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EAN : 9782253940777
312 pages
Le Livre de Poche (28/02/2024)
  Existe en édition audio
4.12/5   1063 notes
Résumé :
Entre une mère et sa fille, l’amour reste toujours fragile. Entre bienveillance et malentendus, envie d’être ensemble et désir d’émancipation, portraits croisés d’une mère célibataire et de sa fille unique. D’abord fusionnelle, leur relation se distend quand l’école puis l’ascension sociale de la fille viennent heurter les rêves plus modestes de la mère.

Un roman touchant, beau et émouvant sur l’amour filial, qui interroge les différences de classes,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (193) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 1063 notes
Chronique version audio
« L'envol » est l'histoire d'un amour fusionnel entre une mère et sa fille, en somme l'histoire de la vie d'une famille monoparentale. Un enfant qui naît, que l'on rend autonome, qui va à l'école, qui suit des études et qui finit par aller voler de ses propres ailes. Pour ce roman, Aurélie Valognes a choisi une construction parfaite pour raconter les existences de Lili et de Gabrielle. Deux « Je », qui prennent chacune à leur tour la parole, deux monologues qui successivement racontent le même événement ou les conséquences de cet événement, chacune de son point de vue. « L'envol » pourrait se résumer par cette citation de Bernard Werber : « Entre Ce que je pense, Ce que je veux dire, Ce que je crois dire, Ce que je dis, Ce que vous avez envie d'entendre, Ce que vous comprenez… il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même… » Autant vous le dire tout de suite, la version audio est une réussite totale pour cette construction : vivante, captivante et tellement pleine d'émotions ! Chacune exprime ses exaspérations, ce qui ne peut se dire, ce qu'elle voudrait dire… Une suite de pensées qui font toute la complexité d'une relation. Dans la version audio, Lili est incarnée par Aurélie Valognes, Gabrielle par Françoise Cadol : un duo de choc qui fonctionne à merveille !

« L'envol » décrypte un portrait croisé mère-fille construit en cinq parties. À la fusion des premiers mois de vie et de l'entrée à l'école, à la crise d'adolescence, à la séparation pour les études, et à d'autres crises que je ne vous révélerai pas, « L'envol » est le reflet réel d'une relation « normale » entre une mère et sa fille. Gabrielle a tout sacrifié au bonheur de Lili : une évolution professionnelle possible, l'amour éventuel d'un homme, ses économies pour des vacances annuelles à la mer. Les fins de mois ne sont pas toujours faciles, mais malgré cela, il y a entre mère et fille une complicité et une harmonie qui fait pâlir d'envie. Puis, la vie se charge de « tester » cette « jeune » relation trop parfaite, parce que l'enfant que l'on met au monde n'est jamais tout à fait celui que l'on voudrait qu'il soit, il choisit sa propre voie. Gabrielle n'a pas fait d'études, elle a l'intelligence pratique des choses de la vie, elle aime apporter du soutien à ceux qui en ont besoin. Lili a soif d'apprendre, elle veut être la première en tout. Plus elle grandit, plus elle s'acharne, plus elle travaille, plus elle s'épuise dans cette course infernale contre elle-même.

Le fossé se creuse… inexorablement… Cette mère à l'intelligence émotionnelle ne comprend pas ce besoin de s'exténuer à la tâche, de vouloir toujours plus et toujours mieux… de vouloir à tout prix sortir de son milieu. C'est une femme aux valeurs traditionnelles, Gabrielle, qui a basé toute l'éducation qu'elle a transmise sur de vraies valeurs qui n'ont rien à voir avec la réussite sociale ou l'argent. Car c'est aussi l'enjeu de « L'envol ». Lili a de l'ambition à revendre, une tête bien faite qui va lui permettre de déjouer tous les plans faits pour elle, par sa mère, par ses professeurs de prépa, par ses camarades qui la traitent de « transfuge ». Car sans le savoir, Lili cherche sa place. Où est sa place ? Une question qui la hante, encore et toujours, même au sommet, même lorsqu'elle a torpillé tous les enjeux imaginés pour elle.

