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Waouh, quel magnifique album que "1629", de Xavier Dorison et Thimothée Montaigne ! Si vous voulez de l'aventure, de l'exotisme, des trahisons et de l'action, vous avez le bon livre entre les mains !!!
La Compagnie hollandaise des Indes orientales règne en maitre sur le port d'Amsterdam : elle impose ainsi des délais extrêmement serrés à des commandants qui n'ont malheureusement que peu de prise sur les conditions météorologiques, comme à celui du Jakarta, qui doit ainsi rallier les Indes avec une inestimable quantité d'or. Avec un beaucoup moins estimable équipage par contre, qui doit être tenu à l'écart de toutes ces richesses et obéir au doigt et à l'oeil. Mais vous vous doutez que ça va mal se passer, non ?
Le dessin est vraiment très beau et fourmille de détails sur ce bateau si convoité. J'ai aussi beaucoup aimé les couleurs, qui tirent souvent vers le bleu/gris pour mieux éclater vers d'autres teintes selon les situations. Les personnages sont multiples et complexes, le scénario passionnant, vite, j'attends la suite avec impatience ! Je recommande.

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Refaire la traversée entre Amsterdam et l'île de Java, c'est un périple qui se compte en mois, et en dizaines de morts au bas mot, et ce, même si on embarque sur le fleuron de la flotte de la VOC, le Jakarta. Plus maniable, plus puissant, et plus rapide, il devrait permettre de gagner quelques jours, un objectif personnel pour le subrécargue Francisco Pelsaert, quand on sait qu'il touchera un prime de 300 florins par jour gagné.

Mais à vouloir aller vite et gagner du temps à tout prix, il ne faudrait pas risquer de se mettre l'équipage à dos. On est très loin de la crême qui compose la marine de guerre, bien au contraire, c'est plutôt la lie de la société qui embarque. En perdre n'est d'ailleurs pas un souci, ils ne manqueront à personne, et ce sont aussi des économies de rémunération.

Une nouvelle épopée à bord d'un navire de commerce hollandais en route pour l'autre bout du monde. Un pitch qui n'est pas sans rappeler celui des Révoltés du Bounty, chers à Christian Fletcher, mais très bien mis en image, et dont l'histoire nous promet déjà bien des dénouements intéressants.
Vivement la suite...
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Au 17e siècle, la compagnie des indes orientales règne sans partage sur les mers du globe. de puissants navires relient Amsterdam à l'Orient comme le Jakarta qui est sensé faire le voyage en 120 jours avec a son bord des coffres remplis de richesses. Helas le voyage ne va pas tout à fait se passer comme prévu.

Inspiré d'un fait historique, ce drame maritime particulièrement sinistre est parfaitement rendu par Xavier Dorison et Timothé Montaigne qui savent faire grimper la tension tout au long de ces 135 pages.
Nous faisons connaissance avec les personnages historiques à qui ont a insufflé un caractère fort et une âme particulièrement vivante. le subrecargue Pelsaert, l'inflexible agent de la VOC. le capitaine Jakob aussi bon marin que porté sur la bouteille et violent. le matelot Hayes qui aime la mer et comprend le fonctionnement du navire mieux que personne. L'aristocrate Lucretia Hans qui doit rejoindre son mari à Java après la mort de ses 3 enfants. Et enfin Jeronimus Cornelius, l'apothicaire ruiné à l'esprit particulièrement retors.
Tous ses personnages vont évoluer ensemble sur ce lieu clos qu'est le navire Jakarta. Les conditions de vie sont difficiles, les marins sous pression et les discordes nombreuses. Comme le disent si bien les auteurs : un baril de poudre sur un enfer flottant. Les tensions et les complots s'en vont croisant dans un climat de mutinerie qui va mener à ce naufrage au large de l'Australie.

