvre de cette auteure !


Challenge A travers L Histoire 2022
Challenge Multi-Défis 2022
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Nous sommes à Dublin, Irlande, en 1918. La guerre n'est pas encore finie. le monde entier est en proie à la pandémie de ce qu'on appellera "la grippe espagnole" qui fera plus de morts que la Première Guerre Mondiale. Les hommes sont au front, ou morts, ou rentrés blessés. Parfois la blessure est invisible, comme Tim, le frère de Julia Power, infirmière, qui est rentré avec le syndrome du "Shell Schock", le choc des obus qui rendent des soldats tremblants, fous, catatoniques, ou bien muets, incapables de parler, comme l'est Tim.
Julia est infirmière dans un hôpital de Dublin. Dans un nouveau service d'obstétrique et infections, car on a remarqué une forte hausse des cas de grippe espagnole parmi les femmes enceintes. Les gens portent des masques, se méfient des gens trop proches, ceux qui ont déjà eu la grippe sous une forme bénigne sont immunisés, comme Julia. Elle traverse la ville à vélo, puis en tramway tous les jours pour aller travailler dans ce nouveau service. Pendant trois jours, Julia va être confrontée à la difficulté de faire naître des bébés alors que leur mère est atteinte de la grippe, que tout doit être désinfecté à l'acide phénique, les mains cent fois lavées au savon carbolique, tous les instruments et les gants et les thermomètres doivent être soit désinfectés soit bouillis, et c'est dans une petite pièce, une grande chambre vide, avec une seule fenêtre, que tout ça doit être fait.
On croise dans ce livre les brancardiers "gueules cassées" démobilisés, les nonnes, bonnes soeurs catholiques qui prétendent tout savoir sur le sujet des soins, mais qui ne se gênent pas pour réprimander une infirmière qui ne suivrait pas leurs ordres, même si certains tiennent plus de la superstition que de la science.
On rencontre plusieurs mères prêtes à accoucher qui sont installées dans ce pavillon, et qui sont atteintes du virus à différents stades. La contagion est telle que l'incubation se fait en deux jours. La mort peut survenir en quelques heures, en 6 jours maximum, dans les formes graves. On se fie à la couleur de la peau : rouge pour le début : la fièvre, puis bleu : la cyanose par manque d'oxygène, puis marron lorsque le corps lâche. Les malades sont atteints comme d'une pneumonie gravissime et foudroyante. Et chez les pauvres à Dublin, les trois quarts des habitants, en fait, la famine qui perdure en Irlande fait que ces femmes ne mangent presque pas. Elles nourrissent leur mari, si elles en ont un, puis leurs enfants, puis elles en dernier. Et la tradition veut qu' "on n'aime pas son mari si on ne lui fait pas douze enfants".. Sachant que peu survivront, avec la misère.
On croise aussi une jeune bénévole, qui est en fait dans un couvent que "gèrent" les Soeurs, pour les filles-mères. Ces couvents faits d'esclavagisme et de vente de bébés, comme les Magdalene Sisters, ont perduré jusque dans les années 70. le Catholicisme Irlandais a la mainmise sur quasiment toute la vie des gens. Et comme tous les medecins sont partis au front pour y soigner les blessés, les infirmiers et infirmières aussi, il ne reste plus beaucoup de personnel soignant, ni de coton, ni de blouses, ni de tabliers, ni de vrais repas. Les infirmières restantes meurent malgré le port du masque, ce sont de véritables héroines, de véritables combattantes.
Ce livre nous offre, en plus d'une belle histoire, un instantané de la misère en Irlande catholique pendant la première guerre mondiale. L'auteure, Emma Donoghue, irlandaise de Dublin, y a ajouté des personnages ayant réellement existé, et s'est documentée sur la santé et l'obstétrique à cette époque, sur la vie des hôpitaux, sur la vie à Dublin en pleine guerre. C'est stupéfiant la manière dont elle peut nous plonger dedans dès la première page. Je n'ai pas pu lâcher ce livre.. nuit blanche, presque.
C'est remarquable d'authenticité, beaucoup de choses sont abordées, l'actualité de l'époque, les moeurs, les rebelles de la "Pâques Sanglante", ceux qui ont commencé la rébellion contre l'Angleterre.. ce livre est pour moi une perfection. Féministe. Beau et tragique. Il se lit tellement facilement aussi. C'est l'Histoire. C'est la Vie.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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L'histoire se déroule en un très court laps de temps, trois jours. Nous sommes à Dublin le dernier jour d'octobre 1918. La guerre n'est pas finie. L'Irlande est en guerre et mène un combat supplémentaire pour son indépendance. L'épidémie de grippe qui ne porte pas encore le nom d'espagnole fait rage.
Toutes ces composantes ne peuvent qu'engendrer une histoire sombre. L'action se déroule pratiquement à huis clos : la maternité d'un hôpital de Dublin et plus particulièrement dans une aile réservée aux patientes enceintes victimes de la grippe.
