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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De 1850 à 1854, Dostoïevski purge une peine d'emprisonnement en Sibérie. A sa sortie, il publie "Souvenirs de la maison des morts" aujourd'hui considéré comme un classique de la littérature concentrationnaire. C'était la première fois qu'un roman était publié sur ce sujet politiquement incorrect et dévoilait les coulisses du système pénitentiaire russe.

Dostoïevski passe par le roman pour témoigner, ce qui lui donne davantage de liberté mais on n'a pas de peine à se projeter avec lui au coeur de la Sibérie pour découvrir non seulement l'organisation pénitentiaire mais aussi sa communauté de prisonniers. La force du récit vient du fait qu'il ne s'agit pas d'un pamphlet (contrairement à Victor Hugo qui a fustigé le système judiciaire français à travers "Le dernier jour d'un condamné" et "Claude Gueux") mais bien d'une exploration sociologique de la vie au bagne. le tour de force de ce grand auteur russe est de nous rendre attachants les criminels condamnés.

Les descriptions des scènes de la vie quotidiennes sont incroyables de vie et de précision, et le lecteur est subtilement invité à se forger sa propre opinion au spectacle des usages et coutumes de la prison. L'approche psychologique est fine et sert à merveille un récit tout en action dans lequel il est impossible de s'ennuyer.

Dostoïevski est un auteur qui a été condamné à mort dans sa jeunesse. La sentence fut exécutée par un simulacre avant d'être transformée en déportation. Quand on a vécu ce type d'expérience et qu'on s'est retrouvé les yeux bandés devant un peloton d'exécution, le besoin de témoigner semble plus que légitime, indispensable pour goûter à nouveau au réel.


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Souvenirs de la maison des morts me rappelle beaucoup Une journée d'Ivan Denissovitch, écrit par Alexandre Soljenitsyne en 1973. C'est étrange de constater que, malgré la centaine d'années et le changement de régime (de celui des tsars à celui des communistes de Staline) qui les séparent, ces deux oeuvres se rejoignent, l'une faisant écho à l'autre. Camp de travail forcé, goulag, à croire que le temps n'avait rien changé dans cet immense empire. Les deux auteurs ont été condamnés au bagne et cette expérience les a amené à raconter ce qu'ils y ont vécu.

Dostoïevski raconte la vie d'un prisonnier dans un camp de Sibérie. L'arrivée, d'abord, comment survivre à ces premières journées, se faire des amis ou, du moins, ne pas se faire d'ennemis, tant parmi les forçats que les gardiens. Surtout le travail et les façons de s'occuper les longs mois d'hiver. Aussi les petits gestes quotidiens (s'occuper du chien, se faire raser la tête, etc.). Sans oublier l'eau de vie que certains parviennent à faire entrer dans le camp. Puis les fêtes occasionnelles, Noël, Pâques, qui permettent de rompre avec la routine. Quelques uns profitent de séjours à l'hôpital.

Mais ce sont surtout les petites histoires qui touchent. Pourquoi un tel se trouve-t-il ici? Qu'a-t-il commis? Un meurtre? Certains, oui. D'autres ont peut-être imprimé de la propagande jugée dangereuse? Après tout, une bonne partie des prisonniers sont des lettrés, des intellectuels. Comme l'écrit l'auteur, à très peu d'endroits dans la Russie du 19e siècle on ne peut trouver un groupe de 250 personnes dont la moitié sait lire et écrire…

Le tout est écrit avec sobriété et réalisme. On ne s'apitoie pas sur le sort des prisonniers, on ne cherche ni à les excuser ni à les condamner. le lecteur assiste au châtiment de ces hommes, jour après jour après jour… Jusqu'à la libération, pour ceux qui s'y rendent.
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Souvenirs de la maison des morts (1861)
Fédor Dostoïevski
(1821-1881)

" A travers les fentes de la clotûre, on aperçoit un petit bout de ciel, non pas celui qui est au dessus de la prison, mais un autre ciel, lointain, libre .."
On peut imaginer avec un peu d'empathie qu'au dessus de la prison, dans le ciel, c'est encore la prison, et puis que son pays natal est bien loin de l'endroit où il est condamné aux fers, c'est-à-dire en Sibérie.