L'ambiance tendue est très bien rendue, ainsi que les personnages. Et le dessin est très qualitatif et sait rendre par son trait expressif et précis les moments de calme comme d'orages. Mention spéciale pour cette splendide couverture à l'ancienne, dorure et effet tissé noir qui donne à l'objet livre une beauté encore plus tangible.
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Orgueil et vanité sont sources de grands tourments ; et en voici le tome 1...
En 1629, la Compagnie hollandaise des Indes orientales – l'une des plus riches sociétés que l'histoire ait jamais connue – affrète le navire amiral de sa considérable armada pour atteindre l'Indonésie avec suffisamment d'or et de diamants dans le but de corrompre l'empereur de Sumatra et sa très noble cour.
A son bord les pires canailles qui soient ; des déserteurs, des mercenaires Allemands, des assassins de Monnickendam et même des Français, c'est tout dire…

Un apothicaire de métier, novice en matière de marine mais expert en épices et en manipulations de tous genres, nanti d'une bonne éducation et d'un grand savoir, embarque en qualité de Second ; après le Catafalque et le capitaine, il jouit de la plus grande autorité sur le navire.

Et notre homme, dont les moindres défauts sont sa ruine et sa cupidité, ourdira en silence un funeste projet de massacre et de prise du pouvoir ; il soufflera sur les braises allumées par l'extrême violence des officiers faisant lentement le lit d'une effroyable mutinerie issue de ce sordide microcosme.
Est-ce que la belle et désinvolte Lucretia Hans, femme de la haute Société néerlandaise sommée par son mari de le rejoindre en Indonésie, saura tirer son épingle du jeu ? Ou bien au contraire, sera-t-elle donnée en pâture aux plus vils ?

Ce thriller psychologique, renforcé par une sombre galerie de portraits, revient sur des faits effroyables où se mêlent mutinerie, naufrage, massacre et survie.
Le dessin est magnifique.
Mais il me manque le tome 2 pour me faire vraiment à l'idée.
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Je suis dans une période ou les lectures plus ou moins maritimes s'enchainent et j'ai repéré ce roman graphique depuis un petit moment, celui-ci s'étant libéré en emprunt j'ai sauté le pas.

J'ai aimé en apprendre plus sur cette épisode inspiré de faits réels et j'ai hâte de lire le second tome vu la fin de cet opus.

J'ai aimé les dessins et l'histoire malgré le fait que celle-ci est assez dure surtout pour la jeune femme que nous suivons qui souhaite rejoindre son mari. Ce bateau étant en effet rempli de malfrats en tout genre et du coup il ne faut pas mettre en doute les actions du capitaine à bord afin de ne pas créer de mutineries.

La couverture de cette bande dessinée est sublime et j'ai vraiment hâte de lire le final de ce récit et de voir comment vont terminer ses personnages.
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C'est un fameux trois mâts... de 56,6m de long, parti de l'île de Taxel ( Pays-Bas) le 28 octobre 1628, en direction des Indes Néerlandaises.
C'est un indianman, propriété de la plus puissante compagnie maritime, la compagnie néerlandaise des Indes Orientales ou la V.O.C ( abréviation néerlandaise).
Son voyage inaugural sera aussi son dernier.
Le naufrage du Jakarta est l'un des épisodes les plus sanglants de l'histoire maritime.
A son bord, 320 passagers dont deux tiers de marins et de soldats , des passagers dont une vingtaine de femmes.

Le début

Le Jakarta s'apprête à prendre la mer. le départ est précipité en raison des conditions météorologiques. La compagnie n'a pas de temps à perdre.
120 jours ! Pas un de plus pour arriver à destination. Et une prime de 300 florins pour Delsaert, pour chaque jour de moins !
La compagnie sera représentée par Francisco Delsaert. Il est le subrécarque. Il aura comme assistant jeronimus Cornelius, ancien apothicaire.
A la navigation, le capitaine Arian Jakob, quant à l'équipage...
"Nous transportons les pires canailles qui soient... Déserteurs français, mercenaires allemands, assassins de Monnickendam... Rien ne manque. Ce n'est pas un équipage.. c'est une cargaison de poudre..."
Et dans les cales ... :
"... plus de 300 000 florins en pièces et bijoux pour vos négoces . Estimez vous heureux. Aucun navire de la VOC n'a jamais embarqué une somme pareille !"

