Cette très belle bande-dessinée synthétise plusieurs décennies d'une vie de couple, d'une vie de combats, de recherches pour que justice soit rendue aux victimes de la Soah.
La vie de Beate et
Serge Klarsfeld.
A Klarsfeld, j'ai longtemps associé spontanément le prénom d'Arno. Je n'ai découvert bien plus tard que ce jeune avocat médiatique était le fils DE. D'un père et d'une mère à la destinée hors du commun.
En 1960, Beate, jeune berlinoise expatriée en France, rencontre Sergle Klarsfeld, sur un quai de métro parisien. C'est le début d'une grande histoire d'amour. Serge est juif et a perdu son père à Auschwitz.
Beate est révoltée par l'impunité avec laquelle les anciens dirigeants nazis continuent à exercer des fonctions politiques dans la nouvelle Allemagne.
Son premier combat vise Kurt Kiesinger, ancien haut responsable nazi, qui a été élu chancelier de la RDA en 1966.
Son premier combat est de crier haut et fort à la face du monde, au nom de la jeunesse allemande qu'elle représente, combien il est honteux que Kiesinger, ancien nazi, ait pu être élu au poste de chancelier. le monde doit être au mis au courant et pour ce faire, quoi de mieux qu'un coup d'éclat ?
En 1968, Beate se rend au congrès du parti CDU à Berlin et gifle Kiesinger publiquement.
Geste hautement symbolique.
Beate est arrêtée mais ce n'est que le début de 30 ans de traque pour débusquer et traduire en justice les plus grands criminels nazis ayant « oeuvré » en France. Bien que condamnés par contumace, ils continuent de vivre comme si de rien n'était en Allemagne, ou sont allés se faire oublier dans des contrées lointaines.
L'ouvrage consacre une première partie importante à cet épisode de la gifle à Kiesinger et relate ensuite longuement tout le travail de recherche documentaire dans les archives administratives, puis les séjours en Amérique du Sud, sur la piste de Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon.
Et j'en passe :-)
Le récit est très dense, il y a de quoi lire, et c'est bien normal puisque c'est une adaptation des Mémoires du couple, sur près de 200 pages.
J'ai particulièrement apprécié la qualité de la mise en couleur. La tonalité principale est composée de teintes chaudes et douces pour le présent, alternées de quelques noirs et blancs pour le passé.
Cette BD est une réussite, dans le sens où elle peut permettre de rendre accessible aux réfractaires aux longues lectures la vie de ces 2 éveilleurs de consciences que sont les époux Klarfeld (leurs Mémoires en livre de poche fait dans les quelques 1000 pages).
A conseiller en lecture aux lycées, sans aucune hésitation !