Le plus troublant pour celui qui écoute la version audio de « L'envol » est de se sentir parfois proche de la mère, et parfois proche de la fille. L'empathie balance entre les deux en fonction des moments et des épreuves, mais les émotions, elles, sont omniprésentes. Comment ne pas faire de parallèles avec l'éducation reçue, l'éducation transmise, l'incompréhension face aux décisions de ses propres enfants, la certitude de savoir qu'ils se trompent de chemin sans pouvoir le leur dire ? J'ai ri et eu les larmes aux yeux, senti mon coeur de mère se serrer en écoutant ce texte qu'il m'a été impossible de lâcher tant l'analyse faite par Aurélie Valognes de la relation mère-fille est conforme à mon propre ressenti. Les voix des deux protagonistes et les émotions qu'elles font passer apportent un atout inestimable au texte. C'est comme si elles avaient noué une véritable relation mère-fille, comme si elles étaient les porte-parole de leurs vécus respectifs.

« L'envol » est le roman de l'intime qui questionne l'enfant qui grandit suffisamment pour quitter le nid et qui cherche sans relâche à mériter sa place dans la société. Alors forcément, lorsque les voies empruntées diffèrent, la communication se rompt, le naturel de la relation s'estompe. On n'ose plus dire ni questionner. On cache. On arrive à un moment de la vie où il devient difficile de se comprendre. Il faut parfois des drames pour retrouver l'essentiel du sel de sa vie, créer sa place, mesurer les compromis afin qu'ils ne coûtent pas trop cher et surtout parvenir à vivre avec soi-même sans se dédire.

Vous le savez, je crois aux rencontres entre un livre et son lecteur, je crois au moment parfait où il vous tombe entre les mains. Pour vous éclairer. Pour vous ouvrir les yeux. Pour vous venir en aide quand les dissensions deviennent trop fortes, ou les déceptions trop vives. J'ai été profondément remuée par ce texte d'une extrême sensibilité qui fait réfléchir sur notre parcours de parent. Une leçon de vie, une leçon d'amour. Et deux voix remarquables, éblouissantes de justesse et d'humanité pour incarner Lili et Gabrielle.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Après avoir lu le résumé de L'envol, j'ai tout de suite su que ce roman allait me parler. J'étais émue de me plonger dedans, surtout en ayant découvert qu'il y avait une part autobiographique. Lu en à peine une petite journée, L'envol m'a marquée.

Nous suivons la vie de Lili et de sa maman Gabrielle. Celle-ci est auxiliaire de vie et élève seule sa fille, dans un petit HLM en banlieue parisienne. Si les fins de mois sont difficiles, Gabrielle veille à ce que Lili ne manque de rien et s'épanouisse. La mère et la fille sont très complices et malgré leur quotidien simple, elles sont heureuses. Mais en grandissant, Lili est de plus en plus curieuse, elle rêve d'un beau métier et d'une grande carrière. Petit à petit, de l'incompréhension naît entre Gabrielle et Lili, leur relation se tend, des mots qui blessent sont prononcés et la distance s'installe…

Aurélie Valognes aborde le sujet de l'envol de l'enfant, des choix qu'il fait en quittant le nid familial. Il est question de classes sociales, de transfuge de classe et de cette désagréable impression d'être parfois un imposteur. Évidemment, l'autrice fait la part belle à la relation mère-fille et aux désaccords inévitables. C'est un roman très intime que nous propose Aurélie Valognes. J'ai été profondément émue par la justesse de ses mots. J'ai un parcours très similaire à celui de Lili, je me suis souvent reconnue en elle, comme par exemple dans les passages où elle évoque ses mois en classe préparatoire littéraire et cette horrible impression d'avoir moins de valeur que les autres, qui sont des fils et filles de et ont eu accès très tôt à la « bonne culture »… Je crois que c'est la première fois qu'un roman résonne autant en moi…