Visuel

Les planches sont variées, Plans, angles, coupes, beaucoup d'ingéniosité au service du récit.
Les dessins maritimes sont très beaux, notamment ceux des tempêtes.
Je note aussi pas mal de détails.
Et rien à redire sur la colorisation, du travail remarquable !
Et pour couronner le tout, des personnages expressifs, plutôt réussis !

Scénario

Évidemment avec une telle histoire.... !
Encore faut-il être à la hauteur ...
Avec Xavier Dorison aux commandes, c'était déjà plutôt bien parti.
Le récit est plus romancé que celui de l'histoire d'origine. On navigue surtout en compagnie de Lucretia, une belle jeune femme. Mais la tension étant tout de même assez présente et l'atmosphère pesante, cette touche féminine est bien venue.
Un scénario à la hauteur de l'enjeu, qui tient ses promesses.

Mon avis

Je ne sais pas pourquoi mais je n'étais pas plus emballée que cela au départ. Bien que les critiques positives affluaient, et après l'avoir feuilleté plusieurs fois, je n'arrivais pas à passer le pas. Peut être que cette jolie couverture mordorée y était pour quelque chose, je me disais qu'il y avait tromperie sur la marchandise. Trop de jolies couvertures dorées en ce moment... !
Enfin, voilà je me suis finalement lancée et je suis ravie.
Tout tend vers la catastrophe dès le début et l'ambiance à bord s'en ressent.
Il faut faire preuve de fermeté car une mutinerie est vite arrivée. Tout ceci crée une tension dramatique qui oppresse légèrement mais sûrement les passagers mais également le lecteur. On ne voit pas le temps passer !

Une belle intensité, une BD puissante qui n'est pas un one shot mais qui a une suite ! J'appréhende tout de même un peu la suite parce que je ne suis pas fan de l'hémoglobine. Et je pense que ça va saigner !
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Autant le dire tout de suite cette BD, ou roman graphique, c'est d'abord un Objet avec un O majuscule tant il est une Oeuvre à part entière :
- Format XL ;
- Couverture digne des plus grands éditeurs, on pense à Hetzel ;
- Couverture texturée ;
- Choix des couleurs au diapason Noir & Or.
(ceci n'est pas sans me rappeler d'ailleurs "La Bibliomule de Cordoue" qui était une réussite éditoriale).
Autant dire que sur une table de librairie vous ne voyez que cet objet, impossible de passer à côté, impossible de ne pas le prendre en main, et par conséquent impossible de ne pas l'ouvrir et là c'est trop tard.... Impossible de résister...
Car le festival continu papier glacé, signet. C'est sûr vous avez entre les mains beaucoup plus qu'une simple BD...
Des entrées de chapitres en Noir & Blanc, avec une mise en page digne de livres anciens, vieux plans de bateau, vieilles cartes..

D'accord il y a contenant et contenu, et là aussi c'est une claque ou plutôt un sacré grain que lon se prend en pleine tête.
Car les dessins sont juste réalistes, les traits précis, la mise en couleurs ou en contrastes est irréprochable, on en attraperait presque le mal de mer tant la mise en image vire à la mise en mouvement.
Les dessins sont immersifs au possible, cela donne des cases qui sont justes  impressionnantes de détails que ce soit sur les décors, les bateaux ou les personnage, des cases au service de l'action, des visages, des regards.
Les auteurs jouent sur la disposition, le découpage, le fond des pages devient l'arrière-plan des scènes dans certaines pages, certains cadrages . C'est varié, inventif, presque cinématographique et le résultat est implacable : rythmé, intense,, bourré de rebondissements.