Cela me fait penser à "Je ne reverrai plus le monde" écrit par Ahmet Altan qui était aux alentours de sa 4eme année de détention dans les goeles d'Erdogan, et qui fait référence à l'oiseau synonyme de liberté tout comme le bagnard de Souvenirs .. qui lâche l'aigle misant sur lui sa liberté projetée !


Je ne sais pas ce que devient Ahmet Altan, peut-être a-t-il signé un pacte de non agression à sa sortie avec le pouvoir turc pour connaître un semblant de liberté comme dans une grande cage l'oiseau. Ce qu'on appelle : assigné à résidence, comme son frère. Bon telle n'est pas la question. Altan approchait du cap des 5 ans de détention, ce qui veut dire dans cette prison aux conditions de détention dont la réputation n'est plus à faire, qu'on n'en sort pas indemne..

Dostoïevski ne fut pas plus coupable des faits qui lui furent reprochés qu'Ahmet Altan. Tout au plus une oreille tendue accordée aux subversifs, ici jugés décabristes, là putschistes pour un message subliminal qui prête à sourire. Comme Nicolas 1er fut à peu près le même genre de dictateur qu'Erdogan dont nous avons le privilège aujourd'hui d'apprécier ses exploits.

A l'avantage de Dostoïevski, si je puis dire, c'est que l'écrivain russe obtint ensuite une sorte de réhabilitation même une rente qui lui permit d'écrire et Dieu sait avec quel succès.


Omsk, le bagne, Sibérie (1850-1854) C'est du Soljenitsyne avant Soljenitsyne du moins dans l'état des lieux qui s'ouvre au lecteur, où politiques et droit commun étaient à la même enseigne, le bien et le mal se côtoient, comme la bonté et la cruauté font bon ménage. Je ne dis pas que ces disparités vont être le salut de Fédor, mais en tout cas décrire ce monde glauque va occuper l'écrivain, comme plus tard Soljenitsyne autopsiait la journée d'un condamné.

Fédor va projeter dans son oeuvre le protagoniste Pétrovitch plutôt que d'avoir le scrupule de lui ressembler, le mettre en exergue pour mieux tirer les ensiegnements de sa petite vie monocorde, si ce ne fût la promiscuité parfois insoutenable de crapules qui se comportaient probablement comme ça dans la vie, abusant des mêmes sarcasmes, jusqu'au passage à l'acte qui bien sûr ici était émoussé par les fers. le fin psychologue qu'est Dostoïevski va se nourrir de tous ces travers criminels pour dégager une philosophie du tueur, cette fuite en avant sans conscience qui ne fait rien regretter des crimes qu'il commet sur sa route qui s'enchaînent dans une forme d'étourdissement .. Mais Dostoïevski va faire plus que ça, derrière le spectre du criminel, il ne va pas juger, mais entrevoir une âme humaine, l'âme russe dans sa dimension profonde, établir un lien avec ce qu'il est : un russe découvrant une forme d'humilité à pouvoir ressembler à celui qui est en face de lui et que l'infortune a jeté dans ce bagne. C'est édifiant comme une leçon d'humanité ! Mais au delà de sa personne, c'est un lien qui s'établit avec le sort du peuple russe dans son entier où toute la palette de la dimension humaine apparaît rehaussée tout de même de belles qualités comme la solidarité, l'amour du travail, la haine des nobles (*), l' esprit de justice et le goût pour la liberté. La foi aussi qui guide le peuple russe n'est pas absente dans le livre et c'est l'occasion pour l'auteur de se rapprocher un peu plus de ce peuple en lisant l'évangile..

Une multitude de scènes à la fois cocasses, insolites, déroutantes, humiliantes vont profondément marquer la conscience de Dostoïevski : il dira à l'issue de ses quatre ans de bagne que ce fut un mal nécessaire et qu'il ne perdit pas de temps à connaître le peuple russe bien au delà de ce qu'il pouvait en espérer. Bien entendu il se servira de ces matériaux dans ses oeuvres maîtresses.

