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Note étoilée, comme titre obligatoire, impossible résumé de l'oeuvre d'un géant.
Trois étoiles pour la hiérarchiser vis-à-vis de ses sommets.

Un livre moyen ? Pas du tout.. mais un livre bien ambigu, certainement… la lecture des avis, ici ou là, ne font qu'embrumer dans le doute ma vision, celle d'un lecteur connaisseur sans être spécialiste, au sujet d'une vie d'écrivain bien mouvementée…

Délicate à circonscrire, la part autobiographique de ce livre s'apprécie différemment selon notre perception du narrateur, cet éternel écrivain phtisique du roman russe, que j'aurais tendance à interpréter comme ironique, quasiment de second degré ; ce personnage de « saint », à la bonté souffreteuse, que Masloboïev (croustillante figure de l'opportuniste) traite sans objection de « courant d'air », nous racontant sa courte vie à l'aube d'une mort attendue, comme structure quelque peu bancale d'un roman classé par l'éditeur comme son premier « grand ».

Oui, je fais la moue, et je n'arrive toujours pas à chasser ces nuages qui s'amoncellent, de la quatrième de couverture aux avis numérisés, tous terriblement premier degré…
Suis-je le seul à voir ce roman comme prologue de « L'Idiot », démontrant quasiment à son corps défendant que la « bonté », à un certain degré, s'apparente à de la bêtise ?

Ce triangle amoureux n'a selon moi aucune vocation « lyrique », encore moins réaliste, sauf à accepter la prédominance exclusive des émotions sur la raison… A voir comment le personnage de Natacha ne dégage autre chose que du vide, l'autre freluquet des sarcasmes, on ne peut que remarquer le soin porté à l'élaboration des caractères « négatifs » de cette histoire.

Le vilain-méchant prince est un morceau de bravoure à lui tout seul, renforçant cette perception « théorique » de chacun des personnages.

Seule Nelly, la petite écorchée-vive, atteinte du « haut mal » comme l'auteur, vient brouiller ces repères trop bien éclairés. Son histoire, devenant au final centrale, nous renvoie à d'autres questions, moins manichéennes, dont celles du pardon, du pouvoir paternel,etc. Supplément d'âme au roman, elle empêche également de sa lourdeur cette vision plus légère, plus satirique, d'une histoire proprement tragique.

Je n'en conseillerais la lecture qu'après l'absorption d'au moins l'un des chefs-d'oeuvre du maitre, voir d'un passage préalable chez Leskov ou Tchekhov, afin d'affiner sa perception de « l'ironie la plus fine », à laquelle on ne laisse pas suffisamment sa place dans ce qu'on peut en lire, ici ou là.
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Un magnifique roman de Fiodor Dostoïevski qui se lit tout seul, avec aisance, enthousiasme! On s'essouffle à un moment, on reprend haleine par un autre. L'histoire nous échappe parfois, puis on s'y reprend avec beaucoup d'engouement. Bien que les sentiments y soient pétris avec beaucoup de violence, et aussi de perspicacité, mais l'univers de folie, autant prononcé dans d'autres ouvrages de l'auteur, n'est encore en phase embryonnaire dans Humiliés et offensés, ce qui fait de ce livre, un véritable régal...
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Magnifique fresque sociale de différents personnages pétersbourgeois reliés dans une histoire triste mais très subtile.
Au fond c'est dans ce genre d'histoires que j'aime Dostoïevski. Il a un talent indéniable pour décrire les sentiments humains au plus profond des coeurs. Sans compter son art du récit qu'il mène de bout en bout sans aucune incohérence accompagné d'une merveilleuse fluidité. Mais Humiliés et Offensés apporte autre chose avec l'utilisation de la première personne et la description de plusieurs moments relatant de l'expérience personnelle de l'auteur. Ainsi je me suis senti au coeur du tourment de Dostoïevski, au moment où il peinait à gagner de l'argent, où il se pressait d'écrire, où il était apeuré de ne pas laisser respirer, mûrir ses oeuvres.
Je retiendrai surtout le personnage de Nelly qui vraiment essentiel mais en même temps si original et si touchant. En effet cette fille est étrange, elle est quelquefois adorable, douce, réconfortante mais peut être en proie à des accès de moquerie, de colère et d'irritation qui affecte énormément le personnage principal, Ivan Petrovich et son entourage. C'est vraiment le personnage qui me tenait à coeur et qui me touchais le plus.
Un récit très touchant avec de très belles relation et des personnages originaux. A lire absolument !
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Première rencontre si ma mémoire ne me trompe, avec Dostoïevski et surement pas la dernière.
Dans ce roman écrit en peu de temps après son retour du bagne, et décrit comme étant en partie autobiographique, le narrateur, un écrivain, fait le lien entre divers personnages.
Tous ont des caractères extrêmes portés vers le mal ou vers le malheur.
On peut je pense lire cette fiction de plusieurs façons, simplement comme une ou plutôt deux histoires d'amour complexe et contrariée avec malédiction des filles par leur père. Ou, et le titre y invite, comme une dénonciation de l'organisation sociale de la Russie du 19ème. La vision de l'auteur est même peut être un peu manichéenne dans la mesure où les personnages odieux sont un prince et son fils, le père l'est sciemment, le fils presque innocemment. Les autres personnages principaux n'ont pas le pouvoir du prince et pas le soutien de la justice et ne peuvent s'opposer à sa volonté d'augmenter encore son pouvoir et surtout sa richesse en utilisant son entourage y compris son fils.