L'introduction de l'auteur, d'ailleurs, à de quoi nous happer
" L'extinction de l'âme
Avec des termes pareils, il en faudrait peu pour que ce phénomène décrit par Philippe Zimbardo, professeur de psychologie à Stanford, nous fasse sourire ou nous renvoie au registre poétique. Il s'agit malheureusement d'un mécanisme mental aussi réel qu'effrayant. de la Saint-Barthélemy au génocide arménien, en passant par le massacre des Tutsi, la Shoa ou les sévices commis sur les prisonniers d'Abu Ghraib, Zimbardo décèle un effrayant fil conducteur d'enchaînements et de situations qui conduisent tous la même horreur : l'arrêt complet de l'empathie d'un groupe d'humains associé à la suspension de leur jugement moral avec pour conséquences immédiates : sadisme et massacres.

« Moi, ça ne m'arrivera jamais » ou encore « pas à notre époque » sont sans doute les pires idioties que l'on puisse dire à ce sujet. N'importe qui, oui, n'importe qui, peut devenir ce bourreau, cet homme à la machette ou ce gardien de camp qui nous révulse tant. Cette universalité et cette intemporalité sont précisément l'objet de la brillante démonstration de Zimbardo dans son essai "The Lucifer Effect"...

Et de fait, des origines mêmes de l'histoire de l'humanité jusqu'à aujourd'hui, les preuves de la validité de ces théories sont légion.

Un fait divers, pourtant, m'a semblé illustrer avec une clarté incomparable cette sombre démonstration.

Il s'agit d'une histoire, bien réelle, dont les prémices prennent place aux Provinces-Unies — aujourd'hui Pays-Bas — société la plus « ouverte» du monde occidental du début du siècle. Refuge de la tolérance religieuse, berceau d'une révolution des arts et de la peinture, centre d'un rayonnement universitaire et de succès commerciaux sans précédent, rien — absolument rien — ne semble prédire à cette société qu'elle va engendrer la page la plus sanglante de l'histoire maritime. Et pourtant...

En 1629, la Compagnie hollandaise des Indes orientales (Vereenigde Oogt-rndigche Compagnie ou VOC) est tont simplement la compagnie la plus puissante et la plus riche du monde. Première «multinationale» de l'histoire, elle promulgue ses lois, frappe sa monnaie, et peut même imposer sur ses navires la présence d'un de ses représentants, un subrécargue, dont les pouvoirs — cas unique dans l'histoire — dépassent ceux du capitaine. En associant une puissance absolue, une discipline dont la dureté est à peine imaginable. et un contexte culturel rarement égalé, on pourrait se croire rassuré et armé pour clouer le bec au professeur Zimbardo et lui prouver qu'il y a bien des contextes si verrouillés que « l'extinction de l'Ame» est im-pos-sible.

La tragédie du navire «returnsheppen» Batavia est malheureusement le plus violent des démentis"

Nous voilà prévenus....

Dès le début, dès les premières cases, vous êtes cueillis... fait comme des rats...
"Vous n'en laisserez pas un en vie. Vous arracherez jusqu'aux bébés des ventres de leurs mères. Tous devront être simplement rayés de l'existence..."
Pour vous qui allez bientôt apprendre à me mépriser et à me haïr, il serait aisé de m'attribuer ces quelques mots de sang...
...Vous auriez tort...
...Ces paroles sont celles du roi Agamemnon, plus noble citoyen de la plus noble des sociétés, patrie de la philosophie et du droit...
... Alors quand vous viendra l'envie de me juger, de me cracher au visage ou de me briser les os à coups de pierre, vous repenserez à Agamemnon et vous vous poserez une question et une seule...
... Si le sage roi de Mycènes, héros de la guerre de Troie, est la mesure du bien...
... Qui pourra être celle du mal..."

Ces mots prononcés de dos par cette femme, sur fond de décor paradisiaque qui plus ils prennent de la gravité nous entraîne dans un univers sombre voire la noirceur... Donnent très vite le ton...

