Citations sur Les frères Karamazov, tome 1 (64)
Retour de lecture sur un classique: "Les frères Karamazov", roman de Dostoïevski, écrit en 1880. Celui-ci est une telle référence qu'après un premier abandon il y a 15 ans, l'exercice se devait d'être retenté. C'est l'histoire d'un père, affreux et débauché, qui est assassiné en pleine nuit. Le fils aîné, qui a le même caractère que le père, et des relations conflictuelles avec lui, est le suspect idéal. Sur la base de cette histoire policière, Dostoïevski nous dresse un portrait d'une complexité et subtilité rare, de 3 frères qui ont des personnalités totalement différentes: le débauché, le socialiste et le saint. La lecture de ce roman n'a pas été très facile et pas toujours agréable, mais finalement l'expérience est très positive et je comprends maintenant pourquoi ce livre est une telle référence. Il aborde tout simplement tout, et de manière magistrale: livre historique, policier, psychanalytique, philosophique, religieux, de procès...et j'en passe. C'est d'une puissance impressionnante. C'est également un des romans que j'ai lu qui aborde de la manière la plus complète et précise les différents aspects de la condition humaine. Le panel des personnages de ce roman est très large, avec des personnalités très marquées et profondes, toujours admirablement détaillées même quand il s'agit de personnages secondaires. Plus difficile à lire que du Tolstoï pour moi, on y capte un aspect différent de l'âme russe, bien plus complexe, mais également plus noir et plus brutal. Je suis content de l'avoir lu, j'ai un peu souffert, mais j'en retiens de très belles et puissantes choses.
De la famille la plus mauvaise aussi, d'ailleurs, on peut garder des souvenirs précieux, si seulement c'est votre âme elle-même qui est capable de chercher ce qui est précieux.
Car qui régnerait sur les hommes, sinon ceux qui règnent sur leur conscience, et ceux de qui dépend leur pain?
Ainsi - l'inquiétude, le trouble et le malheur, voilà le sort actuel des hommes après tout ce que Tu as souffert pour qu'ils soient libres !
Privé de la loi ancienne, une loi sévère, l'homme, dorénavant, devait juger lui-même, dans son coeur libre, de ce qui était bien et de ce qui était mal, en n'ayant devant soi pour seul guide que Ton image - mais comment n'as-Tu pas pensé qu'il finirait par tout rejeter et par tout mettre en doute, tout, jusqu'à Ton image et même Ta vérité, s'il était opprimé par un joug aussi terrifiant que la liberté de choisir ?
L'homme n'a pas de souci plus lancinant, plus douloureux que, resté libre, celui de se chercher, aussi vite que possible, quelqu'un devant qui se prosterner.
A moins que Tu n'aimes que les quelques dizaines de milliers de puissants et de forts, et que les millions de faibles qui T'aiment, ne soient créés que pour servir de matériau à ces puissants et à ces forts ?
Sais-Tu que les siècles passeront et que l'humanité proclamera par la voix de sa sagesse et de sa science que le crime n'existe pas, et que le péché n'existe pas non plus, qu'il n'existe que des affamés. "Nourris-les, et, ensuite, demande-leur la vertu !" - voilà ce qu'ils écriront sur les bannières qu'ils lèveront contre Toi quand ils viendront détruire Ton temple.
Vois-Tu ces pierres dans le désert brûlant et nu ? Change-les en pain, et l'humanité se précipitera derrière toi comme un troupeau, reconnaissant, obéissant, même s'il tremble éternellement que Tu retires Ta main, et que Tes pains viennent à disparaître." Mais Tu n'as pas voulu priver l'homme de liberté, et Tu as rejeté cette proposition, car qu'elle liberté est-ce donc, as-Tu pensé, lorsque l'obéissance est achetée au prix du pain ? Tu as répondu que l'homme ne vit pas que de pain, mais sais-Tu bien que c'est au nom de ce même pain terrestre que l'esprit de la terre de lèvera contre Toi, et ira Te combattre, et Te vaincra, et que tous le suivront, en s'exclamant : "Qui peut se comparer à cette bête, elle nous a donné le feu des cieux !"
Tu ne me juges même pas digne de Ta Colère? Mais sache que c'est maintenant, oui, à cet instant précis que ces gens-là sont plus sûrs que jamais qu'ils sont pleinement libres, quand, leur liberté, ils nous l'ont apportée d'eux-mêmes, et l'ont servilement mise à nos pied. Cela, c'est nous qui l'avons fait, mais est-ce cela, ce que Tu voulais, Toi, cette liberté-là ?