Tout fait défaut : le personnel – infirmières et médecins autant que le matériel. Mais Julia Power est infirmière et ne compte pas ses heures pour venir en aide aux patientes avec des fortunes diverses. Elle a eu la grippe et s'est rétablie, elle est donc immunisée mais démunie face à la responsabilité qui lui incombe subitement de gérer des patientes affaiblies venant de tous les horizons sociaux.
Sa seule aide viendra d'une jeune femme hébergée dans un couvent et exploitée par les bonnes soeurs. Bridie Sweeney, venue en renfort comme bénévole, est une fille simple qui ne connait rien aux choses de la vie et encore moins aux actes infirmiers. Et pourtant, elle va constituer avec Julia une équipe formidable faite de débrouille constante. le docteur Lynn, femme médecin obstétricien, complète ce duo. Elle est poursuivie par la police parce qu'elle fait partie du Sinn Fein. Toutes les trois feront tout ce qui est possible pour sauver ou pas des mères et leur bébé.
Cette histoire est très sombre et basée sur certains faits réels que l'auteure expliquent dans une note en fin de volume. Emma DONOGHUE fait entrer le lecteur dans le huis clos ce qui met celui-ci au coeur de l'action. Les termes et pratiques médicales sont décrites avec beaucoup de vérité. J'ai beaucoup apprécié l'humanité de cette histoire écrite en 2019 et publiée en 2020 pendant l'épidémie de COVID 19. Un hasard de l'Histoire. On y retrouve des gestes et des attitudes observées en 2020.
Je vous conseille ce livre qui d'une certaine manière m'a rappelé 1, rue des petits pas de Nathalie HUG.
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L'influence des étoiles
Fin octobre 1918. La guerre n'est pas terminée mais c'est à un ennemi redoutable que les populations militaires et civiles doivent faire face, une maladie hautement létale, la grippe. A Dublin personne n'est épargné. Il faut dire que dans les villes, les irlandais vivaient dans une grande promiscuité et une telle pauvreté que la maladie ne pouvait que se propager à la vitesse de l'éclair. A l'hôpital, un service spécial a été ouvert pour les femmes enceintes atteintes de la grippe où nous allons suivre pendant trois jours, Julia Power, une jeune infirmière d'à peine trente ans, seule ou presque pour lutter contre la mort et pour la vie.
Ce roman est passionnant. Découpé en quatre parties qui portent le nom des quatre phases de la maladie (Rouge, marron, bleu, noir «Ça commence par une légère rougeur qui pourrait faire dire que la personne a bonne mine. Mais quand son état empire, cette rougeur tourne au marron acajou. Une couleur qui me fait toujours penser aux feuilles d'automne. Dans les cas les plus sévères, elle aura ensuite les lèvres bleu lavande. Les joues, les oreilles, et même le bout des doigts peuvent bleuir à mesure que le corps est privé d'air. ») il est remarquable à plusieurs titres. En premier lieu, par le contexte historique qui est parfaitement retranscrit. L'Irlande est sous le joug de la couronne britannique, une insurrection vient d'avoir lieu quelques mois plus tôt (en avril 1916) et la répression est implacable… de même, ces trois journées avec Julia auprès de ces femmes, parfois enceintes de leur douzième enfant à trente trois ans (« onze accouchements, sept enfants en vie »), sont décrites de manière très réaliste. Rien n'est édulcoré, les scènes sont crues, violentes (quelle barbarie de la part de certains médecins –des hommes principalement, il n'y avait que très peu de médecins femmes) l'auteure n'épargne pas son lectorat, que ce soit sur le volet médical ou sur le côté social (emprise de la religion et des religieuses, sort tragique réservé aux orphelins ou aux mères célibataires, destin des femmes qui mettaient au monde un enfant tous les 9 mois «Connaissez-vous ce dicton : « Une femme n'aime pas son mari si elle ne lui donne pas douze enfants »). Très intéressant aussi le parallèle que l'on ne peut s'empêcher de faire avec la crise du COVID qui nous a frappé un siècle plus tard… Une bonne occasion de mesurer les progrès de la médecine, à défaut de celui des mentalités. Enfin, l'intrigue est d'une grande force romanesque, portée par des personnages magnifiques : Julia, la jeune Bridie et le docteur Kathleen Lynn (qui a réellement existé, et dont Emma Donoghue parle dans la postface). L'histoire est forcément tragique mais une lueur d'espoir brille tout de même dans toute cette atmosphère aussi sombre que le Dublin du début du XXème siècle, comme les étoiles sous lesquelles Julia et Bridie passent une nuit enchantée.
J'ai beaucoup aimé ce roman lu en quelques heures (impossible de le lâcher).
Pour en savoir plus sur l'épidémie de « grippe espagnole » : https://www.geo.fr/histoire/la-grippe-espagnole-le-tueur-invisible-de-1918-189192
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Mon coup de coeur de 2021.
Masse critique littérature. Je remercie vivement Babelio et les éditions " les presses de la cité" pour cet ouvrage d'une qualité très appréciée :)