Alors ce n'est pas la première fois que la tragédie du Batavia/Jakarta fascine les auteurs et aiguise leur imaginaire, il y a eu "L'archipel des hérétiques" de Mike Dash et Les naufragés du Batavia de Simon Leys, mais cette déclinaison graphique est une réussite absolue....
Vous voilà prévenus

Quant à moi me voici échoué à la fin de ce premier volume... Au bord de l'abîme.... En attente de l'île Rouge...
Presque malheureux de devoir laisser ces personnages à leur sort...
Mais "si étrange que cela puisse paraître, il faut bien reconnaître que le malheur n'est que question de perspective"...
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L'« extinction de l'âme » est un concept élaboré par le professeur de psychologie Philippe Zimbardo pour expliquer le mécanisme mental à l'oeuvre chez un groupe d'individus lorsque celui-ci se rend coupable des pires atrocités. Mécanisme qui se traduit par « un arrêt complet de l'empathie » et « la suspension du jugement », ce à quoi résulte généralement un massacre. Ce concept est mis en avant par Xavier Dorison dans sa préface pour ce premier tome d'un diptyque consacré à un fait divers ayant eu lieu en 1629 et impliquant un navire de la Compagnie hollandaise des Indes orientales (abrégée sous l'acronyme VOC). Nous voilà donc prévenu : l'histoire relatée dans ces pages tient moins d'une sympathique anecdote historique que d'une sanglante tragédie impliquant l'ensemble de ses acteurs et actrices, aussi incongrue que puisse paraître leur participation à un événement de ce type. le récit prend place aux Provinces-Unies (aujourd'hui Pays-Bas) et implique donc la VOC, compagnie maritime la plus puissante au monde, et l'un de ses navires, le Batavia (renommé ici Jakarta dans la mesure où « batavia » servait à l'époque à désigner en hollandais l'actuelle capitale de l'Indonésie). Tout commence par une banale expédition lancée par la VOC en direction des Indes afin d'acheminer une petite fortune, le tout sous la supervision d'un subrécargue, soit le représentant de la compagnie à bord et, à ce titre, le véritable maître du navire puisque son autorité surpasse même celle du capitaine. Environ trois cents personnes embarquent au départ d'Amsterdam, essentiellement des membres d'équipage mais aussi un petit nombre de passagers, femmes et enfants compris. Parmi eux, plusieurs vont avoir un rôle clé dans l'intrigue concoctée ici par Xavier Dorison. Parmi les protagonistes de ce drame on trouve donc le subrécargue Francisco Delsaert (un homme cruel et implacable, terrifié à l'idée de mécontenter la VOC et donc prêt à tous les sacrifices pour venir à bout de sa mission), le capitaine Arian Jakob (un alcoolique notoire et une forte tête extrêmement malléable), le second de Delsaert (le fameux apothicaire qui donne son nom à cette première partie et dont le rôle sera capitale), et enfin Lucretia Jansdochter (jeune femme fortunée forcée d'embarquer afin de rejoindre son mari aux Indes). A ces quatre acteurs principaux viennent s'ajouter une multitude de personnages secondaires, membres d'équipage ou passagers, qui vont être amenés à s'inscrire dans des dynamiques de groupe souvent mortifères et être confrontés à des choix difficiles qui impacteront gravement le déroulement de la traversée.