Challenge pavés 2014-2015
Et challenge XIXè siècle 2015

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Voici l'histoire de Vania et de Natacha, qui furent élevés côte à côte et auraient pu vivre heureux ensemble. Seulement, un jeune aristocrate est confié aux parents de la belle, laquelle finit par s'en éprendre et s'enfuit avec lui. Bien consciente de piétiner le coeur de son vieux père et celui de son premier amoureux, bien consciente d'anéantir tout espoir de bonheur et de paix parmi les siens comme pour elle-même, rongée de remords, sans guère d'illusions sur le sort qui l'attend et pourtant incapable de résister à cet amour hors de toute raison.
Tandis que Nicolaï Serguéïtch, foudroyé, ne veut plus entendre parler de sa fille, le bel Aliocha affronte résolument son propre père : qu'on le veuille ou non, il épousera celle qu'il aime et non le parti intéressant qu'on a choisi pour lui.
Seulement, à cette résolution, Natacha elle-même ne croit pas. Elle sait que l'ambitieux prince Valkovski ne l'acceptera jamais pour belle-fille et fera tout pour l'écarter. Elle sait que ce délicieux garçon pour qui elle a tout abandonné, malgré tout son amour et ses serments, est faible, influençable, inconséquent - elle le sait depuis toujours, elle l'aime aussi pour ça. Elle sait aussi, tout au fond, que ce mariage n'est même pas désirable, ne saurait être heureux. Alors, que devenir à présent ?
Devenu ami fidèle, confident des deux amoureux, Vania assiste impuissant aux hauts et bas de l'aventure. Tente comme il peut de conforter les deux partis, ceux qu'il considère comme ses parents, celle qu'il ne saurait abandonner, de maintenir entre eux quelques derniers liens... et croise le chemin d'un bien étrange vieillard, qui le mènera à une fillette plus étrange encore.
De génération en génération, les mêmes histoires recommencent - toujours les mêmes malheurs, les mêmes offenses, les coeurs fiers durcis par les humiliations, les coeurs faibles brisés, les coeurs durs qui menacent de triompher, impitoyablement.