J'ai découvert Emma Donoghue avec Room.
J'avais ressenti le même engouement. Chaque page est délicieuse et la suivante aussi.

Son style d'écriture, où je l'entends me raconter l'histoire.

Ici, le sujet est tout aussi difficile que Room.

Le début du livre nous rappelle étrangement notre quotidien avec le covid... pourtant nous sommes en ...

1918, grippe espagnole, à Dublin. Julia est infirmière et doit s'occuper de femmes enceintes et atteintes de la grippe. Elle doit essayer de sauver mère et enfant.

Avez les moyens du bord. Elle donne notamment du whisky à ses patientes...

Mais le thème principal est, je pense, la résilience.
Quand on perd une femme, un enfant, il faut continuer : d'autres patients ont besoin de soins.

Julia fait son boulot avec un sang froid et une humilité sans pareil. Rien ne peut l'empêcher de donner le meilleur d'elle même.

Elle trouve une alliée dans la personne de Bridie, une orpheline du couvent proche de l'hôpital.
Le Docteur Lynn, ( personnage véridique) les aide dans leur quotidien.

C'est une fiction, bien sûr mais...

Lisez-le. peut-être cela vous permettra-t-il de relativiser?

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Coup de coeur.

Le pavillon des combattantes est un livre incroyablement prenant. A plusieurs reprises, relevant le nez de ces pages après un passage qui m'avait happée, ce fut comme si je revenais soudain à moi et à la réalité autour, un brin interloquée de découvrir que quatre-vingts pages avaient été lues sans que je m'en aperçoive, agrippée à ce livre ouvert comme à un bastingage en mer agitée.

Ne vous laissez pas lasser par les 25 premières pages où on se retrouve en pleine pandémie mondiale et on se dit qu'on en a bien plus qu'assez avec celle de notre quotidien… Non, après ces vingt-cinq pages, on n'y pense plus vraiment. Emma Donoghue a commencé à écrire ce roman en octobre 2018, inspirée par le centenaire de la grippe « espagnole » (qui fit plus de morts que la Première Guerre Mondiale), mais alors qu'elle venait de remettre sa dernière version à son éditeur en mars 2020, l'épidémie de Covid-19 a déboulé dans nos vies.