Alors merci Aurélie Valognes pour ce beau roman, qui m'a beaucoup touchée et m'a fait réfléchir à mon propre chemin. J'ai souvent eu l'impression que vos mots, forts et sincères, racontaient une partie de mon histoire. Merci d'avoir écrit avec tendresse et honnêteté sur cette relation mère-fille pas toujours évidente à entretenir et préserver, malgré la bonne volonté, lorsque L'envol a eu lieu. Merci d'avoir écrit sur cette volonté d'être différent de ses parents et de faire autrement même si on les aime. Votre roman restera longtemps gravé en moi et je ne manquerai pas de le relire dans quelques années, si j'ai un jour la chance de devenir maman. L'envol est ma plus belle lecture depuis le début de l'année 2023 !
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Son père enfui pendant sa conception, Lili est éduquée par sa mère Gabrielle, auxiliaire de vie.
Dès son plus jeune âge, son caractère bien trempé, sa soif de découverte et son envie insatiable de réussite, va, à la fois, rendre fière sa mère mais,en même temps, créer un fossé entre les deux...
À travers ce roman, Aurélie Valognes nous dresse son constat sur l'herméticité des classes sociales et l'inégalité des chances, nos principes fondamentaux devenant inexorablement de plus en plus utopique...
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Je m'appelle Marina. J'ai 20 ans et je suis une transfuge de classe.

La première fois que j'ai entendu ce terme, j'étais en cours de philosophie en hypokhâgne.
On nous avait donné un exercice où figurait une série de statistiques. L'une d'elle mettait en évidence le faible pourcentage de chance qu'un individu issus des classes ouvrières fassent des études supérieures.
Les minorités qui y parviennent sont qualifiées de transfuge de classe, pour le changement de statut social qu'induit leur poursuite d'études.
J'ai longtemps cru ne pas en faire partie.
À vrai dire, j'ignorais que mon cas alimentait des statistiques, qu'il démontre que la méritocratie n'est qu'un écran de fumée, le nouvel opium du peuple. Non, pour moi, les difficultés économiques et sociales auxquelles je faisais face n'avaient rien à voir avec l'institution scolaire.

Je me trompais.

En lisant Les Héritiers de Bourdieu, j'ai compris que, dès le banc de l'école, s'exercent des injustices et des inégalités socio-économiques : certains doivent s'accrocher plus fermement à leur bouée de sauvetage pour ne pas se laisser entraîner par le courant, tandis que d'autres savent déjà nager.

En ce qui me concerne, je ne me suis jamais plaint de mon sort. Je n'ai jamais demandé de traitements de faveurs, jamais osé faire part de mes conditions de vies à mes camarades et à mes profs, car la honte me retenait de briser le tabou.
Parce que la société n'aime pas qu'on fasse l'étalage de ses manques, parce que ceux qui détiennent le pouvoir parlent le plus fort, parce que notre patrimoine, si tant est que l'on en est un, n'atteint pas le pib des Maldives, nous nous consumons dans notre propre misère.

Certains, de rares énergumènes, déjouent les statistiques, au grand plaisir des costumes cravates qui peuvent alors se vanter de leur belle république qui donne à tous la chance de réussir, mais ils oublient de mentionner les immenses sacrifices que cela exige ; des sacrifices qui détruisent les transfuges avant d'avoir atteint la ligne d'arrivée, et quand même ils la franchissent, le syndrome de l'imposteur les foudroie, car la légitimité, la confiance en soi ne se construit pas grâce aux notes.

L'envol d'Aurélie Valognes met en scène brillamment ces parcours que l'on croit unique, mais qui se ressemblent tous dans les problématiques rencontrées. C'est sans attente que je me suis plongée dans son roman, dont le contenu m'avait tout l'air d'être léger et sans prise de tête. Mon étonnement n'a été que plus grand, en découvrant au fil des pages le point de vue successif d'une mère et de sa fille, dont l'une est auxiliaire de vie tandis que l'autre devient une bureaucrate très influente.
Ce décalage entre la mère et la fille se ressent de plus en plus au fil des pages. À mesure que les réussites jalonnent son enfant, la mère se sent de plus en plus dépassée, de moins en moins sûre d'elle, tandis que Lilli, sa fille entre dans un monde régi par des codes, qu'elle ne maîtrise pas.

Déstabilisées, incomprises et désoeuvrées, les deux femmes finissent par se crêper le chignon en longueur de journée.
Les deux vouent pourtant une admiration inconditionnelle pour l'autre, mais les barrières érigées par ce changement de statut social malmènent leur lien, en les rendant plus opaques, plus insondables l'une envers l'autre.

