Pourquoi es-Tu venu nous déranger ? Parce que Tu es venu nous déranger, et Tu le sais. Tu ne sais donc pas ce qui arrivera demain? Je ne sais pas qui Tu es, et je ne veux pas le savoir : si c'est Toi ou seulement Sa semblance, mais, dès demain, je Te condamnerai, et je Te brûlerai sur le bûcher, comme le pire des hérétiques, et ce peuple qui, aujourd'hui, Te baisait les pieds, demain, au premier geste de moi, courra jeter des braises dans Ton feu, ça, Tu le sais? Oui, Tu le sais, peut-être
Et si les souffrances des enfants servent à augmenter encore la somme des souffrances qui était indispensable pour qu'on achète la vérité, alors, je l'affirme à l'avance, cette vérité ne vaut pas ce prix-là.
Concevant la liberté comme l'accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foules de désirs insensés, d'habitudes et d'imaginations absurdes. Ils ne vivent que pour s'envier mutuellement, pour la sensualité et l'ostentation. Donner des dîners, voyager, posséder des équipages, des grade, des valets, passe pour une nécessité pour laquelle on sacrifie jusqu'à sa vie, son honneur et son amour de l'humanité, on se tuera même, faute de pouvoir la satisfaire.
Au lieu de T'emparer de la liberté humaine, Tu n'as fait que l'accroître encore plus ! [...] Il n'y a rien de plus tentant pour l'homme que la liberté de sa conscience, mais rien de plus douloureux [...] Au lieu de s'emparer de la liberté humaine, Tu l'as multipliée, et, à tout jamais, Tu as chargé de souffrance le royaume spirituel de l'homme. Tu as voulu de l'homme un amour qui soit libre, voulu que l'homme que Tu aurais séduit et attiré Te suive librement. Privé de la loi ancienne, une loi sévère, l'homme, dorénavant, devait juger lui-même, dans son coeur libre, de ce qui était bien et de ce qui était mal, en ayant devant soi pour seul guide que Ton image- mais comment n'as-Tu pas pensé qu'il finirait par tout rejeter et tout mettre en doute, tout, jusqu'à Ton image et même Ta vérité, s'il était opprimé par un joug aussi terrifiant que la liberté de choisir ?