Octobre 1918. Julia Power a trente ans, elle est infirmière. Sa cheffe malade, elle se voit confier la responsabilité du service des maladies infectieuses de la maternité de l'hôpital de Dublin. Dans les faits, « une petite salle perdue au milieu de ce monde malade et épuisé par la guerre ». Une petite salle avec trois lits pour des femmes enceintes atteintes de la grippe, où le premier matin du roman, Julia ne retrouve que deux de ses patientes sur les trois qu'elle a laissées la veille aux bons soins de l'infirmière de nuit. Ce matin-là, en vie – ou presque – il reste Ita Noonan, enceinte de son douzième enfant (sept seulement sont encore vivants), « usée jusqu'à l'os », très malade et délirante, et Delia Garrett, une protestante des beaux quartiers qui attend son troisième.

Le pavillon des combattantes nous plonge dans le quotidien harassant de cette petite unité, où Julia, aidée par Bridie Sweeney, une jeune volontaire, va oeuvrer avec un sang froid qui tient de l'héroïsme pour essayer de maintenir tout son petit monde en vie.

Ce roman est un hommage rude et poignant aux femmes, à leur courage et à leur résilience, à ces combattantes qui donnent la vie et à celles qui la sauvent. Celles qui survivent comme elles peuvent aux galères du quotidien, celles qui dépassent ce que la société avait prévu pour elles au départ.

Le pavillon des combattantes nous ouvre aussi les yeux sur le contexte si particulier du Dublin de 1918 : deux ans après l'insurrection de Pâques 1916, en pleine deuxième guerre mondiale avec des soldats engagés qui se font cracher dessus à leur retour par une partie de la population qui les estime des pions de l'Impérialisme britannique et traîtres à la Cause. Et là en plus, la grippe. La société est en pleine mutation : « Les femmes irlandaises, comme toutes les femmes du Royaume-Uni, obtiennent le droit de vote en 1918, à condition d'avoir plus de 30 ans et de posséder des propriétés ou d'avoir été à l'université, tandis que les hommes peuvent voter sans conditions dès 21 ans. » (wiki)

Et puis on prend en pleine pomme le contexte de l'Irlande tout court : le sort des filles-mères dans les institutions religieuses et celui tout aussi épouvantable dans les orphelinats catholiques. Et la société qui considère les femmes à peu près juste comme des utérus sur pattes. Page 240, j'ai été tellement abasourdie par ce que j'ai lu, j'ai hésité entre vomir, pleurer et mordre quelqu'un. Cette exploitation à but reproductif du corps féminin par les nations et l'Église est tellement… Y'a pas de mots.

Mais dans le pavillon des combattantes, il n'y a pas que de l'abominable, bien au contraire. Il y a du courage, de la force, de l'intelligence, de l'empathie et des gens qui changent d'opinion sur les autres. Des gens qui découvrent que le monde qu'on leur vend n'est pas le seul, et qui en tiennent compte. Qui évoluent. On y croise aussi le docteur Kathleen Lynn, qui elle a vraiment existé, médecin, militante républicaine et suffragette.

L'écriture d'Emma Donoghue est vive et puissante (et la traduction de Valérie Bourgeois, au diapason). le pavillon des combattantes est un roman humaniste passionnant, remarquable d'authenticité et de justesse. Il a quelque chose d'unique, comme un vent de tempête que l'on prend de face en bord d'océan. le souffle coupé et les yeux qui pleurent, on ne s'était jamais senti aussi vivants, avant.

Nota Bene : Je signale tout de même que par moments le roman est aussi visuellement cru, sanguinolent et violent qu'une série médicale de qualité. Je n'aurais pas aimé, enceinte, lire ce livre.

« – Vous n'approuvez pas le droit de vote accordé aux femmes, monsieur Groyne ?
[…]
– Mais vous ne payez pas l'impôt du sang. Pas comme nous autres. Est-il normal que vous ayez votre mot à dire dans les affaires du pays alors que vous n'êtes pas prêtes à donner votre vie pour le roi ?
[…]
– Regardez autour de vous, monsieur Groyne. C'est ici que chaque nation prend sa première respiration. Les femmes payent l'impôt du sang depuis la nuit des temps. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Nous sommes à Dublin, en Irlande durant l'année 1918. Une ville ravagée par la guerre, où les services hospitaliers sont bondés, en manque d'effectif et sous la coupe d'une maladie meurtrière : la grippe espagnole.