Et dire qu'on appelle cela la littérature concentrationnaire. Et comment appelle-t-on la littérature des gens du dehors ? Je ne sais pas si les gens se rendent compte, mais ils sont nombreux à vivre dans un tout petit périmètre, comme s'ils étaient prisonniers, et avec le syndrome de Stockholm, on est bien barrés ! Qu'est-ce qui change, juste de se savoir libre avec un faux sentiment de liberté ? Et quand pour certains la prison est la dernière maison , pensent-ils, et qu'une fois libérés, ils s'installent autour de la prison, comme dans la Mule où le Barbier de Sibérie pour cultiver leur jardin ? Tout est bien relatif dans ce bas monde et Fédor Dostoïevski l'a bien compris... On se demande parfois si cette maison de force comme on dit ne prête pas à sourire avec des gens de la trempe de Dostoïevski ?..

Il y a bien un ordre de préséance qui doit s'exercer et Dostoïevski est bien le premier à avoir exploité de la sorte la veine de cette littérature où il semblerait qu'elle soit encore meilleure qu'au dehors, peut-être que c'est au fond du trou enchaîné qu'on voit le mieux les choses de l'âme humaine, en tout cas Dosto nous fait là un hymne à l'âme du peuple russe, pas moins ! Curieux tout de même que le grand écrivain russe n'a proféré qu'une vraie plainte, celle de ne jamais avoir pu connaître le goût inverse de la promiscuité durant ses quatre ans de bagne, se retrouver seul ! Moi qui pensais que les humains étaient grégaires ? ..

Grand livre !..

(*) Ici en tout cas où les cols blancs sont haïs
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En avril 1849, Fédor Dostoievski et son groupe d'amis libre-penseurs sont arrêtés, sous dénonciation, et envoyés au bagne. de la peine capitale au départ commuée en dix ans de travaux forcés, Fédor verra ensuite sa sentence réduite à cinq ans en camp de travail sibérien. Ce sont ces jours infinis passés dans la promiscuité douloureuse et la souffrance morale que décrit l'alter ego de Dostoievski, Alexandre Petrovitch Gorantchikov, dans Souvenirs de la maison des morts.
Premières impressions : « Maintenant, voilà mon milieu, mon monde, pensais-je; que je le veuille ou non, c'est là que je dois vivre. ». « Non, je ne dois rien demander, chacun fait ses expériences lui-même, pensais-je. » « (…) comment, moi qui n'avais jamais besogné de mes mains, allais-je me tirer d'affaire? »
D'origine noble, Dostoievski est tout de suite mis à l'écart des autres bagnards, qui le méprisent en secret ou ouvertement. Son « crime », sa lignée, son intellectualisme sont des stigmates dont il ne peut s'affranchir et aucune amitié sincère n'est possible dans ce lieu clos rempli de criminels abjects. Après le dur labeur surveillé, les forçats passent le temps à fumer et à boire en cachette, à s'invectiver, à se voler mutuellement leurs maigres possessions, à pratiquer le prêt usuraire sur de petites sommes et à pratiquer leurs métiers, une fois la porte du baraquement fermée.
Dostoievski conserve une certaine pudeur dans le récit mais c'est dans la lettre qu'il adresse à son frère Michel, peu après sa sortie de prison, qu'on sent poindre toute la détresse de ces années d'enfermement. Sa retenue n'est plus endiguée et c'est avec feu qu'il se confie à ce frère dont il déplore le silence.
Souvenirs de la maison des morts, suggestion d'une invitée sur le plateau de la Grande Librairie comme lecture de confinement, est ma première incursion dans l'oeuvre du grand écrivain russe. le titre, répulsif à souhait, et la teneur du propos me faisaient craindre une entreprise pénible; mais la position de l'auteur, qui a choisi de réprimer ses émotions et de se retrancher derrière une certaine objectivité, a contribué à rendre le récit vivant et presque léger, dans un contexte de lourde répression.
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Un livre choc sur la réalité de d'univers des forçats en Sibérie à la fin du 19è siècle. Une étude sociologique, un témoignage qui sent le vécu, une galerie de portraits aussi vrais que nature sur les prisonniers ; c'est tout cela et des scènes incroyables qui règlent la survie de ces hommes mêlés, anciens serfs comme nobles partageant presque tout leur quotidien, criminels endurcis ou politiques soigneusement niés dans leur catégorie. L'âme russe s'y dévoile dans toute sa misère, ses espoirs, ses particularités. Dostoïevski avec son immense talent de peintre en a fait une oeuvre remarquable qui recèle une grande universalité de connaissance sur les systèmes concentrationnaires du monde. J'ai pensé que l'humanité avait quand même progressé en un siècle. Qui imaginerait la punition des mille et plus coups de verges sur le dos des hommes, les chaînes attachées à la jambe?
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Beaucoup plus lumineux et léger que son thème (le journal d'un déporté en Sibérie...) ne pourrait le suggérer, ce roman autobiographique m'a surtout frappée par sa galerie de personnages hors du commun et sa succession d'anecdotes, parfois profondément tristes, parfois édifiantes, parfois franchement drôles.
Je m'attendais à la description féroce d'un cauchemar, avec matons sadiques, prisonniers qui s'entretuent, famine et maladies et au final, c'est un récit somme toute presque... banal, d'un quotidien répétitif, et qui illustre l'un des propos principaux (et grand sujet d'effarement de l'auteur), qui est que l'être humain est capable de s'adapter à absolument tout.
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Désarroi de l'âme humaine.