Premier roman écrit par l'auteur à sa sortie du bagne, Humiliés et Offensés emprunte beaucoup aux recettes des romans feuilletons de son temps : jeune fille séduite, père offensé, séducteur inconséquent, grand méchant manipulateur, héros dévoué, orpheline maltraitée, misère et turpitudes, passions dévorantes, mystères peu à peu dévoilés, retournements de situation... On pense à Eugène Sue, à Dickens - mais avec une sensibilité toute autre, plus ardente, plus tourmentée, plus éloignée des consensus moraux, de l'esprit petit-bourgeois, avec un meilleur sens de la psychologie, des personnages bien plus intéressants. Natacha surtout est superbe : jeune fille sans grande envergure d'abord, en qui la passion amoureuse et le malheur révèlent une jeune femme sensible et fière, dont l'intelligence lucide et la force d'âme relèguent loin, très loin en arrière, les fades héroïnes auxquelles son histoire peut d'abord faire penser.
Et puis il y a le prince, un formidable méchant, longtemps ambigu, toujours menaçant, dont les dessous se dévoilent en une tirade quasiment sadienne, dangereusement juste malgré son indignité. Il y a le rapport de manipulation assez fascinant qu'il entretient avec son fils. Il y a Aliocha lui-même, qu'on peut trouver inconsistant mais qui n'est pas moins intéressant que les autres - le contraire exact de son père, qui avec une innocence confondante doublée des meilleures intentions du monde parvient à faire à peu près autant de mal que lui. "D'un point de vue psychologique, c'est un des personnages les plus intéressants de la fiction moderne, de même qu'artistiquement parlant il est l'un des plus attirants" disait de lui Oscar Wilde dans un article de 1887 - je n'irais pas jusque là mais ce point de vue ne m'étonne guère. Et d'ailleurs, avec son infinie séduction, sa grâce féminine, sa veulerie et son innocence involontairement malfaisante, on peut trouver à Aliocha un petit côté Lucien de Rubempré :-) (Dostoïevski était lui-même un admirateur De Balzac, c'est formidable, tout se recoupe !)

On reste assez loin de la grande claque que fut pour moi, à l'adolescence, Crime et Châtiment, mais c'est un roman qui mériterait d'être mieux connu, bien plus riche que la simple histoire d'amours contrariées à laquelle on peut le résumer, porteur d'une interrogation intéressante sur la nature du mal, ambigue, complexe, sans cesse changeante, évidente parfois et souvent presque impossible à saisir, toute puissante pourtant.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Je suis entrée dans ce livre avec la conviction que je ne le finirais pas, qu'il me résisterait comme Crime et châtiment, (commencé deux fois, jamais poursuivi au-delà de 150 pages).
J'ai bien cru abandonner Humiliés et offensés en me résignant : "Dostoïevski n'est définitivement pas un auteur pour moi, ses histoires me laissent en dehors, tant pis..."
J'ai cru pendant un tiers de ma lecture que les personnages étaient tous plus inintéressants les uns que les autres et que si je me fichais complètement de leurs histoires éculées et de leurs destinées triviales c'était inutile de perdre mon temps en leur compagnie.

Et je me suis lourdement trompée.

J'ai dévoré la deuxième moitié de ce roman.

J'ai beaucoup aimé le narrateur, Vania, pour sa bonté, l'intelligence de son cœur. J'ai eu de la compassion pour les trois personnages féminins principaux, victimes de l'orgueil, de l'inconstance et de la bêtise des hommes. Je me suis indignée devant les injustices commises et les faiblesses des égoïstes.

Bref, j'ai aimé ce livre, contre toute attente et malgré moi.