Nous suivons le quotidien de Julia Power, infirmière au service des femmes enceintes touchées par la maladie. En pleine confusion, le gouvernement est impuissant. Les 3 jours paraissent interminables et tellement intenses physiquement et émotionnellement.

Au début de ses 30 ans, Julia est seule pour gérer le service avant l'arrivée de Bridie, qui se trouve être une orpheline tout droit venue d'un couvent qui travaille sans se plaindre. Elle est touchante et son vécu est difficile ! Je n'ai pas trouvé son existence inutile et improbable dans ma lecture.

Le service quant à lui est composé de quelques lits dans une pièce digne d'un cagibi. Une médecin va arriver peu après : Dr Kathleen Lynn,  recherchée par la police. Et n'oublions pas les brancardiers cassés par la guerre et le frère de Julia devenu muet depuis son retour du front : j'aurai aimé plus de scènes avec lui.

Ce roman est un huis clos intense, fiévreux, plein de force dont Julia sortira transformée, ébranlée dans l'ensemble de ses certitudes et de ses repères. C'est parfois dans les pires situations qu'on en apprend le plus. En quelques jours, nous pouvons grandir de plusieurs années.
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J'ai tout aimé dès la première ligne dans ce roman. La plume, l'époque, le lieu, l'histoire.
Dublin, 1918 … en pleine guerre, la pandémie de grippe espagnole balaie tout sur son passage.
Julia Power, infirmière à la veille de ses 30 ans, prend soin de ses patientes dans l'unité Maternité/Maladies infectieuses. Avec délicatesse et détermination elle va devoir prendre les rênes du service, sa supérieure étant elle-même clouée au lit par l'influenza dans une autre partie de l'hôpital. Pour l'aider, on lui envoie, Bridie, une jeune bénévole, orpheline inexpérimentée mais dévouée, enthousiaste et courageuse.
Dans cette salle exiguë, elles vont affronter la fièvre, la douleur, le désespoir, l'incertitude, la pauvreté, la misérabilité de la vie. Chaque instant est un combat contre le squelette qui rôde à l'affût d'une nouvelle proie qu'il pourra emmener dans l'au-delà.
Emma Donoghue nous plonge dans un huis clos aux émotions puissantes et fébriles. Dans la chambre étriquée au matériel sommaire, Julia est confrontée au sort qui s'acharne sur les plus démuni et l'infortune qui éprouve même les plus nantis. Contrairement à l'être humain, la grippe n'a aucun préjugés, aucune préférence, elle emporte les jeunes, les vieux, les infirmières, les sans-le-sou, les mères, … les enfants, dans votre lit ou dans la rue, pianissimo ou le temps d'un trajet en tram. le point commun des victimes ? Elles passent par toutes les couleurs et luttent jusqu'à leur dernier souffle.



Propagandes et ravages sanitaires de l'Influenza, ce livre est un témoignage d'une époque, d'une lutte pour sauver des vies, un hommage au courage des femmes.

J'ai tremblé pour eux, Julia pleine de doutes qui embrasse sa vocation et déploie ses ailes, Birdie, espiègle et volontaire, Dr Kathleen Lynn, militante et engagée (personnage réel), pour ces mères et leurs enfants nés ou à naître, pour tous ces gens menacés par la maladie. C'est un livre bouleversant et terriblement bien écrit, le temps s'arrête quand on ouvre le Pavillon des combattantes et en même temps il s'écoule très vite. Ce roman est précieux, je ne peux pas en dire plus, il est mon coup de coeur 2021.
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Peut-être qu'ouvrir ce livre en faisant des parallèles avec une pandémie contemporaine serait se fourvoyer.
L'auteure situe de façon si naturelle dans le contexte que l'on se vêt du quotidien de Julia Powers, et, même si beaucoup de thèmes sont abordés, la réussite d'Emma Donoghue est de faire battre notre coeur en temps présent, de faire ressentir à notre peau le tremblement des émotions, de participer à l'action d'une impensable résignation.


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