Le scénario de Xavier Dorison est de très bonne facture et maintient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre de ce premier tome déjà fort conséquent et qui devrait donc être complété par un deuxième volet dans quelque temps. Certes, il est tentant de ne considérer cet album que comme une simple introduction avant le drame qui constitue le coeur de l'intrigue, mais ce prélude n'en demeure pas moins captivant et surtout essentiel pour bien saisir les motivations et la personnalité de chacun. le récit tourne assez vite au huis-clos à bord de ce grand navire qui prend immédiatement des allures d'enfer flottant. le duo Dorison/Montaigne a visiblement fait un gros travail de recherche documentaire afin de nous offrir un rendu le plus réaliste possible des conditions de vie à bord d'un returnsheppen du XVIIe, et celles-ci sont déplorables. L'équipage, notamment, vit un véritable enfer et le taux de mortalité est par conséquent particulièrement élevé parmi eux. Sous alimentation, absence d'hygiène, maltraitances, peur instillée en permanence par le subrécargue qui fait régner une discipline de fer… : autant d'ingrédients qui rendent les membres de l'équipage enclins à céder aux sirènes de la mutinerie. A cela s'ajoute la tentation représentée par la petite fortune embarquée à bord du navire et qui représente pour certains un bon moyen de se forger une nouvelle vie. Il faut enfin rajouter un certain nombre d'enjeux plus personnels qui vont fragiliser une partie des protagonistes, ce qui rend d'autant plus crédible leur basculement dans un déchaînement de violence dont nous n'avons ici que les prémices. Lucretia est incontestablement la plus vulnérable du groupe, de part la haine et la convoitise qu'elle suscite en raison de son sexe et de son statut social à bord du navire, d'abord, mais aussi à cause de son histoire personnelle (son troisième et dernier enfant est décédé peu de temps avant son arrivée à bord). Il s'agit pourtant d'une des figures clés du navire, certainement celle à laquelle on s'attache le plus, et celle qui sera certainement amenée à jouer un rôle de premier plan dans le drame à venir. Les autres personnages sont tout aussi bien caractérisés, qu'il s'agisse de l'inquiétant apothicaire, du détestable subrécargue ou encore du sympathique marin Hayes. Un mot, pour finir, concernant les graphismes de Thimothée Montaigne qui sont à la hauteur du scénario et illustrent avec réalisme la vie à bord d'un navire du XVIIe. Certaines planches sont à couper le souffle, notamment des vues pleine page du navire, mais aussi des gros plans sur des expressions particulièrement révélatrices des sentiments des protagonistes.

« L'apothicaire du diable », première partie d'un diptyque consacré à un fait divers impliquant le navire « Jakarta » (ou Batavia) en 1629, est une excellente introduction qui pose les bases du drame sordide qui sera amené à se jouer dans le deuxième album. Scénario et illustrations permettent tous deux de rendre compte avec réalisme des conditions de vie de l'équipage et des passagers confrontés à un tel voyage à cette époque et mettent en lumière des personnalités fortes, pleines de contradictions et de noirceur dont on anticipe avec inquiétude le basculement dans l'horreur. Une très belle bande dessinée qui ravira donc les amateurs d'histoire en général, et d'expéditions maritimes en particulier.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ambiance sombre, voyage en huis clos sur mer, conspiration, mutinerie et naufrage. Voici le fil directeur de ce premier tome. A l'image d'une histoire à "L'île au trésor" qui laisse présager "Sa majesté des mouches". Une histoire vraie, tel que nous l'annonce un prologue au début du livre.
Après un premier essai de lecture, il y a deux mois de cela, j'ai retenté et lu d'une traite ce 1er tome. Cette seconde fois, j'ai été plus disponible et je me suis mieux imprégnée dans l'histoire, aux illustrations assez réalistes. J'avais été happée en premier lieu par la belle couverture. Je suis surprise de constater à la fin de ma lecture que ce volume représente que le 1er tome. J'imaginais par la taille de l'objet que toute l'histoire y était contenue.
Me voilà intriguée maintenant, et je lirai la suite, dès qu'elle se présentera à moi.
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Esthétiquement, quelle réussite ! Cette BD est un petit (grand !! Comme sa taille) bijou. Une magnifique couverture, reliure, signet, etc...
Les dessins ont été très travaillé dans les petits détails.
Quant au sujet, on plonge inexorablement, méthodiquement, dans la déchéance humaine comme on descendrait en fond de cale.
On respire enfin en tournant la dernière page. Tout en se doutant que le repit sera de courte durée.
Juste l'attente du tome 2....
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