Haine, colère et folie contre cet instinct de survie s'offrant tel un animal au lever du jour, face à ses proies à venir.

Souvenirs de cicatrices et de blessures de l'âme humaine dans toute sa déchéance et sa splendeur.
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Sibérie 1848, touchante description de ses compagnons de bagne.
La dignité que l'on conserve, juifs, musulmans et chrétiens se côtoient harmonieusement, longue description des fêtes de Noel, l'infirmerie, les punitions de 1000 coups de fouet, les quelques sous si on sait enseigner le français!
Parfois quelques longueurs mais je l'ai écouté avec intérêt.

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Une oeuvre que je découvre par hasard car commentée par la Narratrice du Détour de Lucé d'Eramo, enfermée dans le camp de travail nazi de Dachau et qui compare les mécanismes concentrationnaires. Effectivement, ce qui frappe à la lecture de ce récit quasi autobiographique, c'est, dès le XIXème siècle, la terrible machine qu'est le système du bagne, "archipel" avant l'heure avec ses prisonniers politiques, ses étapes et ses triages, ses travaux forcés qui, comme au goulag, sont totalement inutiles d'un point de vue productifs, mais servent à broyer les hommes en leur ôtant toute réflexion individuelle, et toute humanité. Il faut dire que j'avais aussi en tête la très bonne série de documentaires d'Arte sur l'histoire du goulag soviétique que je recommande.
Sur le plan littéraire, une réflexion intéressante : était-il bon que l'homme souffrît pour que l'écrivain se révèle ? Il est vrai que cet emprisonnement permet à Dostoïevski de rencontrer le peuple dans toute sa diversité sociologique, de trouver des types de caractères et des thématiques de récit. Mais je voulais souligner l'espoir - dès le début le prisonnier aperçoit un bout de ciel, il tissé des relations d'amitié avec des chiens et des hommes, et me l'humour. Certains passages sont assez drôles, oui. Je ne connais pas encore bien l'oeuvre de Dostoïevski, mais je sais que c'est assez rare. Ainsi, lorsqu'un officier supérieur vient inspecter la prison, on pense au Revizor de Gogol comme aux inspections surprise du pénitencier chez Lucky Luke. de même, les préparatifs des forçats pour leur pièce de théâtre sont décrits de façon assez savoureuse.
Un récit étonnant donc, où les horreurs des crimes et de leurs châtiments se mêlent aux récits assez drôles des mesquineries sur la nourriture ou la contrebande d'alcool.
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Les années 1850 en URSS !!
Ce roman écrit par Fédor Dostoïevski retrace sa vie en tant que bagnard en Sibérie.
On découvre différents personnages, différentes situations de vie qui permettent d'apprécier le quotidien des prisonniers. La vie de tous les jours avec les inquiétudes, les privations, les peurs, les violences mais aussi les petits moments de joies (récupérer de l'eau de vie par exemple ou arriver à monter un spectacle, acheter un cheval...).
On vie à travers ce récit ce que peut ressentir un bagnard. L'auteur aborde les conditions de détention, le travail obligatoire, les soins, l'alimentation, le rôle et le comportement des surveillants, des forçats entre eux, etc...
On aborde aussi la différence de vie si on est riche ou pauvre.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture et l'enchainement des différentes histoires.
Le livre se termine par un historique de la vie de l'auteur et une longue lettre à son frère à sa sortie de bagne.


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