On découvre alors ce que cette ascension sociale signifie réellement, comment elle se manifeste concrètement dans le quotidien de cette famille.
En effet, pour Lilli, il ne suffit pas de brandir son diplôme pour être admise dans un cercle où la richesse fait loi ; pour la mère, il n'est pas non plus question de la traiter durement pour des lacunes qu'elle n'était pas en mesure de combler.

En clair, Aurélie Valognes esquisse des portraits très différents mais réalistes de deux milieux sociaux, qui s'avèrent aussi peu miscibles que l'eau et l'huile, et qui font crépiter le feu, lorsqu'ils entrent en contact.
Spectateur de ces dynamiques sociales, le lecteur pourrait être tenté de blâmer l'une, pour son absence de communication avec sa mère et l'autre pour son incompétence, mais il n'en est rien.

Car, au fond, ces injustices ne sont imputables ni à l'une ni à l'autre, mais à la société qui les crée en priorisant une institution dirigée par des oligarques dont le but est de maximiser les rendements, et ce, peu importe les moyens usités.

En somme, cette histoire fait écho à la mienne : les mots, le discours dont Aurélie Valognes est la porte parole a fait sens, et j'ose espérer qu'ils auront tout autant de poids chez vous, car il est temps de sortir du silence.
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COUP DE COeUR ! Waouh! Quel magnifique roman, j'ai beaucoup aimé les romans précédents mais celui ci c'est mon préféré de l'auteure. un roman chorale où l'histoire nous est raconté par Gabrielle, la mère, puis par Lili, la fille. Chacune nous apporte son point de vue et son ressenti, nous démontrant pour le même moment des émotions et réflexions différentes. C'est touchant de découvrir cette relation familiale si intense et complexe , mais où l'amour ressort en grand vainqueur ! J'ai été prise à plusieurs reprises d'une forte émotion, et j'avoue avoir versé non pas une mais plusieurs larmes. La narration au « je » tout le long du roman permet de s'identifier facilement aux personnages, tantôt je me suis mise à la place de Lili en supposant ma propre relation avec ma mère , et tantôt j'étais Gabrielle, imaginant la future relation que je vais développer avec mes filles! j'ai beaucoup apprécié également l'ascension sociale de Lili, malgré son enfance en banlieue parisienne dans les HLM, elle a su se battre pour arriver où elle voulait aller! Mais cela la rend t'il vraiment heureuse?? c'est beau, c'est tellement humain et réaliste
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Citations et extraits (185) Voir plus Ajouter une citation
On ne réussit pas seul. Jamais.
On réussit avec, on réussit contre. Tout contre parfois. On réussit parce que des proches nous ont tendu la main, montré le chemin qu'ils auraient voulu prendre et parfois n'ont pas pris. On réussit parce que, eux ont échoué avant nous pour nous permettre de réussir.
Mais on réussit surtout quand on comprend que la réussite n'était pas ce que l'on croyait. Qu'il ne fallait pas la chercher loin, mais au plus près de ceux qui nous sont chers.

Page 277
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Tout n'est pas une question de réussite ou d'échec. Ailleurs, ce n'est pas toujours mieux. On n'y trouve pas forcément les réponses que l'on cherchait, on ne se trouve pas forcément soi-même. On peut se perdre en chemin.
Il est parfois nécessaire de partir pour mieux revenir.

Page 282
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La vie est un entonnoir, on fait constamment des choix qui nous enferment et l'on a la certitude que l'on ne peut plus revenir en arrière. Mais l'on peut toujours. Repartir d'une page blanche, se réinventer, reprendre à zéro. La vie qu'on a envie de s'écrire.

Page 283
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Quand on nous demandait qui voulait être délégué de classe, je mourais d'envie de me proposer, mais je n'osais pas. "Et si je n'étais pas élue ? Et si je découvrais que je n'étais pas du tout aimée ?" Il en faut du courage pour accepter de se décevoir.

Page 97
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Le temps ensemble est compté. Autant juste s'aimer. Et oublier que nous avions des choses à nous pardonner.

Page 259
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Vidéo de Aurélie Valognes
Extrait du livre audio « La Lignée » d'Aurélie Valognes lu par Clara Brajtman et Anne le Coutour. Parution numérique le 28 février 2024.
En savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre/la-lignee-9791035416041/ Acheter un CD : https://boutique.audiolib.fr/produit/3630/9791035415402/la-lignee
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