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Comment, toi si férue de littérature russe, tu n'as pas lu "Humiliés et offensés" ? C'est ainsi que Ys m'a invitée à prendre connaissance de ce roman qui n'est pas le plus célèbre de Dostoïevski, mais dont le titre est significatif des préoccupations de l'auteur.
Il est vrai que ma vénération pour les écrivains russes a été centrée surtout sur ma trilogie de prédilection : Tolstoï, Tourgueniev, Tchékhov et que j'ai eu tendance à aborder Dostoïevski avec plus de réserve, moins d'enthousiasme et une certaine appréhension.
"Humiliés et offensés" a été publié, comme souvent au XIXe siècle, sous forme de feuilleton, en 1861. On y retrouvera d'ailleurs l'influence des grands conteurs de cette époque.
C'est une histoire éminemment romanesque qui met en scène deux héroïnes rejetées par leur père : d'abord Natacha qui s'éprend d'Aliocha, jeune homme inconséquent, gâté et puéril. Le refus paternel de cette alliance conduit Natacha à fuir le domicile familial pour vivre sa passion. L'autre héroïne est la troublante et émouvante Nelly, petite fille dont l'enfance malmenée est un véritable calvaire. Orpheline ou enfant bâtarde... la fin du roman éclaircira ses origines.
Ivan Petrovitch, le narrateur, amoureux transi et éconduit de Natacha présente bien des similitudes avec Dostoïevski lui-même : écrivain, fauché, loyal, épris de justice. Il soutient de son mieux les uns et les autres, ces humiliés et ces offensés, tout en restant clairvoyant sur les machinations du prince Valkovski, père influent et dominateur d'Aliocha, l'indécis pleurnichard. Car il y a beaucoup de larmes dans ces pages et elles ne sont pas toujours justifiées.
A l'époque de sa parution "les critiques conservateurs de tendance slavophile approuvent donc sans réserve dans "humiliés et offensés" ce qui leur paraît être un plaidoyer passionné pour l'abnégation, l'amour et le pardon".
Pour ceux que le sujet intéresse, je rapporte ci-après les propos parus dans la notice de l'édition Folio classique de 2007 "Humiliés et offensés" est généralement considéré comme une étape de transition entre la première phase, sociale, humanitaire et progressiste des engagements et des oeuvres de Dostoïevski, et celle dont témoigneront ses combats et surtout ses grandes oeuvres ultérieures, marquées par la découverte au bagne, du Mal métaphysique déployant ses ramifications au coeur même de chaque homme".
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Cette première oeuvre d'importance de Fiodor Dostoïevski publié en 1861, intitulée "Humiliés et offensés" est une très belle découverte pour moi. Il y a une puissance littéraire chez l'écrivain russe qui m'émeut.
Ici le narrateur est Ivan Petrovitch, jeune écrivain solitaire qui ressemble à l'auteur. Ivan aime désespérément Natacha, laquelle en aime un autre, le riche Aliocha. Ce dernier est le fils du prince Valkovski, homme cruel et manipulateur, responsable de l'humiliation du père de Natacha. A cela s'ajoute la souffrance d'un certain nombre de personnages qui vont se croiser mais qui ne feront pas que subir.
Même si ce roman est sombre et moins achevé que les chefs-d'oeuvre qui vont suivre, il possède tout au long de sa trame tortueuse un souffle incontestable. Ce que j'aime chez Dostoïevski c'est que ce sont toujours les pauvres et les humiliés qui ont le coeur pur. Il y a parfois un peu trop de sentimentalisme mais cela ne fait pas de mal.
Dans cette fresque sociale, on retrouve l'art du récit de Dostoïevski et son talent inouï pour décrire les sentiments humains.

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Le narrateur, Vania, est écrivain et vit petitement, malgré son premier succès. Il est amoureux de Natacha, la fille de ses parents adoptifs, mais celle-ci s'amourache du fils d'un prince, Aliocha. Natacha quitte même ses parents pour vivre pleinement son amour. Son père s'oppose à cet amour car le prince, père d'Aliocha, homme égoïste, vaniteux, ingrat et qui ne pense qu'à l'argent, a intenté un procès contre lui, alors qu'il est un homme honnête. le prince fait tout lui aussi pour empêcher ce mariage. Vania est bon et tente de soulager Natacha comme il le peut quand celle-ci se voit délaissée petit à petit par son prince, ne délaisse pas ses parents adoptifs et en plus s'occupe de Nelly, une petite miséreuse qui est venue se réfugier chez lui... Il court ainsi de l'un à l'autre pour apporter un peu de réconfort. Il apparaît très naïf et ne perçoit pas toujours de suite la dure réalité de la vie. Un roman passionnant.
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Ce livre contient en germes tous les thèmes dostoïevskiens, et un début de son style. Celui-ci reste tout à fait évident, facile à lire et donc constitue selon moi une excellente première étape dans la découverte de cet auteur majeur.
Humiliés et Offensés me fait clairement penser et dire que parfois il est important de respecter une oeuvre dans sa chronologie, l'aborder par le début et finir par la fin. C'est d'autant plus vrai que chez Dostoïevski plus il avance plus il devient fou, plus il devient complexe, plus il devient drôle, plus il devient spirituel ou religieux, plus il devient politique ou pas, plus il devient russe ou pas, et selon moi tout son travail se conclut en apothéose dans son dernier ouvrage majeur Les frères Karamazov.
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